Claude Lorrain

 
 

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Patrick AULNAS

Portraits

Claude Lorrain                          Claude Lorrain par Auguste Rodin (1892, Nancy)
Portait de Claude Gellée, dit Le Lorrain. Gravure  

Auguste Rodin. Claude Lorrain (1892, Nancy)

 

Biographie

1600-1682 

Claude Géllée (ou Gelée) est né dans le village vosgien de Chamagne (Lorraine). Sa région d’origine lui valut le surnom de Le Lorrain. Il est aujourd’hui plus connu sous le nom de Claude Lorrain, et les anglo-saxons, qui l’admirent beaucoup, l’appellent même Claude. Il signait ses œuvres de diverses manières : Claude Gellée, Claude Lorrain, Claude Le Lorrain ou simplement Claude. Voici deux exemples de signatures de Claude Lorrain extraites de dessins :

Signature Claudio Gellee Signature Claudio Lorrain
Claudio Gellée Claudio Lorrain

 

Il est issu d’une famille pauvre et devient très jeune apprenti pâtissier. Ayant perdu ses parents à l’âge de douze ans, il se rend à Rome dans des circonstances mal connues. Il est engagé comme domestique par le peintre maniériste Agostino Tassi (1566-1644). Ce hasard lui permet de devenir l’assistant de Tassi, de broyer et de préparer les couleurs et ainsi de prendre contact avec l’art par la pratique. Car Lorrain n’a pas fait d’études et n’a suivi que quelques leçons dans l’école de son village natal. Selon certaines sources, il serait également devenu l’élève du peintre flamand Paul Bril (1554-1626) qui, spécialisé dans les vedute, pourrait lui avoir donné le goût des paysages.

 

Lorrain. Le jugement de Pâris (1645-46)

Lorrain. Le jugement de Pâris (1645-46)
Huile sur toile, 112 × 150 cm, National Gallery of Art, Washington.
Analyse détaillée

 

En 1625, il revient en Lorraine où le peintre Claude Deruet (1588-1660) lui propose de travailler à la décoration d’une église de Nancy. Cette vie ne semble pas lui convenir car il regagne rapidement Rome qu’il ne quittera pratiquement plus. Peu après ce retour, il rencontre Nicolas Poussin (1594-1665) qui dispose déjà d’une expérience et d’une culture très supérieure. Les liens entre les deux grands artistes seront durables et forts et on les a souvent représentés peignant ensemble dans la campagne romaine. L’influence fut certainement réciproque car Claude Lorrain deviendra le plus grand paysagiste du classicisme, celui dont s’inspireront tous les successeurs jusqu’aux impressionnistes.

Le génie de Lorrain sera vite reconnu par l’aristocratie italienne et les commandes vont affluer. Les Colonna, les Pamphili, les Barberini, les Chighi et bien d’autres grands noms de la haute société figureront parmi ses clients. Il vendra aussi à l’étranger par l’intermédiaire des ambassadeurs, en particulier au roi d’Espagne.

Claude Lorrain ne se maria pas mais il eut une fille naturelle avec laquelle il passa ses dernières années ainsi qu’avec deux neveux lorrains venus le rejoindre à Rome. Après sa mort en 1682, il sera inhumé dans l’église Trinita dei Monti, mais en 1836 sa tombe sera transférée dans l’église Saint-Louis-des-Français de Rome. 

 

Œuvre

Claude Lorrain est considéré comme le représentant le plus éminent du paysage classique. Généralement, ses paysages servent de cadre à une scène biblique, mythologique ou historique, mais les personnages ne tiennent pas une place importante ; ils représentent l’anecdote du tableau. Stylistiquement, il s’agit bien de paysages avec au premier plan quelques petits personnages justifiant la thématique imposée. Mais l’important, ce sont les ciels, les arbres, la mer, les édifices. Classicisme oblige, il fallait bien que l’Antiquité et la religion aient une place dans l’œuvre du grand maître du paysage classique. On mesure ainsi la distance qui le sépare du grand paysagiste hollandais Jacob Van Ruisdael qui n’avait nul besoin d’une chronique mythologique.

 

Lorrain. Paysage avec Enée à Délos (1672)

Lorrain. Paysage avec Enée à Délos (1672)
Huile sur toile, 100 × 134 cm, National Gallery, Londres.
Analyse détaillée

 

L’influence flamande a sans doute été importante dans la vocation paysagiste de Claude Lorrain. Il ne faut pas oublier que la doxa de l’époque voyait dans le paysage un genre mineur et dans les déesses, les dieux, les saints et les apôtres le sommet de la hiérarchie artistique. Mais les flamands de Rome étaient spécialisés dans le paysage et Claude Lorrain entretenait de bonnes relations avec eux. Le Flamand Paul Bril se situait à mi-chemin entre le paysage fantastique de la Renaissance et le paysage plus réaliste d'Annibal Carrache.

           

Paul Bril. Paysage de montagnes fantastique (1598)   Carrache. Paysage fluvial (1590)

Paul Bril. Paysage de montagnes fantastique (1598)
Huile sur cuivre, 21 × 29 cm, National Galleries of Scotland, Édimbourg.

 

Annibal Carrache. Paysage fluvial (1590)
Huile sur toile, 89 × 148 cm, National Gallery of Art, Washington

 

Lorrain subit la double influence, imprima à ses œuvres sa forte personnalité et devint un novateur de premier ordre. Il n’est pas possible de rattacher Claude Lorrain au vedutisme car il ne cherche nullement à reproduire fidèlement un paysage existant. Il s’agit donc de paysages imaginaires inspirés d’un réel un tant soit peu idéalisé. Là se situe l’ambition classique de Lorrain : s’imprégner de la réalité de la campagne romaine ou de la côte italienne mais en éliminer les imperfections pour se conformer à un idéal de beauté.

Quelle est la singularité de Claude Lorrain, ce qui l’a fait admirer des souverains de son temps, du pape et de toute l’aristocratie ? La réponse est probablement dans le caractère infiniment poétique de son œuvre. Il est un poète et non un historien qui illustrerait les vieux mythes antiques en leur offrant un cadre naturel. Il aime passionnément la nature et c’est sa beauté idéalisée qu’il cherche à nous communiquer. Pour y parvenir, il utilise le dessin : il est un dessinateur prodige. Il ne considère pas le dessin comme une simple approche initiale du tableau comme la plupart des peintres de son époque. Ses dessins ne sont pas des croquis préparatoires mais des œuvres d’art indépendantes. Aussi possède-t-on, en plus des deux cents tableaux de Lorrain, environ mille deux cents dessins d’une facture unique. Pour passer du dessin au paysage peint, il faut surtout ajouter la lumière : tous les tableaux de Claude Lorrain accordent une place primordiale à la lumière.

L’influence de son œuvre sur les paysagistes des deux siècles suivants fut profonde. Les paysagistes anglais en font un modèle et il sera beaucoup pastiché, mais les plus grands comme Joseph Mallord William Turner (1775-1851) ou John Constable (1776-1837) le reconnaissent comme un maître.

Tableaux

 Les personnages et l’anecdote mythologique (rappelée ici) ont fort peu d’importance. Il s’agit de très beaux paysages.

Lorrain. Paysage avec marchands (1630)

Paysage avec marchands (1630). Huile sur toile, 97 × 144 cm, National Gallery of Art, Washington.

 
Lorrain. La fuite en Egypte (1635)

La fuite en Egypte (1635). Huile sur toile, 71 × 98 cm, Museum of Art, Indianapolis. Le roi Hérode Ier de Palestine, ayant appris la naissance à Bethléem du roi des Juifs, donne l’ordre de tuer tous les enfants de moins de deux ans se trouvant dans la ville. Joseph, prévenu par un songe, s’enfuit avec l’Enfant Jésus et sa mère Marie en Égypte où ils resteront jusqu’à la mort d’Hérode.

 
Lorrain. Port de mer avec la villa Médicis (1638)

Port de mer avec la villa Médicis (1638). Huile sur toile, 102 × 133 cm, Galerie des Offices, Florence. La villa Médicis de Rome a été construite au milieu du 16e siècle. Elle est acquise en 1576 par le cardinal Ferdinand de Médicis. En 1803, Napoléon y installe l’Académie de France à Rome. Elle accueille aujourd’hui les lauréats du prix de Rome. Le tableau de Lorrain avait été commandé par un membre de la famille Médicis, ce qui explique la présence de la villa (au fond à droite).

 
Lorrain. Le Campo Vaccino de Rome (1640)

Le Campo Vaccino de Rome (1636). Huile sur toile, 56 × 72 cm, musée du Louvre, Paris. Il s’agit du forum romain en 1630. Au premier plan à gauche, l’arc de Septime Sévère surplombé par la tour des Conti. Puis le temple d’Antonin et Faustine et la basilique de Constantin. Tout au fond, à l’arrière plan le Colisée. A droite, au premier plan, les colonnes du temple de Saturne puis les trois colonnes du temple de Castor et Pollux et enfin le mur des jardins Farnèse.

 
Lorrain. Port de mer avec l’embarquement de sainte Ursule (1641)

Port de mer avec l’embarquement de sainte Ursule (1641). Huile sur toile, 113 × 149 cm, National Gallery, London. La légende de Sainte Ursule a été fixée par Jacques de Voragine (v. 1228-1298), chroniqueur italien du Moyen Âge, archevêque de Gênes, dans son ouvrage, La Légende dorée, qui retrace la vie de nombreux saints. Ursule est une princesse des Cornouailles (Angleterre) du 3e ou 4e siècle qui fuit son prétendant. Pour cela, elle accomplit un pèlerinage de trois ans auprès de Saint Cyriaque de Rome. Capturée par les Huns à son retour, elle refuse d'épouser leur chef Attila et d'abjurer sa foi. Avec ses suivantes, les onze mille vierges (c'est une légende !), elle est alors criblée de flèches par les Huns qui assiègent Cologne. La sainte apparaît avec sa suite à gauche de la composition, mais c'est la lumière en contre-jour, venant des profondeurs du tableau pour irradier toute l'œuvre, qui est le sujet principal.

 
Lorrain. Paysage avec bergers (1645-46)

Paysage avec bergers (1645-46). Huile sur toile, 68,8 × 91 cm, Szépmûvészeti Múzeum, Budapest.

 
Lorrain. Le jugement de Pâris (1645-46)

Le jugement de Pâris (1645-46). Huile sur toile, 112 × 150 cm, National Gallery of Art, Washington. Mythologie grecque. Pâris, fils du roi de Troie Priam, gardait les troupeaux sur le mont Ida. Trois déesses apparaissent : Aphrodite, Héra et Athéna. Elles cherchent un juge, sur les conseils de Zeus, pour les départager dans un concours de beauté. Héra promet à Pâris la souveraineté sur l’Asie et l’Europe, Athéna, la gloire des guerriers, et Aphrodite, la main de la plus belle des femmes. Ce fut à cette dernière que Pâris offrit la pomme d’or (la pomme de la discorde) qui devait revenir à la plus belle. Mais, jalouses de n'avoir point été choisies, Athéna et Héra témoignèrent à l’avenir, d'une haine farouche à l'égard du Troyen Pâris et protégèrent les Grecs.

Analyse détaillée

 
Lorrain. Paysage avec Pâris et Oenone, dit Le Gué (1648)

Paysage avec Pâris et Oenone, dit Le Gué (1648). Huile sur toile, 119 × 150 cm, musée du Louvre, Paris. La nymphe Oenone montre à son époux, le berger Pâris, les serments d’amour qu’il a gravés sur le tronc d’un peuplier. Mais il la quittera pour Hélène, et Oenone se lamentera au pied de l'arbre. (Notice musée du Louvre)

 
Lorrain. Troupeau de moutons dans la campagne (1656)

Troupeau de moutons dans la campagne (1656). Huile sur toile, 35 × 45 cm, Akademie der bildenden Künste, Vienne. Ce petit tableau est une des rares peintures de Lorrain qui peut être considérée comme une étude. Les autres études sont des dessins.

 
Lorrain. Vue côtière avec l’enlèvement d'Europe (1667)

Vue côtière avec l’enlèvement d'Europe (1667). Huile sur toile, 134,6 × 101,6 cm, Royal Collection, Londres. Mythologie grecque. Europe est la fille du roi de Tyr, ville de Phénicie (actuel Liban). Zeus, métamorphosé en taureau, la rencontre sur une plage de Sidon. Europe s'approche de lui et est alors emmenée sur l'île de Crète. Sous un platane, elle s’accouple à Zeus (redevenu humain pour la circonstance !). Des enfants naissent et les péripéties divines se poursuivent. Rubens et Rembrandt représenteront la scène mythologique elle-même. Lorrain a peint cinq versions de ce sujet de 1634 à 1667, celle-ci étant la dernière.

 
Lorrain. Paysage avec Enée à Délos (1672)

Paysage avec Enée à Délos (1672). Huile sur toile, 100 × 134 cm, National Gallery, Londres. Mythologie grecque. Enée (en rouge) s’est échappé de Thrace avec son père Anchise (en bleu) et son fils Ascagne. Anius (en blanc), roi et prêtre de l’île de Délos les accueille et leur montre les terres données par Apollon. Il s’agit pour le héros mythologique en fuite d’un épisode de sérénité.

Analyse détaillée

 
Lorrain. Paysage avec la scène Noli Me Tangere (1681)

Paysage avec la scène Noli Me Tangere (1681). Huile sur toile, 84,5 × 141 cm, Städelsches Kunstinstitut, Francfort. Noli me tangere (« Ne me touche pas ») sont les paroles prononcées par Jésus-Christ ressuscité, le dimanche de Pâques, à l’adresse de Marie-Madeleine.

 

Dessins

Lorrain. La tempête (1630)

La tempête (1630). Gravure sur cuivre, 12,5 cm × 17,3 cm, Claude Lorrain, éditions Barcelona Altaya (2001).

 

Lorrain. Paysage avec un chevrier (1637)

Paysage avec un chevrier (1637). Plume et encre brune, lavis gris et brun sur papier, 19,4 × 26 cm, British Museum, Londres.

 

Lorrain. Port de mer avec grande tour (1637-41)

Port de mer avec grande tour (1637-41). Gravure sur cuivre, 13 × 19 cm, São Paulo Museum of Art, São Paulo.

 

 
Lorrain. Arbres (av. 1644)

Etude d'arbres (av. 1644). Plume et encre brune, pinceau et encre brune, 28,9 × 20,5 cm, musée du Louvre, Paris.

 
 

Lorrain. Le jugement de Pâris (1645-46)Le jugement de Pâris (1645-46). Plume et encre brune et lavis brun sur papier, 19,5 × 25,6 cm, British Museum, Londres.

 

Lorrain. Le retour du berger dans la tempête (1650)Le retour du berger dans la tempête (1650). Gravure sur cuivre. Claude Lorrain, éditions Barcelona Altaya (2001).

 

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Claude Lorrain

Commentaires

  • fel yvonne
    • 1. fel yvonne Le 06/10/2019
    ce site est bien on y trouve des bonnes informations

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