10 chefs-d'œuvre du paysage

 
 

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Patrick AULNAS

La peinture de paysage proprement dite (le paysage comme sujet) commence au début du 16e siècle. Le 20e siècle s'oriente vers une déconstruction du paysage, qui devient le fruit de la fantaisie parfois totalement débridée du peintre. Les chefs-d'œuvre présentés ici couvrent donc quatre siècles, du 16e au 19e.

 

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Patinir. Paysage avec saint Jérôme (1515-19)

Joachim Patinir (v. 1485-1524)
Paysage avec saint Jérôme (1515-19)
Huile sur bois, 74 × 91 cm, Musée du Prado, Madrid.

 

« C'est là que l'on retrouve en dix fois plus petit (sur la toile) mais en cent fois plus vaste (dans la réalité figurée), les mêmes buissons de velours, les mêmes falaises abruptes, les mêmes ports, viaducs, églises et maisons, qui, dans un bleu particulier qu'on pourrait appeler bleu Patinir, se répandent par grappes sur les bords irréguliers d'un plan d'eau toujours clair – qui n'est ni celui de la mer, ni celui d'un fleuve, mais celui d'un estuaire improbable s'élargissant en océan. Comment alors ne pas penser à la répartition des eaux à la surface de la Terre, dont on observerait les méandres vus du ciel ? Le propos de Patinir est cosmogonique, nous faisant passer sans transition du paysage à la géographie, et de la géographie à l'imaginaire. » (Hector OBALK, Aimer voir, Hazan, Paris 2011)

 

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Le Greco. Vue de Tolède (1597-99)

Le Greco (1541-1614)
Vue de Tolède (1597-99)
 Huile sur toile, 121 × 109 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.

 

Le paysage était à l'époque un genre secondaire et incluait toujours des personnages. Le personnage est ici la ville de Tolède, magnifiée et spiritualisée par le regard d'un grand artiste. Il ne s'agit ni d'un paysage topographique visant à décrire la réalité géographique, ni d'un paysage-monde incluant le plus d'éléments possibles, mais de la vision très personnelle de la ville par Greco, de l'impression qu'elle produisait sur lui. Ce chef-d'œuvre, sans aucun équivalent à l'époque, se place cependant dans la filiation de l'œuvre de Titien par la prépondérance accordée à la couleur. Le Greco avait d'ailleurs été l'élève de Titien de 1568 à 1570, date à laquelle il part pour l'Espagne.
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Nicolas Poussin. Paysage par temps calme (1651)

Nicolas Poussin (1594-1665)
Paysage par temps calme (1651)
Huile sur toile, 99 × 132 cm, Getty Center, Los Angeles.

 

Ce magnifique paysage est le pendant d'un paysage de tempête créé la même année par Poussin. Le calme se trouve aussi dans les choix de composition : quasi symétrie, animaux paisibles, surface miroitante de l'étang, arrière-plan très légèrement brumeux. Le maître du classicisme sait à la perfection suggérer une émotion.
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Lorrain. Paysage avec Enée à Délos (1672)

Claude Lorrain (1600-1682)
Paysage avec Enée à Délos (1672)
Huile sur toile, 100 × 134 cm, National Gallery, Londres.

 

Mythologie grecque. Enée (en rouge) s'est échappé de Thrace avec son père Anchise (en bleu) et son fils Ascagne. Anius (en blanc), roi et prêtre de l'île de Délos les accueille et leur montre les terres données par Apollon. Il s'agit pour le héros mythologique en fuite d'un épisode de sérénité. Ce paysage panoramique est archétypal du classicisme français par l'hommage à l'architecture antique, le chromatisme réduit mais admirablement maîtrisé et la quiétude communicative qu'il inspire au premier regard.
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Watteau. Pèlerinage à l’Île de Cythère (1717)

Antoine Watteau (1684-1721)
Pèlerinage à l'Île de Cythère (1717)
Huile sur toile, 129 × 194 cm, musée du Louvre, Paris.

 

Cythère est une île grecque de la mer Égée, mais dans la mythologie grecque elle est l'île dont les eaux ont vu naître Aphrodite, la déesse de l'Amour. Cette île a donc abondamment inspiré les artistes : poètes, musiciens et peintres. Le tableau de Watteau représente le moment du retour d'un pèlerinage à Cythère de jeunes gens élégants. Le couple situé au centre exprime le regret de l'instant du départ ; on perçoit la mélancolie sur le visage de la femme. La statue d'Aphrodite est représentée à droite avec ses attributs : des guirlandes de roses et le carquois de flèches utilisées par son fils Éros. Le couple assis à côté de la statue d'Aphrodite semble ignorer le départ. Les pèlerins qui descendent vers la mer, également par couples, sont absorbés dans un dialogue amoureux. Pour les contemporains, le tableau signifie Pèlerinage à l'île de l'Amour et il évoque à la fois les félicités et la fugacité du sentiment amoureux.

 

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Canaletto. L’entrée du Grand Canal, Venise (v. 1730)

Canaletto (1697-1768)
L'entrée du Grand Canal, Venise (v. 1730)
Huile sur toile, 49,5 × 72,5 cm, Museum of Fine Arts, Houston.

 

Canaletto est le plus connu des vedutistes italien et son succès auprès des anglais fut considérable au 18e siècle. « Canaletto était un artiste extraordinairement brillant qui améliorait délicatement le thème traité en omettant certains détails soigneusement choisis afin de se concentrer sur l'essentiel. Ses belles couleurs combinent subtilement toutes les nuances que l'on peut associer à Venise, qu'il s'agisse de la ville réelle, de sa mémoire ou de son idéalisation. Exécutées en atelier à partir d'études, ses peintures sont, par conséquent, plus que des restitutions topographiques. Ce sont de pures recréations intellectuelles. » (Notice musée des Beaux-Arts de Houston)
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Joseph Vernet. Le Port d'Antibes en Provence, vu du côté de la terre (1756)

Joseph Vernet (1714-1789)
Le Port d'Antibes en Provence, vu du côté de la terre (1756)
Huile sur toile, 165 × 263 cm, musée national de la Marine, Paris.

 

« Comme ce port est une place frontière de la France du côté de l’Italie, le devant du tableau présente des troupes qui y vont en garnison. La campagne est enrichie d’orangers et de palmiers, qui sont assez communs dans cette province. Les fleurs et les fruits qui se trouvent en même temps sur les orangers, caractérisent la saison, qui est la fin du printemps. On y voit les Alpes encore couvertes de neige. La vue des montagnes du fond est depuis Nice et Villefranche jusqu’à San Remo. L’heure du jour est au coucher du soleil. » (Livret du Salon de 1757)
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Jean-Joseph-Xavier Bidauld. Le parc à Mortefontaine (1806)

Jean-Joseph-Xavier Bidauld (1758-1846)
Le parc à Mortefontaine (1806)
Huile sur toile, 87,6 × 128,3 cm, Indianapolis Museum of Art.

 

Ce paysage reste classique par l'équilibre de la composition et le chromatisme très retenu, mais il est déjà romantique par l'ambiance. Bidauld maîtrise admirablement les effets de lumière sur l'herbe, à travers les arbres et sur la surface de l'eau.
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Caspar David Friedrich. Lever de lune sur la mer (v. 1821)

Caspar David Friedrich (1774-1840)
Lever de lune sur la mer (v. 1821)
Huile sur toile, 135 × 170 cm, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.

 

Cette composition représente le paysage romantique archétypal, qu'évoque spontanément l'énoncé du mot romantique. Deux couples contemplent l'apparition de la lune sur la mer où naviguent deux voiliers. Lumière vespérale en contre-jour, amour suggéré, immensité de l'océan...

 

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Alfred Sisley. Vue de Villeneuve-la-Garenne sur la Seine (1872)

Alfred Sisley (1839-1899)
Vue de Villeneuve-la-Garenne sur la Seine (1872)
Huile sur toile, 59 × 81 cm, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.

 

Alfred Sisley a peint exclusivement des paysages, contrairement à la plupart des impressionnistes qui composaient de nombreuses scènes de genre. Ce tableau réalisé deux ans avant la première exposition impressionniste (1874) est une étude de la lumière qui inonde l'arrière-plan tandis qu'au premier plan la rive reste dans l'ombre. L'observateur a ainsi l'impression presque physique de se trouver à l'ombre des arbres et d'observer la lumière sur la Seine et les maisons de Villeneuve.

 

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