Eugène Delacroix

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Patrick AULNAS

Portraits

Eugène Delacroix. Autoportrait (1816)

Eugène Delacroix. Autoportrait (1816)
Huile sur toile, 60 × 50 cm, musée des Beaux-Arts de Rouen.

 

Eugène Delacroix. Autoportrait (1837)

Eugène Delacroix. Autoportrait (1837)
Huile sur toile, 65 × 54,5 cm, musée du Louvre, Paris.

 

Nadar. Eugène Delacroix (1858)

Nadar. Eugène Delacroix (1858)
Photographie, 23,1 × 16,1 cm.

 

Biographie

1798-1863

Jeunesse et formation (1798-1821)

Eugène Delacroix naît le 26 avril 1798 à Charenton-Saint-Maurice (Val-de-Marne) dans une famille de la bourgeoisie. Il est le quatrième et dernier enfant de Victoire Œben (1758-1814) et de Charles-François Delacroix (1741-1805), avocat, député, ambassadeur, ministre des Affaires extérieures et enfin préfet sous l’Empire napoléonien. Victoire Œben est la fille d’un des plus grands ébénistes de l’époque, au service du roi Louis XV.

Eugène fait ses études secondaires au Lycée impérial, aujourd’hui lycée Louis-le-Grand, établissement réservé à l’élite. Il étudie également la musique ; son professeur remarque son talent et voudrait en faire un musicien. A la mort de sa mère en 1814, il n’a que seize ans et la fortune familiale s’évanouit par suite de difficultés successorales. Il est recueilli par sa sœur Henriette (1782-1827) qui a épousé Raymond de Verninac-Saint-Maur (1762-1822), diplomate.

En 1815, avec l’appui de son oncle maternel, le peintre Henri-François Riesener (1767-1828), Eugène entre dans l'atelier du peintre néoclassique Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833). Il y fait la connaissance de Théodore Géricault (1791-1824), qui a déjà exposé aux salons de 1812 et 1814 et dont l’influence sur Delacroix sera importante.

 

Eugène Delacroix. La Barque de Dante (1822)

Eugène Delacroix. La Barque de Dante (1822)

Huile sur toile, 189 × 241 cm, musée du Louvre, Paris.

 

En 1822, Eugène Delacroix expose pour la première fois au Salon officiel. Sa Barque de Dante est remarquée par la critique, dont les appréciations sont hétérogènes ; l’œuvre est acquise par l’État pour 2 000 francs. Un nouveau courant pictural, déjà présent en Angleterre et en Allemagne, apparaît ainsi en France : le romantisme. Ce courant avait déjà atteint la littérature, en particulier avec la publication en 1801 d’Atala de Chateaubriand, qui rencontra un immense succès public et dont Delacroix s’inspirera pour peindre Les Natchez.

 

 

Eugène Delacroix. Les Natchez (1823-35)

Eugène Delacroix. Les Natchez (1823-35)
Huile sur toile, 90 × 117 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.

 

 

Le promoteur de la peinture romantique en France (1822-1830)

Les années suivantes, le peintre présentent à nouveau de grandes toiles historiques au Salon : Scène des Massacres de Scio (1824), Mort de Sardanapale (1827). Ces œuvres sont accueillies plutôt sévèrement mais Adolphe Thiers (1797-1877) soutient le peintre et Victor Hugo applaudit La Mort de Sardanaple, tournée en dérision par la critique académique. De mai à août 1825, Delacroix voyage en Angleterre où il rencontre David Wilkie (1785-1841), peintre spécialisé dans les scènes de genre, et Thomas Lawrence (1769-1830), grand portraitiste. En France, il fréquente Victor Hugo (1802-1885) et son Cénacle, groupe d’écrivains et de poètes de tendance romantique. Les nombreuses liaisons amoureuses du peintre concernent des femmes mariées : Eugénie Dalton, Alberthe de Rubempré, Elisa Boulanger, Joséphine Forget.

 

 

Eugène Delacroix. Scène des massacres de Scio (1824)

Eugène Delacroix. Scène des massacres de Scio (1824)
Huile sur toile, 419 × 354 cm, musée du Louvre, Paris.

 

 

L’allégorie de la liberté (1830)

Les Trois Glorieuses, troubles politiques parisiens des 27-28 et 29 juillet 1830, qualifiés parfois de révolution de juillet (il s’agit en fait d’un simple changement de gouvernants politiques) entraîne la chute de Charles X (1757-1836) et l’accession au pouvoir de Louis-Philippe (1773-1850). Delacroix s’inspire de la révolte du peuple de Paris pour peindre un tableau devenu mythique : La Liberté guidant le peuple, allégorie de la révolte populaire pour la liberté. L’œuvre est acquise par l’Etat et exposée au musée du Luxembourg.

 

 

Eugene Delacroix. La liberté guidant le peuple (1830)

Eugène Delacroix. La liberté guidant le peuple (1830)
Huile sur toile, 130 × 195 cm, musée du Louvre, Paris.

 

 

Le voyage en Afrique du  nord et l’orientalisme (1831-1832)

A la suite de la conquête de l’Algérie par la France, Louis-Philippe charge en 1831 le comte de Mornay (1803-1878) d’une mission diplomatique auprès du sultan du Maroc Moulay Abd er-Rahman (1778-1859), inquiet des menées françaises en Afrique du nord. Pendant sept mois (janvier-juillet 1832), Eugène Delacroix accompagne Mornay. Il découvre avec ravissement la lumière méditerranéenne, les paysages et les couleurs locales. Le peintre réalise un grand nombre de dessins et aquarelles ainsi qu’un journal de voyage. Dans la mentalité de l’époque, il s’agit de « l’Orient », un orient largement fantasmé par les artistes car ceux-ci ne le connaissent que très superficiellement. L’orientalisme sera un courant pictural important du 19e siècle auquel contribuera Delacroix. Avec le matériel rapporté d’Afrique, il peindra jusqu’à sa mort plus de soixante toiles.

 

 

Eugène Delacroix. Femmes d'Alger dans leur appartement (1834)

Eugène Delacroix. Femmes d'Alger dans leur appartement (1834)
Huile sur toile, 180 × 229 cm, musée du Louvre, Paris.

 

 

Le peintre officiel (1833-1863)

La monarchie de Juillet (1830-1848) modifie les perspectives politiques en faveur des libéraux. Adolphe Thiers, qui appartient exactement à la même génération que Delacroix, a toujours compris sa peinture et admiré son talent. Il devient en 1833 ministre des Travaux publics et commande à Delacroix la décoration du salon du Roi du Palais Bourbon (siège de l’Assemblée nationale actuelle), puis en 1837 la décoration du plafond de la bibliothèque du même édifice. Dans les décennies suivantes, d’autres commandes publiques importantes suivront : décor de la bibliothèque du Palais du Luxembourg (siège actuel du Sénat), décor central de la Galerie d’Apollon, conçu au 17e siècle par Charles Le Brun et resté inachevé, décor du salon de la Paix de l’Hôtel de Ville de Paris.

La vie privée de Delacroix est marquée par la présence à ses côtés de Jeanne-Pierre Le Guillou (1801-1869), dite Jenny. Elle est, à partir de 1835, sa servante fidèle et dévouée et devient indispensable à l’artiste. Anne-Lise Sérazin, qui a consacré un livre à Jenny, écrit (*) :

« Il avait pris l’habitude de la présence de cette femme auprès de lui, comme le prolongement naturel de ses propres actes et mouvements. Elle faisait pour lui ce qu’il ne pouvait faire ou ce qui le soulageait de ne pas faire, ou encore ce qui lui plaisait de ne pas faire seul : il en était ainsi pour maintes courses qui lui gagnaient un temps précieux, mais aussi pour l’achat de ses tenues vestimentaires. S’il avait toujours eu ce grand souci d’élégance et de raffinement, le goût du chic anglais à l’égal du Dandy d’outre-manche, l’avis de Jenny lui était précieux. Elle savait juger d’un clin d’œil la qualité de la coupe, celle du tissu et de son entretien.

Avec le temps, ces courses à deux étaient devenues une contrainte plaisante de promenade urbaine que le Maître consignait dans son Journal autant comme une bonne chose accomplie que comme un temps important de la journée. »

 

 

Eugène Delacroix. Portrait de Jeanne-Marie, dite Jenny le Guillou (v. 1840)

Eugène Delacroix. Portrait de Jeanne-Marie, dite Jenny le Guillou (v. 1840)
Huile sur toile, 45,5 × 37,5 cm, musée du Louvre, Paris.

 

Jenny resta auprès de Delacroix jusqu’à sa mort et fut, selon le commentaire du musée du Louvre « la seule personne pour qui l’artiste ressentit une affection sincère et durable. » Le 3 octobre 1855, à l’âge de 57 ans, le peintre écrit dans son journal que Jenny est « le seul être dont le cœur soit à moi sans réserve ».

Depuis 1844, Delacroix louait à Draveil, au lieu-dit Champrosay, une maison où il avait aménagé un atelier. Il l’achète en 1858. Il y vient fréquemment, accompagné de Jenny, et réalise de nombreux paysages au pastel ou à l’huile. Depuis 1851, le peintre est conseiller municipal de Paris et le reste jusqu’à 1861. A Paris, Delacroix a occupé successivement dix logements et changé six fois d’atelier. Enfin, en 1857, il s’installe au 6 rue de Fürstenberg dans une maison comportant un jardin. Elle deviendra le musée Delacroix en 1932.

 

 

Vue actuelle de la maison d'Eugène Delacroix à Champrosay

Vue actuelle de la maison d'Eugène Delacroix à Champrosay

 

 

Le musée Delacroix aujourd’hui, côté jardin

Le musée Delacroix aujourd’hui, côté jardin

 

 

En janvier 1857, Delacroix est admis à l’Académie de Beaux-Arts après six tentatives infructueuses. Mais sa santé se dégrade. Il est atteint par la tuberculose et se rend parfois dans des stations de thermales pour des cures. Il meurt le 13 août 1863, à 65 ans, à son domicile de la rue Fürstenberg. Jenny Le Guillou lui tient la main dans les derniers instants. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

 

Œuvre

Comme tous les novateurs, Delacroix affronte au début de sa carrière l’incompréhension de la critique. Le néoclassicisme avait remplacé le rococo à la fin du 18e siècle et il dominait la peinture française en 1820. Les artistes néoclassiques voulaient renouer avec l’idéal de composition des classiques français, selon lequel la raison prime sur l’émotion dans la démarche artistique, ce qui conduit à accorder une grande place à la préparation de l’œuvre par le dessin.

Le romantisme, dont Delacroix devient rapidement le chef de file en France, entend au contraire placer l’émotion à l’épicentre de la création artistique. Le rationalisme des Lumières doit être dépassé pour faire surgir l’intériorité humaine sur la toile, parfois de façon paroxystique. Cette approche se traduit par des compositions non symétriques, une palette plus contrastée, le goût des mouvements et des arabesques. Dans les grands tableaux historiques, l’enchevêtrement des formes permet de restituer l’extrême tension dramatique du moment.

 

 

Eugène Delacroix. La Mort de Sardanapale (1827)

Eugène Delacroix. La Mort de Sardanapale (1827)
Huile sur toile, 392 × 496 cm, musée du Louvre, Paris.

 

 

Delacroix fait partie de ces grands artistes, assez rares statistiquement, capables d’aborder tous les genres : peinture d’histoire, qui restait encore le genre noble à son époque, portrait, paysage, scène de genre, nature morte. Bien entendu, c’est par ses grandes compositions historiques qu’il devient une légende, en particulier par le mythique Liberté guidant le peuple, réussite allégorique absolue, qui élève quelques jours de l’histoire politique de la France au niveau d’un emblème intemporel de la liberté. Mais le romantisme ne se limite pas au domaine politique. Il se manifeste aussi dans des œuvres moins ambitieuses mais tout aussi révélatrices de la  puissance d’expression du peintre.

 

 

Eugène Delacroix. Jeune orpheline au cimetière (1824)

Eugène Delacroix. Jeune orpheline au cimetière (1824)
Huile sur toile, 65 × 55 cm, musée du Louvre, Paris.

 

 

Enfin, il faut signaler les aquarelles de Delacroix, d’une grande délicatesse, empruntes de plus de douceur et laissant affleurer l’âme de ce solitaire qui n’eut aucun élève mais de nombreux descendants.

 

 

Eugène Delacroix. Couple marocain sur sa terrasse (1832)

Eugène Delacroix. Couple marocain sur sa terrasse (1832)
Aquarelle et graphite sur papier, 13,7 × 18,9 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.

 

 

Huiles sur toiles

Eugène Delacroix. Mademoiselle Rose (v. 1820)

Eugène Delacroix. Mademoiselle Rose (v. 1820). Huile sur toile, 81 × 65 cm, musée du Louvre, Paris. Ce nu assis, dit Mademoiselle Rose, est un modèle de l’atelier du peintre Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833), qui était le maître de Delacroix. L’absence d’arrière-plan ou de tout élément décoratif indique qu’il s’agit d’un exercice ; mais il est probant. Ombre et lumière sur le corps et impasto granulaire révèlent la maîtrise et surtout la singularité du regard du jeune artiste.

Eugène Delacroix. La Barque de Dante (1822)

Eugène Delacroix. La Barque de Dante (1822). Huile sur toile, 189 × 241 cm, musée du Louvre, Paris. Autre titre : Dante et Virgile aux enfers. « Aucun tableau ne révèle mieux l'avenir d'un grand peintre », dira Thiers, en 1822, lors de la présentation au Salon de ce tableau.
« Bien qu'inspirée de la tradition mythologique, l'œuvre montre le poète italien Dante Alighieri (1265-1321). Dante raconte dans sa Divine Comédie, (1306-1321), la visite qu'il aurait accomplie dans l'enfer, guidé par Virgile. La Divine Comédie est divisée en trois parties : l'enfer, le purgatoire, le paradis, et c'est en enfer que Dante effectue ce voyage initiatique avec le poète antique, traversant les neuf cercles et rencontrant Béatrice, qui le conduira au paradis. Ici, Dante et Virgile, conduits par Plégias, franchissent le lac qui entoure la cité infernale de Dité et dans lequel se tordent des damnés. Les damnés tentent de s'échapper de l'enfer en s'accrochant à la barque. » (Commentaire musée du Louvre)

Eugène Delacroix. Jeune orpheline au cimetière (1824)

Eugène Delacroix. Jeune orpheline au cimetière (1824). Huile sur toile, 65 × 55 cm, musée du Louvre, Paris. « Ce tableau, qu’Eugène Delacroix a réalisé dans sa jeunesse, a longtemps été considéré comme une étude préparatoire aux Massacres de Scio. Avant même d’en connaître le titre, nous percevons la tristesse qui en émane. Examinez combien les contours sont tracés avec précision. Ils mettent en relief la jeune fille sur le fond plus flou du ciel et du cimetière désolé. Remarquez comment se manifeste subtilement le désespoir : les larmes perlent au bord de l’œil cerné, la bouche s’entrouvre, le corsage glisse, dénudant l’épaule, la main est abandonnée sur la cuisse. Relevez les ombres : sur la nuque, le cou, celle plus sombre à droite du personnage. Voyez également comment la palette froide du paysage et des vêtements sert le sentiment général. Appréciez de plus près le délicat modelé du visage et du décolleté, la touche légère des étoffes qui exacerbent l’impression de solitude. Mais que regarde l’orpheline au-delà du cadre ? » (Commentaire Louvre, Parcours La fureur de peindre, Eugène Delacroix)

Eugène Delacroix. Scène des massacres de Scio (1824)Eugène Delacroix. Scène des massacres de Scio (1824)
Huile sur toile, 419 × 354 cm, musée du Louvre, Paris.

Eugène Delacroix. Scène des massacres de Scio, détail (1824)Eugène Delacroix. Scène des massacres de Scio, détail (1824)

« Il s’agit là d’un sujet d’actualité : la guerre d’indépendance qui opposa, au début du XIXe siècle, les Grecs aux Turcs. Sur l’île de Scio, des milliers de Grecs furent massacrés. Delacroix trouve là matière à une œuvre de grand format. Déplacez-vous de gauche à droite en fixant les visages et les corps éclairés. Le dénuement, l’effroi ou la lassitude ne se lisent-ils pas dans les expressions ? L’horreur de la guerre est suggérée par la nudité et l’affaissement physique des vaincus. Voyez tout près les lames des poignards. Larmes et sang coulent sur le corps d’un couple qui se meurt. Les vainqueurs armés et vêtus de leur uniforme sont rejetés dans l’ombre et augurent du destin funeste de leurs victimes. Éloignez-vous et levez les yeux vers le lointain. L’alternance de taches sombres et lumineuses dessine un paysage apocalyptique après une violente bataille. L’imprécision de la touche sert cette impression de désolation. » (Commentaire Louvre, Parcours La fureur de peindre, Eugène Delacroix)

Eugène Delacroix. La Mort de Sardanapale (1827)Eugène Delacroix. La Mort de Sardanapale (1827)
Huile sur toile, 392 × 496 cm, musée du Louvre, Paris.

Eugène Delacroix. La Mort de Sardanapale, détail (1827)Eugène Delacroix. La Mort de Sardanapale, détail (1827)

« Dans l’Antiquité, Sardanapale, un roi oriental légendaire, ordonne que l’on dresse un bûcher sacrificiel pour éviter la honte d’une défaite. Femmes, esclaves, chevaux sont massacrés. Il s’immole ensuite. Delacroix, peintre des extrêmes, choisit ce thème pour représenter un spectacle d’horreur. Quel chaos ! Où sommes-nous ? Regroupez les personnages par couple. Le roi et sa maîtresse évanouie sur le lit, l’esclave noir tirant son cheval blanc à gauche, la femme nue de dos qu’un homme poignarde à droite… tous se trouvent éparpillés sur la toile de façon à faire perdre leurs repères aux spectateurs. Prenez du recul et plissez les yeux pour voir comment le blanc, le jaune et le rouge sont répartis, telle une cascade chaude et lumineuse de gauche à droite et de haut en bas. L’excès de luxe et de plaisir s’exprime à travers les couleurs des objets, des tissus, des bijoux, et les corps renversés. L’attitude impassible du souverain choque d’autant plus dans cette violente débauche. » (Commentaire Louvre, Parcours La fureur de peindre, Eugène Delacroix)

Eugène Delacroix. Femme caressant un perroquet (1827)

Eugène Delacroix. Femme caressant un perroquet (1827). Huile sur toile, 24,5 × 32,5 cm, musée des Beaux-Arts de Lyon. « Dans cette peinture de petit format, préparée par un dessin conservé dans les collections du musée, Eugène Delacroix représente une femme nue alanguie, étendue sur des draperies chatoyantes, caressant un perroquet.
Plusieurs hypothèses ont été émises sur l’identité du modèle, reconnaissant en elle l’un de ceux évoqués au même moment dans le journal de l’artiste. Ce tableau, destiné à un cabinet d’amateur, est cependant avant tout une expression transcendée de l’érotisme féminin.
Si cette œuvre évoque l’image d’une odalisque, thème très apprécié des artistes du XIXe siècle, le monde oriental n’est cependant ici que suggéré, à travers la richesse des tentures, le divan sur lequel elle est étendue, le bracelet entourant son poignet et le perroquet exotique. Le peintre refuse les accessoires anecdotiques et le pittoresque pour privilégier le travail de la couleur. Avec virtuosité, celle-ci se réduit presque ici aux trois primaires, qu’il magnifie par les combinaisons qu’il propose entre elles et le jeu des reflets. Dès le début de sa carrière, Delacroix s’impose ainsi comme un maître du travail sur la couleur dans la droite ligne des peintres vénitiens du XVIe siècle comme Véronèse, couleur qu’il privilégie sur la tradition classique du dessin. » (Commentaire musée des Beaux-Arts de Lyon)

Eugene Delacroix. La liberté guidant le peuple (1830)Eugène Delacroix. La liberté guidant le peuple (1830)

Huile sur toile, 130 × 195 cm, musée du Louvre, Paris.

Eugène Delacroix. La liberté guidant le peuple, détail (1830)Eugène Delacroix. La liberté guidant le peuple, détail (1830)

« Cette œuvre est à part dans la carrière de Delacroix, qui privilégiait les sujets orientalistes. Cette fois, il choisit de s’inspirer d'un événement de son temps : « les Trois Glorieuses », ces trois journées révolutionnaires de juillet 1830 pendant lesquelles le peuple parisien s’est soulevé contre le régime autoritaire de Charles X. Dressée au sommet d’une barricade, l’allégorie de la Liberté avance sein nu et brandit le drapeau tricolore. Remarquez la construction pyramidale, renforcée par le mouvement de l’homme blessé sur la gauche, qui se redresse vers la figure centrale du tableau et conduit le regard du spectateur jusqu’à elle. Notez que le drapeau sort du cadre, accentuant le mouvement des personnages qui marchent en direction du spectateur. Retrouvez partout dans le tableau les couleurs du drapeau tricolore : sur le personnage implorant, dont la tunique bleue, la chemise blanche et la ceinture rouge reprennent ces trois couleurs. Ou encore sur le cadavre de gauche dont vous apercevez la chaussette bleue, la chemise blanche et le sang rouge qui coule de sa tête. Cette omniprésence des couleurs est d’autant plus symbolique que le drapeau tricolore avait été interdit sous la Restauration, entre 1815 et 1830. » (Commentaire Louvre, Parcours La fureur de peindre, Eugène Delacroix)

Eugène Delacroix. Les Natchez (1823-35)

Eugène Delacroix. Les Natchez (1823-35). Huile sur toile, 90 × 117 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « En 1823, Delacroix commence à peindre cette scène inspiré d’Atala, célèbre roman de Chateaubriand qui évoque le destin du peuple Natchez à la suite des attaques des forces française dans les années 1730. Après avoir abandonné la toile pendant une dizaine d’années, Delacroix achève finalement le tableau en vue du Salon de Paris de 1835. Dans le catalogue, Delacroix fournit cette note explicative : "Fuyant le massacre de leur tribu, deux jeunes sauvages suivent le fleuve Mississippi. Pendant le voyage, la femme est prise par les douleurs de l’enfantement. La scène se situe au moment où le père porte le nouveau-né dans ses bras et les deux époux le regardent tendrement." » (Commentaire MET)

Eugène Delacroix. Portrait de Frédéric Villot (1832)

Eugène Delacroix. Portrait de Frédéric Villot (1832). Huile sur toile, 65 × 54 cm, Galerie Nationale, Prague. Frédéric Villot (1809-1875) est un graveur, ami de Delacroix et qui fut conservateur de la peinture du musée du Louvre. Il rencontre Delacroix en 1830, l’initie aux techniques de l’eau-forte et grave ses tableaux.

Eugène Delacroix. Femmes d'Alger dans leur appartement (1834)

Eugène Delacroix. Femmes d'Alger dans leur appartement (1834). Huile sur toile, 180 × 229 cm, musée du Louvre, Paris. « Sur le carrelage étoilé et lisse, substitué aux tommettes poreuses alternées de cabochons vernissées d’origine, traînent les babouches qui ont nourri tant de fantasmes. Faciles à enlever pour épargner tapis et sol précieux, elles sont, de tous les accords, celui qui confère à la scène toute sa vraisemblance.
Les accessoires, très justes, les attitudes, le costume, le décor, l'atmosphère, dus à une attention ardente, immédiatement transcrite par notes et croquis et à un matériel documentaire rapporté du voyage ou acquis à Paris, participent tous d'un ensemble cohérent. Le décalage des plans, entraînant celui des formes, des tons, des lumières et des matières déjà si variés et contrastés, est pris dans une suite séquentielle giratoire qui met en accord ces éléments finement élaborés.
La critique contemporaine l'a loué pour son sens de la couleur et de la composition jugé proche de Véronèse ainsi que pour la sûreté de sa touche. » (Commentaire musée du Louvre)

Eugène Delacroix. Madame Henri François Riesener (1835)

Eugène Delacroix. Madame Henri François Riesener (1835). Huile sur toile, 74 × 60 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Il s’agit de Félicité Longrois (1786-1847), épouse du peintre Henri-François Riesener (1867-1828) qui était apparenté à la mère de Delacroix. « Delacroix peint rarement les personnes n’appartenant pas à sa famille ou à ses amis les plus proches. Son affection pour Madame Riesener, sa tante par mariage, s’exprime par la franche tendresse de ce portrait. Elle était autrefois connue pour sa beauté : une trentaine d’années avant la date de ce portrait, elle était dame de compagnie de l’impératrice Joséphine, et ayant attiré l’attention de Napoléon, s’était engagée dans une brève liaison avec lui. Après sa mort, Delacroix écrivit à George Sand : "Chaque être important de notre existence qui disparaît nous enlève tout un monde de sentiments qu’aucune autre relation ne peut faire revivre." » (Commentaire MET)

Eugène Delacroix. Hamlet et Horatio au cimetière (1839)

Eugène Delacroix. Hamlet et Horatio au cimetière (1839). Huile sur toile, 81 × 65 cm, musée du Louvre, Paris. « Dans l’acte V de la pièce de Shakespeare, Hamlet, attendant avec Horatio le convoi funéraire de sa fiancée, médite sur la fragilité de l’existence. Delacroix s’est inspiré de ce texte à plusieurs reprises pour traduire cette angoisse. […] Voyez ce crâne. Le geste ostentatoire du fossoyeur ne crée-t-il pas une sensation de malaise ? Imaginez le trajet des regards et suivez les lignes formées par la colline, le sentier et le doigt pointé du personnage de dos : tout converge vers cette tête déterrée. Appréciez le jeu des couleurs : le ciel bleu, gris et jaune et le sol terreux forment un écrin lugubre ; ils créent une atmosphère pesante en accord avec le tourment des humains. Le noir, couleur du deuil, habille Hamlet. Son visage lisse et la délicatesse de ses doigts mettent en valeur sa jeunesse éphémère. » (Commentaire Louvre, Parcours La fureur de peindre, Eugène Delacroix)

Eugène Delacroix. Noce juive au Maroc (v. 1839)

Eugène Delacroix. Noce juive au Maroc (v. 1839). Huile sur toile, 105 × 140 cm, musée du Louvre, Paris. « De son voyage au Maroc, étape essentielle de sa création, Delacroix rapporte de nombreux carnets. Il puise dans ce trésor de croquis, d’aquarelles et de notations pour composer d’importantes toiles moins tourmentées, dont ce mariage. On sait d’ailleurs qu’il a assisté à Tanger à une noce. Observez comment les contrastes d’ombre et de lumière donnent de la profondeur à la scène. Parcourez l’assemblée cosmopolite et notez les différentes postures, les gestes, les regards. Approchez-vous : les petits coups de pinceau restituent la luminosité des couleurs orientales. Mais à quoi peuvent renvoyer le mur blanc et le vide, au centre ? Sans doute à l’absence de la mariée. Relevez les différentes portes, fenêtres, ouvertures qui attisent notre curiosité. Quelque chose d’essentiel se joue à l’intérieur. Dans cette même salle, vous apercevez, sur le mur opposé, à droite, un autoportrait de l’artiste. » (Commentaire Louvre, Parcours La fureur de peindre, Eugène Delacroix)

Eugène Delacroix. Portrait de Jeanne-Marie, dite Jenny le Guillou (v. 1840)

Eugène Delacroix. Portrait de Jeanne-Marie, dite Jenny le Guillou (v. 1840). Huile sur toile, 45,5 × 37,5 cm, musée du Louvre, Paris. « Ce fut vers 1835 que Jenny Le Guillou (1801-1869) entra au service de Delacroix. Elle prit progressivement dans sa vie une place de plus en plus importante, le conseillant à la fois sur la tenue de sa maison qu’elle gouvernait, à la fois sur ses comptes et ses relations qu’il entretenait dans le monde. Elle lui donnait également son avis sur ses peintures, et se chargeait parfois d’aller à la boutique d’Etienne Haro, afin de rapporter à l’artiste les couleurs dont il avait besoin […]
Par l’emploi d’un cadrage serré, et d’un subtil éclairage qui souligne le visage de la servante, Delacroix met en valeur son expression, immortalisant dans cette œuvre son caractère bienveillant, à la fois protecteur et strict. Le regard ferme, tourné vers le spectateur, les lèvres serrées, Jenny porte une légère coiffe de dentelle, qui adoucit ses traits et apporte une touche de luminosité à la tonalité sombre de ce tableau. » (Commentaire musée du Louvre)

Eugène Delacroix. Prise de Constantinople par les Croisés (1840)

Eugène Delacroix. Prise de Constantinople par les Croisés (1840). Huile sur toile, 411 × 497 cm, musée du Louvre, Paris. Également intitulé Entrée des Croisés à Constantinople. Salon de 1841. « Commandée par Louis-Philippe pour les galeries historiques de Versailles, cette toile célèbre l'un des épisodes les plus fameux de la 4e croisade : le sac de Constantinople par les Croisés le 12 avril 1204. Comme à son habitude, Delacroix livre une œuvre grandiose et ambiguë, où vainqueurs et vaincus sont confondus dans le tumulte de l'Histoire. » (Commentaire base Atlas, Louvre)

Eugène Delacroix. L’enlèvement de Rebecca (1846)

Eugène Delacroix. L’enlèvement de Rebecca (1846). Huile sur toile, 100 × 82 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Salon 1846. Le sujet est tiré d’Ivahoé, roman de Walter Scott dont l’action se situe au Moyen Âge. « L’héroïne juive Rebecca, confinée au château du Front de Bœuf, ici en flammes, est enlevée par deux esclaves sarrasins commandés par le chevalier chrétien Bois-Guilbert. Les éléments disparates qui convergent dans cette scène conçue par Scott, de la combinaison improbable des types ethniques à la dichotomie entre les figures masculines et féminines dans des rôles actifs et passifs, représentent le genre de défi pictural qui a toujours attiré Delacroix. Il relève ce défi dans une composition caractérisée par une forte tension. Les personnages constituant le groupe principal s’imbriquent d’une manière difficile à appréhender au premier regard, d’autant plus que leurs mouvements complexes et fluides rivalisent pour attirer l’attention du spectateur ; ils sont, pour ainsi dire, suspendus dans un état d’animation très complexe. Et pourtant, leur volume et leur silhouette ferme sont un contrepoint solide à la forme vaporeuse de la forteresse derrière eux. » (Commentaire Asher Ethan Miller, MET)

Eugène Delacroix. Panier de fleurs (1848-49)

Eugène Delacroix. Panier de fleurs (1848-49). Huile sur toile, 107 × 142 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « A la suite des troubles sociaux et politiques dans Paris, Delacroix se retira dans sa maison de campagne à Champrosay en septembre 1848. C’est là qu’il entreprit une série de peintures florales destinées au Salon de 1849, espérant capter la variété et la profusion de fleurs de son jardin. En raison du gel possible, il a travaillé rapidement, produisant cinq toiles. Seules deux l’ont suffisamment satisfait pour être présentées au Salon : l’œuvre présente et Panier de fleurs et de fruits. » (Commentaire MET)

Eugène Delacroix. La mer vue des hauteurs de Dieppe (1852-54)

Eugène Delacroix. La mer vue des hauteurs de Dieppe (1852-54). Huile sur carton collé sur bois, 36 × 52 cm, musée du Louvre, Paris. La peintre, placé sur une hauteur, contemple la mer. La composition en deux parties égales (ciel et mer) est une étude de la lumière vespérale sur la surface de l’eau. Avec les voiliers, tout juste suggérés par quelques touches, le tableau préfigure l’impressionnisme, qui allait apparaître dix ans plus tard.

Eugène Delacroix. Chasse au tigre (1854)

Eugène Delacroix. Chasse au tigre (1854). Huile sur toile, 73 × 92 cm, musée d’Orsay, Paris. « La représentation du mouvement et de la violence est ici renforcée par l'éclairage vif et intense dirigé sur quelques détails choisis de manière significative, en particulier le tigre et les étoffes des vêtements animées par les gestes rapides des hommes qui s'apprêtent à attaquer le fauve. La détermination du cavalier, la terreur du cheval, l'agressivité du félin portent à son paroxysme le jeu cruel de la chasse.
Ce tableau fait partie de la rétrospective du peintre à l'Exposition universelle de 1889. Il condense tout ce qui fait le génie de Delacroix, sa science des couleurs, la liberté de son dessin, le romantisme exalté de ses scènes de combat. » (Commentaire musée d’Orsay)

Eugène Delacroix. Lutte de Jacob avec l’ange (1854-61)

Eugène Delacroix. Lutte de Jacob avec l’ange (1854-61). Huile et cire sur plâtre, 751 × 485 cm, Église Saint-Sulpice, Paris. Épisode biblique de l’Ancien Testament (Genèse). Après son retour à Canaan, Jacob, petit-fils d’Abraham, demeure seul sur la rive du Jabbok avant de retrouver son frère Esaü. Durant la nuit et jusqu’à l’aube, il lutte contre un mystérieux adversaire, se fait blesser par lui à la hanche et reçoit sa bénédiction ainsi que le nouveau nom d’Israël sous lequel sa descendance sera désormais connue.
Dans un paysage édénique, l’agressivité de l’homme s’oppose à la sérénité de l’ange. Le romantisme voulant privilégier les émotions par rapport à la raison classique, l’œuvre peut être interprétée comme la lutte de l’artiste pour renouveler la création. Il se propose de dépasser la sérénité du classicisme tout en l’admirant. Ce combat intérieur provoque une blessure qui symbolise la condition humaine.
Cette commande de 1849 de la Ville de Paris a été exécutée de 1854 à 1861 avec l’assistance de Pierre Andrieu (1821-1892) et Louis Boulanger (1806-1867). Elle fait partie d’un ensemble de trois peintures murales qui ont été restaurées en 2015 et 2016. Il ne s’agit pas d’une fresque, mais d’une peinture sur plâtre sec, préalablement préparé.

 

 

Aquarelles, pastels, dessins, estampes

Eugène Delacroix. Nègre au turban (1825-31)

Eugène Delacroix. Nègre au turban (1825-31). Pastel sur papier, 47 × 38 cm, musée national Eugène Delacroix, Paris. Pour ce portrait en buste, Delacroix s’inspire sans doute de gravures ou de tableaux plus anciens car il ne voyagera en Afrique du nord que plus tard. Pour des raisons purement esthétiques, certains artistes étaient tentés de représenter un visage africain, le turban étant toujours de rigueur et l’expressivité très forte, contrairement aux portraits d’européens qui devaient rester dans la modération. Rosalba Carriera avait ainsi réalisé un pastel au début du 18e sicle : Afrique.

Eugène Delacroix. Saada, épouse d’Abraham Ben-Chimol, et Préciada, l’une de leurs filles (1832)

Eugène Delacroix. Saada, épouse d’Abraham Ben-Chimol, et Préciada, l’une de leurs filles (1832). Aquarelle et mine de plomb sur papier vélin, 22 × 16 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Delacroix a réalisé cette somptueuse aquarelle lors d’un voyage en Afrique du Nord en 1832. Il accompagnait son ami le comte de Mornay, ambassadeur, dans une mission de bons offices auprès du sultan du Maroc, Abd-er-Rahman II. L’interprète juif Abraham Ben-Chimol (Abraham Benchimol) de Tanger, qui présenta les Français à sa femme et à sa fille, représentée ici en tenue de mariée, a été affecté à la délégation en tant que dragoman (*). Dans son journal, Delacroix décrit en détail un mariage juif auquel il assista à Tanger le 21 février 1832. » (Commentaire MET)
(*) Guide-interprète de l’arabe et du turc dans l’Empire ottoman aux 18e et 19e siècles.

Eugène Delacroix. Couple marocain sur sa terrasse (1832)

Eugène Delacroix. Couple marocain sur sa terrasse (1832). Aquarelle et graphite sur papier, 13,7 × 18,9 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « C’est l’une des dix-huit aquarelles que Delacroix a présentées à son compagnon de voyage, le diplomate Charles de Mornay, à leur retour d’Afrique du Nord. L’artiste a exécuté plusieurs œuvres durant la quarantaine de deux semaines imposée aux voyageurs à Toulon, à leur retour. Inspiré par la qualité de la lumière méditerranéenne observée au cours du voyage, il choisit une palette plus lumineuse qu’auparavant. Sa fascination pour le costume marocain se manifeste ici par l’attention portée aux vêtements multicouches de la femme, en particulier par rapport à l’approche plus abstraite d’autres aspects décoratifs de la scène. » (Commentaire MET)

EEugène Delacroix. Portrait imaginaire de Mathurin Régnier (v. 1846)

Eugène Delacroix. Portrait imaginaire de Mathurin Régnier (v. 1846). Aquarelle et gouache sur vélin, 31 × 22 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Mathurin Régnier (1573-1613), est un poète français qui ne parvint pas à être reconnu malgré son talent. Il évoque sa vie de bohème dans son épitaphe, qu’il a composée lui-même :

« J’ai vescu sans nul pensement,
Me laissant aller doucement
A la bonne loy naturelle,
Et si m’estonne fort pourquoi
La mort osa songer à moi
Qui ne songeay jamais à elle. »

Eugène Delacroix. Portrait de Madame Frédéric Villot (1833)

Eugène Delacroix. Portrait de Madame Frédéric Villot (1833). Estampe sur papier, 21,7 × 15 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. L’année précédente, Delacroix avait peint le portrait de Frédéric Villot, graveur, qui était devenu son ami (voir ci-dessus)

Eugène Delacroix. Tête de lion rugissant (1820-1863)

Eugène Delacroix. Tête de lion rugissant (1820-1863). Aquarelle sur traits de crayon, rehauts de gouache, 18 × 19,2 cm, musée du Louvre, Paris. « Acquis à la vente de l'atelier en février 1864. Cette aquarelle a peut-être été exécutée d'après un dessin au graphite, anciennement conservé dans la collection Maurice Gobin et vendu à Paris en 2000 (Hôtel Drouot, 31 mars 2000, lot 127, p. 63) » (Commentaire musée du Louvre)

 

Décoration du Palais Bourbon, siège de l’Assemblée nationale

Eugène Delacroix. Palais Bourbon, salon du roi.

Eugène Delacroix. Palais Bourbon, salon du roi. En 1833, Delacroix reçoit une commande de l’État pour la décoration du salon du Roi ou salle du Trône du Palais Bourbon. Ce salon carré de 11 mètres de côté comportait des contraintes architecturales complexes. Delacroix n’utilise pas la technique de la fresque, mais peint à l’huile avec adjonction de cire sur le plâtre préalablement préparé. Cette technique améliore la conservation et autorise les retouches, contrairement à la fresque.
Un plafond à coffres est divisé en huit sections comportant chacune des figures allégoriques : Justice, Agriculture, Industrie et Guerre. Sur les pilastres sont personnifiées les rivières de France et les mers ou océans vers lesquelles elles s’écoulent. Une frise court autour du mur supérieur au-dessus des fenêtres et des portes en utilisant les mêmes thèmes.

Eugène Delacroix. Palais Bourbon, salon du roi, mur ouest (1833-37)

Eugène Delacroix. Palais Bourbon, salon du roi, mur ouest (1833-37). Huile et cire sur plâtre. On aperçoit la frise courant au-dessus des portes et fenêtres et les figures allégoriques des fleuves, mers et océans placées sur les pilastres et traitées en grisaille.

Eugène Delacroix. Palais Bourbon,  Salon du roi, la méditerranée (1833-37)

Eugène Delacroix. Palais Bourbon,  Salon du roi, la méditerranée (1833-37). Huile et cire sur plâtre, 300 × 122 cm. Allégorie de la Méditerranée traitée en grisaille, c’est-à-dire en monochromie gris ou beige afin d’imiter une sculpture. La grisaille était fréquemment utilisée au 15e siècle pour certaines parties des polyptyques.

Eugène Delacroix. Palais Bourbon, bibliothèque.

Eugène Delacroix. Palais Bourbon, bibliothèque. Delacroix venait à peine de terminer le salon du roi qu’une nouvelle commande de l’État lui propose de décorer la bibliothèque du Palais Bourbon. Il s'entoure de collaborateurs : Gustave de Lassalle-Bordes (1815-1846), Louis de Planet (1814-1875), Léger-Cherelle (01816-1879) et Pierre Andrieu (1821-1892). Les travaux ne commencent pas aussitôt et ne seront achevés qu’en 1847. L’ensemble, tout à fait considérable car il fallait peindre d’immenses surfaces de plafond, comporte cinq coupoles, une vingtaine de pendentifs, ainsi que la Science, la Philosophie, la Législation, la Théologie et la Poésie représentées par des scènes allégoriques.

Eugène Delacroix. Palais Bourbon, bibliothèque. Cul-de-four de la guerre (1847)

Eugène Delacroix. Palais Bourbon, bibliothèque. Cul-de-four de la guerre (1847). Huile et cire sur plâtre, 735 × 1098 cm. « Attila suivi de ses hordes barbares foule aux pieds de son cheval l’Italie renversée sur des ruines. L’Éloquence éplorée, les Arts s’enfuient devant le farouche coursier du roi des Huns. L’incendie et le meurtre marquent le passage de ces sauvages guerriers, qui descendent des montagnes comme un torrent. Les timides habitants abandonnent, à leur approche, les campagnes et les cités, ou, atteints dans leur fuite par la flèche et la lance, arrosent de leur sang la terre qui les nourrissait. » (Commentaire rédigé par Delacroix en personne, cité par le site de l’Assemblée nationale)

EEugène Delacroix. Palais Bourbon, bibliothèque. Attila (1847)

Eugène Delacroix. Palais Bourbon, bibliothèque. Attila (1847). Détail du Cul-de-four de la guerre représentant Attila (395-453), souverain des Huns et chef d’un empire tribal d’Europe centrale et orientale, qui tenta de conquérir la Gaule romaine en 451 et parvint jusqu’à Aurelianum (Orléans). Il est devenu par la suite un personnage mythique de l’histoire de France.

 

 

Décoration du Palais du Luxembourg, siège du Sénat

Eugène Delacroix. Palais du Luxembourg, bibliothèque.

Eugène Delacroix. Palais du Luxembourg, bibliothèque. La bibliothèque du palais du Luxembourg est une salle de 52 mètres de long sur 7 mètres de large. La décoration de la coupole (7 mètres de diamètre et 3,50 mètres de haut) et du cul-de-four situé au-dessus de la fenêtre centrale est confiée à Eugène Delacroix, qui consacrera six années à ce chantier, achevé en 1846.

Eugène Delacroix. Palais du Luxembourg, bibliothèque, coupole (1846)

Eugène Delacroix. Palais du Luxembourg, bibliothèque, coupole (1846). Huile sur toile, diamètre 700 cm, profondeur 350 cm. « La composition est inspirée du chant IV de l'Enfer de Dante et représente, selon les termes de Delacroix, "une espèce d'Elysée, où sont réunis les grands hommes qui n'ont pas reçu la grâce du baptême" et qui ne peuvent donc accéder au Paradis.
Elle est répartie en quatre scènes dont la principale s'organise autour d'Homère, accompagné d'Ovide, Stace et Horace. Ce groupe accueille Dante, conduit par Virgile.
Deux autres groupes sont composés des Grecs et des Romains illustres. Un dernier groupe côté fenêtre réunit des poètes, dont Orphée et Sapho.
En 1868, les toiles se détachèrent d'un seul bloc et tombèrent au sol sous l'effet d'infiltrations. La restauration qui dura quatorze mois fut confiée à Pierre Andrieu (1821-1892), élève de Delacroix. » (Commentaire du site du Sénat)

 

 

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Eugène Delacroix

 

 

 

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(*) Anne-Lise Sérazin, Jenny, Amie éternelle de Delacroix, L’Harmattan, 2017

 

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