Hubert Robert
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Patrick AULNAS
Portrait
Elisabeth Vigée-Lebrun. Portrait d'Hubert Robert (1788)
Huile sur bois, 105 × 84 cm, musée du Louvre, Paris
Biographie
1733-1808
Hubert Robert est issu d'un milieu aisé originaire de Lorraine. Son père était au service de l'ambassadeur de Louis XV auprès du duché de Lorraine, François-Joseph de Choiseul, marquis de Stainville (1700-1770). La Lorraine ne fut en effet rattachée à la France que par le traité de Vienne de 1738. Entre 1745 et 1751, Hubert Robert suit des études classiques au Collège de Navarre à Paris, dirigé par les jésuites. Il compte parmi les meilleurs élèves de l'abbé Batteux qui repère déjà son goût et son talent pour le dessin. A la sortie du collège, ses parents lui permettent de suivre l'enseignement du sculpteur Michel-Ange Slodtz (1705-1764).
En 1754, il part pour Rome avec le fils du marquis de Stainville, Étienne François de Choiseul, nommé ambassadeur de France à Rome. Il y restera jusqu'à 1765. Disposant de l'appui de l'ambassadeur, il peut, sans être passé par le cursus académique classique, être logé au Palais Mancini, siège à l'époque de l'Académie de France à Rome. Hubert Robert y rencontre des artistes ayant déjà une solide formation artistique comme Jean-Honoré Fragonard, le sculpteur Augustin Pajou (1730-1809), l'architecte Charles de Wailly (1730-1798). Robert n'a reçu qu'un début de formation à Paris, mais il s'investit beaucoup dans les copies d'après l'antique (statues, monuments). Il découvre également l'importance du paysage dans les compositions picturales avec Giovanni Pannini, le grand peintre de vedute et de capricci. L'influence de l'architecte et graveur Piranèse (1720-1778) est décisive pour son orientation future à deux égards : la parfaite maîtrise de la perspective et l'accentuation monumentale de ses compositions. En 1760, l'abbé de Saint-Non (1727-1791) emmène Robert à Pompéi où des fouilles sont en cours. Il en rapportera de nombreux dessins utilisés ensuite pour ses paysages de ruines.
A son retour à Paris en 1765, Le succès d'Hubert Robert est immédiat et, dès 1766, il est reçu à l'Académie royale de peinture et de sculpture en présentant un tableau de ruines qui fait l'unanimité : Le port de Ripetta à Rome. Il se marie en 1767 avec Gabrielle Soos dont il aura quatre enfants qui ne parviendront pas à l'âge adulte. L'artiste poursuit jusqu'à la Révolution une carrière brillante et se voit confier des fonctions prestigieuses : dessinateur des jardins du Roi, garde des tableaux du Roi. En 1778, il est nommé membre du comité pour l'aménagement de la Grande Galerie du Louvre. Le projet de transformer cette galerie en un musée nécessite des modifications architecturales que ce comité doit étudier et proposer. Robert participe activement à cette tâche et réalise de nombreuses peintures et dessins de cette galerie, en l'état ou réaménagée (voir ci-dessous : œuvre). Hubert Robert s'intéresse aussi à l'art des jardins. Le goût pour les jardins à la française du 17e siècle a cédé la place à une imitation du jardin anglais qui correspond mieux au sentiment de la nature tel que le concevait Jean-Jacques Rousseau. Robert dessinera plusieurs jardins : le bosquet des Bains d'Apollon à Versailles pour Louis XVI, le parc d'Ermenonville avec la tombe de J.-J. Rousseau pour le marquis de Girardin, le parc de Méréville pour le marquis de Laborde.
Hubert Robert. Tombeau de J.J. Rousseau dans le parc d'Ermenonville (1802)
Huile sur toile, 53,3 × 54,8 cm, collection particulière.
Pendant la Révolution, Hubert Robert est arrêté en 1793 et détenu pendant dix mois dans les prisons de Sainte-Pélagie et de Saint-Lazare. Libéré après la chute de Robespierre en 1794, il est nommé au Conservatoire du Museum central des Arts (actuel musée du Louvre) à la conception duquel il avait participé sous la royauté. L'ouverture au public du musée n'aura lieu qu'en 1800.
Jusqu'à sa mort d'une crise d'apoplexie en 1808 Hubert Robert continua à peindre.
Œuvre
La peinture d'Hubert Robert laisse une empreinte magistrale sur la seconde moitié du 18e siècle car elle renouvelle l'art du paysage dans lequel les français avaient excellé au 17e siècle avec Claude Lorrain et Nicolas Poussin. De son long séjour en Italie de 1754 à 1765, Robert ramène des milliers de dessins lui permettant d'élaborer des compositions avec ruines et personnages, qui lui vaudront le surnom de Robert des ruines. Giovanni Pannini lui avait transmis de goût des capricci, mais alors que le grand maître italien privilégiait les personnages antiques ou bibliques, Robert place dans ses tableaux des lavandières ou des promeneurs. Il maîtrise remarquablement la perspective, qu'il utilise pour accentuer la monumentalité de ses architectures, reprenant en cela les leçons de Piranèse qu'il avait rencontré en Italie. L'héritage du paysage classique du 17e siècle, et en particulier de Claude Lorrain, se situe dans la douce et limpide lumière qui enveloppe ses compositions.
Hubert Robert. Ruines antiques utilisées comme bains publics (1798)
Huile sur toile, 133 × 194 cm, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.
La peinture d'Hubert Robert constitue une transition entre le rococo et le néo-classicisme. Il serait possible d'attribuer à Fragonard certains paysages de Robert, par exemple Avenue dans un parc (1799). Mais il subit la forte influence rousseauiste et le goût de l'Antique consécutif aux découvertes de Pompéi et Herculanum. Son œuvre apparaît ainsi comme une préfiguration du romantisme, très apparente dans le Tombeau de J.-J. Rousseau dans le parc d'Ermenonville (1802). Ce romantisme conserve cependant une saveur 18e siècle qui n'est pas le moindre de ses charmes.
Les ruines
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La Grande Galerie du Louvre
« Imaginé dès le règne de Louis XVI, le futur musée du Louvre devient réalité sous la Révolution. Il ouvre en 1793 sous le nom de Museum central des Arts. Dès 1778, on consulte Hubert Robert en prévision des transformations architecturales qu'il convient d'apporter à la galerie (longue de plus de 400 m.) pour rendre accessibles au public les collections royales. Son parti est, essentiellement, de rythmer l'espace par des travées et de réaliser un éclairage zénithal (qui sera réalisé à partir de 1805 par Percier et Fontaine). En 1795, la responsabilité des tableaux lui est donnée. C'est à cette époque qu'il peint de nombreuses vues de la galerie, cherchant tant à appuyer la pertinence de ses choix qu'à montrer ses qualités de peintre.
Deux tableaux (qui figurent au Salon de 1796) représentent, l'un, une vision imaginaire de la Grande Galerie regorgeant de chefs-d'œuvre et animée de nombreux visiteurs et l'autre le même lieu projeté dans un lointain avenir rêvé, ruiné par le temps. » (Notice musée du Louvre).
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Les scènes urbaines
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Les paysages, parcs et jardins
Hubert Robert. Fontaine sur la terrasse d'un palais (1760-1780). Huile sur toile, 28 × 40 cm, Residenzgalerie, Salzbourg. Les découvertes d'Herculanum (1738) et de Pompéi (1748) ont stimulé le goût pour l'antique. Robert y répond en produisant de nombreux petits tableaux de paysages imaginaires associant architecture inspirée de l'Antiquité, jardins et personnages en promenade ou vaquant à leurs occupations. Il s'agit du locus amoenus (lieu amène ou idyllique) recherché dès l'Antiquité dans la peinture de paysage et adapté ici aux aspirations de l'aristocratie de 18e siècle.
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Hubert Robert. Le Grand jet d'eau de la Villa Conti à Frascati (v. 1761). Huile sur toile, 62,5 × 47 cm, musée des Beaux-arts et d'archéologie, Besançon. « La [...] toile montre une vue du jardin de la villa Conti (aujourd'hui villa Torlonia) à Frascati, célèbre lieu de villégiature proche de Rome [...]. Les tableaux font partie de cette série où l'art de Robert se rapproche à ce point de celui de Fragonard qu'il tend à s'y confondre [...]. La profondeur rendue par de chauds et délicats rapports chromatiques ainsi que l'énergie employée pour étendre la matière picturale dans la vue du parc n'a d'égale que l'ingéniosité du point de vue, élaboré par plusieurs dessins préparatoires. » (Notice base Joconde)
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Hubert Robert. Scène dans le parc de la Villa Farnèse (1765). Huile sur bois, 25 × 35 cm, collection particulière. Au cours de son séjour en Italie de 1754 à 1765, Hubert Robert a réalisé un grand nombre de dessins des sites les plus célèbres de Rome. Ce petit tableau plein de charme a été peint a posteriori sur la base d'un tel dessin.
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Hubert Robert. La Passerelle (1775). Huile sur toile, 59 × 47 cm, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid. Cette composition reflète bien la philosophie rousseauiste de l'homme vivant en harmonie avec la nature. Les constructions humaines s'insèrent harmonieusement dans une nature accueillante que l'on peut admirer ou dessiner comme le fait le personnage assis au premier plan. Mais le rêve de Rousseau, transposé sur la toile par Robert, conserve toute sa force poétique.
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Hubert Robert. Paysage près de Paris (1781). Huile sur toile, 77 × 89 cm, Art Gallery of New South Wales, Sydney. Ce paysage est inspiré par la campagne au nord-ouest du Paris, du côté d'Argenteuil. On y aperçoit la Seine.
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Hubert Robert. Avenue dans un parc (1799). Huile sur toile, 59 × 39 cm, Musées Royaux des Beaux-Arts, Bruxelles. Le sujet s'apparente aux fêtes galantes qui avaient fait le succès de Watteau au début du 18e siècle. La nature idyllique est le cadre de la douceur de vivre. On retrouve également le thème de la balançoire, cher à Fragonard. Un groupe de personnes assises à côté d'une statue antique observe la jeune fille sur sa balançoire. La composition symétrique, encadrée au premier plan par les deux statues, conduit le regard vers le fond très lumineux du parc à travers une percée dans les arbres majestueux.
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Hubert Robert. Tombeau de J.J. Rousseau dans le parc d'Ermenonville (1802). Huile sur toile, 53,3 × 54,8 cm, collection particulière. Le marquis de Girardin, qui avait accueilli Rousseau (1712-1778) à Ermenonville, demanda à Hubert Robert de collaborer à l'aménagement de son parc. Le peintre a réalisé plusieurs vues du parc avec, sur l'île des Cygnes, le tombeau de Jean-Jacques entouré de peupliers. En 1794, la dépouille de l'écrivain fut transférée au Panthéon, mais l'île des Cygnes demeura dans l'imaginaire le refuge idéal des âmes sensibles. |
Hubert Robert. Une partie de pêche (1805-08). Huile sur toile, 58 × 120 cm, collection particulière. Le peintre a alors dépassé les 70 ans et semble se libérer des ruines et des édifices. Cette composition simple et spontanée laisse deviner chez le vieil homme un regard sur le monde qui reste tendre et optimiste.
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Dessins
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Commentaires
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- 1. Apolline Le 19/03/2018
Merci beaucoup pour vos articles de qualité, je m'en délecte à chaque instant. -
- 2. DAVID SYLVIANE Le 16/05/2016
Magnifique exposition, un peintre tout en délicatesse dans la touche picturale; à chaque tableau j'ai eu l'impression que je pouvais entrer dans le paysage; bref un génie....... -
- 3. SUBLET Le 04/11/2015
C'est Brillant!
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