Jean Béraud

 
 
 

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Patrick AULNAS

Portraits

Nadar. Portrait de Jean Béraud (1885)

Nadar. Portrait de Jean Béraud (1885)
 Photographie

 

Jean Béraud. Autoportrait (v. 1909)

Jean Béraud. Autoportrait (v. 1909)
Huile sur toile, 100 × 65 cm, collection particulière.

 

Biographie

1849-1935

Fils du sculpteur Jean Béraud (1811-1853) et de Geneviève-Eugénie Jacquin (1814-1889), le peintre Jean Béraud est né à Saint-Pétersbourg le 12 janvier 1849. Son lieu de naissance s’explique par l’activité de son père. Celui-ci participait probablement à la décoration de la cathédrale orthodoxe Saint-Isaac, construite à Saint-Pétersbourg de 1818 à 1858. L’architecte de cette vaste cathédrale est en effet le français Auguste Ricard de Montferrand (1786-1858).

Le sculpteur Jean Béraud meurt prématurément à Saint-Pétersbourg en 1853, à l’âge de quarante-deux ans. Geneviève Jacquin revient alors vivre à Paris avec ses quatre enfants : Adrienne, Estelle, Jean et Mélanie, qui sont jumeaux. Après l’enseignement primaire, Jean Béraud suit des études secondaires au lycée Bonaparte (actuellement lycée Condorcet), puis entame des études de droit dans le but de devenir avocat. Mais le tropisme artistique familial le conduit à s’inscrire à l'École des Beaux-Arts de Paris où il devient l’élève du peintre Léon Bonnat (1833-1922), portraitiste célèbre et professeur apprécié de ses élèves. Jean Béraud expose pour la première fois au Salon officiel en 1872, mais ne connaîtra le succès qu’en 1876 avec Le Retour de l'enterrement.

 

Jean Béraud. Le Retour de l'enterrement (1876)

Jean Béraud. Le Retour de l'enterrement (1876)
Huile sur toile, 66 × 53,3 cm, collection particulière.

 

Béraud devient rapidement un peintre des scènes de la vie parisienne. Il représente surtout les activités de la bourgeoisie aisée, clientèle principale des artistes de l’époque : promenades sur les boulevards, spectacles, cafés et restaurants. Outre les scènes de genre, il réalise de nombreux portraits car il fréquente les salons mondains et trouve ainsi des commanditaires. En 1887, Béraud devient chevalier de la Légion d'honneur. Peintre très apprécié, il reste longtemps ignoré des historiens de l’art, qui s’intéressent surtout aux multiples courants plus ou moins novateurs de la fin du 19e et du début du 20e siècle.

 

Jean Béraud. Le Monologue (1882)

Jean Béraud. Le Monologue (1882)
Huile sur toile, 52 × 72,5 cm, collection particulière.

 

En 1890, Béraud fait pourtant partie des membres fondateurs de la nouvelle Société nationale des Beaux-arts (SNBA), aux côtés des peintres  Joseph Messonnier (1864-1943), Puvis de Chavannes (1824-1898), Carolus-Duran (1837-1917) et du sculpteur Auguste Rodin (1840-1917). La SNBA, en rupture avec le Salon officiel, cherche à promouvoir un art indépendant. Béraud est nommé vice-président de la SNBA.

En 1894, Jean Béraud est promu officier de l’ordre de la Légion d'honneur. A partir de la fin du 19e siècle, il consacre moins de temps à sa peinture mais travaille dans de nombreux comités d'expositions, dont celui de la SNBA. En février 1897, Jean Béraud est l’un des témoins de Marcel Proust (1871-1922) lors de son duel, à Meudon, avec l’écrivain et critique Jean Lorrain (1855-1906). Proust venait de publier son premier ouvrage intitulé Les plaisirs et les jours. Lorrain utilise dans sa critique des qualificatifs jugés offensants par Proust : « chochotte », « écrivain précieux ». Au cours du duel, les deux écrivains gardent le sens des réalités et tirent chacun une balle dans le sol.

 

Jean Béraud. Au café, dit l'Absinthe (1909)

Jean Béraud. Au café, dit l'Absinthe (1909)
Huile sur toile, 54,5 × 65,5 cm, musée Carnavalet, Paris.

 

Béraud ne s'est jamais marié et n'a pas eu d'enfants. Il meurt à Paris le 4 octobre 1935 et est inhumé au cimetière Montmartre aux côtés de sa mère.

 

Œuvre

L’œuvre de Jean Béraud comporte des scènes de genre, des portraits et quelques scènes religieuses. Elle constitue une collection unique d’images de la vie parisienne de la fin du 19e et du début de 20e siècle. Introduit dans la haute bourgeoisie, Béraud fréquente les salons et les spectacles en vogue et les représente avec une certaine ironie. Mais les rues de Paris, les cafés, les attractions tiennent aussi une place importante dans son travail.

 

Jean Béraud. Le Chalet du Cycle au bois de Boulogne (v. 1900)

Jean Béraud. Le Chalet du cycle au bois de Boulogne (v. 1900)
Huile sur toile, 53,5 × 65 cm, musée Carnavalet, Paris.

 

Il s’intéresse surtout à la bourgeoisie, qui constitue sa clientèle, mais les gens du peuple apparaissent de temps à autre.

 

Jean Béraud. Sortie des ouvrières de la maison Paquin (v. 1900)

Jean Béraud. Sortie des ouvrières de la maison Paquin (v. 1900)
Huile sur toile, 42 × 55 cm, musée Carnavalet, Paris.

 

Son incursion dans les scènes religieuses au cours de la décennie 1890 a conduit à des controverses au Salon officiel en raison de la transposition des épisodes bibliques dans la vie contemporaine. Il s’agit tout simplement d’une tentative avortée, comme il en existe tant dans tous les domaines de la création, artistique ou non.

 

Jean Béraud. La Madeleine chez le Pharisien (1891)

Jean Béraud. La Madeleine chez le Pharisien (1891)
Huile sur toile, 101,2 × 131,5 cm, musée d’Orsay, Paris.

 

Le style de Béraud n’est pas strictement académique car il peut s’inspirer, avec modération, de la touche des impressionnistes, comme dans ce Dîner aux Ambassadeurs :

 

Jean Béraud. Dîner aux Ambassadeurs (v. 1880)

Jean Béraud. Dîner aux Ambassadeurs (v. 1880)
Huile sur toile, 37,5 × 45 cm, musée Carnavalet, Paris.

 

Cet artiste indépendant, très apprécié de son vivant, décoré de la légion d’honneur, n’est pas un novateur à une époque où les artistes se piquent d’avant-gardisme (impressionnisme, symbolisme, fauvisme, cubisme et autres tentatives artistiques). La peinture traditionnelle du très talentueux Béraud nous rappelle que le public bourgeois appréciait surtout qu’on représente sur la toile ses activités quotidiennes. La scène de genre urbaine, rejetée cinquante ans auparavant, séduit désormais une bourgeoisie qui perçoit dans la peinture une forme de représentation jugée plus noble que la photographie, devenue courante au début du 20e siècle.

 

Scènes de genre

Jean Béraud. Le Retour de l'enterrement (1876)

Jean Béraud. Le Retour de l'enterrement (1876). Huile sur toile, 66 × 53,3 cm, collection particulière. Premier succès de l’artiste, cette composition associe avec justesse une journée pluvieuse, évoquée par le sol luisant, et les silhouettes endeuillées du retour d’un enterrement. C’est le naturalisme du traitement pictural qui fit le succès, chacun pouvant retrouver sur le tableau des émotions ressenties. Un an plus tard, Gustave Caillebotte utilisera à nouveau les silhouettes sombres et l’effet brillant de la pluie sur le sol des rues parisiennes dans Rue de Paris, temps de pluie.

 

Jean Béraud. La Marseillaise (1880)

Jean Béraud. La Marseillaise (1880). Huile sur toile, 37 × 56 cm, collection particulière. La célébration de la fête nationale, le 14 juillet 1880, est l’occasion pour Béraud de représenter la ferveur populaire dans une composition très colorée par les multiples drapeaux bleu-blanc-rouge aux fenêtres. Il s’agit probablement d’une licence artistique, car on imagine mal une telle profusion de drapeaux sur les façades des immeubles. En 1878, Monet avait également utilisé les drapeaux pour son tableau La rue Montorgueil représentant, dans un style typiquement impressionniste, les festivités se déroulant dans les rues de Paris le 30 juin 1878 à l'occasion de l'ouverture de l’Exposition universelle. Béraud s’est-il inspiré de Monet ? Nous n’avons pas la réponse. On remarque sur la toile de Béraud que toutes les classes sociales apparaissent, du bourgeois en redingote à l’ouvrier. Fête nationale oblige.

 

Jean Béraud. La soirée autour du piano (v. 1880)

Jean Béraud. La soirée autour du piano (v. 1880). Huile sur toile, 35 × 27 cm, musée Carnavalet, Paris. « Au premier plan, un jeune homme chuchote à l'oreille d'une jeune fille dont la tenue toute blanche symbolise l'innocence. A l'abri de son éventail, elle tourne vers lui un visage réservé, mais souriant et attentif. Dans la stratégie du mariage, chaque soirée est occasion de rencontre. Le ballet social, la comédie des apparences, se joue ici en privé, sous la dorure des lambris et des lustres du grand salon. Aucun appartement bourgeoisement habité ne se conçoit sans cet espace théâtral où la maîtresse de maison reçoit à jour fixe, donne des soirées. […]
La composition en trois plans superposés souligne la répartition des rôles et des pouvoirs : figure masculine au premier plan, femmes assises au second plan, hommes debout au sommet de la pyramide… Béraud a peint d'une même touche rapide et légère les cristaux des lustres, le tulle des robes, créant ainsi une impression de brillant et de transparence. » (Commentaire musée Carnavalet)

 

Jean Béraud. Les berges de la Seine (v. 1880)

Jean Béraud. Les berges de la Seine (v. 1880). Huile sur toile, 46,5 × 56 cm, musée Carnavalet, Paris. Intitulé à l’origine Bain d'un chien dans la Seine, ce tableau utilise un thème impressionniste (les bords de l’eau) sans pour autant choisir vraiment la négation du dessin qu’affectionnent les impressionnistes ou certains d’entre eux. Les contours restent parfaitement nets, la surface de l’eau est traitée de façon traditionnelle et les couleurs restent d’une sagesse exemplaire alors que les impressionnistes voulaient inonder leurs toiles de lumière. On pourra comparer avec une composition de Sisley, datée de 1874 et structurée d’une façon assez semblable : La route d'Hampton Court (1874).

 

Jean Béraud. Dîner aux Ambassadeurs (v. 1880)

Jean Béraud. Dîner aux Ambassadeurs (v. 1880). Huile sur toile, 37,5 × 45 cm, musée Carnavalet, Paris. Construit à partir de 1772, le Café des Ambassadeurs, dans le quartier des Champs-Élysées, avait été transformé en café-concert au 19e siècle. La bourgeoisie parisienne pouvait y dîner tout en regardant une revue. Béraud traite son sujet avec un cadrage sans originalité afin de placer la scène du théâtre en arrière-plan, mais utilise une technique très inspirée des impressionnistes, qui tranche avec certaines autres compositions de la même époque, par exemple celle figurant ci-dessus. L’artiste veut rester indépendant et peut emprunter à tel ou tel courant s’il le juge utile.

 

Jean Béraud. Une journée venteuse sur le Pont des Arts (1880-81)

Jean Béraud. Une journée venteuse sur le Pont des Arts (1880-81). Huile sur toile, 39,7 × 56,5 cm, Metropolitan Museum of Art. « Cette peinture d’environ 1880-81 représente le Pont des Arts, une passerelle enjambant la Seine entre l'Institut de France et la Cour Carrée du Louvre. Béraud se positionna sur le quai du Louvre ; la coupole de l'Institut est visible en arrière-plan. » (Commentaire Metropolitan Museum of Art)

 

Jean Béraud. Le Monologue (1882)

Jean Béraud. Le Monologue (1882). Huile sur toile, 52 × 72,5 cm, collection particulière. Soirée mondaine, que Béraud fréquentait beaucoup. Les femmes sont assises et portent toutes à peu près les mêmes robes de soirée au tissus moiré. Seule la couleur diffère. Les hommes, engoncés dans leur smoking, restent debout à l’arrière-plan. Le public écoute avec attention le monologue du célèbre acteur Ernest-Alexandre-Honoré Coquelin (1848-1909), dit Coquelin cadet pour le différencier de son frère aîné Benoît-Constant Coquelin (1841-1909), considéré comme l’un des plus grands comédiens de la fin du 19e siècle.

 

Jean Béraud. L'attente (1885)

Jean Béraud. L'attente (1885). Huile sur toile, 55 × 39 cm, musée d’Orsay, Paris. Dans une rue quasiment déserte, une femme attend. Le spectateur peut évidemment imaginer tout un récit à propos de cette attente, y compris celui d’une prostituée discrète habillée en bourgeoise. Le pendant de ce tableau est au musée des Arts décoratifs de Paris. Voir ci-dessous.

 

Jean Béraud. La proposition (1885)

Jean Béraud. La proposition (1885). Huile sur toile, 55 × 38 cm, musée des Arts décoratifs, Paris. Cette fois, l’homme a abordé la femme dans la même rue déserte. Le visage de cette dernière indique qu’elle vient de recevoir une proposition.

 

Jean Béraud. Parisienne place de la Concorde (v. 1885)

Jean Béraud. Parisienne place de la Concorde (v. 1885). Huile sur toile, 47,7 × 39,8 cm, musée Carnavalet, Paris. Sur la place de la Concorde un peu brumeuse l’artiste saisit une parisienne revenant de faire des achats. La silhouette noire de la femme se détache sur un arrière-plan clair ne comportant que quelques promeneurs et des arbres à peine perceptibles. Par la sobriété chromatique et l’accentuation visuelle des contraintes de la mode féminine de l’époque (taille ultrafine), Béraud nous montre l’élégance parisienne.

 

Jean Béraud. Le salon de la comtesse Potocka (1887)

Jean Béraud. Le salon de la comtesse Potocka (1887). Huile sur toile, 66 × 86 cm, musée Carnavalet, Paris. La comtesse Emmanuela Potocka (1852-1930), d’origine italienne mais mariée à un aristocrate polonais richissime naturalisé français, tenait salon à Paris. Béraud faisait partie des familiers. Le tableau est d’une sagesse victorienne, mais la comtesse était célèbre pour son « dîner des Macchabées » au cours duquel chaque convive devait jouer le rôle d’un « mort d’amour ». Comprendre : par excès d’ébats amoureux.

 

Jean Béraud. Les coulisses de l’Opéra (1889)

Jean Béraud. Les coulisses de l’Opéra (1889). Huile sur toile, 38 × 54 cm, musée Carnavalet, Paris. « Le rideau vient de retomber, mais un autre ballet commence. Béraud dévoile avec ironie l'envers du décor. Des messieurs respectables en habit et chapeau haut-de-forme ont envahi les coulisses et le plateau. En rang serré ils avancent vers les petites filles « singes » (cf. Edmond de Goncourt) : créatures virevoltantes et insaisissables à la scène, les jeunes filles redeviennent tout à fait accessibles après le spectacle.
Au premier plan un homme âgé enlace d'un bras "paternel" une danseuse dont l'attitude semble trahir fatigue et indifférence. Les mains sur les hanches, une de ses compagnes se penche vers elle, pour l'encourager à saisir la bonne occasion. D'autres tentent d'attirer l'attention par la grâce de leurs gestes. A demi cachées derrière des toiles peintes, certaines offrent déjà à leurs protecteurs des marques tangibles de reconnaissance : l'une d'elles se laisse embrasser passionnément. » (Commentaire musée Carnavalet)

 

Jean Béraud. La salle de rédaction (1889)

Jean Béraud. La salle de rédaction (1889). Huile sur toile, 98 × 151 cm, musée d’Orsay, Paris. « Le tableau de Béraud est commandé par la rédaction du journal à l'occasion du centenaire de sa fondation. Le tableau réunit les principaux administrateurs et collaborateurs du journal en activité en 1889 : Taine, Renan, Jules Simon, Paul Bourget... Au mur, à gauche, est suspendue une reproduction du portrait du fondateur, Louis-François Bertin (1766-1841) par Ingres. Il s'agit bien-sûr d'une scène recomposée, tout ce groupe n'ayant pu poser ensemble dans les locaux du Journal des débats. » (Commentaire musée d’Orsay)

 

Jean Béraud. Le boulevard des Capucines devant le Théâtre du Vaudeville (1889)

Jean Béraud. Le boulevard des Capucines devant le Théâtre du Vaudeville (1889). Huile sur toile, 36 × 51 cm, musée Carnavalet, Paris. « Un beau militaire parade en bombant le torse. Regards admiratifs d'une modiste et d'une bourgeoise… Jean Béraud aime à saisir les scènes de la rue, les attitudes pittoresques. Peintre, témoin de la vie parisienne, il s'est beaucoup attaché à décrire l'effervescence des grands boulevards. L'ancienne promenade plantée d'arbres que Louis XIV avait fait aménager à la limite de la ville, sur le tracé de fortifications, est en effet devenue au XIXe siècle l'artère la plus animée de la capitale. Théâtres, cafés, restaurants, salles de jeux, boutiques et magasins s'y multiplient. Une foule très mélangée déambule de la Bastille à la Madeleine en quête de distractions. » (Commentaire musée Carnavalet)

 

Jean Béraud. Le Chalet du Cycle au bois de Boulogne (v. 1900)

Jean Béraud. Le Chalet du Cycle au bois de Boulogne (v. 1900). Huile sur toile, 53,5 × 65 cm, musée Carnavalet, Paris. « Au Chalet du Cycle, rendez-vous à la mode, se pressent sportsmen et élégantes qui abordent la tenue de la parfaite cycle-woman : petit canotier et cravate de soie, veste cintrée et larges pantalons bouffants. Assis sous les arbres, un public d'habitués devise en buvant un rafraîchissement. La jolie blonde attablée au premier plan prend élégamment la pose : une jambe à demie repliée, elle sourit avec coquetterie.
La composition de Béraud met délibérément en valeur le caractère artificiel du Bois : premier plan dégagé et circulaire comme le plateau d'une scène de théâtre, verticales des troncs plantés de part et d'autre de la toile comme les montants d'un décor. Les tons de bleu et de vert ne visent pas à recréer l'atmosphère du plein air mais à offrir l'image fraîche et pimpante d'une nature d'opérette. » (Commentaire musée Carnavalet)

 

Jean Béraud. Sortie des ouvrières de la maison Paquin (v. 1900)

Jean Béraud. Sortie des ouvrières de la maison Paquin (v. 1900). Huile sur toile, 42 × 55 cm, musée Carnavalet, Paris. « Fondée en 1891, par Jeanne Paquin (1869-1936), la maison de couture était située rue de la Paix, n°3. Elle se développa rapidement et ouvrit des succursales à Londres (1896), à New-York (1912), puis à Madrid et Buenos-Aires. Jeanne Paquin se retira en 1920. La maison de couture continua ses activités jusqu'en 1956. » (Commentaire site Paris Musées Collections)

 

Jean Béraud. Au café, dit l'Absinthe (1909)

Jean Béraud. Au café, dit l'Absinthe (1909). Huile sur toile, 54,5 × 65,5 cm, musée Carnavalet, Paris. « On trouve souvent des séries dans son œuvre qui exploitent un thème choisi ; parmi celles-ci, celle des cafés est l’une des plus abondantes – bien qu’absente jusque-là des collections du musée – , et l’on connaît plus d’une vingtaine de compositions sur ce thème,  presque toutes peintes entre 1908 et 1910 pour le marchand Bernheim-Jeune qui diffusait l’œuvre de l’artiste. Elles montrent généralement deux ou trois personnages attablés autour d’un verre d’absinthe ; le plus souvent les modèles masculins, qui semblent issus du monde interlope des cafés montmartrois, présentent des mines patibulaires et paraissent engagés dans des discussions suspectes ou dans d’interminables parties de trictrac aux enjeux obscurs, tandis que leur compagne, au statut équivoque, les attend avec une résignation ennuyée. C’est le cas dans l’Absinthe. » (Commentaire musée Carnavalet)

 

Portraits

Jean Béraud. John Lemoine (v. 1889)

Jean Béraud. John Lemoine (v. 1889). Huile sur toile, 41 × 32 cm, musée Carnavalet, Paris. John Lemoine (1815-1892), était un publiciste, rédacteur en chef du Journal des débats. Ce portrait est une simple étude du personnage de Lemoine figurant sur le tableau La salle de rédaction exécuté à l'occasion du premier centenaire du Journal des débats, exposé au salon de 1889.

 

Jean Béraud. Ernest Renan (1889)

Jean Béraud. Ernest Renan (1889). Huile sur toile, 32,5 × 21,4 cm, musée Carnavalet, Paris. Ernest Renan (1823-1892) est un écrivain et philosophe français qui s’est beaucoup intéressé à l’histoire des religions. Ce portrait est une simple étude du personnage de Renan figurant sur le tableau La salle de rédaction exécuté à l'occasion du premier centenaire du Journal des débats, exposé au salon de 1889.

 

Jean Béraud. Edmond Taigny (v. 1890)

Jean Béraud. Edmond Taigny (v. 1890). Huile sur toile, 47,6 × 39,8 cm, musée Carnavalet, Paris. « Membre fondateur au Comité de direction de la Société du musée des arts décoratifs de 1877 à 1882, membre du Conseil d'administration du musée de 1882 à 1892, Edmond Taigny fut aussi un aquarelliste amateur qui exposa au Salon des artistes français entre 1868 et 1870. Il faisait partie des habitués du salon de la comtesse Potocka. Il est l'auteur d'une biographie du peintre Isabey (1859) et d'un ouvrage sur Catherine II et la princesse Daschkoff (1860). » (Commentaire site Paris Musées Collections)

 

Jean Béraud. Isabelle Decazes (1896)

Jean Béraud. Isabelle Decazes (1896). Huile sur toile, 38 × 47 cm, collection particulière. Isabelle Decazes (1869-1896), née Singer, est l’épouse de Jean Decazes, duc de Glücksbierg (1864-1912), homme du monde et sportif réputé (médaille d'argent en voile aux Jeux olympiques de 1900). Isabelle est la fille du richissime Isaac Merritt Singer, fondateur de la célèbre entreprise de machines à coudre Singer. Elle s’est suicidée en 1896. Ce portrait est évidemment une simple transposition du célébrissime portrait de Madame Récamier par Jacques-Louis David, peint en 1800.

 

Jean Béraud. Sir Campbell Clarke (1899)

Jean Béraud. Sir Campbell Clarke (1899). Huile sur toile, 46 × 25,4 cm, collection particulière. « Sir Campbell Clarke (1835-1902) commence sa carrière professionnelle en tant que bibliothécaire au British Museum. En 1870, il épouse Annie Levy, la fille de J.M. Levy, propriétaire du Daily Telegraph, et il est nommé envoyé spécial du journal à Paris. Clarke a beaucoup voyagé tout en couvrant l'actualité européenne pour la publication, et a été le premier à annoncer la nouvelle de l'occupation britannique de Chypre, parmi d'autres événements internationaux majeurs de son temps. Il a également été très actif dans les domaines artistique, musical, théâtral et sur la scène littéraire parisienne, faisant partie du jury de deux expositions. Dans le présent portrait, Béraud a saisi l'essence du gentleman reporter mondain et distingué, faisant allusion à son métier par l’exemplaire enroulé du Daily Telegraph dans le chapeau haut de forme renversé sur la chaise à droite. » (Commentaire Christie’s)

 

Jean Béraud. Blanche Vesnić, née Ulman (v. 1913)

Jean Béraud. Blanche Vesnić, née Ulman (v. 1913). Huile sur toile, 81 × 41 cm, collection particulière. « Amie de l’épouse du président Woodrow Wilson, Mme Blanche Vesnitch (née Ulman) était l’élégante épouse américaine de Milenko Radomar Vesnić, diplomate serbe et premier ministre. Son mari a représenté la Serbie à la conférence de la Société des Nations et à Versailles en 1919, devenant Premier ministre du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes en 1920. » (Commentaire Sotheby’s)

 

Scènes religieuses

Jean Béraud. La Madeleine chez le Pharisien (1891)

Jean Béraud. La Madeleine chez le Pharisien (1891). Huile sur toile, 101,2 × 131,5 cm, musée d’Orsay, Paris. « Jean Béraud illustre ici un extrait de L’Évangile de Saint-Luc (chapitre VIII, verset 49) : la visite de Jésus chez le pharisien Simon au cours de laquelle une « femme pécheresse » oint les pieds de Jésus d’un parfum de grand prix après les avoir mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Mais la scène se déroule en 1891, dans un intérieur bourgeois : Renan (au centre de la table, une serviette autour du cou) préside un dîner mondain où figurent nombre de personnalités parisiennes, dont le chimiste Eugène Chevreul (mort l’année précédente à 103 ans) avec lunettes et favoris grisonnants, et Alexandre Dumas fils, appuyé au dossier d’une chaise. A ce dîner assiste le Christ, dont les traits ont été immédiatement identifiés à ceux du journaliste et militant socialiste Albert Duc-Quercy (1856-1934), aux pieds duquel se prosterne, à l’heure du café, une Madeleine repentante qui n’est autre que la demi-mondaine Liane de Pougy, laquelle, réellement repentante, finira ses jours au couvent.
Il n’est pas facile de faire une lecture simple de cette toile, qui fit scandale et fut achetée par le correspondant du Daily Telegraph à Paris, sir Campbell Clark. Tout y est ambigu. S’y mêlent en effet idéal religieux et satire sociale ou morale. On peut certes y voir un Christ proche des humbles, mais sous les traits d’un infatigable propagandiste et meneur de grèves ! Renan, le vieil adversaire de l’Eglise, y tient la place principale, mais il est devenu la référence officielle de gouvernements soucieux d’ordre et de stabilité… et le voilà incarnant Simon le pharisien, lui qui s’était ouvert de sa « peur de sembler un pharisien » ! « Christophage pour Salon et clubs, se réservant d’accommoder le fils de Dieu au goût du jour », dira Octave Mirbeau à propos de Jean Béraud. S’agit-il d’une simple facétie ou bien d’une affirmation selon laquelle dans la nouvelle société issue du positivisme, l’enseignement du Christ, sa foi en l’humanité, gardent toute leur force ? » (Commentaire Chantal GEORGEL, Site Histoire par l'image)

 

Jean Béraud. La déposition (1892)

Jean Béraud. La déposition (1892). Huile sur toile, 145 × 114,5 cm, collection particulière. Après la crucifixion de Jésus-Christ, son corps est descendu de la croix par Joseph d'Arimathie et Nicodème (descente de croix) puis déposé (déposition du Christ) pour être remis à sa mère Marie. Béraud reprend un thème traité depuis le 15e siècle en transposant la scène au 19e siècle. Le mont Golgotha où, selon la tradition, Jésus fut crucifié, domine ici une ville industrielle. Quelle était l’intention de l’artiste ? Pensait-il pouvoir actualiser une scène biblique ? Il est vrai qu’au 15e siècle, les peintres habillaient les personnages bibliques selon la mode de leur époque et utilisaient les paysages connus d’eux. Mais ce qui était naïveté ou ignorance au 15e est chez Béraud volontaire. Par ailleurs, la foi très profonde des artistes et des commanditaires de la Première Renaissance, qui était l’essence même de la création artistique, ne se retrouve pas au 19e siècle. Cette composition surprenante apparaît ainsi comme une tentative artistique, académique et sans intérêt, d’actualisation d’un sujet traditionnel.

Pour visionner d'autres œuvres sur GOOGLE ARTS & CULTURE, cliquer sur le nom du peintre :

Jean Béraud

 

Commentaires

  • Jérôme Ferri
    • 1. Jérôme Ferri Le 05/11/2020
    La profusion des drapeaux français dans les peintures de Monet et de Béraud ne sont pas étonnantes, peut-être les artistes en ont-ils simplement exagéré un peu le nombre pour rendre le sentiment qu'ils avaient éprouvé. A cette époque, la IIIème République était triomphante et sûre d'elle-même, elle avait trouvé ses assises. Les Français d'alors étaient unanimement patriotes, les militaires étaient honorés, en sus de la réaction nationale à la défaite de 1870 impliquant la perte de l'Alsace et de la Lorraine et de l'esprit de revanche qu'elle avait fait naître.

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