Thomas Gainsborough

Patrick AULNAS 

Autoportraits

Gainsborough. Autoportrait, 1758-59

              

Gainsborough. Autoportrait, 1787

Autoportrait
Huile sur toile, 76,2 × 63,5 cm
National Portrait Gallery, Londres

 

Autoportrait
Huile sur toile
Royal Academy of Arts, Londres

 

Biographie

1727-1788 

Thomas Gainsborough est né en 1727 à Sudbury dans une famille de drapiers du Suffolk (sud-est de l’Angleterre). Il est attiré très jeune par la peinture et part en apprentissage à Londres à l’âge de quatorze ans. Il sera formé par un élève de Watteau, le maître graveur Gravelot. Gainsborough dira plus tard de lui « qu'il fut un très bon peintre de portraits, abstraction faite de sa conception française ».

Dès l’âge de dix huit ans, Gainsborough ouvre son atelier. Un an plus tard, en 1746, il se marie avec Margaret Burr, fille naturelle du duc de Beaufort. Il s’agit pour l’artiste d’un « beau mariage » et le duc verse même une rente au jeune couple. Deux filles naîtront de cette union. Au début de sa carrière, Gainsborough peint surtout des paysages qu’il parvient difficilement à vendre pour un prix modique. Il ne faut pas en conclure qu’il n’a aucun talent de paysagiste. L’historien de l’art John Hayes a d’ailleurs mis en évidence la grande richesse des paysages de Gainsborough.

 

Gainsborough. M & Mme Robert Andrews, 1748-50

Thomas Gainsborough. M & Mme Robert Andrews (1748-50)
Huile sur toile, 70 × 119 cm, National Gallery, Londres.

 

Mais le peintre était un réaliste comme en témoigne la citation suivante rapportée par Marie-Annick Sékaly : « Un homme peut faire de grandes choses et pourtant mourir méconnu dans un grenier s'il ne maîtrise pas ses inclinations et ne se conforme pas à l’œil du vulgaire en choisissant la spécialité que tout le monde payera et encouragera. » Gainsborough revient alors dans le Suffolk et s’oriente vers le portrait. Il se constitue rapidement une clientèle dans la bourgeoisie commerçante et la gentry locale. En 1759, la famille s’installe à Bath, dans le Somerset, au sud-ouest de l’Angleterre. Bath est une ville d’eaux très fréquentée par la haute aristocratie. Gainsborough va rapidement devenir le portraitiste à la mode. Il n’avait pas, comme beaucoup de peintres, voyagé en Italie, mais les collections privées de Bath lui permettent de découvrir Claude Lorrain, Rubens et Van Dyck, duquel il s’inspirera en peignant The Blue Boy.

A partir de 1769, Gainsborough commence à exposer à la Royal Academy. Désormais célèbre, il s’établit à Londres en 1774. Il réalise alors de nombreux portraits de la famille royale : Le roi George III, La reine Charlotte. A la fin de sa vie, il élargit son œuvre à des portraits de gens du peuple comme la Villageoise avec chien et cruche.

Thomas Gainsborough meurt à Londres en 1788, à l’âge de 61 ans.

 

 Œuvre

Gainsborough est d’abord un paysagiste très sensible au spectacle de la nature, qu’il découvrit dans le village de son enfance. Dans sa jeunesse, il associe avec bonheur paysage et portrait, en particulier en 1750 avec le Portrait de Mr. and Mrs. Andrews. De ses débuts de paysagiste il conserve un goût de l’authenticité qui le porte à donner de ses personnages une image moins flatteuse que celle des portraitistes français de la même époque (Quentin de la Tour, Vigée Le Brun). Ce faisant, la psychologie de ses modèles transparaît sans doute mieux. Gainsborough sait également rendre magistralement la splendeur des étoffes.

Etonnamment, alors que l’histoire a rangé Gainsborough parmi les portraitistes, John Constable, le grand paysagiste anglais du 19e siècle, dira de lui : « Je crois voir Gainsborough dans chaque haie et dans chaque arbre creux ». L’esprit des grands artistes ?

Gainsborough. M & Mme Robert Andrews, 1748-50M & Mme Robert Andrews (1748-50). Huile sur toile, 70 × 119 cm, National Gallery, Londres. Robert Andrews et son épouse Frances Mary, née Carter, se sont mariés en 1748, peu avant que Gainsborough ne peigne ce portrait. Ils sont représentés dans leur propriété des Auberies, près de Sudbury, dans le Suffolk, le village natal de Gainsborough.

Pour une analyse détaillée, voir Les yeux d'Argus

 

Gainsborough. Les filles de l'artiste tenant un chat, 1759Les filles de l’artiste tenant un chat (1759). Huile sur toile, 75,6 × 62,9 cm, National Gallery, Londres. Ce tableau inachevé a été peint peu après l'arrivée de l'artiste à Bath.

 

Gainsborough. Sunset, 1760Sunset (1760). Huile sur toile, 143,5 × 154 cm, Tate Britain, Londres. Le titre complet est Sunset, Carthorses Drinking at a Stream (Coucher de soleil, chevaux de trait buvant à un ruisseau). Gainsborough a peint de nombreux tableaux de paysans allant ou revenant du marché. Celui-ci se caractérise par un clair-obscur très prononcé annonçant la nuit.

 

Gainsborough. Karl Friedrich Abel, 1765Karl Friedrich Abel (1765). Huile sur toile, 126,7 × 101,3 cm, National Portrait Gallery, Londres. Karl Friedrich Abel (1723-1787) est un gambiste et compositeur allemand de la période préclassique. Dernier virtuose de la viole de gambe, il composa de nombreuses œuvres pour cet instrument.

 

 
Gainsborough. John Campbell 4e duc d-Argyll, 1767

John Campbell, 4e duc d'Argyll (1767). Huile sur toile, 235 × 154 cm, National Galleries of Scotland, Édimbourg. Les comtes, marquis et ducs d’Argyll ont été pendant plusieurs siècles l’une des plus puissantes familles nobles d'Écosse. John Campbell, 4e duc d'Argyll est né en 1693 et mort en 1770.

 
 
 
Gainsborough. Vue de King's Bromley-on-Trent, Staffordshire, 1768-70

Vue de King's Bromley-on-Trent, Staffordshire (1768-70). ). Huile sur toile, 119 × 168 cm, Philadelphia Museum of Art, Philadelphie. Ce tableau est inspiré de la manière flamande ou néerlandaise d'aborder le paysage. Il s'agit d'un paysage bien réel mais qui n'est pas reproduit dans toute sa justesse topographique. Le peintre s'accorde des libertés pour transmettre des émotions qui idéalisent un tant soit peu la nature.

 
 
 
Gainsborough. Margaret Burr, 1770

Margaret Burr (1770). Pastel sur papier, 24 × 19 cm, collection particulière. Margaret Burr est la fille naturelle du duc de Beaufort que Thomas Gainsborough épousa en 1746.

 

 
Gainsborough. The Blue Boy, 1770

The Blue Boy (1770). Huile sur toile, 178 × 122 cm, Huntington Library, San Marino, Californie. Il s’agit probablement du portrait de Jonathan Buttall, fils d’un riche commerçant, mais cela n'a jamais été prouvé. Ce tableau est considéré comme un hommage à Anthony Van Dyck (1599-1641), grand portraitiste de la Cour d’Angleterre, que Gainsborough admirait.

 

 
Gainsborough. La Dame en bleu, duchesse de Beaufort, 1770

La dame en bleu, la duchesse de Beaufort (1770). Huile sur toile, 76 × 64 cm, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. Cette élégante à la coiffure surdimensionnée, selon la mode de l'époque, et au geste délicat, n'est pas identifiée, malgré l'appellation du tableau.

 

 
Gainsborough. Les soeurs Linley, 1772

Les sœurs Linley (1772). Huile sur toile, 199 × 153,5 cm, Dulwich Picture Gallery, Londres. Elizabeth (debout, 1754-1792) et sa sœur Mary (assise, 1758-1787) sont les filles du compositeur Thomas Linley (1733-1795) et de son épouse Mary Johnson.

 

 
Gainsborough. Johann Christian Bach, 1776

Christian Bach (1776). Huile sur toile, 75,5 × 62 cm, National Portrait Gallery, Londres. Johann Christian Bach est le onzième et dernier fils de Jean-Sébastien et d’Anna Magdalena Bach. Il reçoit une formation musicale de son père. Il est l’auteur de nombreux opéras et de sonates.

 

 
Gainsborough. Mary, fille de l'artiste, 1777

Mary, fille de l’artiste (1777). Huile sur toile, 76 × 64,5 cm, Tate Gallery, Londres. « Gainsborough aimait beaucoup ses deux filles et les a souvent représentées de l'enfance à la vingtaine. Soucieux de leur avenir, il a pris soin de leur assurer une bonne éducation en les envoyant dans un pensionnat de Chelsea et en leur donnant des cours particuliers de dessin et de peinture paysagère. Quelques années après la réalisation de ce portrait, Mary a conclu un mariage désastreux avec le célèbre hautboïste Johann Christian Fischer, un associé de son père. Plus tard, elle vécut avec sa jeune sœur Margaret et souffrit d'une maladie mentale grave. » (Notice Tate Gallery)

 

 
Gainsborough. Mrs Thomas Graham, 1777

Mrs. Thomas Graham (1777). Huile sur toile, 237 × 154 cm, National Galleries of Scotland. Il s'agit de Mary Cathcart (1757-1792), épouse de Thomas Graham (1748-1843), aristocrate écossais, homme politique et général de l'armée britannique. Elle est la fille de Charles Cathcart, 9e lord Cathcart, qui était ambassadeur auprès de Catherine la Grande. « C'est l'un des plus beaux portraits en pied de Gainsborough, dans la tradition de Van Dyck. Le costume et les accessoires sont délibérément inspirés de la mode du XVIIe siècle afin de mettre en valeur l'élégante beauté de l'honorable Mrs Graham. » (Notice National Galleries of Scotland)

 

 
Gainsborough. George III, 1781

George III (1781). Huile sur toile, 238,8 × 158,7 cm, Royal Collection, Buckingham Palace, Londres. George III (1738-1820), roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, fut également roi de Hanovre (1814-1820). Très populaire en Grande-Bretagne, il fut surnommé Farmer George (George le fermier). 

 

 
Gainsborough. La Reine Charlotte, 1781

La reine Charlotte (1781). Huile sur toile, 223,5 × 149,2 cm, Royal Collection, Buckingham Palace, Londres. La reine Charlotte, née duchesse Sophie Charlotte de Mecklembourg-Strelitz (1744-1818), est l’épouse du roi Georges III (1738-1820). Elle est la grand-mère de la reine Victoria et l’aïeule de l’actuelle reine du Royaume-Uni, Élisabeth II.

 

 
Gainsborough. Mr and Mrs William Hallett, 1785

Mr and Mrs William Hallett (1785). Huile sur toile, 236 × 179 cm, National Gallery, Londres. Aussi appelé La promenade matinale ce tableau représente William Hallett et Elizabeth Stephen âgés tous les deux de 21 ans. Ils venaient de se marier au cours de l’été 1785. Pour les époux, il s’agissait d’un portrait de mariage.

 

 
Gainsborough. Mrs Richard Brinsley Sheridan, 1785-86

Mrs. Richard Brinsley Sheridan (1785). Huile sur toile, 220 × 154 cm, National Gallery of Art, Washington. Il s’agit d’Elisabeth Linley (voir ci-dessus le portrait des sœurs Linley en 1772) à l’âge de 31 ans. Elle a épousé le dramaturge Richard Brinsley Sheridan (1751-1816).

 

 
Gainsborough. Sarah Siddons, 1785

Sarah Siddons (1785). Huile sur toile, 126 × 99,5 cm, National Gallery, Londres. Sarah Siddons (1755-1831) est une tragédienne britannique célèbre pour son interprétation du personnage de Shakespeare, Lady Macbeth. De son vrai nom Sarah Kemble, elle est la fille aînée de Roger Kemble, acteur et gérant d'une compagnie théâtrale itinérante.

 

 
Gainsborough. Villageoise avec chien et cruche, 1785

Villageoise avec chien et cruche (1785). Huile sur toile, 174 × 125 cm, collection particulière. Reconnu comme un immense portraitiste par l'aristocratie et la famille royale britannique, Gainsborough cherche à la fin de sa vie d'autres expériences picturales. Cette petite fille pauvre à l'air triste, serrant son chien contre sa poitrine, montre que l'artiste voulait transmettre par l'émotion quelque chose de la réalité sociale de l'époque.

 

Gainsborough. Mrs Thomas Hibbert, 1780

Mrs. Thomas Hibbert (1786). Huile sur toile, 127 × 101,5 cm, Alte Pinakothek, Munich.

 

 
Gainsborough. Georgiana Cavendish, duchesse de Devonshire, 1787

Georgiana Cavendish, Duchesse de Devonshire (1787). Huile sur toile, 101,5 × 127 cm, Chatsworth House, Bakewell, Derbyshire. Georgiana Spencer (1757-1806) fut la première femme de William Cavendish, 5e duc de Devonshire. Femme du monde célèbre pour sa beauté, elle tenait salon et réunissait autour d'elle un grand cercle de personnalités littéraires et politiques. Elle était aussi une militante politique.

 

 

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THOMAS GAINSBOROUGH

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