Valentin de Boulogne

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Patrick AULNAS

 

Valentin de Boulogne. Réunion dans un cabaret (1623-25)Valentin de Boulogne. Réunion dans un cabaret (1623-25)
Huile sur toile, 96 × 133 cm, musée du Louvre, Paris.

 

Biographie

1591-1632

Jean Valentin, fils d’un maître verrier également peintre, naît en 1591 à Coulommiers, à une soixantaine de kilomètres à l’est de Paris. Il restera dans l’histoire de l’art sous le pseudonyme de Valentin de Boulogne. Il reçoit sa première formation auprès de son père et se serait rendu ensuite dans la région parisienne (Paris, Fontainebleau) à une date indéterminée. Il y aurait suivi les leçons de Simon Vouet (1590-1649), le maître français de la peinture baroque. Tout cela reste conjectural car les documents manquent.

 

Valentin de Boulogne. David avec la tête de Goliath et deux soldats (1620-22)

Valentin de Boulogne. David avec la tête de Goliath et deux soldats (1620-22)
Huile sur toile, 99 × 134 cm, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid.

 

Une chose est certaine : Valentin de Boulogne s’installe à Rome à une date inconnue, entre 1610 et 1620. Il est mentionné pour la première fois dans la ville en 1620. Il fréquente des artistes flamands et hollandais, parmi lesquels Cornelis van Poelenburgh (1586-1667) et Dirck van Baburen (v. 1590-1624), qui avaient formé le groupe des Bentvueghels, opposé à l’approche traditionnelle de la peinture de l’Académie de Saint-Luc de Rome. Valentin vit à l’écart du milieu académique romain, ne se marie pas, mais fréquente beaucoup les tavernes et les banquets orgiaques.

Ce mode de vie aura une influence sur son œuvre, qui comporte de nombreuses scènes de genre : musiciens, joueurs de cartes, soldats dans une taverne, etc. Tant par le style que par la thématique, Valentin de Boulogne apparaît ainsi proche de Caravage (1571-1610), l’un des initiateurs de la peinture baroque.

Après 1620, Valentin de Boulogne fréquente les artistes français présents à Rome, en particulier Nicolas Poussin (1594-1665) et Simon Vouet. C’est au cours de cette décennie que le cardinal Francesco Barberini (1597-1679) commande deux retables d’autel, l’un à Valentin (Le martyre de saint Procès et de saint Martinien, 1529), l’autre à Poussin (Le Martyre de saint Érasme, 1529), tous deux aujourd’hui à la Pinacothèque vaticane. Ce fut la plus importante commande publique de Valentin, mais les commandes privées étaient nombreuses, en particulier en provenance de la famille Barberini.

 

Valentin de Boulogne. Le martyre de saint Procès et saint Martinien (1629)Valentin de Boulogne. Le martyre de saint Procès et saint Martinien (1629)
Huile sur toile, 302 × 192 cm, Pinacothèque vaticane, Rome.

 

L’anecdote concernant la mort de Valentin de Boulogne en 1632, véridique ou non, mérite d’être contée. Elle est rapportée par Giovanni Baglione (1566-1643) peintre et historien de l’art. Au cours de l’été 1632, Valentin passait une nuit dans une taverne, buvant de fumant abondamment. Il ressentit brusquement une chaleur étouffante et, se rendant à la Fontana del Babuino, il sauta dans l’eau pour se rafraîchir. Sa fièvre ne disparut pas pour autant et il mourut quelques jours plus tard, le 19 août 1632. Malgré sa renommée romaine, il ne laissait rien et fut inhumé aux frais de Cassiano dal Pozzo (1588-1657), érudit, collectionneur et mécène, membre de la maison du cardinal Francesco Barberini. Valentin avait fait le portrait aujourd’hui perdu de Cassiano dal Pozzo.

 

Œuvre

Voici une excellente présentation de l’œuvre de Valentin de Boulogne, extraite de la présentation à la presse de l’exposition consacrée à l’artiste par le musée du Louvre en 2017.

 

« Considéré comme le plus brillant des peintres à la suite de Caravage et comme l’un des plus grands artistes français à l’égal de Poussin, Valentin de Boulogne (1591-1632) passa l’essentiel de sa carrière à Rome, où il reçut de prestigieuses commandes, notamment du pape Urbain VIII ; son œuvre fut aussi collectionnée par les puissants, au premier rang desquels figurent Mazarin et Louis XIV et servit de modèle tout au long du XIXe siècle à des maîtres aussi différents que David ou Courbet.

Aussi libre que Caravage, mort lui aussi dans la fleur de l’âge, il reprend à son devancier un réalisme dramatique, la tension suscitée par le clair-obscur et des thèmes novateurs tirés du quotidien (tavernes, concerts, martyrs et saints…), mais il les transfigure par une touche inédite à la fois d’introspection et de mélancolie ainsi qu’une sensibilité à la couleur d’inspiration néo-vénitienne […]

 

Valentin de Boulogne. Le concert (v. 1615)Valentin de Boulogne. Le concert (v. 1615)
Huile sur toile, 121 × 159 cm, Indianapolis Museum of Art.

 

Entre les années 1610 et 1620, Valentin choisit de peindre des sujets du quotidien - en cela il est proche de Ribera, Cecco del Caravaggio et Manfredi - mais avec la démarche très novatrice de puiser ses modèles auprès de types du peuple romain : joueurs de cartes, tricheurs, scènes de tavernes, chiromancie. Les œuvres de cette période, caractérisées par des cadrages resserrés, des figures sculpturales et un travail du clair-obscur très contrasté, qui annoncent le travail " photographique " restituent un sentiment de tension menaçante et sont animées d’une force dramatique inédite.

 

Valentin de Boulogne. Le reniement de saint Pierre (1615-17)Valentin de Boulogne. Le reniement de saint Pierre (1615-17)
Huile sur toile, 172 × 241 cm, Fondazione di Studi di Storia dell’Arte Roberto Longhi, Florence.

 

Après les années 1620, la rhétorique des compositions devient plus importante ainsi que la complexité des gestes et des personnages. Les compositions simples, aux cadrages serrés des années 1610 laissent place à des compositions peintes plus monumentales : que ce soit avec des figures isolées d’après modèle vivant (telles que S. Jean Baptiste, S. Jean de Maurienne) ou des scènes collectives (Reniement de S. Pierre, Fondazione di Studi di Storia dell'Arte Roberto Longhi, Florence ; Soldats jouant aux cartes, Washington) […]

 

Valentin de Boulogne. Allégorie de l’Italie (1627-28)Valentin de Boulogne. Allégorie de l’Italie (1627-28)
Huile sur toile, 330 × 245 cm, Institut Finlandais de Rome.

 

Enfin les années 1627-1630 sont celles de la gloire et de l’obtention de commandes par la famille Barberini, dont celle qui marque l’apogée de la carrière de l’artiste avec celle du pape Urbain VIII. Ainsi pour la famille Barberini, Valentin peignit l'une des œuvres les plus étonnantes du XVIIe siècle, L’Allégorie de l'Italie (prêt exceptionnel de l’Institut Finlandais de Rome) : figure du Tibre qui rappelle une sculpture antique mais peinte d’après nature. Dans les œuvres de cette époque s’exprime une ambivalence entre la tension vers le naturalisme et une forme d’idéalisme, qui introduit une dimension surprenante. Le spectateur, pris par un sentiment de drame en suspend qui bouleverse, assiste à l’action en train de se dérouler, au moment de son basculement. »

 

Scènes de genre

Valentin de Boulogne. Le concert (v. 1615)

Valentin de Boulogne. Le concert (v. 1615). Huile sur toile, 121 × 159 cm, Indianapolis Museum of Art. « Cette scène représente trois individus assis à une table de taverne maigrement garnie de pain et de saucisses. Les deux personnages offrant du vin ont visiblement des arrière-pensées lorsqu’ils remplissent les verres. Tandis que l’homme verse le vin, la femme est représentée faisant les poches de l’homme assis devant elle.
Le concert illustre le style baroque. Valentin – un Français parti à Rome pour peindre – a brisé toutes les règles du classicisme pour atteindre dans ses tableaux une théâtralité maximale et un naturalisme convaincant. Il était attiré par les scènes de la vie quotidienne, plutôt que par les scènes religieuses. » (Commentaire Indianapolis Museum of Art)

Valentin de Boulogne. Soldats jouant aux cartes et aux dés (1518-20)

Valentin de Boulogne. Soldats jouant aux cartes et aux dés (1518-20). Huile sur toile, 121 × 152 cm, National Gallery of Art, Washington. Au premier plan, deux soldats jouent aux cartes, tandis qu’au second plan deux de leurs camarades jouent aux dés. Un cinquième soldat, à gauche, observe. Les scènes de taverne constituent au 17e siècle un thème courant dans un genre jugé mineur à l’époque. Outre l’aspect artistique, elles nous informent sur la vie des jeunes peintres et les lieux de loisir qu’ils fréquentaient. Typiquement caravagesque par le clair-obscur et le plan coupé à droite et à gauche (figures partiellement représentées) ce grand format est rare dans les scènes de genre du 17e siècle.

Valentin de Boulogne. Les tricheurs (1620)

Valentin de Boulogne. Les tricheurs (1620). Huile sur toile, 94 × 137 cm, Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde. Le tableau rappelle Les tricheurs de Caravage, peint 25 ans plus tôt : deux personnes jouant aux cartes et un observateur, expressivité et gestuelle appuyées pour représenter la passion du jeu, clair-obscur d’un intérieur faiblement éclairé.

Valentin de Boulogne. Le concert au bas-relief (1624-26)

Valentin de Boulogne. Le concert au bas-relief (1624-26). Huile sur toile, 173 × 214 cm, musée du Louvre, Paris. « Sept personnages sont rassemblés autour d’un bas-relief antique : deux buveurs, l’un au premier et l’autre à l’arrière-plan, qui symbolisent peut-être, par leurs attitudes, le premier la Tempérance, le second l’Avidité ou Excès (cf. Lemoine, 2017b) ; deux chanteurs et trois musiciens : un violoniste, une guitariste et un luthiste. L’atmosphère est empreinte de gravité et de mystère. Elle se distingue ainsi des scènes de cabaret de la période précédente, burlesques et plus anecdotiques […]. Le modèle du bas-relief est une terre cuite antique représentant les Noces de Pélée et de Thétis qui faisait partie de la collection Farnèse, et qui est aujourd’hui conservée au musée du Louvre […]. Le tableau a été restauré en couche picturale par Pierre Michel en 1959. » (Commentaire musée du Louvre)

Valentin de Boulogne. La diseuse de bonne aventure (1626-28)

Valentin de Boulogne. La diseuse de bonne aventure (1626-28). Huile sur toile, 125 × 175 cm, musée du Louvre, Paris. « Le sujet et la mise en scène dérivent de modèles caravagesques. Mais alors que les suiveurs du Caravage exploitent le burlesque, Valentin donne aux personnes une dignité et même un air de tristesse mélancolique qui transforment l’atmosphère du tableau. L’on remarque notamment la gravité des deux protagonistes et celle du jeune homme apparaissant au second plan, le visage incliné appuyé sur la main, dans l’attitude traditionnelle de la mélancolie. L’anecdote demeure présente suivant le principe du trompeur trompé : ainsi la diseuse de bonne aventure, qui exploite la crédulité d’un jeune homme, est elle-même volée par des mains qui surgissent de l’ombre à gauche. Dans la partie opposée, à droite, Valentin met en scène deux musiciens : une joueuse de guitare, instrument habituel des bas-fonds de Rome au début du XVIIe siècle, mais aussi un joueur de harpe, instrument plus inattendu, qui a peut-être une signification symbolique. En effet, dans son Traité des instruments de musique rédigé vers 1640, Pierre Trichet précise que la harpe peut être associée au vol : " par métaphore, jouer de la harpe se prend pour dérober " (cf. Lemoine, 2017b). La Diseuse de bonne aventure a été présentée dans l’attique du salon de l’Appartement intérieur de Louis XIV jusqu’à la transformation de cette pièce en chambre en 1701. Le tableau a été restauré par Edgard Aillet à Montauban en 1940. » (Commentaire musée du Louvre)

Analyse détaillée

Valentin de Boulogne. Réunion dans un cabaret (1623-25)

Valentin de Boulogne. Réunion dans un cabaret (1623-25). Huile sur toile, 96 × 133 cm, musée du Louvre, Paris. « Ce tableau de Valentin traite sur le mode du burlesque et de l’anecdote un thème caravagesque que l’artiste a régulièrement exploité. On peut ainsi rapprocher la composition du Louvre du tableau conservé à Indianapolis, antérieur de huit à dix ans, où l’artiste avait déjà mis en scène aussi bien le jeune flûtiste que le soldat se versant à boire un verre de clairet d’une bouteille clissée, et aussi la jeune bohémienne levant un verre de vin déjà rempli et détroussant habilement le flûtiste [voir ci-dessus Le concert, 1615]. Dans la composition d’Indianapolis comme dans celle du Louvre, les personnages sont disposés autour d’un fragment d’entablement antique servant de table sur laquelle est posé un pâté en croûte. Valentin a cherché à figer un instant de réjouissance dans une taverne romaine avec autant de justesse et de vérité que possible. La figure de la bohémienne à droite présente néanmoins quelques faiblesses, peut-être dues à l’état de conservation de la toile. Le tableau a souffert. […] Le tableau a été restauré par Jean-Gabriel Goulinat à Montauban en 1941. Il a été transposé de toile sur toile par Émile Rostain en 1968. » (Commentaire musée du Louvre)

 

Scènes religieuses

Valentin de Boulogne. Le reniement de saint Pierre (1615-17)

Valentin de Boulogne. Le reniement de saint Pierre (1615-17). Huile sur toile, 172 × 241 cm, Fondazione di Studi di Storia dell’Arte Roberto Longhi, Florence. Après l'arrestation de Jésus, l'apôtre Pierre, par crainte de la mort, déclare ne pas le connaître. L’Évangile selon Marc rapporte l’épisode comme suit.  « Alors il se mit à protester violemment et à jurer : "Je ne connais pas cet homme dont vous parlez." Et aussitôt, pour la seconde fois, un coq chanta. Alors Pierre se rappela cette parole que Jésus lui avait dite : "Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois." Et il fondit en larmes. »
Cet épisode biblique est souvent traité en plaçant l’apôtre Pierre au milieu d’un groupe de soldats se divertissant. Pierre, sur la gauche, se réchauffe les mains mais une servante le reconnaît comme un disciple de Jésus, ce qu’il niera. Cette composition religieuse ne se distingue des scènes de taverne que par son sujet. L’entablement au relief sculpté est basé sur des plaques de l’Antiquité romaine dont des moulages étaient utilisés comme accessoires par les artistes.

Valentin de Boulogne. Jésus chassant les marchands du Temple (v. 1618)

Valentin de Boulogne. Jésus chassant les marchands du Temple (v. 1618). Huile sur toile, 196 × 260 cm, Galleria Nazionale d'Arte Antica, Palais Barberini, Rome. Évangile selon saint Jean (II, 13) : « Et la Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. Et il trouva dans le Temple ceux qui vendaient des bœufs, et des brebis, et des colombes, ainsi que les changeurs (assis à leurs comptoirs). Et faisant un fouet avec des cordes, il les chassa tous du Temple, et les brebis et les bœufs ; et la monnaie des changeurs, il l'envoya promener, et leurs tables, il les renversa. Et à ceux qui vendaient des colombes il dit : " Enlevez ça d'ici ; cessez de faire de la Maison de mon Père une maison de commerce. " »
Fortement inspirée de Caravage par le clair-obscur et le mouvement violent, cette composition s’articule selon les deux diagonales du tableau. Le Christ, le bras levé, est placé à l’extrémité de l’une d’elle, prolongée par la succession des marchands effrayés. L’autre diagonale commence avec l’oiseau en haut à droite pour s’achever avec le personnage renversé sur le dos. Cet agencement produit une sensation de mouvement presque explosif partant du Christ et se dirigeant vers les trois autres angles du tableau.

Valentin de Boulogne. Jésus et la femme adultère (v. 1620)

Valentin de Boulogne. Jésus et la femme adultère (v. 1620). Huile sur toile, 167 × 220 cm, Getty Center, Los Angeles. « La lumière illumine le cou et les épaules d’une femme regardant la figure du Christ agenouillé sur le sol. Les pharisiens avaient amené à Jésus une femme surprise en flagrant délit d’adultère. Quand ils lui ont demandé si elle devait être lapidée, il s’est penché et a commencé à écrire avec son doigt sur le sol. Quand ils ont continué à le questionner, le Christ a répondu : " Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle " […]
Profondément influencé par le réalisme et l’éclairage dramaturgique du Caravage, Valentin de Boulogne a utilisé le clair-obscur et un agencement de figures en une frise peu profonde pour transmettre l’émotion de la scène. Les figures s’estompent dans l’arrière-plan sombre, tandis que les visages, les mains et même un genou émergent de la pénombre. Les personnages sont très individualisés, en particulier le vieil homme à droite, qui tient fermement ses lunettes contre son nez afin de mieux voir, et le vieil homme au visage patiné et aux cheveux ébouriffés, qui maintient sa cape contre son épaule. Pour cet épisode biblique, Boulogne a utilisé comme modèles des contemporains issus des milieux populaires, pratique initiée par Caravage au tournant du siècle. » (Commentaire Getty Center)

Valentin de Boulogne. David avec la tête de Goliath et deux soldats (1620-22)

Valentin de Boulogne. David avec la tête de Goliath et deux soldats (1620-22). Huile sur toile, 99 × 134 cm, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid. « David avec la tête de Goliath peut-être daté d’environ 1620-22, stade précoce de la carrière de l’artiste. Il provient d’une période de sa vie peu documentée et durant laquelle il est difficile de dater son œuvre. L’artiste représente un épisode de l’Ancien Testament au cours duquel le jeune David entreprend de combattre le guerrier philistin Goliath. David revêt l’armure de Saül mais se sentant mal à l’aise il décide d’affronter le géant en portant ses vêtements de berger et prend cinq pierres pour sa fronde dans un sac. Avec sa fronde David tire une pierre qui atteint le géant au front. Celui-ci tombe et David le tue et le décapite avec son épée. Après avoir récupéré l’armure de Goliath et sa tête, David les emporte à Jérusalem et conserve l’armure. Valentin de Boulogne représente les derniers versets du récit biblique.
Nous voyons le jeune et beau David en tenue rustique, tenant la tête du géant qui dégouline encore de sang. Soutenant l’énorme tête d’une main et tenant l’épée de son adversaire dans l’autre, David est encadré par deux personnages portant une armure. La peinture se compose d’un nombre limité de figures dans une composition caractéristique du style précoce de l’artiste, qui se distingue par son sens de la tension et de l’énergie, reflétée dans l’intensité inquiétante des regards des personnages. L’étonnement et l’horreur de la figure de gauche sont contrebalancés par le regard méditatif, concentré et absent de David et par celui du soldat de droite, qui regarde hors de l’espace pictural. La peinture est solidement construite avec les textures particulièrement bien représentées, par exemple la manchette couleur saumon avec des reflets argentés. » (Commentaire Museo Nacional Thyssen-Bornemisza)

Valentin de Boulogne. Saint Jean-Baptiste au désert (1622)

Valentin de Boulogne. Saint Jean-Baptiste au désert (1622). Huile sur toile, 178 × 133 cm, cathédrale Saint-Jean-Baptiste, Saint-Jean-de-Maurienne. L'Évangile selon Matthieu indique que Jean-Baptiste a vécu une vie d'ascète, « caché dans le désert », se nourrissant de « sauterelles et de miel sauvage ». Jean fut appelé le Baptiste car il pratiquait le baptême par immersion dans le Jourdain pour laver les âmes de leurs péchés. Il eut de nombreux disciples et fut surtout celui qui annonça la venue du Christ : « Moi, je vous baptise avec de l'eau, pour vous amener à la repentance, mais vient celui plus fort que moi, et je ne suis pas digne de porter ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit saint et le feu ».
Cet épisode biblique a fait l’objet de très nombreuses représentations picturales. Celle de Valentin s’intéresse à la gestuelle d’un personnage de toute évidence peint à partir d’un modèle. Le désert est absent mais pas les volutes d’étoffe rouge qu’affectionne l’artiste.

Valentin de Boulogne. Le Martyre de saint Laurent (1622-24)

Valentin de Boulogne. Le Martyre de saint Laurent (1622-24). Huile sur toile, 195 × 261 cm, musée du Prado, Madrid. « Le Martyre de saint Laurent, unique tableau de Valentin de Boulogne conservé au Prado, est l’une de ses œuvres les plus ambitieuses, exécutée selon toute vraisemblance au milieu des années 1620. Il représente le martyre du diacre Lorenzo (v. 225-258), exécuté sur le gril pour avoir refusé de livrer à l’empereur Valérien les trésors de l’Église, qu’il avait distribués aux pauvres. Lorsqu’il comparut devant le préfet Cornelio avec un groupe d’indigents - visibles à gauche de la composition - il déclara que ceux-ci étaient en réalité les biens de l’Église.
Saint Laurent apparaît au centre de la composition, tendant la main au préfet. Cette anatomie masculine est sans doute la plus travaillée de Valentin pour l’ensemble de sa carrière, un corps manifestant une grande tension musculaire sans pour autant devenir un nu apollinien idéalisé. Il s’agit probablement de la représentation fidèle d’un modèle posant devant lui, suivant le processus de travail établi par Caravage et ses partisans à Rome. Les bourreaux, de couleurs bleue et rouge, disposés symétriquement, adoptent des positions traduisant l’effort ; certains apportent du charbon et du bois de chauffage, d’autres attisent les flammes sous la grille où se déroule le martyre du jeune diacre […] » (Commentaire musée du Prado)

Valentin de Boulogne. Le jugement de Salomon (1627-29)

Valentin de Boulogne. Le jugement de Salomon (1627-29). Huile sur toile, 176 × 210 cm, musée du Louvre, Paris. « Le sujet est tiré du Livre des Rois dans la Bible : deux prostituées ont chacune un enfant dont l’un est mort pendant la nuit. Au matin, elles réclament chacune l’enfant survivant comme le leur. Salomon ordonne de trancher cet enfant en deux et de donner une moitié à chacune. Il reconnaît ainsi la véritable mère, qui veut que l’on épargne l’enfant, même s’il doit lui être enlevé : " Seigneur, donnez-lui, je vous supplie l’enfant vivant, et ne le tuez point. L’autre disait au contraire : Qu’il ne soit ni à moi ni à vous, mais qu’on le partage. Alors le roi prit la parole et dit : Donnez à celle-ci l’enfant vivant, et qu’on ne le tue point, car c’est elle qui est sa mère " (1 Rs, 3, 16-28). C’est cette dernière parole que Salomon paraît prononcer dans la composition de Valentin, mais la totalité de l’épisode biblique se lit véritablement à travers les gestes et les expressions des personnages. Pour donner davantage de clarté à la composition, Valentin s’est inspiré du même sujet peint par Raphaël et ses collaborateurs dans les Loges du Vatican. » (Commentaire musée du Louvre)

Valentin de Boulogne. Le martyre de saint Procès et saint Martinien (1629)

Valentin de Boulogne. Le martyre de saint Procès et saint Martinien (1629). Huile sur toile, 302 × 192 cm, Pinacothèque vaticane, Rome. Procès (Processus en latin) et Martinien sont deux soldats romains du 1er siècle affectés à la surveillance des détenus emprisonnés à Rome. Selon la tradition chrétienne, ils sont plus particulièrement chargés de surveiller les apôtres Pierre et Paul. Mais après avoir écouté les prédications des deux apôtres, Procès et Martinien se convertissent au christianisme. Pour leur baptême, Saint Pierre fait jaillir une source miraculeuse. Les deux soldats seront ensuite torturés et décapités sur la Via Aurelia.
« L’artiste français s’installa à Rome probablement en 1613, où il subit l’influence de Caravage. Après une période difficile, il entra dans les faveurs du cardinal Francesco Barberini qui lui confia de nombreuses œuvres, dont Le Martyre de saint Procès et saint Martinien, qui lui valut la célébrité. Ce tableau fut exécuté en 1629 pour un autel du transept droit de la Basilique Saint-Pierre. La référence au Martyre de saint Erasme, réalisé par Poussin pour un autel proche, est évidente, au point pour ces deux œuvres, d’avoir été considérées dès le départ comme en compétition entre elles. On estima à l’époque que cette peinture purement caravagesque (pour son réalisme et sa manière d’utiliser la lumière) de Valentin était supérieure à celle de Poussin car plus réaliste, plus vigoureuse, et bien plus harmonieuse et riche en couleurs. » (Commentaire Pinacothèque vaticane)

 

Autres

Valentin de Boulogne. Allégorie de l’Italie (1627-28)

Valentin de Boulogne. Allégorie de l’Italie (1627-28). Huile sur toile, 330 × 245 cm, Institut Finlandais de Rome. L’Italia turrita, allégorie de l’Italie, est une figure féminine portant une couronne constituée de murailles crénelées. On parle de couronne murale ou touréllée (turrita). Valentin de Boulogne utilise cette Italia turrita dans une composition complexe qui allie le réalisme sculptural des personnages masculins et l’idéalisme de la figure féminine, dominatrice par sa position élevée, guerrière par ses attributs, mais d’une élégance marquée par l’immense cape rouge aux reflets moirés qui se déploie vers les profondeurs sombres du tableau. Le personnage masculin barbu est une allégorie du Tibre, le fleuve qui traverse Rome. Les deux enfants sont Rémus et Romulus, les légendaires fondateurs de Rome. Cet ensemble de trois figures antiques est proche d’une statue conservée au musée du Louvre, découverte à Rome en 1512 et saisie par Napoléon en 1804 :

 

Le Tibre (75-150 après J.-C.)

Le Tibre (75-150 après J.-C.)
Sculpture de marbre en ronde-bosse, hauteur 222 cm, largeur 317 cm, profondeur 131 cm, poids 2218 kg,
musée du Louvre, Paris.

Valentin de Boulogne. Rafaello Menicucci (1630-32)

Valentin de Boulogne. Rafaello Menicucci (1630-32). Huile sur toile, 80 × 65 cm, Indianapolis Museum of Art. « Ce portrait de Valentin de Boulogne représente Rafaello Menicucci, le célèbre bouffon du pape Urbain VIII Barberini (règne 1623-44). Surnommé Conte, Menicucci tient un document représentant un vieux château apparemment désigné Rocca del Conte en son honneur. Ce château n’est pas une de ses possessions ; il s’agit de brocarder les hommes avides et vaniteux ayant des prétentions au statut aristocratique. La cible de la satire de Menicucci a peut-être été Urbain VIII, qui a pris possession de la ville médiévale de Casteldurante en 1631 et l’a rebaptisée Urbania, d’après son propre nom. Une autre cible pourrait avoir été le neveu du pape, Taddeo Barberini, devenu prince de Palestrina après avoir acheté cette principauté en 1630 avec des fonds de l’Église. » (Commentaire Indianapolis Museum of Art)


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