Gérard Terborch (ou ter Borch)

Patrick AULNAS

 

Autoportraits

 

Gérard Terborch. Autoportrait (v. 1668)

Gérard Terborch. Autoportrait (v. 1668)
Huile sur toile, 62,7 × 43,7 cm, Mauritshuis, La Haye.

 

 

Gérard Terborch. Autoportrait (v. 1675)

Gérard Terborch. Autoportrait (v. 1675)
Huile sur cuivre, 13,5 × 16,6 cm, Gemäldegalerie, Berlin.

 

Biographie

1617-1681

Gérard Terborch (ou ter Borch ou Terburg), né à Zwolle en 1617, est le fils de Gérard Terborch l’Ancien (1583-1662) qui fut peintre dans sa jeunesse et passa plusieurs années à Rome avant de devenir haut fonctionnaire. Le premier professeur de Gérard fut donc son père. Le jeune artiste fait un premier voyage à Amsterdam en 1632 puis part à Haarlem pour étudier dans l’atelier du peintre paysagiste Pieter de Molyn (1595-1661). Sur les paysages de Molyn, il est chargé de peindre les figures. A l’issue de deux années d’apprentissage, Gérard Terborch est reçu comme maître, en 1635, dans la guilde de Saint-Luc de Haarlem, c’est-à-dire la corporation des peintres et sculpteurs. Il signe alors ses premières œuvres.

 

Gérard Terborch. La consultation (1635)

Gérard Terborch. La consultation (1635)
Huile sur toile, 35 × 46 cm, Gemäldegalerie, Berlin.

 

Cette même année, il part en Angleterre pour rendre visite à son oncle, Robert van Voerst, graveur à Londres. Ce voyage lui permet d’admirer les portraits d’Antoine Van Dyck, peintre d’origine flamande qui s’installa en Angleterre et y connut un succès considérable. Terborch voyage ensuite en Italie, en Espagne et en France. Vers 1640, il revient en Hollande, d’abord à Amsterdam, puis à Haarlem. Ses portraits de petit format à la touche légère et lissée lui assurent une clientèle importante.

 

Gérard Terborch. La famille Van Moerkerken (1653-54)

Gérard Terborch. La famille Van Moerkerken (1653-54)
Huile sur bois, 41 × 36 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.

 

En 1646, il accompagne le diplomate Adriaen Pauw (1581-1653) à Münster pour la négociation avec l’Espagne du traité reconnaissant la souveraineté des Provinces Unies (Pays-Bas). Il y peint l’une de ses œuvres les plus célèbres :

 

Gérard Terborch. Le serment de ratification du traité de Münster (1648)

Gérard Terborch. Le serment de ratification du traité de Münster (1648)
Huile sur cuivre, 45 × 59 cm, National Gallery, Londres.

 

A partir de la décennie 1650, Gérard Terborch se consacre principalement aux scènes de genre, sans pour autant abandonner le portrait. En 1654, à Deventer, il se marie avec une de ses nièces, Gertruijdt Mattijsem. Il s’installe alors dans cette petite ville située à 90 km à l’Est d’Amsterdam et deviendra membre du conseil municipal en 1666. En 1672, à l’occasion de la visite à Deventer de Guillaume III d’Orange (1650-1702), Terborch réalise le portrait du souverain.

Gérard Terborch meurt le 8 décembre 1681 à Deventer. A sa demande, il est inhumé dans l’église Saint-Michel de Zwolle, la ville de sa naissance.

 

Gérard Terborch. Femme à sa toilette (1660)

Gérard Terborch. Femme à sa toilette (1660)
Huile sur toile, 76 × 60 cm, Detroit Institute of Arts, Detroit.

 

 

Œuvre

Moins d’une centaine de tableaux de Gérard Terborch nous sont parvenus, dispersés dans les musées européens et américains. Portraitiste de talent et créateur de scènes de genre intimistes, Terborch occupe une place importante dans la peinture de genre néerlandaise du 17e siècle car il précède les plus grands, en particulier Vermeer. Deux caractéristiques de la peinture de Gérard Terborch doivent être retenues. D’une part, il cherche à mettre en valeur la psychologie des personnages et les relations subtiles qu’ils entretiennent dans la scène choisie. Par exemple, dans La visite du prétendant, les regards échangés et les gestes des deux figures principales laissent une certaine liberté d’interprétation : visite amicale ou prélude amoureux ?

 

Gérard Terborch. La visite du prétendant (v. 1658)

Gérard Terborch. La visite du prétendant (v. 1658)
Huile sur toile, 80 × 75, National Gallery of Art, Washington.

 

D’autre part, le soin apporté au rendu des étoffes et le réalisme méticuleux des détails (meubles, bijoux, etc.), conformes à la tradition de la peinture nordique depuis la Renaissance, contribuent à poétiser la composition. Ce réalisme poétique se retrouvent jusqu’au 18e siècle chez tous les successeurs.

 

Gérard Terborch. La lettre (1660-65)

Gérard Terborch. La lettre (1660-65)
Huile sur toile, 82 × 68 cm, Royal Collection of the United Kingdom.

 

Scènes de genre

Gérard Terborch. La consultation (1635)

Gérard Terborch. La consultation (1635). Huile sur bois, 35 × 46 cm, Gemäldegalerie, Berlin. « La consultation représente la plus ancienne peinture du maître connue aujourd’hui. Elle représente un médecin vérifiant l’urine dans un verre en le tenant face à la lumière venant de la droite. Seules les figures du premier plan sont fortement éclairées, les personnes et les objets de l’arrière-plan restant dans l’ombre. La femme âgée, à droite, tient un vase de nuit dans sa main, dans lequel le médecin a déjà prélevé l’urine à examiner. Sur la table et le sol apparaissent divers éléments de nature morte, tels qu’un crâne, un sablier, une cruche cassée ou des fleurs flétries sur le sol à gauche, qui relient le thème de l’examen de l’urine à l’idée de vanitas. L’art médical et la sagesse contrastent ici avec la fragilité de la vie.
Le tableau porte la première signature connue de l’artiste. Vraisemblablement, le peintre de dix-huit ans avait déjà atteint le rang de maître. » (Commentaire Gemäldegalerie)

Gérard Terborch. Salle de garde avec soldats (1640)

Gérard Terborch. Salle de garde avec soldats (1640). Huile sur bois, 35 × 50 cm, The Leiden Collection, New York. Titre complet : Intérieur de la salle de garde avec des soldats fumant et jouant aux cartes.
« Formulées et initialement popularisées par les peintres d’Amsterdam Pieter Codde (1599-1678) et Willem Duyster (1598/99-1635), les scènes néerlandaises de salle de garde (représentations de soldats se délassant) deviennent en vogue dans les années 1620 et restent populaires tout au long du siècle […]
Intérieur de la salle de garde avec soldats fumant et jouant aux cartes représente trois soldats assis autour d’un grand tambour utilisé comme table de fortune. L’homme placé derrière la table fume une longue pipe en argile, tandis que ses compagnons jouent aux cartes. Le soldat de droite est vêtu de vêtements ternes et froissés ; un bas a glissé autour de sa cheville, montrant une jambe nue et osseuse. Il tient une carte à jouer dans chacune de ses mains tendues, les poussant vers le soldat mieux habillé avec une urgence palpable. Un quatrième soldat se tient dans l’embrasure de la porte à gauche et se retourne pour regarder les joueurs de cartes. Au premier plan à gauche se trouve un tas d’objets associés à la vie d’un soldat : une malle recouverte de peau, un manteau et un chapeau, une cuirasse et un hausse-col d’armure, une cartouchière avec des récipients pour la poudre à canon et des mèches, divers ballots et sacs. L’utilité du curieux cylindre posé sur le couvercle du coffre n’est pas claire ; il pourrait servir à l’emballage d’un chapeau. Sur le mur arrière de la pièce se trouve un support avec des mousquets à mèche, un piquet et des fourreaux pour soutenir les mousquets pendant le tir. » (Commentaire The Leiden Collection)

Gérard Terborch. La chasse aux poux (1652-53)

Gérard Terborch. La chasse aux poux (1652-53). Huile sur bois, 36 × 29 cm, Mauritshuis, La Haye. « Une mère, à la recherche de poux, peigne soigneusement les cheveux de son enfant. Le garçon, stoïque, subit l’inspection. Ter Borch réalisa beaucoup de scènes de ce genre, où les personnages principaux sont entièrement absorbés par ce qu’ils font.
La Chasse aux Poux renferme probablement une morale, car l’attention maternelle, l’ordre et la propreté étaient les qualités idéales d‘une bonne maîtresse de maison. Au 17e siècle, le peigne à poux représentait à la fois la propreté de l’apparence et la pureté du caractère. » (Commentaire Mauritshuis)

Gérard Terborch. Femme cousant à côté d’un berceau (1656)

Gérard Terborch. Femme cousant à côté d’un berceau (1656). Huile sur toile, 47 × 38 cm, Mauritshuis, La Haye. La scène se caractérise par la simplicité du cadre. Aucun élément de décoration n’apparaît à l’exception de la pièce d’étoffe bleue revêtant le manteau de la cheminée. La femme cousant n’est pas une domestique car elle est vêtue d’une veste de velours bordée de fourrure. Les chaussures laissées sur le sol sont parfois associées à la passion amoureuse. Le peintre suggère que la jeune femme n’est pas réductible aux vertus domestiques.

Gérard Terborch. Un officier dictant une lettre (1655-58)

Gérard Terborch. Un officier dictant une lettre (1655-58). Huile sur toile, 75 × 51 cm, National Gallery, Londres. « Un jeune officier dicte une lettre à un autre soldat. Pendant ce temps, leur camarade – dans un impressionnant justaucorps bleu – regarde directement hors du tableau. C’est un messager, attendant de livrer la lettre. Son expression légèrement amusée et la façon dont il attire notre regard créent un air complice : il semble vouloir partager quelque chose avec nous.
Ter Borch avait initialement placé un indice destiné au spectateur, mais il a ensuite changé d’avis. Après presque 400 ans, la peinture s’est estompée pour révéler une carte à jouer sur le sol, près de la patte du chien. C’est l’as de cœur. Cet indice aurait probablement été interprété comme une référence au sentiment amoureux et une suggestion claire que le document n’est pas un message militaire important, mais une lettre d’amour. En recouvrant la carte, ter Borch a rendu la situation beaucoup plus mystérieuse. (Commentaire National Gallery)

Gérard Terborch. La visite du prétendant (v. 1658)

Gérard Terborch. La visite du prétendant (v. 1658). Huile sur toile, 80 × 75, National Gallery of Art, Washington. « Dans ce tableau, un élégant gentleman s’incline gracieusement en entrant dans la pièce. Une jeune femme vêtue d’une belle robe de satin avec une veste rouge orangé se lève pour le saluer tandis qu’une autre femme, attablée, joue du théorbe, une sorte de luth. Derrière eux, un homme se réchauffe les mains à la cheminée. Les vêtements, les instruments, l’imposante cheminée et le papier peint doré témoignent tous de l’aisance de la famille. Ter Borch s’est concentré sur l’interaction psychologique entre le prétendant et la femme debout, qui communiquent par des regards et des gestes.
Les spectateurs contemporains furent probablement très admiratifs de la remarquable capacité de Ter Borch à rendre des satins dans La visite du prétendant, mais ils furent également intrigués par le sujet du tableau. Cette scène représente-t-elle une visite innocente ou le prélude à une rencontre amoureuse ? La réponse reste ambigüe car l’artiste a voulu saisir l’ambivalence des relations humaines à travers le jeu subtil des regards et des gestes. » (Commentaire National Gallery of Art)

Gérard Terborch. Femme à sa toilette (1660)

Gérard Terborch. Femme à sa toilette (1660). Huile sur toile, 76 × 60 cm, Detroit Institute of Arts, Detroit. « Les œuvres de Gerard ter Borch font souvent allusion à des sujets romantiques, mais elles sont toujours sobres et décoratives. Dans ce tableau, la femme n’est pas entièrement habillée. Un col de dentelle doit encore couvrir le haut de sa poitrine ; la scène, qui semble anodine au spectateur moderne, a probablement été considérée comme très intime à son époque. Ter Borch était particulièrement brillant pour représenter les textiles et des articles de luxe de la riche bourgeoisie néerlandaise. » (Commentaire Detroit Institute of Arts)

Gérard Terborch. Le galant militaire (1660-63)

Gérard Terborch. Le galant militaire (1660-63). Huile sur toile, 68 × 55 cm, musée du Louvre, Paris. Titre complet : Le Galant Militaire ou jeune femme à laquelle un homme offre de l'argent. « Typique scène d’amour vénal sur un mode assez subtil. Le citron est ici symbole d’amour coupable. » (Commentaire musée du Louvre)

Gérard Terborch. La lettre (1660-65)

Gérard Terborch. La lettre (1660-65). Huile sur toile, 82 × 68 cm, Royal Collection of the United Kingdom. « La simplicité de cette scène domestique encourage le spectateur à en apprécier la beauté et les détails des objets qu’elle contient. L’interaction entre les trois participants est laissée ouverte à l’interprétation et la signification de la lettre n’est pas explicitée. Ter Borch soigne les surfaces métalliques, par exemple les reflets sur le lustre, l’encrier et le plateau. L’utilisation de bordures bleu outremer autour du décolleté de la femme et le rendu de la broderie autour du bord de sa jupe constituent un travail magistral. De même, le rendu de la jupe en soie de la femme, qui est en excellent état, est d’une beauté envoûtante. » (Commentaire Royal Collection)

Gérard Terborch. Le concert (v. 1667)

Gérard Terborch. Le concert (v. 1667). Huile sur bois, 47 × 44 cm, musée du Louvre, Paris. Titre complet : Le Concert: duo entre une chanteuse et une joueuse de luth théorbé. Une chanteuse répète en lisant sa partition. Elle est accompagnée d’une joueuse de théorbe, instrument à cordes créé en Italie à la fin du 16e siècle et comportant deux jeux de cordes. Un jeune page apporte une boisson en regardant vers le spectateur.

Gérard Terborch. La femme au luth (1668)

Gérard Terborch. La femme au luth (1668). Huile sur toile, 68 × 58 cm, National Gallery, Londres. « Les scènes de petits groupes de personnes jouant de la musique étaient courantes dans la peinture néerlandaise du XVIIe siècle. Elles reflétaient une activité sociale courante dans les familles cultivées et pouvaient symboliser l’harmonie familiale ou amicale. Mais ces groupes étaient aussi un moyen reconnu pour les jeunes hommes et femmes de se rencontrer et étaient donc souvent associées à des rencontres amoureuses.
Dans ce tableau, la relation entre les trois personnes reste incertaine. Ils ne flirtent pas manifestement et leur langage corporel reste neutre, mais quelques indices subtils pourraient nous conduire à une conclusion particulière. Il y a un lit en arrière-plan – que les protagonistes ont peut-être à l’esprit– et l’as de pique suggère un jeu de cartes, qui était souvent associé à la séduction. Ce n’est qu’un indice, mais suffisant pour nous interroger sur la signification des expressions impénétrables des musiciens. » (Commentaire National Gallery)

Gérard Terborch. La leçon de musique (v. 1668)

Gérard Terborch. La leçon de musique (v. 1668). Huile sur toile, 68 × 55 cm, Getty Center, Los Angeles. « "L’amour prévaudra tant qu’il y aura de la musique et des réjouissances", écrivait le poète néerlandais Jacob Cats dans les années 1600 ; cette peinture illustre la phrase de Cats. Alors que la femme élégamment vêtue joue du luth, un homme, peut-être son professeur, marque le rythme et le temps avec sa main. Le chauffe-pieds dans le coin inférieur gauche symbolise l’amour, et le lit suggère une relation amoureuse entre l’homme et la femme, peut-être même la séduction.
Gerard ter Borch crée toujours une ambiance, une interaction psychologique subtile entre les personnages de ses peintures intimistes. Il aime représenter méticuleusement des textures variées et les mettre en harmonie : le velours doux de la veste de la femme contrastant avec l’épaisse garniture de fourrure blanche ; le chatoiement de sa robe de satin couleur perle ; le pelage doux et ondulé du chien ; les variations du grain du bois sur le violoncelle, les meubles et le sol. Il ne néglige pas les détails les plus infimes, par exemple les clous du plancher et la poignée de porte en laiton. Ter Borch a créé environ onze peintures de joueuses de luth, répétant souvent les motifs de la femme en robe de satin et veste garnie de fourrure, du chien, du chauffe-pieds, du lit à baldaquin en arrière-plan et de la porte partiellement ouverte. » (Commentaire Getty Center)

Gérard Terborch. Le concert (1670-80)

Gérard Terborch. Le concert (1670-80). Huile sur bois, 57 × 46 cm, Gemäldegalerie, Berlin. « Une jeune femme assise, dos tourné vers le spectateur, joue de la viole de gambe. Elle est accompagnée d’une seconde femme au clavecin. La jeune femme du premier plan, portant une robe Atlas blanche avec un corsage rouge, est probablement l’une des figures de dos les plus expressives de l’œuvre de Ter Borch. Il traite les matières représentées avec virtuosité et établit une correspondance entre la figure en mouvement de la joueuse de viole de gambe et la subtile disposition des diagonales multiples et obliques de l’image. Plusieurs restaurations et retouches ont été apportées à la peinture au fil des ans. Les études techniques ont montré qu’à la place de la dame à l’épinette se trouvait à l’origine un jeune homme avec un chapeau à large bord, qui regardait sa partenaire. Cet homme a ensuite été remplacé par la figure d’une femme plus âgée et finalement, vers la fin du 19e siècle, par la figure visible aujourd’hui. » (Commentaire Gemäldegalerie)

 

Portraits

Gérard Terborch. Portrait de Caspar van Kinschot (1646-47)

Gérard Terborch. Portrait de Caspar van Kinschot (1646-47). Huile sur cuivre, 11 × 8 cm, Mauritshuis, La Haye. « En 1647, Ter Borch se trouvait dans la ville allemande de Münster où se tenaient des pourparlers de paix. Il a représenté les négociateurs. Caspar van Kinschot (1622-1649) était le plus jeune de la délégation néerlandaise. Sa jeunesse est soulignée par ses longs cheveux et son col à la mode. Le portrait étant de petit format, van Kinschot pouvait facilement le ramener à La Haye. » (Commentaire Mauritshuis)

Gérard Terborch. Helena van der Schalcke (v. 1848)

Gérard Terborch. Helena van der Schalcke (v. 1848). Huile sur bois, 34 × 26 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. Helena est la fille de Gerard van der Schalcke, riche négociant, et de Johanna Bardoel. Elle n’a pas encore trois ans lorsque Gérard Terborch réalise son portrait. Vêtue d’une robe élégante à dentelle, portant une lourde chaîne en or, un sac en osier sur le bras et un œillet à la main, elle apparaît comme un adulte en miniature et pas du tout comme un très jeune enfant.

Gérard Terborch. La famille Van Moerkerken (1653-54)

Gérard Terborch. La famille Van Moerkerken (1653-54). Huile sur bois, 41 × 36 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Dans ce portrait de son cousin Hartogh van Moerkerken avec sa femme, Sibylla, et leur fils, Ter Borch rompt avec les conventions en représentant la femme à gauche du panneau, place traditionnellement supérieure et masculine. La composition est asymétrique, déséquilibrée et dynamique, et le geste du jeune mari plaçant une montre de poche devant sa femme donne au portrait un élément de narration. Cette représentation émotionnellement convaincante d’une famille nucléaire signale une rupture avec l’imagerie dynastique des générations précédentes, bien qu’une tradition plus ancienne persiste dans les trois armoiries regroupées dans le coin supérieur gauche. » (Commentaire MET)

Gérard Terborch. Portrait de Willem Craeyvanger (1658)

Gérard Terborch. Portrait de Willem Craeyvanger (1658). Huile sur toile, 57 × 41 cm, The Leiden Collection, New York. Le père du modèle, également appelé Willem Craeyvanger (1616-1659), était un négociant en étoffes, très riche, qui fit réaliser les portraits de tous les membres de sa famille, dont huit enfants. Plusieurs peintres se succédèrent.
« Les deux garçons les plus âgés, Jan et Willem, âgés respectivement de 17 et 15 ans, sont presque adultes. Les deux jeunes gens apparaissent sûrs d’eux, une main sur la hanche sous une cape gris clair et tenant ostensiblement leur chapeau dans l’autre main. Leurs visages quelque peu allongés sont délicatement caractérisés. Ces portraits non signés révèlent le style raffiné et efficace et le pinceau doux de Ter Borch, qui, contrairement à Netscher, ne signait généralement pas son travail. Le rendu méticuleux des vêtements à la mode portés par les garçons est une spécialité de Ter Borch, très appréciée par sa clientèle. Les gilets gris sont déboutonnés en bas, permettant aux chemises blanches de bouillonner et exposant leur tablier de galants, une jupe en forme de tablier avec boucles de ruban. Comme les quatre frères cadets, ils portent des cols plats, attachés avec des cordelettes. » (Commentaire The Leiden Collection)

Gérard Terborch. Portrait d’un jeune homme (v. 1663)

Gérard Terborch. Portrait d’un jeune homme (v. 1663). Huile sur toile, 67 × 54 cm, National Gallery, Londres. « Au début des années 1660, lorsque ce portrait a été réalisé, cette tenue de fantaisie, ornée de volants, de rubans et de dentelle, était le summum de la sophistication vestimentaire, inspiré des dernières modes parisiennes et employant les tissus et la confection les plus couteux.
Le modèle n’est pas identifié, mais il s’agit probablement d’un riche bourgeois de la ville néerlandaise de Deventer où ter Borch s’était installé en 1654. C’était certainement un notable, cherchant à représenter son statut social et financier.
Apparemment, il ne craignait pas de s’aliéner certains de ses contemporains les plus conservateurs. Un comportement si ostentatoire n’était pas universellement approuvé aux Pays-Bas à l’époque. Des calvinistes plus stricts (adeptes du calvinisme, une branche du protestantisme) auraient certainement haussé les sourcils devant ce qu’un écrivain contemporain a appelé "des vêtements immodérément amples et longs... évocateur de surabondance et de prodigalité" ». (Commentaire National Gallery)

Gérard Terborch. Portrait d’Hermanna van der Cruis (1665-69)

Gérard Terborch. Portrait d’Hermanna van der Cruis (1665-69). Huile sur toile, 72 × 58 cm, National Gallery, Londres. « Cette femme à l’air sérieux est Hermanna van der Cruis. Elle était mariée à Abraham van Suchtelen, qui a occupé de nombreux postes dans l’administration nationale et locale aux Pays-Bas. Le portrait a probablement été réalisé dans la seconde moitié des années 1660, alors qu’Hermanna, âgée d’environ 50 ans, était une veuve riche et respectée dans les cercles supérieurs de la société locale.
Ter Borch avait introduit ce type de portrait en pied de petit format dans les années 1640 lorsqu’il voyageait et peignait dans de nombreuses régions d’Europe. En plaçant les personnages sur un fond sombre et uniforme et en utilisant de grands aplats de couleur pour produire un contraste avec les vêtements noirs et blancs, à la mode à l’époque, il a créé des compositions saisissantes mettant en valeur ce qui était important pour ses clients : leur visage et leur façon de s’habiller. Ter Borch était particulièrement admiré pour sa capacité à saisir les textures douces de dentelle, de satin et de velours coûteux tels que nous les voyons ici. » (Commentaire National Gallery)

Gérard Terborch. Petronella de Waert (1670)

Gérard Terborch. Petronella de Waert (1670). Huile sur toile, 40 × 32 cm, musée du Prado, Madrid. « Le thème des femmes à côté d’une coiffeuse a été popularisé par ter Borch. Petronella Waert (1628-1709) apparaît sur un fond noir, richement vêtue d’une robe de velours noir et d’une jupe en satin blanc ornée de dentelle et de brocarts argentés. Les différents matériaux et tissus sont représentés avec la maîtrise habituelle du peintre. Elle porte un collier de perles court, et sur ses cheveux et sa poitrine, des ornements de jais. Du point de vue stylistique, le tableau correspond au type du portrait bourgeois, sobre et honnête, avec le modèle représenté en trois-quarts, style cultivé par Ter Borch pendant son séjour à Amsterdam. Comme d’habitude dans les œuvres du peintre, les traits du modèle sont représentés avec une grande vraisemblance, puisque Ter Borch, contrairement aux portraitistes d’Amsterdam, a toujours été plus intéressé par l’individualité du modèle que par son statut social. » (Commentaire musée du Prado)

Gérard Terborch. Portrait d’Andries de Graeff, bourgmestre d’Amsterdam (1673)

Gérard Terborch. Portrait d’Andries de Graeff, bourgmestre d’Amsterdam (1673). Huile sur toile, 39 × 29 cm, The Leiden Collection, New York. « Andries de Graeff (1611-78) était l’un des hommes les plus riches et les plus influents de la République néerlandaise du XVIIe siècle […]
De Graeff a été représenté à plusieurs reprises par les artistes les plus recherchés de l’époque : peintures de Rembrandt van Rijn (1606-69) de 1639 et de Govaert Flinck (1615-60) du début des années 1650, dessin de Jan Lievens (1607-74) d’environ 1657, buste en marbre d’Artus Quellinus (1609-68) réalisé en1661. Peint en 1673, le portrait de Gérard ter Borch le Jeune est le dernier d’entre eux, représentant le sujet à l’âge de soixante-deux ou soixante-trois ans. De Graeff est vêtu simplement, d’un doublet noir et d’une culotte et porte un simple col plat en lin ; avec ses deux mains, il maintient le manteau noir drapé sur ses épaules. Sur la table à droite se trouve un livre mince, fermé solidement avec des rubans et des sceaux. Malgré la sobriété vestimentaire, le portrait de De Graeff par Ter Borch fait discrètement allusion à une certaine vanité personnelle : la perruque brune luxuriante et brillante de l’homme est mal assortie à sa moustache soigneusement coupée, qui révèle les cheveux argentés d’un homme dans la soixantaine. » (Commentaire The Leiden Collection)

 

Autres

Gérard Terborch. Le serment de ratification du traité de Münster (1648)

Gérard Terborch. Le serment de ratification du traité de Münster (1648). Huile sur cuivre, 45 × 59 cm, National Gallery, Londres. « Ce tableau témoigne d’un moment clé de l’histoire politique européenne : la ratification du traité qui accorda officiellement son indépendance, en 1648, à la nation néerlandaise sous domination espagnole. Les personnages clés sont les six délégués néerlandais et les deux délégués espagnols, représentés au centre et prêtant serment, et l’autoportrait de ter Borch, à gauche, avec une moustache rousse et de longs cheveux blonds, nous regardant.
C’est aussi la première peinture à l’huile connue à représenter un tel événement politique de manière factuelle. Avant cette date, les artistes avaient tendance à glorifier de tels moments, par exemple en faisant des protagonistes des héros classiques dans un cadre fantastique. Mais bien que ter Borch ait disposé opportunément les personnages de manière à ce que les plus importants soient clairement visibles, ils sont représentés de façon réaliste, et nous savons, d’après les récits écrits de témoins oculaires, que de nombreux détails de la salle et de son mobilier sont fidèles à la réalité. » (Commentaire National Gallery)

 

 

Pour visionner d'autres œuvres sur GOOGLE ARTS & CULTURE, cliquer sur le nom du peintre :

Gérard Terborch

 

Ajouter un commentaire