Jean-Honoré Fragonard
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Patrick AULNAS
Autoportrait
Autoportrait de Fragonard (1769)
Huile sur toile, 80 × 64 cm, musée du Louvre, Paris
Biographie
1732-1806
Né à Grasse en 1732, Jean-Honoré Fragonard est le fils d’un garçon gantier. A l’âge de six ans, il quitte sa ville natale avec sa famille qui s’installe à Paris. Son goût pour la peinture apparaît très tôt et il commence par travailler avec Jean Siméon Chardin (1699-1779), peintre majeur de natures mortes et scènes de genre. A quatorze ans, il rejoint l’atelier de François Boucher (1703-1770). Ces deux grands artistes lui permettront d’atteindre très rapidement une exceptionnelle maîtrise technique.
En 1752, à l’âge de 20 ans, il remporte le Grand prix de l’Académie royale de peinture (prix de Rome) et il entre à l'École royale des élèves protégés, alors dirigée par le peintre Carle Van Loo (1705-1765). Le séjour dans cette école n’acceptant que les meilleurs était de trois ans. Les élèves partaient ensuite pour le traditionnel séjour à l’Académie de France à Rome des lauréats du Grand prix de l’Académie. Fragonard y reste de 1756 à 1761. Après un périple par les villes italiennes de Florence, Bologne et Venise, il rejoint Paris. La peinture du maître vénitien Tiepolo exercera sur lui une profonde influence, ainsi que le style baroque de Pietro da Cortona (Pierre de Cortone).
Dès son retour en France, Fragonard est accueilli comme un peintre confirmé ; il obtient la reconnaissance de la Cour, des commandes publiques et un atelier au Louvre. Il parvient à une aisance financière que les troubles politiques de la fin du siècle n’affecteront guère. Mais Fragonard ne cherche pas, comme Boucher, à mener une carrière officielle : il se consacre délibérément à une clientèle d’amateurs d’art.
Jean-Honoré Fragonard. La Liseuse (1770-72)
Huile sur toile, 81 × 65 cm, National Gallery of Art, Washington.
Analyse détaillée
En 1769, il épouse Marie-Anne Gérard (1745-1823), peintre miniaturiste, originaire de Grasse, qui lui donnera la même année un premier enfant, Rosalie (1769-1788).
En 1773 et 1774, Fragonard s’engage comme guide du fermier général Pierre-Jacques-Onésyme Bergeret de Grancourt pour un voyage en Italie et en Europe centrale.
En 1780, naît un second enfant Alexandre-Évariste Fragonard (1780-1850), qui deviendra lui aussi peintre. Pendant la période révolutionnaire, Fragonard est nommé conservateur du musée du Louvre par l’Assemblée Nationale. En 1805, il est expulsé du Louvre par décret impérial et s’installe alors chez son ami Veri, au Palais Royal.
Le 22 août 1806, il décède d’une congestion cérébrale.
La famille Fragonard comporte de nombreux artistes : sa femme, Marie-Anne Gérard, miniaturiste, sa belle-sœur, Marguerite Gérard (1761-1837), peintre intimiste avec laquelle il a réalisé des œuvres en collaboration, Alexandre-Evariste Fragonard, son fils, peintre et sculpteur, et Théophile Fragonard, son petit-fils (1806-1876), peintre, dessinateur et graveur.
Œuvre
Fragonard est un grand virtuose de la peinture, admiré par certains impressionnistes comme Renoir ou Monet. Il est capable d’appréhender tous les genres avec bonheur. Son œuvre se caractérise donc par l’éclectisme et si les traditionnelles scènes mythologiques et religieuses ne sont pas absentes, on y trouve également des portraits, des paysages et des scènes de genre. Ces dernières comportent parfois une dimension érotique qui a pu donner par le passé une image un peu sulfureuse de l’artiste.
Les paysages de Fragonard s’inspirent des grands peintres hollandais spécialisés dans ce genre et non du classicisme français.
Peintre emblématique du style rococo, qui touche à sa fin dans la décennie 1770, Fragonard infléchira son style vers plus de rigueur néo-classique à partir de la Révolution de 1789.
Scènes mythologiques et religieuses
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Jeux et escarpolettes
La représentation de jeux est une occasion de peindre des personnages en mouvement sur fond de paysages enchanteurs. Ces scènes reflètent le bonheur de vivre, l’insouciance et la frivolité, mais aussi parfois des jeux amoureux plein de charme comme le célèbre tableau Les hasards heureux de l’escarpolette. La composition de cette œuvre est magistrale avec, au centre, les roses et les blancs du personnage féminin sur fond de paysage luxuriant et vaporeux. Les deux diagonales représentent le mouvement : amant caché au pied de la statue, maîtresse sur la balançoire et cordes de la balançoire, d’une part, mari trompé, cordes d’impulsion et soulier de la femme qui s’envole, d’autre part. Ce tableau avait été commandé à Fragonard peu après son admission à l’Académie. Un courtisan souhaitait être représenté avec sa maîtresse comme un amant secret caché dans un buisson. A l’origine, un évêque devait pousser la balançoire de la jeune femme. Mais Fragonard recula devant cet aspect anticlérical qui pouvait lui être préjudiciable et remplaça l’ecclésiastique par le mari. La scène gagne ainsi une connotation plus galante, voire érotique, selon certains.
Entre 1775 et 1780, Fragonard reprendra le thème de La Balançoire, mais pour mettre l’accent sur le paysage. Ce tableau est l’un des plus beaux paysages de la peinture du 18e siècle.
Huile sur toile, 120 × 94,5 cm, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid.
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Les hasards heureux de l'escarpolette (1767) Huile sur toile, 81 × 64 cm, Wallace Collection, Londres.
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Huile sur toile, 117 × 91 cm, Toledo Museum of Art, Toledo, Ohio.
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Huile sur toile, 215,9 × 185,5 cm, National Gallery, Washington.
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La balançoire, détail (1775-80) Huile sur toile, 215,9 × 185,5 cm, National Gallery, Washington. |
Fêtes galantes
En 1771, la maîtresse de Louis XV, Mme du Barry, demanda à Fragonard de peindre un cycle de tableaux pour le pavillon de Louveciennes (pavillon de musique de la comtesse) conçu par l’architecte Nicolas Ledoux et qui fut inauguré le 2 septembre 1771. Fragonard proposa quatre scènes sur le thème de « l’Amour réveillé dans le cœur d’une jeune fille ». Les tableaux furent installés à Louveciennes, mais Mme du Barry finit par les refuser au prétexte qu’ils ne s’accordaient pas avec le style néo-classique du pavillon. Le rococo était un peu passé de mode à cette époque et le néo-classique avait le vent en poupe. Fragonard conserva les tableaux qui sont aujourd’hui à New York (Collection Frick).
Huile sur toile, 318 × 216 cm, Frick Collection, New York
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La Surprise ou la Rencontre (1773) Huile sur toile, 318 × 244 cm, Frick Collection, New York
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Huile sur toile, 318 × 243 cm, Frick Collection, New York
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Huile sur toile, 318 × 215 cm, Frick Collection, New York |
Scènes de genre
Ce registre comporte une grande diversité de thèmes et de styles.
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Portraits
Contrairement à ceux de François Boucher, qui s’intéressait aux parures des personnages et au cadre environnant, mais banalisait les visages, les portraits peints par Fragonard ont une forte expressivité.
Marie-Madeleine Guimard (1769). Huile sur toile, 82 × 65 cm, musée du Louvre, Paris. « Le portrait de cette toute jeune femme, probablement la danseuse Marie-Madeleine Guimard (1743-1816), se rattache à la série des figures de fantaisie créée par Jean-Honoré Fragonard autour de 1769. Elle donne l’impression de virevolter tout en prenant appui sur un entablement. » (Notice musée du Louvre)
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Jeune Ecolière (1775-78). Huile sur toile, 45 × 38 cm, Wallace Collection, Londres. « Ce tableau est un exemple typique des essais de Fragonard s’inspirant du style d'autres écoles ou peintres, en l’occurrence des œuvres hollandaises. Il rappelle Rembrandt par sa palette et sa touche, et ter Borch et Metsu par son sujet. La figure est comparable à des œuvres contemporaines de Greuze, Lépicié et Chardin, représentant des enfants plus ou moins studieux, reflétant le nouvel intérêt pour l'enfance apparaissant à cette période. » (Commentaire Wallace Collection)
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La Liseuse (1770-72). Huile sur toile, 81 × 65 cm, National Gallery of Art, Washington. Le thème de la lecture a souvent été utilisé par les peintres hollandais, par exemple Vermeer, comme un élément d’une scène de genre. Fragonard choisit le portrait, focalisant ainsi sur le personnage absorbé par sa lecture. En choisissant un fond sombre et uniforme contrastant avec le jaune citron et le blanc de la robe, le peintre illumine sa composition et concentre l’intérêt de l’observateur sur la figure de la jeune-fille. L’intérêt que prend le personnage à sa lecture nous donne l’impression de déranger, de troubler un moment de recueillement. Le thème de la liseuse sera repris bien souvent par la suite, en particulier par Berthe Morisot à la fin du 19e siècle. |
Fragonard et Marguerite Gérard
Fragonard a réalisé quelques tableaux en collaboration avec sa belle-sœur Marguerite Gérard, en particulier Le Baiser à la dérobée. On remarque nettement l’influence de Marguerite Gérard à la touche très lissée et aux contours précis que l’académisme du 19e siècle reprendra. Ce style est inspiré du peintre néerlandais Gabriel Metsu (1629-1667). Marguerite Gérard, plutôt oubliée aujourd’hui, connut une carrière de peintre couronnée de succès. Artiste de grand talent, ses tableaux concernent la vie de famille, les rituels féminins, les relations amoureuses.
![]() Fragonard & M. Gérard. Le Baiser à la dérobée (1787-88) Huile sur toile, 45 × 55 cm, musée de l'Ermitage, St-Pétersbourg.
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![]() Gabriel Metsu. Femme lisant une lettre (1665) Huile sur bois, 53 × 40 cm, National Gallery of Ireland, Dublin.
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![]() M. Gérard. Le Présent (1785-88) Huile sur toile, 55 × 45 cm, musée de l'Ermitage, St-Pétersbourg. |
![]() M. Gérard. La Leçon de Piano (1785-89) Huile sur toile, 46 × 38 cm, Shickman Gallery, New York. |
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Commentaires
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- 1. Alix Le 29/09/2018
ce site met très bien en oeuvre la vie de Fragonard. il ma beaucoup servi pour mon exposée
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