10 chefs-d’œuvre du portrait

 
 

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Patrick AULNAS

Dès l’Antiquité, le portrait permet de conserver l’image d’une personne. Mais si le portrait sculpté de l’Antiquité a subsisté, rares sont les portraits peints qui  nous sont parvenus. Un exemple en est fourni. Le portrait féminin permet davantage de fantaisie (chevelure, vêtements, attitude) que le portrait masculin. Il domine donc dans cette sélection.

 

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Portrait d'Isidora, Fayoum (2e s.)

Artiste inconnu. Fayoum (2e siècle)
Portrait d'Isidora, Fayoum (2e s.)
Encaustique sur bois, 33,6 × 17,2 cm, J. Paul Getty Museum, Los Angeles.

 

Rattaché à l'Empire romain, le Fayoum, riche région située à 130 km au sud-ouest du Caire, attirait aux premiers siècles de notre ère des populations diverses. La coutume égyptienne de l'embaumement des morts subsistait et avait été adoptée par des grecs ou des romains vivant dans la région. Mais le masque funéraire égyptien avait été remplacé par un portrait du défunt réalisé sur un mince panneau de bois ou une toile de lin et glissé entre les bandelettes de la momie.
Sur ce portrait, le nom de la défunte, Isidora, figure sur la momie. Il s'agit d'une patricienne romaine de haut rang comme le montre la coiffure très soignée et les somptueux bijoux dont elle est parée : collier or et émeraudes, boucles d'oreilles or et perles, couronne en feuille d'or dans les cheveux. L'artiste maîtrise bien les effets d'ombre et de lumière sur le visage.

 

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Jan Van Eyck. L'homme au turban rouge, autoportrait présumé (1433)Jan Van Eyck (v. 1390-1441)
L’homme au turban rouge, autoportrait présumé (1433)
Huile sur bois, 25,5 × 19 cm, National Gallery, Londres.

 

Ce portrait est souvent considéré comme un autoportrait de Van Eyck, grand peintre de la Renaissance flamande. Le titre actuel est inexact puisque le modèle porte un chaperon, mot désignant anciennement un capuchon. Les extrémités du capuchon, normalement tombantes, ont été relevées sur la tête, donnant ainsi au couvre-chef l’apparence d’un turban. On peut en tirer argument en faveur de l’autoportrait car l’artiste devait relever son capuchon pour travailler.

Sur le cadre d’origine figure deux inscriptions. En haut, la devise du peintre : AlC IXH XAN (je fais ce que je peux). En bas, la signature et la date : OHES DE EYCK ME FECIT ANO MCCCC.33. 21. OCTOBRIS (Jan Van Eyck m’a fait le 21 octobre 1433)

 

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Sandro Botticelli. Portrait de jeune femme (1480-85)Sandro Botticelli (v. 1444-1510)
Portrait d'une jeune femme (1480-85)
Tempera sur bois, 82 × 54 cm, Städelsches Kunstinstitut, Francfort.


Selon les historiens, il s'agit de Simonetta Vespucci (1453-1476), célèbre pour sa beauté. Femme de Marco Vespucci et cousine par alliance du navigateur Amerigo Vespucci, elle fut la maîtresse de Julien de Médicis (1453-1478). Ce portrait de profil, courant à l'époque, permet d'apprécier l'extrême finesse du dessin, en particulier dans la chevelure, et l'idéalisation des traits du personnage dont aucun défaut ne transparaît. Simonetta Vespucci est également le modèle de Vénus dans La naissance de Vénus et Vénus et Mars.

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Francesco Salviati. Portrait d’un gentilhomme florentin (1546-48

Francesco Salviati (1510-1563)
Portrait d’un gentilhomme florentin (1546-48)
Huile sur bois, 102 × 87 cm, Saint Louis Art Museum.

Le portrait maniériste ne cherche pas à étudier la personnalité mais à mettre en valeur le statut social par les étoffes somptueuses et les bijoux. Les modèles deviennent des statues plutôt figées au regard impersonnel. Ce Gentilhomme florentin superbement maniériste utilise tous les artifices appréciés de la noblesse de l’époque. Couleur acide du rideau élégamment drapé, doigts démesurément longs, pose précieuse et symbolique mythologique avec le personnage allongé à l’arrière-plan, pouvant évoquer la ville de Florence et le fleuve Arno.

 

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Pierre Paul Rubens. Le Chapeau de Paille ou Suzanne Fourment (1622-25)

Pierre Paul Rubens (1577-1640)
Le Chapeau de Paille ou Suzanne Fourment (1622-25)
Huile sur bois, 79 × 55 cm, National Gallery, Londres.

Suzanne Fourment (1599-1628) était la sœur aînée d'Hélène, la seconde épouse de Rubens. Rubens l’utilisa souvent comme modèle. Le bruit courut qu’elle était sa maîtresse mais rien ne permet de corroborer cette rumeur qui est considérée comme totalement fausse par les spécialistes du peintre.

En faisant porter à la jeune Suzanne de 22 ans un chapeau à larges bords, l’artiste réalise un des grands chefs-d’œuvre de l’histoire du portrait, bien supérieur à ses portraits des rois et des reines. C’est en effet le port du chapeau qui transforme l’attitude un peu contrite du modèle en une pose élégante. La bourgeoise soumise du début du 17e siècle acquiert ainsi une allure aristocratique comportant une nuance de provocation.

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Van Dyck. Henriette-Marie de France (1636-38)

Antoine Van Dyck (1599-1641)
Henriette Marie de France (1636-38)
Huile sur toile, 107 × 85 cm, San Diego Museum of Art, San Diego.

Henriette Marie de France (1609-1669) est la fille du roi de France Henri IV (1553-1610) et de Marie de Médicis (1575-1642). Elle épouse le roi d'Angleterre Charles Ier en 1625. Elle est la mère de deux rois d'Angleterre Charles II et Jacques II. Ce somptueux portrait de la reine d'Angleterre à l'âge d'environ 28 ans permet d'apprécier le talent de l'artiste pour mettre en valeur le modèle. Une robe, des bijoux et une fleur, sans aucun arrière-plan, permettent à Van Dyck de peindre un chef-d'œuvre.

 

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Quentin de la Tour. Portrait de la marquise de Pompadour (1752-55)

Maurice Quentin de la Tour (1704-1788)
La marquise de Pompadour (1748-55)
Pastel sur papier gris-bleuté collé sur châssis entoilé, 175 × 128 cm, musée du Louvre, Paris.

Un pastel de cette dimension constitue une prouesse jamais tentée auparavant, que l’artiste mit plusieurs années à réaliser. Jeanne-Antoinette Poisson (1721-1764) est issue d’un milieu bourgeois. Elle épouse en 1741 Charles-Guillaume Le Normant d’Étiolles et devient la favorite de Louis XV en 1745. Le roi lui fait immédiatement don du domaine de Pompadour. Après quelques années, ses relations avec Louis XV deviennent amicales et, pour ne pas être supplantée par une autre favorite, elle procure au roi des jeunes femmes logées dans la Maison du Parc-aux-cerfs. Les plus célèbres sont Anne Couppier de Romans et Marie-Louise O’Murphy de Boisfailly dont François Boucher fit un tableau. Un courtisan ne devait pas mourir dans le lieu où résidait le roi, mais la marquise bénéficia de l’ultime privilège de mourir au château de Versailles en 1764.

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Ingres. Princesse Albert de Broglie (1853)

Ingres (1780-1867)
Princesse Albert de Broglie (1853)
Huile sur toile, 121 × 91 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.

Il s'agit de la femme du duc Albert de Broglie (1821-1901) qui fut trois fois Président du Conseil (équivalent actuel : Premier ministre) en 1873, 1874 et 1877. En 1845, il épousa Joséphine-Éléonore-Marie-Pauline de Galard de Brassac de Béarn (1825-1860) représentée sur ce tableau. L’exceptionnelle maîtrise technique d'Ingres apparaît tout particulièrement dans ses portraits des plus belles femmes de l'aristocratie de l'époque.

Ces portraits d’Ingres, les derniers grands portraits classiques de l’histoire de l’art occidental, présentent toutes les caractéristiques et tout le charme de l’académisme du 19e siècle : dessin très soigné (Ingres était un grand dessinateur), touche parfaitement lissée, remarquable maîtrise des techniques picturales acquises depuis la Renaissance.

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Paula Modersohn-Becker. Autoportrait (1906)

Paula Modersohn-Becker (1876-1907)
Autoportrait (1906)
Huile sur toile, 62,2 × 48,2 cm, Sammlung Ludwig Roselius, Brême.

Ce remarquable autoportrait de style primitiviste évoque le rêve occidental d’une nature édénique. Cette façon de penser et d’illustrer le rapport entre l’homme et son milieu naturel est une constante depuis l’Antiquité (le locus amoenus). Gauguin, dont l’influence apparaît nettement ici, avait cherché à concrétiser ce rêve dans les îles du Pacifique et il n’est pas inapproprié d’établir un rapport entre les tahitiennes de l’artiste français (Paul Gauguin. Deux Tahitiennes, 1899) et cet autoportrait de Paula Modersohn-Becker.

 

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Frida Kahlo. Autoportrait au collier d'épines (1940)

Frida Kalho (1907-1954)
Autoportrait au collier d'épines (1940)
Huile sur toile, 61 × 47 cm, Harry Ransom Center, Austin, Etats-Unis.

La vie de Frida Kahlo fut remplie de souffrance et la peinture a été pour elle une façon d'exprimer cette souffrance. A 8 ans elle contracte la poliomyélite et sa jambe droite s’atrophie. Elle est régulièrement moquée par ses camarades de classe (« Frida l'estropiée »). A 16 ans, elle entre à l'Escuala Nacional Preparatoria, l'un des meilleurs établissements du Mexique, s'intéresse aux sciences et ambitionne de devenir médecin. En 1925, à l'âge de 18 ans, le bus qui la ramenait chez elle percute un tramway. Frida est grièvement blessée : son abdomen a été transpercé par une barre de métal et on détecte deux vertèbres brisées et onze fractures de la jambe droite. Après de nombreuses opérations, la convalescence nécessite le port de corsets de plâtres pendant de longs mois. Pendant cette convalescence, sa mère lui apporte un chevalet. Frida Kahlo commence à peindre des autoportraits à l'aide d'un miroir accroché au-dessus de son lit. Elle peindra au cours de sa carrière 55 autoportraits symbolisant en général la douleur, l'isolement, le corps brisé.

 

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