André Brasilier. Les roses de septembre (1979)

 
 

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Patrick AULNAS

Né en 1929, André Brasilier concilie tradition et modernité dans le monde en constante évolution qui est le nôtre. Sa peinture, sans prétention avant-gardiste, sans provocation intéressée, a rencontré un large public iinternational. En 2005, hommage exceptionnel, le musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg lui a consacré une rétrospective de l’ensemble de son œuvre.

 

André Brasilier. Les roses de septembre (1979)

André Brasilier. Les roses de septembre (1979)
Estampe sur papier, 54 × 76 cm, collection particulière

 

L’œuvre et son contexte

André Brasilier observe les paysages, les chevaux, les visages et les silhouettes féminines, les instruments de musique et les musiciens. Il ne se situe pas pour autant dans l’esthétique classique de la représentation, mais clairement  dans l’esthétique contemporaine de la perception. Transfigurer le réel, le poétiser pour mieux traduire les émotions qu’il nous procure, lui donner toujours grâce, élégance, légèreté, voilà l’ambition de cet artiste.

Il y parvient comme aucun autre car, outre le talent, il possède une culture et une technique acquises dès la petite enfance. Avec un père et une mère artistes peintres, il a toujours vécu dans la création artistique. Ainsi découvre-t-il très jeune les peintres symbolistes, les nabis, le fauvisme et l’œuvre majeur de Paul Gauguin. La peinture de Brasilier prolonge pendant un siècle ces courants novateurs en les adaptant à notre perception du monde.

Si au début du 21e siècle, un tableau d’André Brasilier nous atteint spontanément, c’est que notre sensibilité artistique a été modelée par les évolutions profondes de la peinture du 20e siècle que le peintre intègre dans ses créations. Aussi sa peinture peut-elle paraître à tort facile d’accès. La synthèse entre tradition et modernité n’a rien de simple et suppose une maîtrise exceptionnelle.

 

Analyse : Les roses de septembre d’André Brasilier (1979)

Cette estampe réalisée avec la technique de la lithographie a été tirée à 175 exemplaires sur papier Arches numérotés en chiffres arabes et 150 exemplaires sur papier Japon numérotés en chiffres romains. Par ailleurs, 25 exemplaires d’artiste ont été tirés avant destruction des pierres ou plaques lithographiques.

Tout est évocation dans Roses de septembre. L’artiste n’a nullement l’intention de reproduire des roses ou une silhouette féminine. Il veut éveiller une émotion chez l’observateur et s’adresse directement à sa sensibilité. André Brasilier nous accorde ainsi toute liberté et chacun peut interpréter l’œuvre en fonction de sa culture. La quiétude mélancolique constitue l’élément dominant de l’évocation. Les roses de septembre sont les dernières et vont mourir bientôt. La nature garde encore ses tonalités estivales mais pour peu de temps.

Chantal d’Hauterives, l’épouse du peintre, inspire la silhouette féminine souvent présente dans les œuvres de Brasilier. « Modèle aimé, intemporelle et éternelle, Chantal traverse son œuvre, l’imprègne d’un sentiment élégiaque très personnel. Longue silhouette déliée d’une ligne enveloppante, flexible, en mouvement ou au repos, allusive et pourtant d’une présence stupéfiante, parce que toujours identifiable » (*).

La composition est toujours soignée chez Brasilier mais peut être très diverse. Il choisit ici une composition classique avec le motif principal au premier plan et un paysage suggéré en arrière-plan comportant une pièce d’eau, une prairie et des arbres. Horizontalité et verticalité structurent l’espace. A la verticalité de la silhouette féminine à demi cachée par le massif de roses, avec en arrière-plan à droite deux arbres, répondent les plans horizontaux de l’étang, de la prairie et du ciel.

La rigueur chromatique fait toute la force du tableau : trois couleurs, vert, bleu, rose, le noir des cheveux et le blanc. L’économie de moyens permet de créer une distance par rapport au réel. Quelques touches de bleu pour le ciel, l’étang et le vêtement, quelques taches blanches et roses pour les fleurs. « Brasilier est parvenu à cet indicible équilibre entre le réel et le rêve, entre la représentation et sa perception magique. La couleur se subordonne à la valeur et à la forme, tandis que le ton local vibre d’un éclat propre à suggérer l’impalpabilité de l’air. » (*)

 

L’ascendance artistique d’André Brasilier. Quelques exemples analogiques.

André Brasilier a découvert la peinture dans un milieu familial imprégné de symbolisme. Son père, Jacques Brasilier (1883-1965) était un disciple d’Armand Point (1860-1932) qui avait créé à Marlotte, dans la forêt de Fontainebleau, la Confrérie Haute-Claire, mouvement pictural de tendance symboliste. Le fauvisme le marque également dans sa jeunesse et on retrouve dans ses tableaux cette influence dans l’utilisation libre et puissante de la couleur.

Paul Gauguin. Faaturuma (1891)

Paul Gauguin. Faaturuma (1891). Huile sur toile, 94 × 68 cm, Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City. La jeunesse de Paul Gauguin (1848-1903) est marquée par l’impressionnisme. Sa peinture évolue ensuite vers le symbolisme (École de Pont-Aven) qui inspire le mouvement Nabi. Il s’établit en Polynésie en 1891. Sa thématique picturale est alors consacrée au milieu local sans bouleversement stylistique notable.
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Maurice Denis. Les attitudes sont faciles et chastes (1895)

Maurice Denis. Les attitudes sont faciles et chastes (1895). Lithographie sur papier, 40 × 52,1 cm, The Museum of Fine Arts, Houston. Maurice Denis (1870-1943) est un peintre du mouvement Nabi (prophète) et un théoricien de l’art. Sa phrase la plus célèbre doit toujours rester en mémoire : « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. »
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Odilon Redon. La Sulamite (1897)

Odilon Redon. La Sulamite (1897). Lithographie sur papier, 32,1 × 31,5 cm, National Gallery of Art, Washington. Odilon Redon (1840-1916), peintre symboliste, s’intéresse aux thèmes oniriques et religieux.
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André Derain. La Seine au Pecq (1904)

André Derain. La Seine au Pecq (1904). Huile sur toile, 85 × 95,5 cm, Centre Pompidou, Paris. André Derain (1880-1954) est un des initiateurs du fauvisme avec Maurice de Vlaminck et Henri Matisse.

 

Armand Point. Buste d’une jeune fille dans un paysage (1910)

Armand Point. Buste d’une jeune fille dans un paysage (1910). Graphite sur papier, 23,81 × 13,49 cm, The Walters Art Museum, Baltimore. Armand Point prône le respect de la tradition tant sur le plan stylistique que technique. Il réinvente en particulier un procédé de peinture à l’œuf, le liant qui était utilisé au Moyen Âge.

 

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(*) Lydia HARAMBOURG, Brasilier, éditions CERCLE D’ART, 2008

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