François Boucher. Portrait de la marquise de Pompadour (1756)

 
 

Cliquer sur les images ci-dessus
PARTENAIRE AMAZON ► En tant que partenaire d'Amazon, le site est rémunéré pour les achats éligibles.

 

Patrick AULNAS

François Boucher  fut sans doute le peintre favori de Madame de Pompadour, à telle enseigne qu’il fut parfois surnommé après sa mort « le favori de la favorite ». Avec l’aide de son frère, le marquis de Marigny, directeur des Bâtiments du roi, la marquise confia au peintre la décoration des demeures – Meudon, Choisy, Bellevue – où elle accueillait Louis XV et l’associa à la prospérité des manufactures royales qui recevaient de nombreuses commandes de la Cour et des Grands.

Le grand portrait de la Madame de Pompadour de la Alte Pinakothek n’est pas le seul que fit Boucher de la marquise, mais il marque une rupture par rapport aux portraits antérieurs, plus typiquement rococo.

 

François Boucher. Portrait de la marquise de Pompadour (1756)

François Boucher. Portrait de la marquise de Pompadour (1756)
Huile sur toile, 201 × 157 cm, Alte Pinakothek, Munich
Image HD sur WIKIPEDIA

Qui est la marquise de Pompadour ?

Jeanne-Antoinette Poisson (1721-1764), future marquise de Pompadour, est la fille de François Poisson et de Louise-Madeleine de la Motte. François Poisson exerce des activités commerciales diverses, mais en 1725 il est accusé de vente frauduleuse et s’exile en Allemagne. Jeanne-Antoinette est confiée au couvent des Ursulines de Poissy en 1727 et y restera jusqu’à 1730. Louise-Madeleine de la Motte devient la maîtresse du riche fermier général Charles Le Normant de Tournehem, qui est aussi un amateur d’art. Le Normant va offrir à Jeanne-Antoinette une excellente éducation artistique : musique, dessin, peinture, danse. Louise-Madeleine de la Motte fréquentant les salons littéraires parisiens, sa fille découvre également la conversation brillante et l’esprit, très valorisé dans l’aristocratie du 18e siècle.

En 1741, Jeanne-Antoinette épouse le neveu de Charles Le Normant de Tournehem, Charles-Guillaume Le Normant d’Étiolles. Le couple a une fille, Alexandrine, en 1744. L’oncle Charles a fait don à son neveu de l’un de ses châteaux situé à Étiolles, à environ 25 km de Paris. Le roi vient fréquemment chasser dans la forêt de Sénart où se trouve le domaine de Le Normant d’Étiolles et Jeanne-Antoinette peut assister en calèche aux passages du roi. Celui-ci la remarque au cours de l’été 1743. Il faudra encore quelques stratagèmes de la part de l’entourage de Jeanne-Antoinette pour qu’elle devienne en 1745 la maîtresse du roi en titre. Le souverain lui accorde le titre de marquise de Pompadour et une importante rente qui lui permettra d’acquérir plusieurs châteaux, dont l’actuel palais de l’Élysée.

Louis XV n’avait pas choisi n’importe qui. Très belle, intelligente, cultivée, la marquise de Pompadour surpassait la plupart des courtisanes. Tant et si bien que lorsqu’elle cesse d’être la maîtresse du roi en 1751, celui-ci ne peut se passer d’elle. Elle reste l’amie et la confidente du souverain et reste à Versailles. Ultime privilège, alors qu’un courtisan ne doit pas mourir dans le lieu où réside le roi, elle décède au château de Versailles en 1764. Elle n’a que 42 ans.

Analyse du Portrait de la marquise de Pompadour par François Boucher

Entre 1752 et 1755, Maurice Quentin de la Tour avait réalisé un grand portrait au pastel de Madame de Pompadour qui fut présenté au salon de 1755. Ce portrait très novateur présentait la marquise comme la protectrice des arts et des lettres et non comme une femme oisive de l’aristocratie. Livres, partitions, dessins l’entouraient pour bien signifier que la favorite de Louis XV était une femme intelligente et cultivée, ce qui reflétait d’ailleurs la réalité.

François Boucher avait vu le portrait de Quentin de la Tour puisqu’il peint le sien en 1756 et qu’il le présente au salon de 1757. Il ne fait pas de doute que le chef-d’œuvre de Quentin de la Tour inspira Boucher. Les nombreuses similitudes entre les deux portraits ne sont évidemment pas fortuites. Boucher reprend la thématique du grand maître du pastel en présentant son modèle un livre à la main et entourée d’une symbolique témoignant de son intérêt pour la vie intellectuelle de l’époque.

 

François Boucher. La Marquise de Pompadour (1756), détail

François Boucher. La Marquise de Pompadour (1756), détail

 

François Boucher. La Marquise de Pompadour (1756), détail

François Boucher. La Marquise de Pompadour (1756), détail

Le personnage de Boucher prend une pose plus alanguie que celui de Quentin de la Tour. Placée sur un sofa garni de nombreux coussins, la marquise fait une pause dans sa lecture, le regard dirigé vers un point éloigné. Chez de la Tour, elle est en position assise, buste droit, avec exactement le même port de tête. La robe à la française de Quentin de la Tour se retrouve également chez Boucher, mais, à la relative sobriété choisie par le pastelliste, a été substituée une surabondance décorative. Madame de Pompadour, noyée dans les rubans et les fleurs, n’apparaît plus tout à fait comme l’amie des encyclopédistes. Le portrait de Boucher est, de ce point de vue, moins cohérent que celui de Quentin de la Tour.

 

François Boucher. La Marquise de Pompadour (1756), détail

François Boucher. La Marquise de Pompadour (1756), détail

Il n’en demeure pas moins un chef-d’œuvre par la somptuosité du rendu des couleurs et des effets de lumière dans les plis de la robe et dans les rideaux en arrière-plan. Boucher reste avec ce portrait le grand maître du rococo, mais il capte l’air du temps, qui est celui des philosophes. Les Lumières entrent chez Boucher avec discrétion et probablement selon les souhaits de son modèle, qui n’était plus à cette époque la maîtresse de Louis XV et entendait laisser à la postérité une image d’elle moins frivole que celle des portraits antérieurs réalisés par Nattier, Boucher ou Van Loo.

Autres portraits de la marquise de Pompadour par François Boucher

François Boucher. La marquise de Pompadour (1750)

François Boucher. La marquise de Pompadour (1750). Huile sur toile, 65 × 81 cm, Harvard Art Museums, Cambridge, Massachusetts. Ce portrait, peint pour le frère de Madame de Pompadour, le marquis de Marigny, représente la marquise à sa toilette.

Image HD sur GOOGLE ARTS & CULTURE

François Boucher. Madame de Pompadour (1756-58)

François Boucher. Madame de Pompadour (1756-58). Huile sur toile, 38 × 46,3 cm, National Galleries of Scotland, Édimbourg. Ce petit portrait attribué à Boucher est une variante du grand portrait de la Alte Pinakothek de Munich.

Image HD sur GOOGLE ARTS & CULTURE

François Boucher. Madame de Pompadour (1758)

François Boucher. Madame de Pompadour (1758). Huile sur toile, 72,5 × 57 cm, Victoria and Albert Museum, Londres. Ce portrait est une transposition dans un cadre naturel du grand portrait de la Alte Pinakothek de Munich. Même pose, même regard.

François Boucher. Portrait de la marquise de Pompadour (1759)

François Boucher. Portrait de la marquise de Pompadour (1759). Huile sur toile, 91 × 68 cm, Wallace Collection, Londres. Il s’agit du dernier portrait de la marquise peint par Boucher. La sculpture en arrière-plan évoque l’amitié consolant l’amour par allusion à la transformation en relation amicale de la liaison avec Louis XV. Inès, le petit chien de la marquise, symbolise la fidélité.

 

Commentaires

  • Léa
    • 1. Léa Le 26/01/2020
    Bonjour j'ai été ravie de lire tous cela merci beaucoup.
    #PassionnantehistoiredelaFrance
  • fleur TURNER
    merci passionnant il n y a pas d autres mots !

Ajouter un commentaire