Paul Cézanne

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Patrick AULNAS

Portrait et autoportraits

Photographie de Paul Cézanne (v. 1861)

Photographie de Paul Cézanne (v. 1861)
Auteur inconnu

 

Paul Cézanne. Autoportrait (v. 1875)

Paul Cézanne. Autoportrait (v. 1875)
Huile sur toile, 65 × 54 cm, musée d’Orsay, Paris

 

Paul Cézanne. Autoportrait (v. 1895)

Paul Cézanne. Autoportrait (v. 1895)
Huile sur toile, 55 × 46 cm, collection particulière

 

Biographie

1839-1906

La jeunesse à Aix-en-Provence

Aix-en-Provence joue un rôle majeur dans la vie de Paul Cézanne. Il y naît le 19 janvier 1834 et y meurt le 22 octobre 1906. Ses nombreux séjours dans la région parisienne alternent avec des retours en Provence. A la naissance de Paul, Louis Cézanne, son père, est chapelier et sa mère Anne Aubert ouvrière chapelière. Les parents de Paul Cézanne ne se marieront qu’en 1844. Il s’agit d’une famille modeste. Mais en 1848, Louis Cézanne rachète avec un associé la seule banque de la ville d’Aix. La banque Cézanne et Cabassol sera une réussite qui permettra à la famille de vivre dans l’aisance. Les deux sœurs de Paul, Marie et Rose, naissent en 1841 et 1854.

Paul Cézanne est d’abord scolarisé à l’école communale puis, de 1850 à 1852, au pensionnat catholique Saint-Joseph, avant d’entrer comme interne au collège Bourbon devenu aujourd’hui collège Mignet. Il termine ses études dans ce collège en 1858 et obtient le baccalauréat ès lettres avec mention « assez bien ». C’est dans ce collège qu’il a rencontré en 1852 Émile Zola avec lequel il entretiendra une longue amitié. Cézanne, physiquement puissant, avait un jour secouru Zola dans la cour de récréation. Ce dernier lui apporta le lendemain un panier de pommes pour le remercier. Les pommes devinrent un des sujets de prédilection de Cézanne pour les natures mortes.

En 1857, il s’inscrit à l’école municipale de dessin d’Aix où il obtient en 1859 le deuxième prix de dessin. Malgré son goût pour le dessin, il entre cette même année à la faculté de droit d’Aix à la demande de son père. Mais la vocation artistique est la plus forte et il abandonne ses études de droit en 1861 pour s’installer à Paris.

Paris et la rencontre des impressionnistes

Le premier séjour à Paris de Cézanne sera très bref. Il y retrouve Zola et rencontre Pissarro à l’Académie Suisse, école de peinture réputée. Mais ayant échoué au concours d’entrée à l’École des Beaux-arts, il revient à Aix pour travailler dans la banque paternelle. En 1862, il s’installe à nouveau à Paris, accueilli par la mère d’Émile Zola. Il fréquente l’Académie Suisse et s’inscrit également au Louvre comme copiste. C’est à l’Académie de Charles Suisse qu’il rencontre les impressionnistes, en particulier Pissarro, Guillaumin, Monet.

En 1864, il présente un premier tableau au Salon, qui est refusé. Les refus se succèderont les années suivantes. Il retourne régulièrement en Provence où il exécute en 1866 une série de natures mortes et portraits au couteau. En 1869, Paul Cézanne rencontre à Paris Hortense Fiquet, ouvrière et modèle, qui devient sa compagne. Le peintre réalisera au cours de sa vie quarante-cinq portraits d’Hortense.

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, il s’installe à l’Estaque, près de Marseille, avec Hortense, afin d’échapper à la mobilisation. Recherché par la gendarmerie comme réfractaire, il se réfugie dans la bastide du Jas de Bouffan, près d’Aix, achetée par son père en 1859. Les gendarmes ne le trouveront pas et cet épisode n’aura pas de suite, probablement parce que la guerre de 1870 marque la fin du Second Empire et l’avènement de la Troisième République. Cézanne est républicain mais s’intéresse peu à la politique.

 

Paul Cézanne. Bouquet de fleurs dans un vase bleu (1873-75)

Paul Cézanne. Bouquet de fleurs dans un vase bleu (1873-75)
Huile sur toile, 46 × 55 cm, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

 

Le fils unique de Cézanne, également prénommé Paul, naît le 4 janvier 1872 à Paris. La mère et les sœurs du peintre sont informées de cette naissance mais son père ignore tout de sa liaison avec Hortense. Paul vivra jusqu’en 1947 et deviendra un grand ami de Jean Renoir, le cinéaste et fils du peintre Auguste Renoir.

En 1874, Cézanne participe à la fondation de la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs, avec Monet, Renoir, Pissarro, Sisley et Berthe Morisot, qui a pour objectif de permettre aux impressionnistes d'exposer librement sans passer par le salon officiel organisé par l'Académie des Beaux-arts. Les tableaux de style impressionniste, conçus par petites touches et diluant les formes, mais fortement lumineux, étaient en effet systématiquement refusés par les peintres du courant académique, dominant le jury du Salon officiel. Cézanne présentera des toiles aux première et troisième expositions impressionnistes (1874 et 1877).

La recherche d’un langage pictural

Au cours des années suivantes, les œuvres du peintre ne rencontrent pas le succès commercial et des difficultés financières surgissent. Zola aide parfois Cézanne. La vie du peintre est instable. En 1881, il s’installe avec sa famille à Pontoise où vit Pissarro. Il travaille avec lui et apprend beaucoup à un moment où Pissarro est influencé par le pointillisme. Cézanne conservera toujours respect et affection pour son aîné et dira de lui en 1902 : « Quant au vieux Pissarro, il était un père pour moi, un homme à consulter et quelque chose comme le bon Dieu. »

Cézanne se rend également chez Renoir et peint avec Monet à l’Estaque près de Marseille. En 1886, il s’installe à Gardanne avec Hortense et son fils Paul. Il épouse Hortense en avril ; en octobre son père décède, lui laissant un patrimoine le mettant à l’abri du besoin.

 

Paul Cézanne. Montagne Sainte-Victoire (1882-85)

Paul Cézanne. Montagne Sainte-Victoire (1882-85)
Huile sur toile, 65 × 82 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.

 

Cézanne travaille fréquemment à la bastide du Jas de Bouffan, près d’Aix, vaste demeure acquise par son père en 1859. Il cherche à cette époque à dépasser l’impressionnisme par une accentuation de la structure des motifs. Il se détache peu à peu de la représentation du réel pour créer un espace pictural autonome. Le paysage de la Montagne Sainte-Victoire, qu’il peint plus de quatre-vingt fois en un quart de siècle, lui permet de faire évoluer son langage et de découvrir l’un des chemins de l’art du 20e siècle.

La reconnaissance tardive

Dès la fin de la décennie 1880, Cézanne bénéficie du soutien du grand marchand d’art Paul Durand-Ruel, ce qui lui permet d’exposer à Bruxelles en 1889. En 1895, Ambroise Vollard, autre grand marchand, organise la première exposition individuelle consacrée à Paul Cézanne. Les prix de ses tableaux s’envolent. Cette même année, le peintre loue un cabanon aux carrières de Bibémus, plateau rocheux du site de la Montagne Sainte-Victoire. Ces carrières, exploitées jusqu’au 18e siècle pour la construction des monuments de la ville d’Aix, feront naître l’approche géométrique du paysage, caractéristique de Cézanne, qui préfigure le cubisme.

 

Paul Cézanne. Carrière de Bibémus (1898-1900)

Paul Cézanne. Carrière de Bibémus (1898-1900)
Huile sur toile, 65 × 81 cm, Musée Folkwang, Essen.

 

La mère de Cézanne meurt en 1887. En 1889, il vend la bastide du Jas de Bouffan. En 1901, il fait construire un atelier proche d’Aix, l’atelier des Lauves, dans lequel il viendra travailler tous les matins jusqu’à sa mort. Cézanne est diabétique et souffre, entre autres problèmes, de violentes migraines. Le 15 octobre 1906, alors qu’il peint sur la Montagne Sainte-Victoire, il est surpris par un orage et reste plusieurs heures sous la pluie. Il meurt d’une pneumonie le 23 octobre dans son appartement d’Aix. Il est inhumé au cimetière Saint-Pierre d’Aix-en-Provence.

 

Œuvre

Comme de nombreux artistes de la fin du 19e siècle, Cézanne a beaucoup cherché et beaucoup évolué. La peinture de cette époque quittait la représentation du réel pour aborder l’expression du moi avec des évolutions formelles constantes. Cézanne peut traiter tous les genres. Portraits, paysages et natures mortes forment les trois piliers de son œuvre. Il utilise aussi fréquemment, à partir de 1890, le thème des baigneurs et baigneuses, sorte de portrait de groupe dans un paysage, qui lui permet, comme le paysage de la Montagne Sainte-Victoire, d’évoluer vers une géométrisation de la composition.

Influencé dans sa jeunesse par Delacroix, Courbet et Manet, il peint au couteau dans la décennie 1860-70, technique conduisant à de fortes épaisseurs de peinture. Les couleurs sombres dominent. Cézanne appelait cette première manière « période couillarde », mais les historiens la qualifient de romantique ou baroque.

Il rejoint le groupe des impressionnistes et participe aux première et troisième expositions impressionnistes en 1874 et 1877, mais à aucune autre ensuite. La décennie 1870-1880 sera donc sa période impressionniste, marquée par une influence notable de Pissarro. Les couleurs claires et la luminosité apparaissent, ainsi que les multiples touches fines caractérisant l’impressionnisme.

Mais le regard analytique que portent les impressionnistes sur la nature amène Cézanne à s’interroger sur les formes et les volumes sous-jacents. Il est en effet possible de décomposer tout objet en formes géométriques simples et définies mathématiquement : triangle, cercle, cône, sphère, cylindre, par exemple. La structure interne de l’objet apparaît alors, mais comment la représenter sur la surface plane du tableau ? Cette question avait déjà été posée au début de la Renaissance, au 15e siècle, pour la représentation de la profondeur. La perspective linéaire avait apporté la réponse. Cézanne va, à partir de la fin de la décennie 1880, entamer une recherche sur sa vision de la nature qui repose sur la structuration géométrique des objets. Cette recherche le conduira aux portes du cubisme, développé par Picasso et Braque dès 1907, c’est-à-dire un an après la mort de Cézanne.

 

Paul Cézanne. Montagne Sainte-Victoire (1902-04)

Paul Cézanne. Montagne Sainte-Victoire (1902-04)
Huile sur toile, 73 × 92 cm, Museum of Art, Philadelphia.

 

Bien entendu, une telle évolution constitue surtout une prise de distance de plus en plus importante avec la représentation fidèle de la nature. L’ambition profonde de Cézanne, pas vraiment atteinte, était probablement d’autonomiser l’œuvre d’art par rapport à son objet. La naissance de la peinture non figurative, entre 1910 et 1920, permettra d’achever cette évolution, en germe dans la peinture de la fin du 19e siècle. Initiateur, avec beaucoup d’autres, de cette transformation de l’approche picturale, Cézanne sera souvent qualifié, un peu abusivement, de père de la peinture moderne. Il en est sans aucun doute l’un des grands précurseurs.

 

Paul Cézanne. Les grandes baigneuses (v. 1906)

Paul Cézanne. Les grandes baigneuses (v. 1906)
Huile sur toile, 210 × 250 cm, Museum of Art, Philadelphia.

 

Portraits

Paul Cézanne. Le père de l’artiste lisant L’Evènement (1866)

Paul Cézanne. Le père de l’artiste lisant L’Evènement (1866). Huile sur toile, 198 × 119 cm, National Gallery of Art, Washington. « Dans Le père de l’artiste, Cézanne explore sa relation émotionnellement difficile avec son père banquier. La tension est particulièrement évidente du fait de l’utilisation énergique et expressive de la peinture, une exagération de la technique au couteau de Courbet. La figure inflexible de Louis-Auguste Cézanne, le journal qu’il lit, sa chaise et la pièce sont traitées avec d’épaisses couches de pigment. » (Commentaire National Gallery of Art)

 

Paul Cézanne. Portrait d'Achille Emperaire (1867-70)

Paul Cézanne. Portrait d'Achille Emperaire (1867-70). Huile sur toile, 200 × 120 cm, musée d’Orsay, Paris. « Aixois comme Cézanne, de dix ans son aîné, Achille Emperaire était également artiste-peintre. Ils firent connaissance à l'atelier parisien de Charles Suisse, au début des années 1860, et entretinrent durant au moins une décennie des liens amicaux étroits […]  Cézanne met en avant le caractère maladif et la silhouette difforme d’Emperaire […] Dépassant les leçons de réalisme d'un Courbet ou d'un Manet, le souffle de la vision s'accompagne ici d'un certain romantisme brut, qui marque l'apogée de cette période que le maître aixois qualifie lui-même de "couillarde". » (Commentaire musée d’Orsay)

 

Paul Cézanne. Portrait de Madame Cézanne (1885-90)

Paul Cézanne. Portrait de Madame Cézanne (1885-90). Huile sur toile, 47 × 39 cm, musée d’Orsay. « "L'aboutissement de l'art, c'est la figure", aurait déclaré Cézanne avec assurance au marchand de tableaux Ambroise Vollard. A de nombreuses reprises au cours des années de maturité, le peintre inflige de longues séances de pose à sa compagne Hortense Fiquet, devenue son épouse en 1886. Dans cette toile, tout est empreint de simplicité. Le décor est à peine suggéré, dans des tonalités colorées qui vont du brun-vert au bleu ciel. Le visage s'inscrit dans un ovale presque parfait, présenté de manière frontale. » (Commentaire musée d’Orsay)

 

Paul Cézanne. Les joueurs de cartes (1890-95)

Paul Cézanne. Les joueurs de cartes (1890-95). Huile sur toile, 47,5 × 57 cm, musée d’Orsay, Paris. « Cézanne avait certainement vu au musée d'Aix-en-Provence, sa ville natale, Les joueurs de cartes attribué aux frères Le Nain. Dans les années 1890, l'artiste traite à plusieurs reprises ce thème d'inspiration caravagesque et donne à l'affrontement une gravité exceptionnelle. Aux subtils jeux de gestes et de regards, Cézanne substitue les silhouettes massives et la concentration silencieuse des personnages. » (Commentaire musée d’Orsay)

 

Paul Cézanne. La femme à la cafetière (v. 1895)

Paul Cézanne. La femme à la cafetière (v. 1895). Huile sur toile, 130 × 96,5 cm, musée d’Orsay, Paris. « Le modèle de ce portrait n'est pas précisément identifié mais il s'agit sans doute d'une des employées du Jas de Bouffan, la maison familiale des Cézanne près d'Aix-en-Provence […] Les éléments principaux de la composition : le corps de la femme, la tasse et la cafetière sont représentés de façon très simplifiée selon une organisation stricte de lignes horizontales et verticales. Cette géométrisation des volumes, ainsi que l'angle de vue de la table, représentée dans une perspective beaucoup plus élevée que celle utilisée pour les objets qui y sont posés, annonce le cubisme. » (Commentaire musée d’Orsay)

 

Paul Cézanne. Gustave Geffroy (1895-96)

Paul Cézanne. Gustave Geffroy (1895-96). Huile sur toile, 110 × 89 cm, musée d’Orsay, Paris. « Au cours de l'année 1894, Gustave Geffroy rédige plusieurs articles élogieux sur la peinture de Cézanne. Reconnaissant, ce dernier propose au critique de réaliser son portrait durant le printemps 1895. L'écrivain pris pour modèle par un peintre qu'il vient de soutenir est un genre établi. Citons le portrait de Zola par Manet (1868, musée d'Orsay), ou encore celui de Duranty par Degas (1879, Glasgow, The Burrel Collection), dans lequel se retrouve le motif analogue du rayonnage de livres. Mais contrairement à ces deux exemples, on sent bien ici que Cézanne et Geffroy se connaissent peu […] Le tableau fascine les futurs cubistes, surtout Braque et Picasso, en particulier pour la structure à la fois géométrique et décalée de la bibliothèque, ou pour les audaces spatiales du plan de la table. L'œuvre est par ailleurs l'une des plus admirées à l'Exposition rétrospective d'œuvres de Cézanne au Salon d'Automne de 1907. » (Commentaire musée d’Orsay)

 

Paul Cézanne. Portrait d’Ambroise Vollard (1899)

Paul Cézanne. Portrait d’Ambroise Vollard (1899). Huile sur toile, 101 × 81 cm, Petit Palais, Paris. Le marchand d’art Ambroise Vollard (1868-1939) a contribué à faire connaître Cézanne. Il est assis dans l’atelier du peintre, éclairé par une fenêtre placée derrière lui à gauche. « Cézanne exigea de son modèle de rester aussi immobile qu'une pomme. Le portrait resta inachevé à l'issue d'une centaine de séances de pose. Vollard raconta cette expérience dans son livre de souvenirs. » (Commentaire Musée du Petit Palais)

 

Paul Cézanne. Le jardinier (1902-06)

Paul Cézanne. Le jardinier (1902-06). Huile sur toile, 63 × 52 cm, Tate Gallery, Londres. Ce portait est l’aboutissement du travail de Cézanne dans ce genre. Il a été réalisé dans l’atelier du chemin de Lauves où l’artiste venait travailler chaque jour dans sa vieillesse. Un jardinier des alentours a servi de modèle. Cézanne ne fournit qu’une schématisation du personnage, le visage et les mains n’étant qu’esquissés, mais ce jardinier au repos est doté d’une puissance expressive qui le rapproche de ce que l’on appelait à l’époque l’art primitif (les arts premiers aujourd’hui). Le peintre suggère, laissant toute liberté à l’observateur pour interpréter.

 

 

Natures mortes

Paul Cézanne. Bouquet de fleurs dans un vase bleu (1873-75)

Paul Cézanne. Bouquet de fleurs dans un vase bleu (1873-75). Huile sur toile, 46 × 55 cm, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg. L’influence impressionniste conduit l’artiste à éclaircir sa palette et à multiplier les petites touches pour produire une peinture vibrante et lumineuse. La signature, en bas à gauche, est rare chez Cézanne. Sa présence signifie que la toile a probablement été présentée à la troisième exposition impressionniste en 1877.

 

Paul Cézanne. Nature morte à la soupière (v. 1877)

Paul Cézanne. Nature morte à la soupière (v. 1877). Huile sur toile, 65 ×81,5 cm, musée d’Orsay, Paris. Cézanne s’intéresse aux volumes des objets posés sur la table, qu’il met en relief avec un arrière-plan composé de peintures accrochée au mur, dont un paysage de Pissarro.

 

Paul Cézanne. Le vase bleu (1889-90)

Paul Cézanne. Le vase bleu (1889-90). Huile sur toile, 61 × 50 cm, musée d’Orsay, Paris. « Plutôt qu'à la représentation de fleurs épanouies, Cézanne s'intéresse davantage ici à la modulation de la couleur. Une fois encore, le sujet est utilisé pour servir l'une des préoccupations majeures de l'artiste : l'étude de l'incidence de la lumière sur les objets et des variations colorées qui en résultent.
L'apparente simplicité et la sobriété de cette peinture sont bien éloignées de l'exubérance et de la richesse que l'on peut trouver dans les compositions florales de Renoir. L'espace est construit par un habile jeu de lignes verticales et horizontales et par une juste répartition des volumes, tandis que l'harmonie d'ensemble est obtenue grâce à un emploi subtil de différents bleus. La composition est centrée précisément sur le vase posé sur la table. » (Commentaire musée d’Orsay)

 

Paul Cézanne. Pommes et oranges (v. 1899)

Paul Cézanne. Pommes et oranges (v. 1899). Huile sur toile, 74 × 93 cm, musée d’Orsay, Paris. « Si Cézanne peignit des natures mortes dès le début de sa carrière, ce genre n'acquiert une place essentielle dans son œuvre qu'à la maturité de l'artiste, époque à laquelle appartient Pommes et oranges.
Le tableau fait partie d'une série de six natures mortes exécutées en 1899 dans l'atelier parisien de Cézanne. On retrouve en effet d'un tableau à l'autre les mêmes accessoires : vaisselle de faïence, pichet au décor floral. Leur principe de composition est aussi similaire avec une tenture fermant la perspective, rappelant les natures mortes flamandes du XVIIe siècle. Mais, l'effet dynamique créé par une construction spatiale complexe et une perception des objets subjectives soulignent la démarche avant tout picturale de Cézanne. » (Commentaire musée d’Orsay)

 

Paul Cézanne. Nature morte avec pommes et pêches (v. 1905)

Paul Cézanne. Nature morte avec pommes et pêches (v. 1905). Huile sur toile, 81 × 100,5 cm, National Gallery of Art, Washington. « Ici, la table plonge de façon surprenante, défiant les règles traditionnelles de la perspective. Nous voyons de même le pichet de profil mais en conservant la possibilité de voir l’intérieur. Paradoxalement, c’est la fidélité de Cézanne à ce qu’il voit qui contribue à ce déni de logique et d’espace à trois dimensions. Il ne s’agit pas vraiment pour lui d’aplatir délibérément l’espace. Au contraire, il se concentre sur les objets eux-mêmes au lieu de restituer l’espace perspectiviste dans lequel ils sont placés. Au fil des jours, il déplace son chevalet pour peindre différents objets – ou parfois les mêmes – de différents points de vue. Cette focalisation sur le processus pictural l’a conduit vers l’abstraction. » (Commentaire National Gallery of Art)

 

 

Baigneurs et baigneuses

Paul Cézanne. Baigneurs (v. 1890)

Paul Cézanne. Baigneurs (v. 1890). Huile sur toile, 60 × 82 cm, musée d’Orsay, Paris. « A partir des années 1870 et jusqu'à la fin de sa vie, Cézanne multiplie les compositions ayant pour sujet des baigneurs ou des baigneuses. Sa grande ambition est de parvenir à la pleine fusion de la figure humaine et du paysage.
Chaque élément est traité avec la même importance, en une sorte d'architecture commune. L'attention du peintre ne se porte pas sur la chair, comme chez Renoir, mais plutôt sur les corps qui structurent puissamment l'espace. Le thème de l'eau est négligé et l'univers du tableau demeure essentiellement minéral. Seule la matière lisse délicatement irisée des nuages, rappelle l'attachement de Cézanne à l'impressionnisme. » (Commentaire musée d’Orsay)

 

Paul Cézanne. Les grandes baigneuses (v. 1906)

Paul Cézanne. Les grandes baigneuses (v. 1906). Huile sur toile, 210 × 250 cm, Museum of Art, Philadelphia. « Voici la plus grande, la dernière, et à bien des égards l’œuvre la plus ambitieuse concernant le thème séculaire des nus dans un paysage que Cézanne explora tout au long de sa vie. Elle est aussi, peut-être, dans son inachèvement, le témoignage le plus pur et le plus serein de l’homme que Paul Gauguin décrivait comme " passant des journées entières au sommet des montagnes en lisant Virgile ", rêvant de clairières boisées peuplées de beaux personnages qui, s’ils ne participent pas à un récit en tant que tels, sont en mouvement et en interaction. Peut-être est-ce sa grande noblesse – sa puissance intemporelle, " comme l’art des musées " comme dit Cézanne  – qui le rend si attrayant pour de nombreux artistes » (commentaire Philadelphia Museum of Art)

 

 

Paysages

Paul Cézanne. La maison du pendu, Auvers-sur-Oise (1873)

Paul Cézanne. La maison du pendu, Auvers-sur-Oise (1873). Huile sur toile, 55 × 66 cm, musée d’Orsay, Paris. « La maison du pendu est l'une des trois toiles que Cézanne présente à la première exposition impressionniste de 1874. L'influence de son ami Camille Pissarro, avec lequel il travaille régulièrement dans la région de Pontoise et d'Auvers-sur-Oise, y est sensible. Par rapport à ses œuvres de jeunesse, Cézanne a adopté les couleurs claires et la touche fragmentée des impressionnistes. Il a également abandonné les thèmes dramatiques ou littéraires pour un sujet simple, voire banal. Mais s’il s'agit d'une œuvre impressionniste, La maison du pendu révèle un impressionnisme bien personnel, revu par Cézanne. » (Commentaire musée d’Orsay)

 

Paul Cézanne. Le golfe de Marseille vu de L'Estaque (1878-79)

Paul Cézanne. Le golfe de Marseille vu de L'Estaque (1878-79). Huile sur toile, 58 × 72 cm, musée d’Orsay, Paris. « Dans une lettre de 1876, Cézanne décrit à Pissarro le paysage panoramique qui s'offre à ses yeux et parle du "soleil effrayant" qui transforme les "objets" en "silhouettes". Dans ses toiles, il traduit cette absence de modelé en peignant la végétation et les rochers à l'aide de touches juxtaposées qui créent une trame bien visible. Les murs, les maisons, la cheminée de l'usine au premier plan, tous les éléments construits par l'homme, sont cernés d'une ligne sombre qui souligne leurs formes géométriques. Ce travail de simplification des éléments en cube, en cylindre, en cône, va s'accentuer ensuite dans l'œuvre du peintre. » (Commentaire musée d’Orsay)

 

Paul Cézanne. Le pont de Maincy (v. 1879)

Paul Cézanne. Le pont de Maincy (v. 1879). Huile sur toile, 58,5 ×72,5  cm, musée d’Orsay, Paris. « Alors qu'il se dégage de l'influence impressionniste, peu de toiles de Cézanne sont éclaboussées d'une telle luminosité. On sent l'air circuler à travers l'espace et l'eau se jouer de multiples reflets. Pourtant, les touches longues et droites qui tissent la composition, travaillées en biais comme des hachures de dessin, renvoient aussi à la poésie sensuelle des œuvres les plus tardives.
A l'aube des années 1880, un nouveau langage s'élabore qui repose sur la "facture", la manière dont la peinture est déposée sur la toile. Cette approche, sans cesse explorée et approfondie par la suite, notamment dans les paysages, trouve ici une sorte de démonstration parfaite. Le dialogue entre l'espace et les masses, les formes et leurs reflets atteint un rigoureux équilibre, à la fois puissant et délicat, au sein d'une structuration rigoureuse du plan de la toile. » (Commentaire musée d’Orsay)

 

Paul Cézanne. Montagne Sainte-Victoire (1882-85)

Paul Cézanne. Montagne Sainte-Victoire (1882-85). Huile sur toile, 65 × 82 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « La Montagne Sainte-Victoire domine la vallée de la rivière Arc, près de la ville d'Aix. Pour peindre cette scène, Cézanne se tenait près de Montbriand, la propriété de sa sœur, au sommet de la colline, juste derrière sa maison ; le mur de la ferme voisine est à peine visible. Cézanne a cherché à représenter la géométrie sous-jacente de la nature, "pour faire de l'impressionnisme quelque chose de solide et durable, comme l’art des musées." En effet, le viaduc de chemin de fer, qui traverse cette scène pastorale, évoque un aqueduc romain, rappelant les peintures de Nicolas Poussin. » (Commentaire MET)

 

Paul Cézanne. Gardanne (1885-86)

Paul Cézanne. Gardanne (1885-86). Huile sur toile, 80 × 64 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Il s’agit de l’une des trois vues de Gardanne, une ville de montagne proche d’Aix-en-Provence, où Cézanne a travaillé de l’été 1885 au printemps 1886. Le clocher de l’église locale couronne le groupe de maisons aux toits rouges qui animent la pente du terrain. Formée de facettes géométriques, cette structure anticipe le cubisme du début du 20e siècle. » (Commentaire MET)

 

Paul Cézanne. Carrière de Bibémus (1898-1900)

Paul Cézanne. Carrière de Bibémus (1898-1900). Huile sur toile, 65 × 81 cm, Musée Folkwang, Essen. Ces carrières, situées près d’Aix-en-Provence, constituait pour Cézanne un sujet de choix, dans la mesure où les blocs rocheux facilitaient la géométrisation de la composition qu’il recherchait à cette époque.

 

Paul Cézanne. Montagne Sainte-Victoire (1902-04)

Paul Cézanne. Montagne Sainte-Victoire (1902-04). Huile sur toile, 73 × 92 cm, Museum of Art, Philadelphia. Cézanne a peint plus de quatre-vingt fois la Montagne Sainte-Victoire entre 1882 et 1906. L’évolution de sa peinture est donc particulièrement perceptible avec ce thème. Si les premières représentations restent marquées par l’impressionnisme, le peintre évolue vers l’étude de la lumière et l’analyse de la structure du paysage. Au début du 20e siècle, le paysage devient un agencement de formes géométriques abolissant la perspective classique. Sur le tableau de 1882-85 ci-dessus, les artifices les plus anciens permettent de représenter la profondeur, en particulier les arbres au premier plan. Le tableau de 1902-04 semble au contraire aplati, la montagne lointaine dominant le reste du paysage. Les effets de relief proviennent des motifs géométriques qui se superposent ou se juxtaposent. Ces recherches déboucheront après la mort de Cézanne sur le cubisme. « Le père de nous tous », disait de lui Picasso.

 

 

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PAUL CÉZANNE

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