Corrège

 
 
 

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Patrick AULNAS

Portrait et autoportraits

Gravures (début 16e siècle)

Portrait de Corrège       Autoportrait de Corrège       Autoportrait de Corrège

 

Biographie

v. 1489-1534

Antonio Allegri est né à Correggio, petite bourgade située près de Parme dans la région actuelle d'Émilie-Romagne. Aussi fut-il appelé Il Correggio (en français Le Corrège ou tout simplement Corrège). Sa date de naissance n'est pas connue et on ne possède que quelques contrats et documents d'archives pour reconstituer son parcours. Il est le fils de Pelegrino Allegri, marchand de drap de Correggio, et de Bernardina Piazzoli Aramani. La famille vivait dans une aisance relative qui permit à Antonio de recevoir une éducation très supérieure à la moyenne de l'époque. C'est au contact de son oncle, le peintre Lorenzo Allegri, mort en 1527, qu'il prit goût à la peinture. Il fut probablement, vers 1500, l'élève d'Antonio Bartolotti, peintre de la région de Correggio, puis de Francesco Bianchi Ferrari, peintre de Modène.

En 1511, il quitte Correggio pour Mantoue où il travaille peut-être avec Lorenzo Costa (1460-1535) qui était au service d'Isabelle d'Este (1474-1539), épouse du marquis François II de Mantoue (1466-1519) et importante mécène de la Renaissance. Vers 1517-1519, il fait probablement un voyage à Rome.

A partir de 1519, Corrège travaille à Parme tout en retournant régulièrement à Correggio. Il commence par réaliser un programme de fresques pour décorer le salon de Giovanna da Piacenza, l'abbesse du couvent bénédictin San Paolo : manteau de la cheminée, voûte. Il s'inspire du style d'Andrea Mantegna qu'il avait pu admirer à Mantoue.

Il poursuit avec des fresques dans l'église San Giovanni Evangelista (abside et coupole) puis, de 1526 à 1530, sur le Duomo (coupole) octogonal de la cathédrale de Parme. Simultanément, il peint un grand nombre de tableaux à caractère mythologique ou religieux permettant d'apprécier son évolution stylistique.

 

Corrège. Le mariage mystique de Sainte Catherine (1526-27)

Corrège. Le mariage mystique de Sainte Catherine (1526-27)
Huile sur bois, 105 × 102 cm, musée du Louvre, Paris.


Voici comment Giorgio Vasari raconte la mort de Corrège. La véracité du propos est loin d'être garantie, mais les légendes ont aussi leur valeur. « On raconte qu'après avoir reçu à Parme un payement de soixante écus en quadrins (*), il voulut porter à Correggio cet argent dont il avait besoin, et partit à pied avec cette charge par un soleil brûlant. A son arrivée, harassé de fatigue et de chaleur, il but de l'eau fraîche, et se mit au lit avec une fièvre très violente qui termina ses jours. Il avait environ quarante ans. » (**)

 

Œuvre

La peinture de Corrège s'inspire dans un premier temps du style de Mantegna, puis, après le voyage à Rome du peintre (1517-1518), l'influence des grandes figures de la Haute Renaissance se fait sentir (Raphaël, Léonard de Vinci, Michel-Ange). Mais en une quinzaine d'années seulement, ce peintre atypique ira plus loin que ses inspirateurs.

Corrège évolue vers ce que certains historiens appellent le protomaniérisme ou le protobaroque. Ce vocabulaire un peu affecté signifie simplement qu'une inflexion très nette caractérise la peinture de Corrège par rapport à celle de la Haute Renaissance, dont Raphaël représente l'acmé pour les contemporains.

En quoi consiste cette inflexion ? Elle comporte deux aspects. D'une part, Corrège emprunte à Vinci l'art du sfumato et du chiaroscuro pour produire une peinture tonale ne comportant pas de délimitation nette des différentes couleurs, mais des transitions subtiles et une lumière atténuée qui annonce le clair-obscur du baroque. On observe en particulier l'influence de Vinci dans Noli me tangere (v. 1525) et Le mariage mystique de Sainte Catherine (1526-27). D'autre part, le relatif statisme des premières œuvres va laisser place à une animation, à un sens du mouvement qui rappelle parfois Michel-Ange (Fresques de San Giovanni Evangelista, détail 2, 1520-24), puis à un maniérisme (Léda avec le cygne, 1531-32) que l'artiste transmettra à ses élèves, en particulier Francesco Mazzola, dit Le Parmesan.

 

Corrège. Léda avec le cygne (1531-32)

Corrège. Léda et le cygne (1531-32)
Huile sur toile, 152 × 191 cm, Staatliche Museen, Berlin.


En étant ni tout à fait maniériste, ni encore baroque, mais plus vraiment classique, la peinture de Corrège représente un moment unique où couleur et mouvement se fondent avec une élégance singulière et une poésie sans égale.

Tableaux

Corrège. Vierge à l'Enfant et deux musiciens (v. 1510)

Corrège. Vierge à l'Enfant et deux musiciens (v. 1510). Huile sur bois, 20 × 16 cm, Galerie des Offices, Florence. Ce petit tableau est une des premières œuvres connues de Corrège. Le clair-obscur des visages et la douceur des expressions annoncent l'évolution future.

 
Corrège. Le Christ quittant sa mère (v. 1512)

Corrège. Le Christ quittant sa mère (v. 1512). Huile sur toile, 86,7 × 76,5 cm, National Gallery, Londres. Il s'agit encore de la première manière de Corrège, inspirée de Mantegna, avec moins de rudesse.

 
Corrège. L'Adoration des Mages (1515-18)

Corrège. L'Adoration des Mages (1515-18). Huile sur toile, 84 × 108 cm, Pinacoteca di Brera, Milan. Selon la Bible, trois mages (astronomes) auraient suivi une étoile vers le lieu de naissance de Jésus-Christ. Arrivés près de Jésus, ils lui offrent l'or, l'encens et la myrrhe. Cette œuvre marque une nette évolution avec une composition axée sur le mouvement et non dépourvue d'un certain maniérisme.

 
Corrège. Le repos pendant la fuite en Egypte (v. 1520)

Corrège. Le repos pendant la fuite en Egypte (v. 1520). Huile sur toile, 123,5 × 10,5 cm, Galerie des Offices, Florence. Le roi Hérode Ier de Palestine, ayant appris la naissance à Bethléem du roi des Juifs, donne l'ordre de tuer tous les enfants de moins de deux ans se trouvant dans la ville. Joseph, prévenu par un songe, s'enfuit avec l'Enfant Jésus et sa mère Marie en Égypte où ils resteront jusqu'à la mort d'Hérode. Corrège a ajouté saint François, à genoux à droite.

 
Corrège. Noli me tangere (v. 1525)

Corrège. Noli me tangere (v. 1525). Huile sur bois, transféré sur toile, 130 × 103 cm, Musée du Prado, Madrid. Noli me tangere (« Ne me touche pas ») sont les paroles prononcées par Jésus-Christ ressuscité, le dimanche de Pâques, à l'adresse de Marie-Madeleine. Le mouvement (les deux bras du Christ et bras de Marie-Madeleine) suit approximativement la diagonale du tableau. Le paysage en arrière-plan, avec le jour qui se lève, semble inspiré de Léonard de Vinci.

 
Corrège. Vénus et l'Amour découverts par un satyre (1524-27)

Corrège. Vénus et l'Amour découverts par un satyre (1524-27). Huile sur toile, 190 × 124 cm, musée du Louvre, Paris. « On voit donc ici à côté de Vénus, Éros endormi, épuisé par sa victoire sur Hercule, dont il a conquis la peau de lion, attribut de la Force, sur laquelle il est d'ailleurs couché. Quant au satyre, créature mi-homme mi-bouc qui est dans la mythologie gréco-latine un démon de la nature volontiers adonné aux nymphes, il offre ici l'image de l'indiscrétion et de la concupiscence en dépit du geste qui voile son désir. » (Notice musée du Louvre). Il s'agit d'une allégorie de l'amour terrestre, assimilé au désir, par opposition à l'amour céleste, à caractère spirituel.

 
Corrège. Le mariage mystique de Sainte Catherine (1526-27)

Corrège. Le mariage mystique de Sainte Catherine (1526-27). Huile sur bois, 105 × 102 cm, musée du Louvre, Paris. « Peint pour un ami du peintre, le docteur Francesco Grillenzoni de Modène, sans doute aux alentours de 1526-1527 ; resté à Modène tout au long du XVIe siècle, avant de devenir au XVIIe siècle un des joyaux de la collection du cardinal Barberini à Rome puis du cardinal Mazarin à Paris. Acquis par Louis XIV en 1665. » (Notice musée du Louvre). Le mariage mystique est une cérémonie de la tradition chrétienne : un saint ou une sainte s'unit symboliquement à Jésus-Christ (enfant) et l'on assimile cette union à un mariage. Le thème a beaucoup inspiré les peintres.

 
Corrège. Allégorie des Vertus (1530)

Corrège. Allégorie des Vertus (1530). Tempera sur toile, 142 × 85,5 cm, musée du Louvre, Paris. « Peinte vers 1530, en pendant de l'Allégorie des Vices et décrite en 1542 dans l'inventaire du studiolo d'Isabelle d'Este au Palazzo Ducale de Mantoue comme "la Force, la Justice et la Tempérance qui apprennent à un enfant à mesurer le temps afin qu'il soit couronné de laurier et acquière la palme", cette composition allégorique représente sans doute les Vertus cardinales et l'Astronomie de part et d'autre de Minerve, déesse de la Raison. » (Notice musée du Louvre)

 
Corrège. Allégorie des Vices (1530)

Corrège. Allégorie des Vices (1530). Tempera sur toile, 142 × 85,5 cm, musée du Louvre, Paris. « Peinte vers 1530, en pendant de l'Allégorie des Vertus et décrite en 1542 dans l'inventaire du studiolo d'Isabelle d'Este au Palazzo Ducale de Mantoue comme une histoire d'Apollon et Marsyas, cette composition allégorique représente plutôt Silène (ou le Vice et l'Ivresse incarnés) que tourmentent des Ménades ou des Erinyes. » (Notice musée du Louvre)

 
Corrège. Danaé (1530)

Corrège. Danaé (1530). Huile sur toile, 158 × 189 cm, Galleria Borghese, Rome. Nous sommes dans les innombrables péripéties divines de la mythologie grecque. Danaé est la fille d'Acrisios (roi d'Argos) et d'Eurydice. Elle est emprisonnée par son père, mais Zeus parvient à se présenter à elle pour la séduire sous la forme d'une pluie d'or. De cette union naît un fils, Persée, l'un des grands héros de la mythologie grecque. Le mythe de la pluie d'or sur Danaé sera exploité jusqu'au 20e siècle par des peintres en mal d'inspiration (Gustav Klimt, Danaé, 1907). Ce tableau est une des quatre Histoires des amours de Jupiter commandées par Frédéric II Gonzague de Mantoue (1500-1540), comme présent pour Charles Quint (1500-1558), empereur du Saint Empire romain germanique.

 
Corrège. Ganymède (1531-32)

Corrège. Ganymède (1531-32). Huile sur toile, 163,5 × 70,5 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Il s'agit à nouveau d'une péripétie des dieux grecs. Ganymède fait paître son troupeau sur le mont Ida de Troade. Il est particulièrement beau. Zeus le voit, se transforme en aigle et l'enlève pour en faire son amant et l'échanson des dieux. L'échanson est le préposé au service des boissons à la table des rois... ou des dieux. Le tableau représente l'enlèvement de Ganymède par l'aigle. Il constitue l'une des quatre Histoires des amours de Jupiter commandées par Frédéric II Gonzague de Mantoue (1500-1540), comme présent pour Charles Quint (1500-1558), empereur du Saint Empire romain germanique.

 
Corrège. Jupiter et Io (1531-32)

Corrège. Jupiter et Io (1531-32). Huile sur toile, 163,5 × 70,5 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Io est prêtresse au temple d'Héra à Argos. Zeus la remarque et elle devient sa maîtresse. Les dieux étant les dieux, il lui donne rendez-vous en se changeant en nuage. Sur ce tableau, la prêtresse est à l'évidence très sensible au nuage-Zeus. Cette composition constitue l'une des quatre Histoires des amours de Jupiter commandées par Frédéric II Gonzague de Mantoue (1500-1540), comme présent pour Charles Quint (1500-1558), empereur du Saint Empire romain germanique.

 
Corrège. Léda avec le cygne (1531-32)

Corrège. Léda et le cygne (1531-32). Huile sur toile, 152 × 191 cm, Staatliche Museen, Berlin. Quatrième tableau évoquant les amours de Jupiter commandé par Frédéric II Gonzague de Mantoue (1500-1540), comme présent pour Charles Quint (1500-1558), empereur du Saint Empire romain germanique. Nous sommes toujours dans la mythologie grecque. Zeus prit la forme d'un cygne pour séduire Léda, fille du roi d'Étolie. De ces amours naquirent deux enfants, Hélène et Pollux.

 

 Fresques

Corrège. Camera di San Paolo (1519)

Corrège. Camera di San Paolo (1519). Fresques, couvent San Paolo, Parme. « Au-dessus d'une frise en trompe-l'œil, à la base de la voûte, s'ouvrent 16 lunettes en grisaille (4 par paroi) ornées de sculptures feintes et formant un véritable antiquarium d'humaniste : Bellone opposée aux Trois Grâces, la Fortune et la Vertu, les Parques et le temple de Jupiter, Vesta et le Génie, symbole des quatre éléments de la vie. Éclairées par une lumière artificielle qui semble venir du foyer de la cheminée, ces figures, d'une tonalité rose doré, allongent leurs ombres violacées sur le fond courbe de la niche. De ces lunettes partent les 16 tranches concaves de la voûte, sorte de tonnelle formée de 16 roseaux qui se rejoignent au centre, liés par un nœud de rubans terminés par des grappes de fruits ; la lumière du jour surgit des oculi percés dans le treillage, où apparaissent des putti joyeux. » (Encyclopédie Larousse en ligne, article Le Corrège)

 
Corrège. Camera di San Paolo, Les Trois Grâces (1519)

Corrège. Camera di San Paolo, Les Trois Grâces (1519). Fresque, couvent San Paolo, Parme. Les Grâces sont dans la mythologie antique des divinités de la nature représentée avec des attributs comme la pomme, la myrte ou la rose. Elles devinrent les compagnes de Vénus, déesse de l'Amour et de la beauté. La tradition littéraire imposa par la suite le chiffre de trois et nomma les Grâces Euphrosyne, Thalie et Aglaé. Elles symbolisent la beauté, la séduction et la créativité. Le sujet réapparaît en peinture à la Renaissance. Les peintres s'inspirent de sculptures romaines conservées. Les Grâces de Corrège sont particulièrement plantureuses, anticipant en cela celles de Rubens.

 
Corrège. San Giovanni Evangelista, détail 1 (1520-24)

Corrège. San Giovanni Evangelista, détail 1 (1520-24). Fresques, Église San Giovanni Evangelista, Parme. Il s'agit ici d'un détail de la voûte, consacré à la mort de saint Jean. Selon la tradition chrétienne, l'apôtre Jean (Jean l'Évangéliste) serait mort à Éphèse à un âge avancé. Au moment de sa mort, il fut entouré d'une lumière vive.

 
Corrège. San Giovanni Evangelista, détail 2 (1520-24)

Corrège. San Giovanni Evangelista, détail 2 (1520-24). Fresques, Église San Giovanni Evangelista, Parme. Ce détail de la voûte est consacré aux apôtres Pierre et Paul.

 
Corrège. Duomo (1526-30)

Corrège. Duomo (1526-30). Fresques, cathédrale de Parme. « Corrège parvint à suggérer un espace infini et lumineux, en liant intimement tambour et coupole par un thème et une couleur unifiés, et en estompant les arêtes : le tambour prend l'aspect d'une balustrade devant laquelle se tiennent les grandes figures des apôtres debout, tout entiers tournés vers le ciel. Mais sur la terre, symbolisée par le bord du parapet, se déroulent les Funérailles de la Vierge, tandis que, sans solution de continuité entre le tambour et la calotte, un tourbillon d'anges élève la Vierge au ciel, entraînant avec elle des saints et des personnages bibliques jusqu'à saint Michel, qui descend à sa rencontre.
Par la forme concentrique donnée à l'ensemble, en dépit de sa section octogonale, cette coupole annonce le grand décor plafonnant baroque et montre l'évolution suivie depuis S. Giovanni Evangelista : d'une évocation du ciel par des têtes de chérubins à une savante concentration d'anges et de saints en mouvement. » (Encyclopédie Larousse en ligne, article Le Corrège)

 
Corrège. Duomo, détail 1 (1526-30)

Corrège. Duomo, détail 1 (1526-30). Fresques, cathédrale de Parme. Les anges musiciens.

 
Corrège. Duomo, détail 2 (1526-30)

Corrège. Duomo, détail 2 (1526-30). Fresques, cathédrale de Parme. Les apôtres.

  

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 CORRÈGE

 

 

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(*) Le quadrin est une petite monnaie équivalente au denier romain. Il a donc reçu la somme en petite monnaie métallique et cela pèse lourd.
(**) Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (première édition 1550, remaniée en 1568)

 

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