Giambattista Tiepolo

 
 
 

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Patrick AULNAS

Autoportrait

Tiepolo et son fils Giandomenico

Tiepolo et son fils Giandomenico. Autoportrait (1750-53)
Détail de la fresque du plafond de l'escalier de la résidence du prince-évêque de Würzburg

 

Biographie et œuvre

1696-1770

Né à Venise en 1696, Giovanni Battista (ou Giambattista) Tiepolo est le fils d'un capitaine de navire marchand. Très jeune, il fréquente l'atelier du peintre baroque vénitien Gregorio Lazzarini (1655-1730) puis suit les leçons de Giambattista Piazzetta (1683-1754), également peintre vénitien. En 1717, il est admis à la guilde des peintres. Ses œuvres de cette époque se caractérisent par une graphie nette et des couleurs denses comme Chasseur à cheval (1718).

 

Tiepolo. Chasseur à cheval, 1718

Giambattista Tiepolo. Chasseur à Cheval (1718)
Huile sur toile, 242 × 148 cm, Fondazione Cariplo, Artgate, Milan.

 

En 1719, il épouse Cecilia Guardi, fille du peintre Domenico Guardi (1678-1716) et sœur de trois autres peintres du même nom. Le couple aura dix enfants, dont Giandomenico Tiepolo (1727-1804) qui deviendra également peintre. Dans les années 1720, Tiepolo aborde la technique de la fresque, dont il devient l'un des plus illustres représentants en Europe. Les propos suivants extraits d'une lettre adressée en 1736 par Carl Gustav De Tessin, ministre suédois des Beaux-arts, au roi de Suède, donnent une idée de la renommée de Tiepolo : « Et puis il y a Tiepolo, appelé Tiepoletto, fait sur mesure pour nous [...] il est plein d'esprit et s'adapte à tout ; il a une ardeur inépuisable, des couleurs éclatantes, et il est d'une rapidité incroyable : il a déjà terminé un tableau quand un autre en est encore à mêler ses couleurs. »

De l’académisme au rococo

Les couleurs sombres dominent encore dans Apelle peignant le portrait de Campaspe (1725-26), mais il adopte des tons clairs et des traits plus légers pour les fresques de la chapelle et du Palais Patriarcal d'Udine (aujourd'hui archevêché), terminées en 1730. C'est donc bien à Udine que Tiepolo se libérera de l'empreinte de sa formation d'origine, marquée par l'académisme, et qu'il affirmera un style et une originalité.
Il devient alors un peintre très demandé. A Bergame en 1732 et 1733, il peint les fresques de la chapelle Colleoni puis la décoration de Santa Maria del Rosario de l'église des Gesuati (1737-1739), les toiles du palais Dolfin, la fresque de la Scuola del Carmine (1740-1744) de Venise, la Course au Soleil dans l'Olympe du palais Clerici de Milan (1740).

Tiepolo. Alexandre le Grand à l'atelier d'Apelle,1725-26Apelle peignant le portrait de Campaspe (1725-26). Huile sur toile, 57,3 × 73,7 cm, musée des Beaux-arts de Montréal. Ou Alexandre le Grand à l'atelier d'Apelle. Apelle de Cos (4e siècle avant J.-C.) est l'un des plus célèbres peintres de l'Antiquité grecque. Selon Pline l'Ancien, Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.). « l'avait chargé de peindre nue, par admiration de la beauté, la plus chérie de ses concubines, nommée Campaspe ; l'artiste à l'œuvre devint amoureux ; Alexandre, s'en étant aperçu, la lui donna : roi grand par le courage, plus grand encore par l'empire sur soi-même, et à qui une telle action ne fait pas moins d'honneur qu'une victoire ; en effet, il se vainquit lui-même. »

 

Tiepolo. La chute des anges rebelles. Palazzo Patriarcale Udine, 1726La chute des Anges rebelles (1726). Fresque, Palazzo Patriarcale, Udine. La chute des anges rebelles est une légende d'origine religieuse (christianisme, judaïsme). Des anges se révoltent contre leur dieu et sont donc assimilables à des démons. Ils sont chassés du paradis. Leur chute a souvent été représentée en peinture (Bruegel l'Ancien, Rubens).

 

Tiepolo. Rachel cachant les idoles. Fresque, Udine, Palazzo Patriarcale, 1726-29Rachel cachant les idoles (1726-29). Fresque, Palazzo Patriarcale, Udine. Rachel est un personnage de l'Ancien Testament, seconde femme de Jacob et fille de Laban. De multiples péripéties sont rapportées par la Bible à son sujet. Il s'agit ici du vol des idoles de son père. Laban vient les chercher chez sa fille. « Laban sortit de la tente de Léa pour entrer dans celle de Rachel. Rachel avait pris les idoles et les avait mises dans le bât du chameau. Elle s'était assise dessus et Laban fouilla la tente sans rien trouver. Elle dit alors à son père : "Que mon seigneur ne m'en veuille pas si je ne puis me lever devant toi, car j'ai ce qui arrive aux femmes." Il fouilla sans trouver les idoles. » (Genèse 31,33-35)

 

Tiepolo. Apparition de l'ange à Sarah, 1726-28Apparition de l’Ange à Sarah Sarah (1726-28). Palazzo Patriarcale, Udine. Sarah est un personnage de l'Ancien Testament, épouse d'Abraham. Selon la légende biblique, Le Seigneur promit à Abraham, que Sarah, déjà âgée, aurait un enfant. « Le Seigneur dit à Abraham : pourquoi donc Sarah a-t-elle ri, en disant : Est-ce que vraiment j'aurais un enfant, moi qui suis vieille ? Y a-t-il rien qui soit étonnant de la part du Seigneur ? » (Genèse 18,1). A propos de cet épisode, Tiepolo représente un ange apparaissant devant Sarah âgée.

 

Tiepolo. Le Triomphe de Flora, 1743-44Le Triomphe de Flore (1743-44). Huile sur toile, 72 × 89 cm, Fine Arts Museum of San Francisco. Ou L’Empire de Flore. Flore (Flora en latin) est une divinité de l'antiquité romaine qui favorisait les récoltes. Elle fut par la suite associée aux fleurs et à la floraison. Flore est ici entourée de jeunes gens dont la mort génère des fleurs. Poussin avait traité le même thème en 1631.

 

Tiepolo. Renaud enchanté par Armide, 1745Renaud enchanté par Armide (1745). Huile sur toile, 187 × 260 cm, Art Institute of Chicago. Le tableau est inspiré d'un épisode de La Jérusalem délivrée du Tasse. Le chevalier croisé Renaud, en route pour Jérusalem, est séduit par Armide, jeune sarrasine, qui parvient à le tenir sous ses charmes par un sortilège. La posture d'Armide se veut suggestive, mais Tiepolo ne pouvant pas aller trop loin (à l'époque), seule la jambe gauche écartée de la jeune femme apparaît, l'autre disparaissant sous les tissus. Poussin avait également traité le sujet en 1623-24.

 

Le peintre des cours européennes

 

Tiepolo. Jeune femme au-perroquet, 1760-61

Giambattista Tiepolo. Jeune Femme au Perroquet (1760-61)
Huile sur toile, 71 × 53,4 cm, Ashmolean Museum, Oxford

 

Tiepolo part pour Würzburg en 1750, avec ses fils. Le prince-évêque Carl Philipp von Greiffenklau leur confie la décoration du salon et du plafond du grand escalier de sa nouvelle résidence. Rentré à Venise à la fin de 1753, Tiepolo est élu président de l'Académie de Peinture et de Sculpture. Il réalise les fresques de la villa Valmarana de San Sebastiano, près de Vicence, en 1757. Toujours accompagné de ses fils, il part pour Madrid en 1761 à la demande du roi d'Espagne Charles III et y peint les fresques du Palais royal (1762-1766) et sept toiles commandées pour l'église d'Aranjuez. Il décède dans la capitale espagnole en 1770.

Tiepolo. La Mort de Hyacinthe, 1752La mort de Hyacinthe (1752). Huile sur toile, 287 × 235 cm, musée Thyssen-Bornemisza, Madrid. Mythologie grecque. Hyacinthe est un jeune homme d'une grande beauté, fils d'un roi. Apollon, le dieu de la musique et de la poésie, est amoureux de lui. Alors qu'Apollon lui apprend à lancer le disque, Hyacinthe est accidentellement touché à la tempe et meurt. De son sang naissent des fleurs (jacinthe ou iris). Au premier plan, Tiepolo peint Hyacinthe mourant et Apollon qui se lamente au-dessus de lui. Le lancer du disque a été remplacé par un jeu de balles (raquette au premier plan).

 

Tiepolo. Allégorie des planètes et des continents, 1752Allégorie des planètes et des continents (1752). Huile sur toile, 185,4 × 139,4 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Cette peinture est l'esquisse à l'huile présentée par Tiepolo le 20 Avril 1752 pour la grande fresque de l'escalier du palais de Carl Philipp von Greiffenklau, prince-évêque de Würzburg. Apollon se lance dans sa course à travers le ciel, entouré de divinités représentant les planètes. Les figures allégoriques sur la corniche représentent les quatre continents. De nombreuses modifications ont été apportées à cette esquisse pour obtenir la fresque définitive, mais la composition fait déjà apparaître le sens de l'espace, du mouvement et le génie des couleurs propres à Tiepolo.

 

Tiepolo. Jeune femme au-perroquet, 1760-61

Jeune Femme au Perroquet (1760-61). Huile sur toile, 71 × 53,4 cm, Ashmolean Museum, Oxford. Ce tableau fait probablement partie d'une série de portraits de femmes réalisés pour Elisabeth Petrovna, impératrice de Russie. Les portraits poétiques ou fantastiques dérivent de l'œuvre de Giorgione. Tiepolo s'est en effet souvent inspiré de la peinture du 16e siècle. Ces représentations de belles femmes sont souvent considérées comme des images de courtisanes. Les oiseaux exotiques sont fréquents chez Tiepolo et ici l'ara fournit un motif coloré et humoristique. (Selon commentiaire Ashmolean Museum)

 

Tiepolo. Apothéose de la famille Pisani, détail, 1761-62Apothéose de la famille Pisani, détail (1761-62). Fresque, Villa Pisani, Stra. Construite à partir de 1721, la villa Pisani est un palais entouré d'un parc situé à Stra en Vénétie. La fresque du plafond est conçue comme un trompe-l'œil. Un ciel bleu argenté est parsemé de nuages sur lesquels des figures allégoriques ainsi que la famille Pisani, patriciens de Venise, sont représentés.

 

Tiepolo. L'Apothéose de l'Espagne, Palais Royal, Madrid, 1762-66Apothéose de l’Espagne, détail (1762-66). Fresque, antichambre de la reine, Palais royal, Madrid. Vaste composition ovale qui orne le plafond de l’antichambre de la reine d’Espagne. Les divinités antiques (Jupiter, Mercure, Apollon, Vénus, Mars) se mêlent à des allégories des continents et de la monarchie espagnole qu’il s’agit de glorifier par l’image.

 

Tiepolo.L'Immaculée Conception, 1767-68L’Immaculée Conception (1767-68). Huile sur toile, 279 × 152 cm, musée du Prado, Madrid. « La Vierge apparaît sur la sphère du Monde et la demi-lune, marchant sur le serpent du péché originel, couronnée par la colombe du Saint-Esprit et entourée d'anges et d'une symbolique mariale. Celle-ci est représentée par la tige de fleurs de lys, le palmier, la source et le miroir. Cette scène constitue la manière traditionnelle de représenter l'Immaculée Conception de la Vierge, qui fut conçue sans le péché originel. » (Notice musée du Prado)

Giambattista Tiepolo est un des plus grands maîtres de la peinture européenne du 18e siècle. Il fut reconnu comme tel par ses contemporains, mais le néo-classicisme porta sur lui un jugement sévère comme en témoigne cette phrase de Johann Winckelmann (1717-1768), historien de l’art et défenseur inconditionnel de l’art grec : « Tiepolo fait plus en un jour que Mengs en une semaine, mais celui-là est oublié à peine vu, alors que celui-ci est immortel. » La critique ne reconsidèrera sa position qu’à la fin du 19e siècle.

 

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Commentaires

  • huetter manjon
    je découvre ces peintres talentueux j' aime

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