Pieter de Hooch. Réception musicale dans une cour (1677)

 
 

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Patrick AULNAS

Alors que la peinture française du 17e siècle est dominée par les scènes mythologiques et religieuses, les scènes de genre deviennent un thème important aux Pays-Bas. Johannes Vermeer et Pieter de Hooch sont les deux représentants les plus célèbres de cette peinture intimiste qui trouve un public dans l’aristocratie mais aussi dans la bourgeoise aisée néerlandaise. Les Pays-Bas conduisent ainsi la peinture de cette époque sur un chemin de traverse. La scène de genre ne trouvera ses lettres de noblesse en France qu’avec les impressionnistes, soit deux siècles plus tard. Mais l’un des grands précurseurs de l’impressionnisme et l’un des maîtres du jeune Claude Monet fut précisément un néerlandais : Johan Barthold Jongkind (1819-1891).

 

Pieter de Hooch. Réception musicale dans une cour (1777)

Pieter de Hooch. Réception musicale dans une cour (1777)
Huile sur toile, 83,5 × 68,5 cm, National Gallery, Londres.
Image HD sur GOOGLE ARTS & CULTURE 

 

Analyse de l’œuvre

Dans la cour d’une riche demeure d’Amsterdam, un homme et une femme conversent pendant qu’une musicienne joue du violon. Un autre homme, placé à l’entrée de la cour et portant un violon, observe l’extérieur. L’architecture typique d’Amsterdam se dessine à travers le porche. Le canal pourrait être le Kaizersgracht (canal de l’empereur) implanté à Amsterdam au début du 17e siècle. La maison de gauche porte une inscription indiquant la date 1620. Son style évoque celui de l’architecte néerlandais Hendrick de Keyser (1565-1621).

 

Pieter de Hooch. Réception musicale dans une cour, détail

Pieter de Hooch. Réception musicale dans une cour, détail

Le raffinement vestimentaire et l’élégance gestuelle des deux personnages en conversation situe la scène dans l’aristocratie néerlandaise. De Hooch avait commencé sa carrière à Rotterdam par des scènes d’auberge, puis s’était installé à Delft pour y peindre principalement des intérieurs bourgeois. A Amsterdam, il parvient peu à peu à conquérir une clientèle plus fortunée dont il représente les divertissements.

La lumière éclaire la scène à travers l’ouverture du porche, permettant au peintre de jouer avec le clair-obscur caractéristique des scènes de genre de l’époque. Le ciel vespéral au-dessus du porche contraste avec le ciel clair dominant les maisons car le peintre a délibérément choisi le triangle blanc au-dessus des toits comme contrepoint aux couleurs sombres de l’intérieur de la cour. La figure centrale (commanditaire du tableau ?) bénéficie d’un traitement chromatique spécifique. La robe rouge vif se détache sur le fond ocre-brun et les manchettes blanches viennent encore renforcer l’impression de luminosité se dégageant du personnage. Toute la mise en scène vise à montrer que cette personne appartient à la haute société. Elle est le centre de l’attention et son attitude n’est pas dénuée d’un certain maniérisme, en particulier sa façon de tenir le verre.

 

Pieter de Hooch. Réception musicale dans une cour, détail

Pieter de Hooch. Réception musicale dans une cour, détail

Les artifices perspectivistes les plus courants sont utilisés. L’ouverture sur l’extérieur  permet de donner de la profondeur à la composition. Le dallage au sol, qui apparaît dès le 15e siècle, autorise une géométrisation visible de la perspective linéaire.

Cette scène de genre, dernière manière du peintre, cherche à capter une légèreté aristocratique absente des scènes d’intérieur de la bourgeoisie, plus proches des réalités de la vie courante. Plaisir de la conversation, distinction naturelle, omniprésence des arts (architecture, musique) donnent à la composition une esthétique italianisante dans un cadre typiquement néerlandais.

 

Pieter de Hooch. Réception musicale dans une cour, détail

Pieter de Hooch. Réception musicale dans une cour, détail

Autres compositions sur des thèmes apparentés

La peinture de genre néerlandaise du 17e siècle privilégie les scènes d’auberge ou les intérieurs bourgeois en mettant l’accent sur le réalisme du cadre. Il est plus rare d’y trouver une certaine frivolité aristocratique ou même la somptuosité des vêtements. En voici trois exemples.

Gérard Terborch. La visite du prétendant (v. 1658)

Gérard Terborch. La visite du prétendant (v. 1658). Huile sur toile, 80 × 75 cm, National Gallery of Art, Washington.

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Gabriel Metsu. Jeune femme composant de la musique (1662-63)

Gabriel Metsu. Jeune femme composant de la musique (1662-63). Huile sur bois, 58 × 43 cm, Mauritshuis, La Haye.

Johannes Vermeer. Jeune femme assise au clavecin (1670-75)

Johannes Vermeer. Jeune femme assise au clavecin (1670-75). Huile sur toile, 51,5 × 45,5 cm, National Gallery, Londres.

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