Edgar Degas

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Patrick AULNAS

Autoportraits

Edgar Degas. Autoportrait (1863)

Edgar Degas. Autoportrait (1863)
Huile sur toile, 93 × 67 cm, Museu Calouste Gulbenkian, Lisbonne

 

Edgar Degas. Autoportrait (v. 1895)

Edgar Degas. Autoportrait (v. 1895)
Photographie, 11,9 × 16,7 cm, Fogg Art Museum, Cambridge, Massachusetts,États-Unis.

 

Biographie

1834-1917

Jeunesse et formation (1834-1860)

Edgar Degas est né à Paris le 19 juillet 1834, dans un milieu très aisé et cultivé. Son père, Auguste de Gas est banquier dans la capitale. La banque avait été fondée par le grand-père, Hilaire de Gas, qui avait émigré en Italie sous la Révolution et qui devint l’agent de change de Joachim Murat, roi de Naples. Célestine Musson, la mère de l’artiste, est originaire de la Nouvelle-Orléans. Le grand-père maternel, né à Port-au-Prince (Haïti), avait émigré vers la Louisiane en 1810.

De son vrai nom Edgar de Gas, le peintre abandonnera la particule pour signer ses œuvres. De 1845 à 1853, il est élève au lycée Louis-le-Grand à Paris. Il s’inscrit ensuite à la faculté de droit, mais abandonne ses études dès 1855. Le jeune homme a en effet un talent exceptionnel de dessinateur. Il fréquente le cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale et le musée du Louvre pour copier les œuvres de grands artistes du passé : Albrecht Durer, Andrea Mantegna, Rembrandt. Il commence à étudier la peinture avec les peintres Félix-Joseph Barrias (1822-1907) et Louis Lamothe (1822-1869), un élève d’Ingres. En 1855, il suit des cours à l’École des Beaux-arts de Paris. La même année, il quitte le domicile paternel pour vivre dans une mansarde parisienne. Son père s’opposait en effet à l’abandon de ses études de droit.

Malgré cette rupture, il voyage à plusieurs reprises en Italie entre 1856 et 1860 : Naples, Florence, Rome. Une branche de la famille est restée en Italie, à Naples, où elle accueille le jeune artiste. Degas dispose ainsi, très jeune, d’une culture artistique solide par la fréquentation des grands maîtres du classicisme italien. En 1859, il s’installe dans un atelier à Paris. Au début de la décennie 1860, il fréquente le café Guerbois à Montmartre, lieu de rencontre de nombreux artistes : Pissarro, Monet, Bazille, Zola, Manet.

La  recherche d’une esthétique nouvelle (1861-1873)

Durant la décennie 1860-70, Degas cherche sa voie entre académisme, réalisme et romantisme. Il peint beaucoup de portraits individuels ou de groupe (La famille Bellelli, 1858-67). Il cherche à renouveler les thèmes historiques, mais sans vraiment aboutir (Sémiramis construisant Babylon, 1861). Il expose régulièrement au Salon officiel, fréquente Edouard Manet, qui l’influence beaucoup et avec lequel il voyage dans le nord de la France et à Bruxelles en 1867.

 

Edgar Degas. La famille Bellelli (1858-67)

Edgar Degas. La famille Bellelli (1858-67)
Huile sur toile, 200 × 250 cm, musée d’Orsay, Paris.

 

La fortune familiale lui permet de vivre sans être obsédé par l’aspect commercial de son œuvre. Il peut donc expérimenter en toute liberté s’il le souhaite. Mais Degas est un sage qui ne se laisse pas emporter par les engouements de l’époque. Ainsi, il n’a pas le culte de la peinture sur le motif qui affecte beaucoup d’artistes qui deviendront ensuite impressionnistes. Il est capable de recomposer en atelier ce qu’il a observé en se basant sur des esquisses. Il affirme d’ailleurs qu’il « ne veux pas perdre la tête face à la nature ».

Au cours de la guerre franco-prussienne de 1870, il sert à Paris dans la Garde nationale, comme Manet. D’octobre 1872 à mars 1873, il séjourne à la Nouvelle-Orléans où vit la famille de sa mère. Son frère s’y est installé et accueille le peintre. Pendant son séjour il peint en particulier, dans le style réaliste, Le Bureau de coton à La Nouvelle-Orléans.

 

Edgar Degas. Le Bureau de coton à La Nouvelle-Orléans (1873)

Edgar Degas. Le Bureau de coton à La Nouvelle-Orléans (1873)
Huile sur toile, 74 × 92 cm, musée des Beaux-arts, Pau.

 

L’engagement impressionniste (1874-1896)

Le groupe des impressionnistes se heurtait aux refus répétés du jury du Salon de l’Académie des Beaux-arts. Il décide de s’organiser. En 1874, Monet, Renoir, Pissarro, Degas et Berthe Morisot fondent la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs qui a pour objectif de permettre aux impressionnistes d'exposer librement sans passer par le Salon officiel.

Degas, dont les tableaux ont été fréquemment exposés au Salon, se joint donc aux impressionnistes, ce qui constitue un engagement esthétique fort pour un renouvellement de l’art de peindre. Cette société anonyme organisera huit expositions impressionnistes de 1874 à 1886. Degas participera à sept d’entre elles.

Le peintre est confronté à des problèmes oculaires qui ne vont cesser de s’aggraver. Il situe lui-même le début de cette perte de vision à sa période militaire au cours de guerre de 1870 et pense qu’elle provient de la luminosité excessive du soleil qui le gêna. Mais il est impossible aujourd’hui de déterminer avec exactitude le type de pathologie dont fut victime Degas. Il pourrait s’agir d’une affection rétinienne ou d’une maladie de la cornée.

Cette perte de vision progressive eut une conséquence majeure sur son œuvre. Contrairement aux autres impressionnistes, qui privilégient les scènes d’extérieur prises sur le motif, Degas peint presque exclusivement des scènes d’intérieur pour se protéger de la lumière du soleil. Les œuvres de la maturité comportent donc beaucoup de lingères, repasseuses, femmes à la toilette, danseuses, musiciens d’orchestre ainsi que des scènes de maisons closes.

Dans les années 1880, il délaisse quelque peu la peinture à l’huile et utilise le pastel, l’aquarelle ou la gouache. Il pratique également la photographie.

 

Edgar Degas. Le tub (1886)

Edgar Degas. Le tub (1886)
Pastel sur carton, 60 × 83  cm, musée d’Orsay, Paris.

 

Degas s’intéresse également à la sculpture à partir des années 1880. Il réalise des modèles en cire ou en terre dans son atelier, dont 150 seront découverts après sa mort. Ces modèles, destinés en principe à être répliqués, n’ont pas quitté l’atelier de l’artiste car le premier qu’il présenta à l’exposition impressionniste de 1881 fit scandale. Il s’agit de La petite danseuse de quatorze ans.

 

Edgar Degas. Petite danseuse de 14 ans (1865-81)

Edgar Degas. Petite danseuse de 14 ans (1865-81)
Statue en bronze avec patine aux diverses colorations, tutu en tulle, ruban de satin rose dans les cheveux, socle en bois, H. 98 cm, L. 35,2 cm, P. 24,5 cm, musée d’Orsay, Paris.

 

Le réalisme presque anthropologique de la statue choqua et on compara la danseuse à un singe. La statue, exposée dans une vitrine, était en cire ; la réplique ci-dessus en bronze date de la décennie 1920.

Malgré sa singularité, Degas est pleinement reconnu par les impressionnistes comme un des leurs. Lorsque Gustave Caillebotte meurt en 1894, son testament comporte le legs à l’État de sa collection de tableaux. Sur les 67 tableaux légués, 38 seront acceptés et exposés au musée du Luxembourg, dont sept œuvres de Degas.

Une fin de vie solitaire (1897-1917)

Edgar Degas ne s’est jamais marié. Il a entretenu une relation artistique et amicale avec Mary Cassatt, issue comme lui de la haute bourgeoisie. Elle fut son modèle, mais leurs caractères les opposaient. Degas avait fréquemment des propos abrupts et un côté chicanier. Mary Cassatt disposait d’une fortune importante et était une femme très indépendante. Ils s’admiraient réciproquement. Selon le critique d’art américain Forbes Watson, Degas aurait dit en sa présence : « Je l'aurais épousée, mais je n'aurais jamais pu faire l'amour avec elle. »

La vie politique va couper Degas de beaucoup de ses amis à la fin du siècle. En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus est condamné pour avoir livré à l’Allemagne des documents secrets. Il s’agit d’une erreur judiciaire et d’un complot antisémite. En 1906, il est réhabilité par un arrêt de la Cour de cassation. Dreyfusards, défendant l’innocence de Dreyfus, et antidreyfusards, le considérant coupable, s’affrontent pendant ces douze ans. Degas est antidreyfusard et appartient à ce titre à la Ligue de la patrie française, tout comme Auguste Renoir, Jules Verne, Maurice Barrès et bien d’autres artistes et intellectuels. Cette prise de position le brouille avec tous ses amis dreyfusards, en particulier Ludovic Halévy (1834-1908) dramaturge et romancier, et son épouse Louise (1847-1930) chez lesquels il était régulièrement présent à des soirées mondaines. Il écrit à Louise Halévy le 23 décembre 1897 :

« Jeudi, il va falloir, ma chère Louise, me donner congé ce soir, et j’aime mieux vous dire de suite que je vous le demande aussi pour quelque temps. Vous ne pouviez penser que j’aurais le courage d’être toujours gai, d’amuser le tapis. C’est fini de rire – cette jeunesse, votre bonté, pensait m’y intercaler. Mais je suis une gêne pour elle, et elle en est une enfin insupportable pour moi. Laissez-moi dans mon coin. Je m’y plairai. Il y a de bons moments à se rappeler. Notre affection, qui date de votre enfance, si je laissais tirer plus longtemps dessus, elle casserait.

Votre vieil ami

Degas. »

Au début du 20e siècle, ses problèmes oculaires s’aggravent. Il ne peint plus que rarement, mais se consacre à la sculpture. Sa réputation internationale est désormais acquise et le Fogg Art Museum de Cambridge (Massachusetts, États-Unis) lui consacre une rétrospective en 1911. La faillite de son père en 1874 l’ayant laissé sans fortune familiale, il s’appauvrit faute de pouvoir continuer à peindre et à vendre ses tableaux. En 1912, il est contraint de déménager dans un petit appartement lui servant aussi d’atelier, situé au 6 boulevard de Clichy. C’est à cet endroit qu’il meurt le 27 septembre 1917 à 83 ans. Il est inhumé au cimetière de Montmartre à Paris.

 

Art et littérature

Par Tina MALET

- Pour l’un ou l’autre des tableaux avec danseuses :

Dans une lettre envoyée de Naples en 1886, Degas écrit : « Je parle d’autrefois, car à part le cœur, il me semble que tout vieillit en moi proportionnellement. Et même ce cœur a de l’artificiel. Les danseuses l’ont cousu dans un sac de satin rose, du satin rose un peu fané, comme leurs chaussons de danse. » (cité par Roberto Calasso, La Folie Baudelaire, Gallimard, 2011).    

- A propos des impressionnistes :

« À vous il faut la vie naturelle, à moi la vie factice. » (ibidem). Degas justifie dans une lettre à son ami Rouart le fait qu’il ne bouge pas de Paris, alors que tous vont à la campagne : « On n’est pas mal en ville, quand on aime ça. Et, au fond, vous le savez, j’aime assez ça. Il faut continuer à tout regarder, les petits et les grands bateaux, le remuement des gens qui distrait et qui console même, si l’on peut être consolé quand on est aussi malheureux. Si les feuilles des arbres ne remuaient pas, comme les arbres seraient tristes, et nous aussi ! Il y a une espèce d’arbre dans le jardin de la maison voisine qui remue par un souffle de vent. Eh bien ! J’ai beau être à Paris, dans mon atelier presque sale, je me dis que cet arbre est délicieux. » (ibidem)

- Se méfie donc de la nature (un arbre suffit, il représente la nature tout entière).

« Une dame, un jour, l’approcha en commettant la grave erreur de l’appeler « Maître ». Puis elle dit, « comme si elle annonçait une nouvelle à laquelle Degas devait être sensible : « Mon fils fait de la peinture et tellement sincère devant la nature... » « Et quel âge a votre fils, madame ? » « Bientôt quinze ans. » « Si jeune et déjà sincère devant la nature ! éclata Degas, eh bien !madame, il est perdu. » (ibidem).   

 Degas, reprenant les formules d’Ingres, qui l’avait invité à « faire tant, tant de lignes ». (ibidem).

« La forme n’est pas sur le trait, elle est à l’intérieur du trait. »

« L’ombre ne se met pas à côté du trait, elle se met sur le trait. »

« Un reflet sur les ombres du contour est indigne de la majesté de l’art. »

 

Œuvre

L’œuvre de Degas se caractérise par son extrême diversité technique et stylistique. Elle comporte environ 2000 tableaux (huiles, pastels, aquarelles), 150 sculptures, un grand nombre de dessins. L’artiste a exploré tous les genres : peinture historique, religieuse et mythologique (faiblement représentée), portraits, paysages, scènes de genre diverses. Il est surtout connu pour ses scènes d’intérieur féminines (danse, activités ménagères, toilette) mais il s’intéresse aussi aux musiciens d’orchestre et aux courses hippiques.

 

Edgar Degas. Jeunes spartiates à l’exercice (v. 1860)

Edgar Degas. Jeunes spartiates à l’exercice (v. 1860)
Huile sur toile, 109 × 155 cm, National Gallery, Londres.

 

Dessinateur exceptionnel, il doit sa maîtrise à sa formation de copiste au Louvre où il étudie Dürer, Mantegna, Rembrandt. Il fréquente aussi Ingres dans sa jeunesse et admire Eugène Delacroix. Ces références prestigieuses l’amènent à aborder la peinture par le classicisme ou le réalisme comme tous les peintres de l’époque. Mais constamment à la recherche d’une expression picturale originale, il se joint au groupe des impressionnistes tout en conservant une forte singularité.

Alors que la plupart des impressionnistes s’intéressaient d’abord à la lumière et peignaient donc des paysages ou des scènes d’extérieur, Degas étudie le mouvement en peignant des scènes d’intérieur. Il observe les ballerines de l’Opéra de Paris, en mouvement ou au repos, et réalisent de nombreux tableaux dédiés à leur gestuelle. Qu’elles soient en représentation, à l’entraînement, s’habillant, se coiffant, toutes leurs postures semblent fasciner Degas.

 

Edgar Degas. Danseuses (1884-85)

Edgar Degas. Danseuses (1884-85)
Pastel sur papier, 75 × 73 cm, musée d’Orsay, Paris.

 

Ce célibataire – il ne se maria jamais – ne cessera d’étudier le mouvement du corps féminin. Les femmes au travail (repasseuses, lingères) et les femmes à la toilette prendront le relai des danseuses, mais il s’agit toujours de mettre en évidence un mouvement spécifique du corps.

 

Edgar Degas. Femme se lavant dans sa baignoire (v. 1892)

Edgar Degas. Femme se lavant dans sa baignoire (v. 1892)
Étude au crayon de couleur et pastel sur carton, 31,8 × 47,4 cm, musée d’Orsay, Paris.

 

L’éclectisme technique de Degas correspond à une nécessité (perdant la vue, il sculpte au lieu de peindre) mais aussi à une recherche permanente. Ses pastels constituent une singularité dans la peinture de l’époque puisqu’aucun grand peintre ne s’était intéressé à cette technique depuis Quentin de la Tour au 18e siècle. Alliant étude du mouvement et recherche sur la lumière et les couleurs, ces pastels préfigurent les évolutions futures de la peinture par la distance prise avec la représentation du réel. Degas se situe alors dans une expérimentation picturale sur le mouvement et la couleur.

 

Edgar Degas. Danseuses en bleu (v. 1899)

Edgar Degas. Danseuses en bleu (v. 1899)
Pastel sur papier, 65 × 65 cm, musée Pouchkine, Moscou.

 

Peintures

Edgar Degas. La famille Bellelli (1858-67)

Edgar Degas. La famille Bellelli (1858-67). Huile sur toile, 200 × 250 cm, musée d’Orsay, Paris. « Entre 22 et 26 ans, Edgar Degas achève sa formation en Italie, où réside une partie de sa famille. Il représente ici sa tante paternelle, Laure, avec son époux, le baron Bellelli (1812-1864) et ses deux filles, Giula et Giovanna […] La mère est impressionnante de dignité et affirme une autorité un peu sévère, qui tranche avec l'effacement relatif du père. Ce tableau de famille évoque ceux des maîtres flamands, de van Dyck en particulier. Chef d'œuvre des années de jeunesse de Degas, ce portrait évoque les tensions familiales qui murent chacun des personnages dans leur solitude. » (Commentaire musée d’Orsay)

Edgar Degas. Jeunes spartiates à l’exercice (v. 1860)

Edgar Degas. Jeunes spartiates à l’exercice (v. 1860). Huile sur toile, 109 × 155 cm, National Gallery, Londres. « Selon Plutarque, Lycurgue, le législateur de l’ancienne Sparte demandait aux jeunes filles de s’engager dans des concours de lutte ; ici, elle provoquent les garçons. Ce travail de jeunesse a probablement été commencé vers 1860. La peinture a été retravaillée à plusieurs reprises et de nombreux dessins et études connexes survivent, par exemple une étude à l’huile au Fogg Art Museum de Cambridge (Massachusetts). Bien que répertoriée dans le catalogue de l'exposition impressionniste de 1880, cette toile n'a pas été exposée et est restée dans l’atelier de l'artiste jusqu'à sa mort. » (Commentaire National Gallery)

Edgar Degas. Sémiramis construisant Babylone (1861)

Edgar Degas. Sémiramis construisant Babylone (1861). Huile sur toile, 151 × 258 cm, musée d’Orsay, Paris. « Commencé vers 1860, Sémiramis construisant Babylone n'a pas quitté l'atelier de Degas jusqu'à sa mort. Ce tableau représente une scène mythologique : Sémiramis, reine d'Assyrie et fondatrice de Babylone, contemple depuis une des rives de l'Euphrate l'élaboration de ce qui deviendra l'une des sept merveilles du monde […] Entre 1860 et 1865, Degas réalise en effet quelques peintures d'histoire, dont celle-ci, certaines probablement sous l'impulsion de Gustave Moreau avec lequel il était très lié à cette époque. S'interrogeant sur la pertinence de ce genre dans la peinture contemporaine, il cherche ici à allier une démarche de reconstitution historique reposant sur la copie de fragments avec un travail plastique qui assimile les codes picturaux acquis lors de sa formation ingresque. » (Commentaire musée d’Orsay)

Edgar Degas. Thérèse de Gas (v. 1863)

Edgar Degas. Thérèse de Gas (v. 1863). Huile sur toile, 89 × 67 cm, musée d’Orsay, Paris. « Ce portrait représente une sœur du peintre, Thérèse de Gas (1840-1912), à laquelle l'artiste est très attaché […]  Le modèle s'inscrit dans un triangle parfait dont la base est constituée par l'ample robe, donnant à Thérèse une solidité et une prestance étonnantes pour son jeune âge. Rivalisant avec Ingres, Degas décrit avec minutie l'élégant costume. Dans cette harmonie de gris, de blancs et de noirs, dont la profondeur égale ceux de Manet, les longues brides de satin rose, nouées sous le menton, forment une note claire et gaie […] Le portrait, classique par sa mise en page et son éclairage, voire même mondain en raison de la raideur du personnage, est imprégné d'une grande finesse psychologique. Le visage de Thérèse exprime à la fois de la retenue et une légère interrogation. Degas traduit avec subtilité les tensions intérieures qui agitent sa sœur au moment où elle s'apprête à se marier. (Commentaire musée d’Orsay)

Edgar Degas. Le défilé (v. 1866)

Edgar Degas. Le défilé (v. 1866). Peinture à l'essence sur papier sur toile, 46 × 61 cm, musée d’Orsay, Paris. « Datant des années 1866-1868, Le défilé, également intitulé Chevaux de courses devant les tribunes, est l'une des premières peintures réalisées sur ce thème. Degas traduit l'atmosphère d'un champ de courses où seul le mouvement nerveux du dernier pur-sang permet de percevoir l'imminence du départ. Le choix de cet instant, en apparence banal, manifeste la volonté de réduire le rôle du "sujet" en tant que tel dans la peinture. Degas accorde la primauté à la lumière et au dessin : il s'intéresse davantage aux silhouettes des cavaliers et à leurs montures qu'au départ de la course. » (Commentaire musée d’Orsay)

Edgar Degas. Le Bureau de coton à La Nouvelle-Orléans (1873)

Edgar Degas. Le Bureau de coton à La Nouvelle-Orléans (1873). Huile sur toile, 74 × 92 cm, musée des Beaux-arts de Pau. Fin 1872 et début 1873, Degas séjourne chez son frère René à la Nouvelle-Orléans. Il y peint ce portrait de groupe représentant les membres de sa famille qui étaient dans le commerce du coton. Au premier plan, son oncle, le frère de sa mère. Au second plan, lisant son journal, le frère du peintre. Les autres personnages sont également identifiés et appartiennent à la famille ou à la société commerciale que dirige l’oncle. Le tableau, bien que réaliste par son thème, reste académique par son style : couleurs douces, touche lissée, dessin apparent.

Edgar Degas. La classe de danse (1871-74)

Edgar Degas. La classe de danse (1871-74). Huile sur toile, 85 × 75 cm, musée d’Orsay, Paris. « A partir du début des années 1870 et jusqu'à sa mort, les ballerines à l'exercice, aux répétitions ou au repos deviennent le sujet de prédilection de Degas, inlassablement repris avec de nombreuses variantes dans les postures et les gestes […] Degas a observé avec attention les gestes les plus spontanés, naturels et anodins, moments de pause où la concentration se relâche et le corps se détend, après l'effort d'un apprentissage exténuant et d'une implacable rigueur. Le point de vue en légère plongée, axé sur la diagonale de la pièce, accentue la perspective fuyante des lattes du parquet. » (Commentaire musée d’Orsay)

Edgar Degas. Répétition d'un ballet sur la scène (1874)

Edgar Degas. Répétition d'un ballet sur la scène (1874). Huile sur toile, 65 × 81 cm, musée d’Orsay, Paris. « Degas observe la scène en léger surplomb, de côté, le regard se focalisant sur l'espace délimité par la rampe. A la légèreté des ballerines dansant s'opposent les gestes relâchés de celles qui attendent, à gauche […] Cette peinture en grisaille est immédiatement remarquée lors la première exposition impressionniste en 1874 […] De toutes les scènes de danse réalisées par Degas, la monochromie de cette toile diffère radicalement des véritables "orgies de couleurs" éclaboussant les œuvres plus tardives. Elle s'explique sans doute par le fait que Répétition d'un ballet devait servir de modèle à un graveur. » (Commentaire musée d’Orsay)

Edgar Degas. Madame Jeantaud au miroir (1875)

Edgar Degas. Madame Jeantaud au miroir (1875). Huile sur toile, 70 × 84 cm, musée d’Orsay, Paris. « Degas réalise, vers 1875, le portrait de Berthe-Marie Bachoux, femme de Jean-Baptiste Jeantaud, qui fut le compagnon d'arme du peintre pendant la guerre de 1870 […] Le réalisme familier et confortable de cette peinture est caractéristique des portraits des années 1870, mais la composition est tout à fait originale. En effet, présenté presque à profil perdu, le modèle apparaît de trois-quarts, et semble jeter un coup d'œil à son miroir avant de sortir. Son reflet fait donc face au spectateur et semble le regarder […] Alors que les peintres académiques s'appliquent à rendre surtout les costumes, comme l'a fait le très officiel Henner quand il a peint le portrait représentant Madame Jeantaud, mais surtout sa robe, Degas transforme le genre avec cette effigie si originale et vivante. » (Commentaire musée d’Orsay)

Edgar Degas. Dans un café, dit aussi L'absinthe (1875-76)

Edgar Degas. Dans un café, dit aussi L'absinthe (1875-76). Huile sur toile, 92 × 68,5 cm, musée d’Orsay, Paris. « A la différence des autres impressionnistes, ses amis, Degas est un peintre foncièrement urbain, qui aime peindre les lieux clos des spectacles, des loisirs et des plaisirs. Dans un café, lieu de rencontre à la mode, une femme et un homme, bien qu'assis côte à côte, sont murés chacun dans son isolement silencieux, le regard vide et triste, les traits défaits, l'air accablé. L'œuvre peut être vue comme une dénonciation des fléaux de l'absinthe, cet alcool violent et nocif qui sera interdit par la suite […] Le cadrage décentré, ménageant des vides et sectionnant la pipe et la main de l'homme, est inspiré des estampes japonaises, mais Degas l'utilise ici pour produire un certain déséquilibre éthylique. Expressive et signifiante aussi la présence de l'ombre des deux personnages, en silhouette reflétée par le vaste miroir dans leur dos. » (Commentaire musée d’Orsay)

Edgar Degas. Portraits à la Bourse (1878-79)

Edgar Degas. Portraits à la Bourse (1878-79). Huile sur toile, 100 × 82 cm, musée d’Orsay, Paris. « … ce que l'on pourrait d'abord prendre pour une simple scène de la vie parisienne est avant tout un portrait : celui du banquier Ernest May (1845-1925), collectionneur et amateur de Degas […] Fils d'un banquier qui a fait faillite, Degas connaît le milieu de l'argent mais refuse d'y pénétrer. May domine la scène. Autour de lui, d'autres personnages suggèrent l'agitation qui règne à la Bourse. L'artiste ne montre toutefois pas leurs visages, ou il laisse leurs traits flous, afin de diriger l'attention sur le modèle. May le visage blême et allongé, paraît étonnamment plus âgé que ses trente-quatre ans. » (Commentaire musée d’Orsay)

Edgar Degas. Mary Cassatt (1880-84)

Edgar Degas. Mary Cassatt (1880-84). Huile sur toile, 73,3 × 60 cm, National Portrait Gallery, Washington. Après avoir été refusée aux Salons officiels de 1875 et 1877, Mary Cassatt se rapproche du mouvement impressionniste, en particulier sous l'influence de Degas. Il y avait certaines affinités sociologiques entre Edgar Degas, fils de banquier, et Mary Cassatt, issue de la haute bourgeoisie américaine. Degas, séduit, en fera son modèle. Quant à Mary Cassatt, elle s'inspire des conceptions artistiques de Degas et participe, sur ses conseils, aux 4e, 5e, 6e et 8e expositions impressionnistes.

Edgar Degas. Danseuses (1884-85)

Edgar Degas. Danseuses (1884-85). Pastel sur papier, 75 × 73 cm, musée d’Orsay, Paris. « Avec ce pastel, Degas revisite une thématique déjà abordée dans sa production des années 1870 : les ballerines au repos […] Mais tout en usant de formules anciennes, Danseuses innove par son format, sa composition, et constitue sans doute le témoignage le plus important de ce que l'on a appelé la "période classique" de Degas. Vers 1884, le peintre, en effet, simplifie sa composition, réduit la profondeur de son espace pictural, rabaisse son point de vue pour le rapprocher de la normale et se concentre sur un seul personnage ou groupe de figures. » (Commentaire musée d’Orsay)

Edgar Degas. Les repasseuses (1884-86)

Edgar Degas. Les repasseuses (1884-86). Huile sur toile, 76 × 81,5 cm, musée d’Orsay, Paris. « Le choix de ce sujet fait écho aux préoccupations naturalistes et sociales de certains contemporains de l'artiste, en peinture mais aussi en littérature. Publié en 1877, L'Assommoir de Zola décrit en effet la blanchisserie de Gervaise […] Les gestes de chacune des repasseuses semblent avoir particulièrement intéressé le peintre, qui cherche à fixer les mouvements éphémères et quotidiens dans une représentation ni héroïque ni caricaturale. La peinture à l'huile est posée sur une toile sans apprêt et d'un grain grossier, qui offre un support granuleux et non homogène. » (Commentaire musée d’Orsay)

Edgar Degas. Le tub (1886)

Edgar Degas. Le tub (1886). Pastel sur carton, 60 × 83  cm, musée d’Orsay, Paris. « Présenté à la huitième exposition impressionniste en 1886, ce pastel appartient à une série de sept que Degas exécuta au milieu des années 80, sur le thème de la femme à sa toilette, thème déjà envisagé par l'artiste dans une série de monotypes une dizaine d'années auparavant. L'observation sans concession du geste intime et quotidien ne doit rien à la tradition pittoresque du sujet galant des femmes à leur toilette. La pose de la jeune femme, parfois interprétée par la critique contemporaine comme l'expression d'une certaine animalité, dérive de celle de l'Aphrodite accroupie antique. La nature morte aux objets de toilette, dont la perspective est faussée suivant un principe japonisant, le surplomb, font de ce pastel une des compositions les plus audacieuses et les plus virtuoses des œuvres de Degas sur le sujet moderne de la femme au tub. » (Commentaire musée d’Orsay)

Edgar Degas. Au miroir (1889)

Edgar Degas. Au miroir (1889). Pastel sur papier, 49 × 64 cm, Kunsthalle, Hambourg. Degas fait du pastel sa technique principale à cette époque. Il est le seul peintre du 19e siècle à utiliser ainsi le pastel. Il élargit parfois les possibilités du pastel en le combinant avec la gouache ou l’aquarelle. Le peintre choisit ici une pose atypique mais convaincante parce qu’évocatrice d’une réalité. Il associe savamment les gris et les couleurs froides et chaudes.

Edgar Degas. Danseuses en bleu (v. 1899)

Edgar Degas. Danseuses en bleu (v. 1899). Pastel sur papier, 65 × 65 cm, musée Pouchkine, Moscou. Les danseuses de cette époque n’évoluent plus dans le cadre réaliste de celles de la décennie 1870. Le peintre cherche à saisir l’essence du mouvement de la danse. Il se concentre sur quatre danseuses en mouvement, vues en plongée, et illumine la scène avec des nuances de bleu et de vert.

Edgar Degas. Quatre danseuses (v. 1899)

Edgar Degas. Quatre danseuses (v. 1899). Huile sur toile, 151 × 180 cm, National Gallery of Art, Washington. Ce grand tableau tardif a été réalisé à l’huile à partir de photographies peut-être prises par Degas lui-même. Il possédait les négatifs. « Degas a placé des traits noirs autour des têtes et des bras, soulignant ainsi ses préoccupations formelles, mais il a supprimé tous les détails descriptifs partout ailleurs dans son tableau. L'éclairage artificiel du théâtre sur les danseuses hors représentation modifie les couleurs des personnages et produit un schéma simple de teintes complémentaires rouge-orange et vert. » (Commentaire National Gallery of Art)

 

Dessins

Edgar Degas. Portrait de Giulia Bellelli (1858-59)

Edgar Degas. Portrait de Giulia Bellelli (1858-59). Crayon noir, lavis sur papier, 23,4 × 19,6 cm, musée du Louvre, Paris

Edgar Degas. Jeune femme nouant les rubans de son chapeau (v. 1882)

Edgar Degas. Jeune femme nouant les rubans de son chapeau (v. 1882). Pastel et fusain sur papier gris-beige, 48 × 31 cm, musée d’Orsay, Paris.

Edgar Degas. Femme se lavant dans sa baignoire (v. 1892)

Edgar Degas. Femme se lavant dans sa baignoire (v. 1892). Étude au crayon de couleur et pastel sur carton, 31,8 × 47,4 cm, musée d’Orsay, Paris.

Edgar Degas. Deux danseuses au repos (v. 1895)

Edgar Degas. Deux danseuses au repos (v. 1895). Fusain sur papier, 49,5 × 45,7 cm, Philadelphia Museum of Art.

 

Sculptures

Edgar Degas. Petite danseuse de 14 ans (1865-81)

Edgar Degas. Petite danseuse de 14 ans (1865-81). Statue en bronze avec patine aux diverses colorations, tutu en tulle, ruban de satin rose dans les cheveux, socle en bois, H. 98 cm, L. 35,2 cm, P. 24,5 cm, musée d’Orsay, Paris. « A la mort de Degas, en 1917, on trouva dans son atelier 150 sculptures en cire ou en terre. Du vivant de l'artiste, l'ensemble était demeuré à peu près inconnu du public, à l'exception de la Danseuse de 14 ans, que Degas montra à l'exposition impressionniste de 1881. Colorée au naturel, coiffée de vrais cheveux, vêtue d'un tutu et de véritables chaussons, elle témoigne d'un hyperréalisme, d'un vérisme poussés à l'extrême. Présentée dans une vitrine à la manière d'un spécimen de muséum, elle révèle un Degas presque anthropologue ou naturaliste. Les critiques ne s'y trompèrent pas : l'œuvre fut violemment accusée de représenter la fillette de manière bestiale ; on la compara à un singe ou un aztèque ; on lui trouva un visage "où tous les vices impriment leurs détestables promesses, marque d'un caractère particulièrement vicieux". » (Commentaire musée d’Orsay)

Edgar Degas, Adrien-Aurélien Hébrard, Le tub (1921-31)

Edgar Degas, Adrien-Aurélien Hébrard, Le tub (1921-31). Statuette en bronze patiné, H. 22,5 cm, L. 43,8 cm, P. 45,8 cm, musée d'Orsay, Paris. « L'original en cire (dans une cuvette de métal recouverte de plâtre et entourée d'un tissu, celui-ci étant lui-même recouvert de tissu) est conservé dans la collection Paul Mellon, National Gallery of Art à Washington. » (Notice musée d’Orsay)

Edgar Degas. Cheval à l’arrêt (1865-1881)

Edgar Degas. Cheval à l’arrêt (1865-1881). Statuette en cire sur socle en bois, H. 29,5 cm, L. 39,7 cm, P. 19,7 cm, musée d’Orsay, Paris. « Il s'agit de l'une des cent cinquante sculptures découvertes après la mort de Degas, et confiées pour restauration à Bartholomé qui en sauva seulement soixante-treize. Signature sur le socle, près du postérieur gauche : Degas ». (Notice musée d’Orsay)

 

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EDGAR DEGAS

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