Raphaël Mengs

Patrick AULNAS

 Autoportraits

Mengs. Autoportrait, 1744

Autoportrait (1744)
Pastel sur papier, 55,5 × 42,5 cm
Gemäldegalerie, Dresde

Mengs. Autoportrait, 1773

Autoportrait (1773)
Huile sur bois, 56,5 × 43 cm
Staatliche Museen, Berlin

Mengs. Autoportrait, 1779

Autoportrait (1779)
Huile sur bois
Staatlichen Museen, Berlin

 

Biographie

1728-1779 

Né en 1728 à Aussig (Bohême), Anton Raphaël Mengs est le fils du peintre danois Israël Mengs qui s’était établi à Dresde en Allemagne. Son père l’initie très jeune au dessin et à la peinture. En 1741, Mengs fait un premier séjour à Rome avec son père. Il y retourne en 1747 pour étudier les grands maîtres du 16e siècle, en particulier Raphaël (1483-1520) et Titien (1488-1576). C’est pendant ce séjour qu’il se lie d’amitié avec Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), historien de l’art allemand. Winckelmann aura une grande influence sur l’œuvre de Mengs. A Rome, une fille de paysans, très belle, Margarita Guazzi (1730-1778) lui sert de modèle. Il l’épouse en 1748.

De retour à Dresde, il reçoit des commandes (portraits, tableaux religieux) de la cour de Frédéric-Auguste III (1696-1763), électeur de Saxe et roi de Pologne. Après trois ans passés à Dresde, il part pour Rome en 1751 et y devient célèbre pour ses décorations d’églises et de palais (fresque de l’église Sant’Eusebio en 1757, plafond de la villa Albani en 1760-61).

 

Raphaël Mengs. Apollon, Mnémosyne et les neuf muses (1760-61)

Raphaël Mengs. Apollon, Mnémosyne et les neuf muses (1760-61)
Fresque, Villa Albani, Rome.

 

Le roi Charles III d’Espagne (1716-1788) invite Raphaël Mengs à Madrid en 1761. Le souverain lui confie la voûte du palais d’Aranjuez, plusieurs plafonds à Madrid, des fresques à L’Escurial et de nombreux tableaux religieux.

En 1770, Mengs rejoint l’Italie pour travailler à Rome et à Florence. En 1773, il revient à Madrid pour décorer la salle à manger du roi Charles III. Malade, il quitte l’Espagne pour Rome en 1777. Il mourra dans cette ville en 1779, un an après son épouse Margarita.

  

Œuvre

Au 18e siècle, Raphaël Mengs est considéré comme l’un des plus grands peintres d’Europe. Lié à Winckelmann, qui prône la « manière simple et noble du bel antique », il incarne la réaction néo-classique, le retour à la pureté de la statuaire grecque et au dessin de Raphaël. Il se range donc aux côtés de ceux qui voyaient dans le rococo un art décadent et corrompu. Mengs, qui était également écrivain, a développé ses conceptions artistiques dans plusieurs textes qui ont été regroupés par José Nicolas de Azara (1730-1804), dit le chevalier d’Azara, ambassadeur d’Espagne à Rome. Ces textes permettent de comprendre l’ambition des néo-classiques pour lesquels, selon Mengs, « la beauté est la perfection rendue agréable à la raison par l’intelligence ». Les termes qui reviennent le plus souvent chez Mengs pour caractériser le beau sont l’harmonie, la simplicité, l’ordre, la symétrie. Il cite en exemple Raphaël, Corrège et Titien mais déconseille Rubens et Caravage. Selon Stendhal, Mengs, « (...) pendant un demi-siècle, a passé pour un grand peintre, grâce au charlatanisme adroit de M. d’Azara. »

 

Mengs. Giacomo Casanova (1760)

Raphaël Mengs. Giacomo Casanova (1760-68)
Huile sur toile, collection Bignami, Gênes.

 

Les quelques exemples ci-après montreront que Mengs est un peintre de grand talent qui ne méritait pas l’opprobre de Stendhal.

Mengs. Le Jugement de Pâris, 1757

Le jugement de Pâris (1757). Huile sur toile, 226 × 296 cm, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. Mythologie grecque. Pâris, fils du roi de Troie Priam, gardait les troupeaux sur le mont Ida. Trois déesses apparaissent : Aphrodite, Héra et Athéna. Elles cherchent un juge, sur les conseils de Zeus, pour les départager dans un concours de beauté. Héra promet à Pâris la souveraineté sur l'Asie et l'Europe, Athéna, la gloire des guerriers, et Aphrodite la main de la plus belle des femmes. Ce fut à cette dernière que Pâris offrit la pomme d'or (la pomme de la discorde) qui devait revenir à la plus belle. Mais, jalouses de n'avoir point été choisies, Athéna et Héra témoignèrent à l'avenir, d'une haine farouche à l'égard du Troyen Pâris et protégèrent les Grecs.

 

Mengs. Apollon, Mnémosyne et les neuf muses (1760-61)

Apollon, Mnémosyne et les neuf muses (1760-61). Fresque, Villa Albani, Rome. Ou Le Parnasse. Mythologie grecque. Mnémosyne était la déesse de la mémoire. Elle fut aimée de Zeus et donna naissance à neuf muses représentant les arts : Calliope (poésie épique), Clio (histoire), Erato (poésie lyrique), Euterpe (musique), Melpomène (tragédie), Polymnie (rhétorique), Terpsichore (danse), Thalia (comédie), Urania (astronomie). La composition de Mengs place au centre Apollon, dieu de la musique et des arts, et Mnémosyne, assise, entourés des neuf muses. Mengs s'inspire beaucoup de Raphaël, en particulier pour les muses.

 

Mengs. Giacomo Casanova (1760)

Giacomo Casanova (1760-68). Huile sur toile, collection Bignami, Gênes. Portrait présumé de Giacomo Casanova (1725-1798) à l'âge d'environ 35 ans. Grand séducteur, espion, diplomate, mais surtout écrivain, Casanova laisse en particulier des Mémoires exceptionnels.

 

Mengs. Charles III d’Espagne (1761)

Charles III d’Espagne (1761). Huile sur toile, 151,1 × 109 cm, musée du Prado, Madrid. Charles III (1716-1788) fut roi d'Espagne de 1759 à sa mort. « Le souverain porte une somptueuse tenue militaire de gala. Sur la poitrine apparaissent les colliers de la Toison d'or, du Saint-Esprit et de San Genaro. Le portrait comporte plusieurs accessoires mettant en évidence la majesté du monarque : le bâton de commandement dans la main droite et, sur la table, la cape royale d'hermine décorée des symboles héraldiques : châteaux, lions et fleurs de lys. » (Notice musée du Prado)

 

Mengs. Le Prince des Asturies, futur Charles IV d’Espagne (1765)

Le Prince des Asturies, futur Charles IV d’Espagne (1765). Huile sur toile, 152 × 111 cm, musée du Prado, Madrid. « Fils de Charles III et de Maria Amalia de Sajona, Charles IV est né à Portici en 1748 et s'est marié avec Marie-Louise de Parme en 1765. Il succède à son père sur le trône d'Espagne en 1788. Destitué en 1808 et prisonnier de Napoléon durant des nombreuses années, il meurt à Naples en 1819 sans avoir revu l'Espagne. Mengs cherche savamment à mettre en évidence le personnage en détachant sa silhouette de l'arrière-plan et en le plaçant nettement au premier plan. Il obtient ainsi un portrait qui évoque clairement les compositions de Vélasquez quand il représente les autrichiens en tenue de chasse. Ce portrait est le pendant de celui de Marie-Louise de Parme, les deux ayant probablement été réalisés simultanément en vue du mariage en 1765. » (Notice musée du Prado)

 

Mengs. Marie-Louise de Parme (1765)

Marie-Louise de Parme (1765). Huile sur toile, 152,1 × 110,5 cm, musée du Prado, Madrid. « Pendant de celui de Charles IV, prince des Asturies, ce portrait fut probablement réalisé simultanément en vue du mariage en 1765. Fils de Philippe de Bourbon, duc de Parme, et de Louise Isabelle de France, Marie-Louise est née à Parme en 1751 et morte à Rome en 1819, dix-sept jours avant son époux. La future reine est représentée dans un jardin, portant une élégante robe blanche avec l'insigne de l'ordre de la Croix Étoilée (Cruz Estrellada) attachée au bord du décolleté. Elle est parée de boucles d'oreilles et d'un collier de diamants. Dans la main droite elle tient deux œillets, dans la gauche un éventail et son bracelet est décoré d'un petit portrait en miniature. » (Notice musée du Prado)

 

Mengs. Marie-Louise de Parme, Princesse des Asturies (1765)

Marie-Louise de Parme, Princesse des Asturies (1765). Huile sur toile, 48 × 38 cm, musée du Prado, Madrid. Ce tableau inachevé de la jeune princesse à l'âge de 15 ans est une étude.

 

Marie-Josèphe de Lorraine, archiduchesse d'Autriche

Marie-Josèphe de Lorraine, archiduchesse d'Autriche (1767). Huile sur toile, 128 × 98 cm, musée du Prado, Madrid. « Marie-Josèphe (1751-1767) était la fille de l'empereur François 1er et de son épouse Marie-Thérèse. Elle fut d'abord promise à Fernando IV de Naples, mais paraissant trop jeune, elle fut remplacée par sa sœur Marie-Caroline en vue de la future union dynastique. » (Notice musée du Prado)

 

Mengs. Persée et Andromède (1773-76)

Persée et Andromède (1773-76). Huile sur toile, 227 × 154 cm, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. Les figures de cette composition néoclassique, un chef-d'œuvre de l'artiste, sont inspirées d'exemples antiques tels que l'Apollon du Belvédère, statue du 4e siècle avant J.-C.

 

Portrait de Johann Joachim Winckelmann (1774-76)

Portrait de Johann Joachim Winckelmann (1774-76). Huile sur bois, 67 × 53 cm, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. Johann Joachim Winckelmann (1717-1768) est un historien de l'art allemand et un archéologue, grand helléniste et l'un des des fondateurs de l'archéologie scientifique. Son influence a été déterminante sur l'évolution de la peinture vers le néoclassicisme à la fin du 18e siècle. Raphael Mengs était un adepte des idées de Winckelmann.

  

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