Salvator Rosa

 
 

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Patrick AULNAS

Autoportraits

 

Salvator Rosa. Autoportrait en Pascariello (v. 1645-49)

Salvator Rosa. Autoportrait en Pascariello (v. 1645-49)
Huile sur toile, 116 × 94 cm, National Gallery, Londres.

Le peintre a participé dans sa jeunesse à la vie théâtrale napolitaine.
Il est ici déguisé en Pascariello, serviteur spirituel et rusé de la Commedia dell’arte
.

 

 

Salvator Rosa. Autoportrait (v. 1650)

Salvator Rosa. Autoportrait (v. 1650)
Huile sur toile, 72 × 63 cm, Detroit Institute of Art.

 

Biographie

1615-1673

Salvator Rosa naît le 22 juin 1615 à Arenella, petite commune proche de Naples et aujourd’hui devenue un quartier de la ville. Son père, Vito Antonio de Rosa, est arpenteur (géomètre) et sa mère, Giulia Greca Rosa, est d’origine sicilienne. Son père le place au couvent des Pères Somasques afin de le préparer soit à la prêtrise soit à la profession d’avocat. Mais l’oncle maternel du jeune Salvator est Paolo Greco, un peintre baroque de réputation locale. Le jeune homme se rend régulièrement chez cet oncle qui lui transmet son savoir-faire. Le mari de sa sœur Giovanna, Alessandro Fracanzano (1612-1656), également peintre, est aussi un de ses maîtres. D’autres artistes interviendront dans la formation de Salvator Rosa, en particulier Aniello Falcone (1607-1656) et  José de Ribera (1591-1652), grand artiste espagnol qui a rencontré le succès en Italie.

 

Salvator Rosa. L’incrédulité de Thomas (v. 1639)

Salvator Rosa. L’incrédulité de Thomas (v. 1639)
Huile sur toile, 200 × 130 cm, Museo Civico di Viterbo.

 

Les dons du jeune artiste apparaissent vite et il s’installe à Rome de 1634 à 1636. Il revient ensuite à Naples pour deux ans et repart pour Rome en 1638. Il a en effet été remarqué par le cardinal Francesco Maria Brancaccio (1592-1675), évêque de Viterbo, et devient son protégé. Il peint en 1639 pour le cardinal L’incrédulité de Thomas, tableau où l’influence de José de Ribera apparaît nettement.

 

Salvator Rosa. Paysage avec un lac, des montagnes et cinq personnages (après 1650)

Salvator Rosa. Paysage avec un lac, des montagnes et cinq personnages (après 1650)
Huile sur toile, 124 × 205 cm, John and Mable Ringling Museum of Art, Sarasota, Floride.

 

Salvator Rosa, exceptionnellement doué pour la peinture, ne se cantonne pas à cette activité. Il s’intéresse également à la poésie, à la musique et au théâtre comme auteur et comédien. Ce sont précisément les comédies burlesques et satiriques dont il est l’auteur qui susciteront l’hostilité de certains mécènes. Peintre apprécié à Rome, il doit cependant s’exiler à Florence en 1640 car ses écrits lui ont valu une réputation de rebelle.

C’est le cardinal Giovan Carlo de Médicis (1611-1663) qui invite l’artiste à s’installer à Florence. Rosa crée un atelier, appelé Accademia dei Percossi, également utilisé comme lieu de rencontre de poètes et de dramaturges. En 1640, il rencontre Lucrezia Paolini (v. 1620-1697) à Florence. Lucrezia, femme mariée abandonnée par son mari, devient la compagne du peintre et son modèle. Plusieurs enfants naîtront de cette union mais certains seront placés dans des hôpitaux pour enfants trouvés. Salvator Rosa n’épousera Lucrezia qu’à la veille de sa mort, le 4 mars 1673. Il meurt le 15 mars. Selon l’inventaire dressé après la mort du peintre, le portrait de Lucrezia était accroché dans la maison.

 

Salvator Rosa. Portrait de Lucrezia Paolini (1657-60)

Salvator Rosa. Portrait de Lucrezia Paolini (1657-60)
Huile sur toile, 66 × 51 cm, Galleria Nazionale d'Arte Antica, Rome.

 

En 1646, Salvator Rosa retourne dans sa ville natale de Naples et y reste jusqu’en 1649. Une insurrection se déclenche dans la ville en 1647, sous l’impulsion de Tomaso Aniello d’Amalfi (1620-1647), dit Masaniello. L’élément déclencheur est la perception des impôts et le monarque visé le vice-roi espagnol de Naples Rodriguez Ponce de Léon (1602-1658). Masaniello sera assassiné par les émissaires du vice-roi le 16 juillet 1647.  Rosa ne participe pas à l’insurrection, mais laisse entendre dans des satires qu’il la soutient. Il doit quitter Naples pour Venise. Il revient à Rome en 1649.

Il se consacre de plus en plus à la peinture d’histoire et à la peinture allégorique, abordant des sujets controversés, par exemple La mort de Regulus, Allégorie de la Fortune.

 

Salvator Rosa. Allégorie de la Fortune (v. 1658-59)

Salvator Rosa. Allégorie de la Fortune (v. 1658-59)
Huile sur toile, 201 × 133 cm, Getty Center, Los Angeles.

 

Ce tableau a failli conduire le peintre en prison car la Fortune déverse bien inutilement sa corne d’abondance sur des animaux. Elle n’échoit donc pas à ceux qui la méritent. La corne d’abondance était en principe représentée orientée vers le haut et gratifiant la vertu. Salvator Rosa était un provocateur tant par la peinture que par l’écriture. L’un de ses derniers tableaux figure dans les collections du musée du Louvre

 

Salvator Rosa. L'ombre de Samuel apparaissant à Saül (1668)

Salvator Rosa. L'ombre de Samuel apparaissant à Saül (1668)
Huile sur toile, 273 × 193 cm, musée du Louvre, Paris.

 

Le peintre a continué à travailler jusqu’aux derniers mois précédant sa mort. Atteint d’hydropisie, il décède à Rome le 15 mars 1673 à l’âge de 57 ans. Il est inhumé dans l’église Santa Maria degli Angeli e dei Martiri, où un portrait de lui a été placé.

 

Œuvre

Salvator Rosa appartient à la catégorie des artistes dotés de capacités multiples. Peintre, graveur, metteur de scène, comédien, satiriste, il reste cependant un personnage en marge de la société de son époque, un provocateur s’attirant l’hostilité des courants dominants. Dans le domaine pictural, Rosa possède des dons exceptionnels lui permettant de couvrir l’ensemble du spectre : peinture historique, paysages, portraits, allégories, gravures.

 

Salvator Rosa. Polycrate et le pêcheur (1664)

Salvator Rosa. Polycrate et le pêcheur (1664)
Huile sur toile, 73 × 99 cm, Art Institute of Chicago.

 

Influencé à la fois par le classicisme de Poussin et de Lorrain, qui vivaient à Rome, et par le baroque de Caravage et José de Ribera, dont il fut l’élève, il parvient à une tonalité originale par la dramatisation des paysages, l’allégorie satirique, les scènes mythologiques et religieuses atypiques. Ses paysages tumultueux ont parfois conduit les historiens à évoquer une manière préromantique. Rosa est aussi un producteur important de gravures.

Il n’est pas possible de classer Salvator Rosa dans l’un des courants artistiques du 17e siècle car il refuse manifestement de s’y insérer. Aussi pourra-t-on trouver dans la sélection ci-après des compositions d’inspiration baroque et d’autres se rapprochant davantage de la rigueur classique.

 

Paysages

Salvator Rosa. Paysage avec voyageurs cherchant leur chemin (v.1641)

Salvator Rosa. Paysage avec voyageurs cherchant leur chemin (v.1641). Huile sur toile, 108 × 174 cm, The National Gallery, Londres. « Traversant une forêt lugubre, deux cavaliers demandent leur chemin à un groupe de paysans qui se reposent au bord de la route. L'homme au cheval blanc montre du doigt la vallée ensoleillée qui s'étend au-delà, son geste étant repris par l'un des personnages assis. Un rayon de lumière chaude du soir traverse le couvert dense des arbres et tombe sur les personnages, dont les vêtements rouges et bleus se détachent sur les tons riches et terreux de leur environnement. A mi-distance, deux silhouettes ombragées se détachent sur le paysage lumineux.
En 1640, Rosa fut invité à Florence par le prince Gian Carlo de Médicis, frère de Ferdinand II, grand-duc de Toscane. Ce paysage est l'un des quinze que Rosa a peints pour le prince au cours des années 1640. Cette scène rurale paisible rappelle les paysages de Claude, que Rosa avait déjà vus à Rome, mais les troncs d'arbres tortueux et les curieuses formations rocheuses sont typiques du style de Rosa. » (Commentaire The National Gallery)

Salvator Rosa. Paysage du soir (1640-43)

Salvator Rosa. Paysage du soir (1640-43). Huile sur toile, 99 × 151 cm, collection particulière. Le jeune peintre, influencé par Claude Lorrain, utilise le contrejour pour construire ce paysage crépusculaire pourtant très lumineux. Des voyageurs apparaissent au premier plan et la mer à l’arrière-plan.

Salvator Rosa. Paysage avec un lac, des montagnes et cinq personnages (après 1650)

Salvator Rosa. Paysage avec un lac, des montagnes et cinq personnages (après 1650). Huile sur toile, 124 × 205 cm, John and Mable Ringling Museum of Art, Sarasota, Floride. Ce paysage préromantique oppose les forces de la nature à la vulnérabilité des hommes. Les cinq personnages et les édifices construits par les hommes semblent fragiles dans cette vallée étroite traversée par une rivière. L’arbre déchiqueté au premier plan apporte un élément de verticalité mais constitue aussi un témoignage de la puissance des forces de la nature.

Salvator Rosa. Paysage de montagne (1635-68)

Salvator Rosa. Paysage de montagne (1635-68). Huile sur toile, 98 × 137 cm, Southampton City Art Gallery. Ce paysage, plus accueillant que le précédent, reste cependant éloigné du locus amoenus. Les figures humaines baignent dans une nature recomposée par l’artiste ; mais, perchées sur des rochers, elles apparaissent vulnérables.

 

Allégories

Salvator Rosa. Lucrezia, la Poésie (1640-41)

Salvator Rosa. Lucrezia, la Poésie (1640-41). Huile sur toile, 116 × 95 cm, Wadsworth Atheneum, Hartford, Connecticut. Lucrezia Paolini, la compagne de Salvator Rosa, sert de modèle à cette allégorie de la poésie. La recherche de l’inspiration se lit dans l’intensité du regard, mais la position de la poétesse se rapproche de celle d’un peintre devant son chevalet, le pinceau à la main et observant son modèle.

Salvator Rosa. Philosophie (v. 1645)

Salvator Rosa. Philosophie (v. 1645). Huile sur toile, 116 × 94 cm, The National Gallery, Londres. « Un homme renfrogné, portant une toque d'érudit et une robe brune, apparaît devant nous. Son drapé, étroitement enroulé autour de lui, a l'aspect lisse et solide d'un buste romain sculpté. La moitié de son visage est dans l'ombre et l'éclairage froid souligne son nez long et étroit, ses cheveux en bataille, son visage mal rasé et ses sourcils froncés.
L'homme pousse vers nous une tablette portant une inscription latine : « Taisez-vous, à moins que votre parole ne soit meilleure que le silence ». Cette phrase est tirée d’Anthologie de Stobée, un recueil d'extraits d'auteurs grecs datant du cinquième siècle. L'identité du modèle a fait l'objet de nombreux débats, mais des études récentes ont montré que la figure avait été peinte à l'origine comme une personnification de la philosophie.
Rosa souhaitait être reconnu comme un peintre érudit de sujets philosophiques. Il a réalisé cette œuvre au début des années 1640 pour Filippo Niccolini, qui appartenait au cercle d'hommes cultivés avec lesquels Rosa s'était lié d'amitié pendant son séjour à Florence. » (Commentaire The National Gallery)

Salvator Rosa. Allégorie de la Fortune (v. 1658-59)

Salvator Rosa. Allégorie de la Fortune (v. 1658-59). Huile sur toile, 201 × 133 cm, Getty Center, Los Angeles. « La figure de la Fortune distribue des symboles de richesse, de statut et de pouvoir à des animaux muets qui n'en ont pas besoin et ne les méritent pas. La Fortune est généralement représentée avec un bandeau sur les yeux, mais Salvator Rosa l'a montrée pleinement consciente de ses faveurs. De même, la corne d'abondance est généralement orientée vers le haut ; en la représentant renversée, Rosa ose une extravagance téméraire.
Les bêtes, représentées avec un réalisme saisissant, piétinent les attributs de l'art et de la culture, notamment les livres et la palette. Drapé du rouge cardinal de l'Église catholique, un âne protège de la lumière un hibou, symbole de la sagesse. Amer d'avoir été exclu du patronage papal, Rosa a inclus des références personnelles : un livre portant son monogramme et un cochon marchant sur une rose, qui fait allusion à son nom.
Satire du mécénat artistique népotique du pape Alexandre VII, ce tableau a failli conduire Rosa en prison. Après l'avoir montré en privé dans son atelier, il a ignoré tous les conseils et l'a exposé publiquement au Panthéon en 1659. Allégorie de la Fortune a suscité un tel tollé que seule l'intervention du frère du pape l'a sauvé. » (Commentaire Getty Center)

 

Scènes historiques, mythologiques et religieuses

Salvator Rosa. L’incrédulité de Thomas (v. 1639)

Salvator Rosa. L’incrédulité de Thomas (v. 1639). Huile sur toile, 200 × 130 cm, Museo Civico di Viterbo. L'incrédulité de Thomas est un épisode de l'Évangile selon saint Jean relatant le refus de l’apôtre Thomas de croire à la résurrection du Christ :
« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! ».
Quelque temps plus tard Jésus lui fit toucher ses plaies et Thomas le reconnut pour son Dieu.
Cette œuvre de jeunesse est marquée par l’influence caravagesque et plus directement par l’enseignement reçu de José de Ribera et de ses élèves. Le contraste ombre-lumière est proche du ténébrisme de l’artiste espagnol.

Salvator Rosa. Le supplice de Prométhée (1646-48)

Salvator Rosa. Le supplice de Prométhée (1646-48). Huile sur toile, 224 × 179 cm, Galleria Nazionale d'Arte Antica, Rome. « Prométhée, figure de la mythologie classique, est allongé sur le dos, enchaîné à un rocher dans le Caucase. La brutalité de la torture apparaît dans ses membres tendus et ses traits déformés. L'une de ses mains est crispée, l'autre ouverte en grand, et ses tendons sortent presque de son poignet. Ses jambes écartées sont toutes deux tendues. Son ventre est déchiré, laissant apparaître un fragment d'anatomie humaine. L'aigle est représenté en train de dévorer les intestins, bien que le mythe indique en réalité le foie, qui repoussait chaque jour, devenant ainsi un repas quotidien et une torture sans fin.
Le personnage est identifié à Prométhée par la torche allumée dans le coin inférieur droit, grâce à laquelle le Titan a transmis le don du feu à l'humanité. L'aigle, attribué à Zeus, devient l'instrument de la vengeance du père des dieux. Le tourment de Prométhée est un thème dans lequel les questions figuratives, liées à la représentation correcte des passions (telles que la douleur, l'émerveillement, la mort et la folie), se mêlent à des motifs philosophiques et littéraires qui convenaient à l'esprit polyvalent de Salvator Rosa. » (Commentaire Galleria Nazionale d'Arte Antica)

Salvator Rosa. La mort de Regulus (v. 1650-52)

Salvator Rosa. La mort de Regulus (v. 1650-52). Huile sur toile, 152 × 220 cm, Virginia Museum of Fine Arts, Richmond, Virginia. « Bien que les récits anciens n'évoquent pas la méthode d'exécution de Regulus, Rosa le montre sur le point d'être enfermé dans un tonneau hérissé de pointes, qui sera ensuite roulé vers le bas d'une colline pour provoquer l'empalement de Regulus sur les pointes. La dignité de Regulus mourant face à l'ennemi était considérée comme un modèle de stoïcisme, une ancienne philosophie d'abnégation qui a été remise au goût du jour par les intellectuels européens du XVIIe siècle. Le cadre rocheux balayé par le vent et les gestes emphatiques des personnages reflètent l'horreur de l'événement.
Les peintures d'histoire et les paysages dramatiques de Rosa influenceront les peintres romantiques du XIXe siècle. Cette peinture est largement considérée comme l'une des évocations les plus ambitieuses et les plus réussies de Rosa concernant les coutumes parfois barbares du monde antique. » (Commentaire Virginia Museum of Fine Arts)

Salvator Rosa. Bataille héroïque (1652)

Salvator Rosa. Bataille héroïque (1652). Huile sur toile, 214 × 351 cm, musée du Louvre, Paris. « Le sujet est inspiré par la Bataille de l’Eurymédon (469 ou 466 av. J.-C.) au cours de laquelle l'armée grecque dirigée par Cimon (510-449/450 av. J.-C.), homme d'État et stratège grec, affronte à la fois l'armée et la flotte perses à l'embouchure du fleuve Eurymédon (Turquie actuelle).
Commandé par monseigneur Neri Corsini (1614-1678), nonce du pape Innocent X en France, pour la somme de 200 ducats, afin d'être offert au roi Louis XIV, 1652 ; offert par le cardinal Flavio Chigi (1631-1693) à Louis XIV, 1664. » (Commentaire musée du Louvre)

Salvator Rosa. Paysage avec Apollon et la sibylle de Cumes (v. 1655)

Salvator Rosa. Paysage avec Apollon et la sibylle de Cumes (v. 1655). Huile sur toile, 174 × 259 cm, Wallace Collection, Londres. Salvator Rosa voulait qu'on le considère comme un peintre d'histoire. Aussi ses magnifiques paysages comportent-ils souvent une anecdote biblique ou mythologique. Ovide raconte les mésaventures de cette sibylle dans Les Métamorphoses. Apollon s'étant épris d'elle, il lui promit de réaliser son vœu. Elle demanda de vivre autant d'années que la poignée de sable qu'elle tenait dans sa main comptait de grains, oubliant de préciser qu'il devait s'agir d'années de jeunesse. Elle vécut donc très longtemps et dut supporter une vieillesse interminable. Au premier plan, la sibylle de Cumes se tient debout devant Apollon, lui montrant la poignée de sable. Le thème du vieillissement est évoqué dans le paysage par les arbres morts ou fendus et les rochers crevassés. Ce paysage inquiétant, mais très équilibré et de composition classique, annonce le destin de la sibylle.

Salvator Rosa. Pythagore sortant des enfers (1662)

Salvator Rosa. Pythagore sortant des enfers (1662). Huile sur toile, 131 × 189 cm, Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas. « Né et éduqué à Naples, Rosa a vécu plus de huit ans à Florence avant de s'installer à Rome en 1649. Il est impressionné à la fois par le naturalisme de Ribera et le classicisme de Poussin, mais, extrêmement indépendant d'esprit et confiant dans son propre génie, il ne s'allie à personne. Bien que sa renommée repose principalement sur son travail de paysagiste, Rosa préférait être considéré comme un peintre d'histoire. Il choisit également des sujets de nature ésotérique et philosophique, qu'il introduit souvent dans ses paysages. Tout au long des XVIIIe et XIXe siècles, les œuvres de Rosa ont connu une immense notoriété et une grande influence, en particulier parmi les peintres paysagistes, ce qui a conduit Sir Joshua Reynolds à leur attribuer "le pouvoir d'inspirer des sentiments de grandeur et de sublimité".
Selon des sources anciennes, le philosophe Pythagore (VIe siècle av. J.-C.) a convaincu ses disciples qu'il était descendu dans l'Hadès et qu'il avait vu les âmes torturées de poètes (dont Homère et Hésiode) tourmentés pour avoir trahi les secrets des dieux. Peu après 1662, lorsque Rosa a exposé ce tableau et son pendant (aujourd'hui à Berlin), la paire a été achetée par Antonio Ruffo de Messine, qui, plusieurs années auparavant, avait acheté Aristote contemplant le buste d'Homère de Rembrandt (Metropolitan Museum of Art, New York). » (Commentaire Kimbell Art Museum)

Salvator Rosa. Paysage avec Mercure et le bûcheron malhonnête (v. 1663)

Salvator Rosa. Paysage avec Mercure et le bûcheron malhonnête (v. 1663). Huile sur toile, 126 × 202 cm, The National Gallery, Londres. « L'histoire du bûcheron honnête – sujet du tableau de Rosa – est tirée des Fables d'Ésope, un recueil de contes moraux de la Grèce antique. Dans cette anectode, le dieu Mercure a pitié d'un bûcheron qui a accidentellement laissé tomber sa hache dans une rivière. Il récupère deux haches dans l'eau, l'une en or et l'autre en argent ; l'honnête bûcheron ne revendique ni l'une ni l'autre et Mercure lui donne les deux en récompense, ainsi que sa hache d'origine. En entendant cela, un bûcheron malhonnête jure qu'il a lui aussi laissé tomber un outil dans l'eau. Le tableau de Rosa montre Mercure émergeant de la rivière avec une hache d'or et le bûcheron s'élançant pour la réclamer. Le dieu lui refuse la hache.
Ce tableau a été commandé vers 1663 par Lorenzo Onofrio Colonna, un important collectionneur d'art de Rome. Au cours des années 1660, les paysages de Rosa deviennent de plus en plus dramatiques, avec des arbres balayés par le vent, des torrents impétueux et des nuages orageux. Les peintures de cette période comptent parmi ses œuvres les plus puissamment inventives. » (Commentaire National Gallery)

Salvator Rosa. Polycrate et le pêcheur (1664)

Salvator Rosa. Polycrate et le pêcheur (1664). Huile sur toile, 73 × 99 cm, Art Institute of Chicago. « Cette peinture et son pendant illustrent l'histoire du roi grec Polycrate, telle qu'elle est rapportée par l'historien antique Hérodote. Polycrate, souverain de l'île de Samos, craignait de défier le destin du fait de sa grande prospérité. Il tenta d'introduire un contrepoids dans sa vie en jetant à la mer une précieuse chevalière, qui fut avalée par un gros poisson et ramenée au roi par un pêcheur, selon l'épisode illustré ici. La bonne fortune de Polycrate prit fin lorsqu'il fut piégé par Oroetus de Sardes et mis à mort, comme l'illustre La Crucifixion de Polycrate. » (Commentaire Art Institute of Chicago)

Salvator Rosa. La crucifixion de Polycrate (1664)

Salvator Rosa. La crucifixion de Polycrate (1664). Huile sur toile, 73 × 99 cm, Art Institute of Chicago. « Originaire de Naples, Salvator Rosa s'est installé à Rome en 1649, produisant des œuvres dramatiques considérées comme les équivalents des paysages calmes et classiques de ses contemporains Claude Lorrain et Nicolas Poussin. Les paysages de Rosa présentent une nature sauvage, remplie d'effets de lumière saisissants, de falaises déchiquetées et de grottes sombres. Ces caractéristiques soulignent l'atmosphère sinistre de sa représentation de la mort de Polycrate, souverain de l'île grecque de Samos. Avec son pendant, Polycrate et le pêcheur, elle illustre l'incapacité du roi à échapper aux fluctuations de la fortune auxquels tous les humains sont soumis. » (Commentaire Art Institute of Chicago)

Salvator Rosa. Le rêve d’Énée (1660-65)

Salvator Rosa. Le rêve d’Énée (1660-65). Huile sur toile, 197 × 121 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Armé et élégant, le légendaire fondateur de Rome, Énée, dort à côté d'une personnification théâtrale, chargée de roseaux, du Tibre, fleuve de la ville. Le sujet, tiré de l'Énéide, du poète antique Virgile, est devenu très apprécié dans la Rome du milieu du XVIIe siècle grâce aux commandes du pape Innocent X, notamment la fontaine des quatre fleuves du Bernin et les fresques du palais de la famille papale. Rosa a peut-être peint cet exemplaire spécifiquement pour une exposition publique. Les figures se rapportent aux types de bandits rudes qui ont fait la renommée de Rosa, mais la composition épurée et son échelle leur confèrent une majesté sculpturale. Les poses complexes, l'empâtement lourd de l'armure et le pinceau lâche des roseaux de la rivière animent un sujet statique. » (Commentaire MET)

Salvator Rosa. L'ombre de Samuel apparaissant à Saül (1668)

Salvator Rosa. L'ombre de Samuel apparaissant à Saül (1668). Huile sur toile, 273 × 193 cm, musée du Louvre, Paris. Le titre complet est le suivant : L'ombre de Samuel apparaissant à Saül chez la pythonisse d'Endor. Cet épisode est tiré de l’Ancien Testament (Livre de Samuel). Saül devint, avec l’aide du prophète Samuel, le premier roi des juifs en terre d’Israël. En lutte contre les Philistins, il consulta la pythonisse d’Endor qui fit apparaître l’ombre du prophète Samuel. Cette ombre lui ayant appris que Dieu l’avait abandonné, il se jeta sur son épée et mourut.
Saül est représenté au premier plan à gauche, faisant une profonde révérence à l’apparition de Samuel en robe blanche. Au-dessus de Samuel, la pythonisse apparaît sous la forme d’une vieille femme. A droite, les soldats de Samuel sont effrayés par l’apparition. À l'arrière-plan, des figures spectrales flottent dans l’obscurité.


Portraits

Salvator Rosa. Tête de femme, Lucrezia Paolini (1640-45)

Salvator Rosa. Tête de femme, Lucrezia Paolini (1640-45). Sanguine, craie noire et blanche, pastel, 33 x 24 cm, Frick Collection, New-York. « Ce dessin fait partie d'une douzaine d'études de tête au pastel et est le seul du groupe à représenter une femme. Comme la personne assise – qui pourrait être Lucrezia Paolini (vers 1620-1697), la compagne de l'artiste pendant la majeure partie de sa vie – ne porte pas les vêtements du quotidien, le dessin a peut-être été réalisé dans le contexte de l'Accademia dei Percossi florentine (Académie des malades), une sorte de combinaison d'atelier d'artiste et de salon de poètes, dramaturges et peintres, pour les membres de laquelle Rosa a réalisé des têtes similaires au pastel avant son déménagement à Rome en 1649. » (Commentaire Frick Collection)

Salvator Rosa. Portrait d’homme (1640-49)

Salvator Rosa. Portrait d’homme (1640-49). Huile sur toile, 78 × 65 cm, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg. « Ce portrait était également connu sous le titre Portrait du brigand. En raison de la similitude avec les autoportraits authentiques de l’artiste, il est également supposé qu’il s’agit d’un autoportrait peint à l’aide d’un miroir. » (Commentaire WGA)

Salvator Rosa. Portrait de Lucrezia Paolini (1657-60)

Salvator Rosa. Portrait de Lucrezia Paolini (1657-60). Huile sur toile, 66 × 51 cm, Galleria Nazionale d'Arte Antica, Rome. Lucrezia Paolini (v. 1620-1697) fut la compagne et le modèle du peintre. Il la rencontre en 1640 à Florence mais ne l’épouse qu’à l’approche de la mort en 1673. Sur ce portrait, Rosa se concentre sur la dimension psychologique, chose rare au 17e siècle, et seul le visage émerge du fond sombre et des cheveux noirs.

 

Gravures

Salvator Rosa. Apollon et la sibylle de Cumes (v. 1661)

Salvator Rosa. Apollon et la sibylle de Cumes (v. 1661). Gravure et pointe sèche, 34 × 22 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Ovide raconte les mésaventures de cette sibylle dans Les Métamorphoses. Apollon s’étant épris d’elle, il lui promit de réaliser son vœu. Elle demanda de vivre autant d’années que la poignée de sable qu’elle tenait dans sa main comptait de grains, oubliant de préciser qu’il devait s’agir d’années de jeunesse. Elle vécut donc très longtemps et dut supporter une vieillesse interminable. Le tableau de 1655 de la Wallace Collection, Paysage avec Apollon et la sibylle de Cumes, comporte un face à face assez proche entre les deux figures (voir ci-dessus)

Salvator Rosa. La mort de Regulus (1661-62)

Salvator Rosa. La mort de Regulus (1661-62). Gravure, 57 × 77 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Le MET donne le titre suivant : La mort de Marcus Atilius Regulus, cloué dans un tonneau par les Carthaginois. Il s’agit d’une gravure réalisée d’après le tableau (1650-52) figurant ci-dessus.

Salvator Rosa. Le rêve d’Énée (1663-64)

Salvator Rosa. Le rêve d’Énée (1663-64). Gravure et pointe sèche, 35 × 23 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Le MET donne le titre suivant : Rêve d'Énée : Énée repose sa tête sur ses mains au-dessus de son bouclier, tandis que le dieu du fleuve Tibre assis sur une amphore pointe sa main gauche vers le haut. Il s’agit d’une gravure réalisée d’après le tableau Le rêve d’Énée (1660-65) figurant ci-dessus.
« La version peinte du Rêve d'Énée (65.118) de Salvator Rosa, conservée au Metropolitan Museum, a peut-être précédé cette gravure, mais Rosa a modifié la plupart des détails pour obtenir un effet très différent. L'artiste s'est inspiré de l'Énéide de Virgile (8.26-65), dans laquelle le héros fatigué, ayant enfin atteint l’Italie et sur le point d'entrer en guerre avec Turnus, s'endort sur la rive du Tibre. Le dieu du fleuve lui apparaît, lui prodigue des conseils et lui prédit son avenir en tant que fondateur de la race romaine. » (Commentaire MET)

 

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Salvator Rosa

 

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