Antoine Van Dyck. Charles Ier d'Angleterre à la chasse (1635)

 
 
 

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Patrick AULNAS

Influencé dans sa jeunesse par la peinture de Caravage, Van Dyck trouve par la suite un style personnel, fait de raffinement dans la mise en scène et de délicatesse dans l’approche. Le portrait du roi d’Angleterre à la chasse illustre ces caractéristiques.

 

Van Dyck. Charles Ier d'Angleterre à la chasse (1635)

Antoine Van Dyck. Charles Ier d'Angleterre à la chasse (1635)
Huile sur toile, 266 × 207 cm, musée du Louvre, Paris.
Image HD sur WIKIMEDIA

Contexte historique

Charles Ier (1600-1649) accède au trône d’Angleterre en 1625, à la mort de son père Jacques Ier, fils de Marie Stuart. Confronté à une guerre civile qui amena Olivier Cromwell (1599-1658) au pouvoir, il fut jugé et exécuté pour haute trahison dans des conditions ne permettant aucune objectivité. Charles Ier était un grand collectionneur de peintures. Il fit venir en Angleterre des artistes italiens (Orazio Gentileschi puis sa fille, Artemisia Gentileschi) et flamands (Daniel Mytens l’Ancien, Antoon van Dijck qui anglicisera son nom en Van Dyck). Van Dyck vient pour la première fois à Londres en 1620, sous le règne de Jacques Ier, puis s’y installe définitivement en 1632 à l’invitation de Charles Ier. Il devient le peintre officiel de la famille royale.

Van Dyck avait déjà réalisé plusieurs portraits du roi lorsque Charles Ier d'Angleterre à la chasse fut commandé en 1635. En 1737, la toile fut acquise par une française, la comtesse de Verrue, puis circula pour devenir la propriété de la comtesse du Barry, qui la vendit au roi Louis XVI en 1775. Propriété de la Couronne, de France, elle fut par la suite conservée au musée du Louvre.

Analyse de l’œuvre

L’observateur du tableau remarque d’emblée le contraste entre le titre et l’image. Le roi est peut-être bien à la chasse avec deux serviteurs mais il fait une halte. Aucune arme n’apparaît, sinon l’épée de cour au côté. Le souverain prend une pose jugée élégante comme il était courant à l’époque pour les portraits en pied. Cette pose est totalement artificielle : bras droit sur la canne, bras gauche au côté et regard ostensiblement tourné vers l’artiste qui réalise le portrait. La convention de représentation apparaît aujourd’hui assez grossière, alors qu’au 17e siècle, elle reflétait à la fois le luxe vestimentaire, la distinction et l’assurance royale. Il s’agissait de glorifier le pouvoir politique, rôle évidemment essentiel du peintre officiel de la royauté qu’était Van Dyck.

Une inscription en bas à droite indique le titre du souverain : CAROLUS.I.REX MAGNAE BRITANNIAE » (Charles Ier, roi de Grande-Bretagne). L’union des couronnes d’Angleterre et d’Écosse datant de 1707 (Actes d’Union), cette inscription constitue un rappel politique de la puissance nouvelle du roi, qui n’est plus seulement roi d’Angleterre mais roi de Grande-Bretagne.

 

Van Dyck. Charles Ier à la chasse, détail

Van Dyck. Charles Ier à la chasse, détail

Le peintre a également cherché à faire apparaître la grandeur royale par le visage, qui indique la supériorité condescendante du personnage. Le chapeau noir à large bord permet de bien faire ressortir l’éclat du visage. La somptuosité des vêtements confirme la volonté de réaliser un portrait solennel en pleine nature. Le pourpoint (veste) argenté, en particulier, est un vêtement luxueux qui ne se portait pas à la chasse.

 

Van Dyck. Charles Ier à la chasse, détail

Van Dyck. Charles Ier à la chasse, détail

Le roi est accompagné de deux personnes : un page portant les vêtements et Endymion Porter (1587-1649), qui tient le cheval. Porter était un diplomate resté fidèle à Charles Ier pendant toute la guerre civile.

 

Van Dyck. Charles Ier à la chasse, détail

Van Dyck. Charles Ier à la chasse, détail

Toute l’originalité de ce portrait, l’un des chefs-d’œuvre du peintre, réside dans l’heureuse conjugaison de l’arrière-plan paysager, du thème de la chasse et du raffinement royal. Au lieu de représenter une scène de chasse royale, sujet banal à l’époque, Van Dyck détourne la thématique pour célébrer le pouvoir et le raffinement royal.

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