Lorenzo Lotto

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Patrick AULNAS

Autoportrait

Lorenzo Lotto. Autoportrait (v. 1540)

Lorenzo Lotto. Autoportrait (v. 1540)
Huile sur bois, 43 × 35 cm, musée Thyssen-Bornemisza, Madrid

 

Biographie

v. 1480-1556

La biographie de Lorenzo Lotto n’est pas connue en totalité. Mais il est possible de suivre sa vie itinérante par ses créations artistiques. Il se déplace en Italie en fonction des commandes et laisse dans chaque ville des témoignages de sa présence. De 1538 à 1554, il rédige un Libro di spese diverse (Livre des dépenses diverses) où il tient méticuleusement ses comptes, notamment pour la nourriture, les vêtements et le matériel artistique. Il y dresse également la liste des commandes reçues, des œuvres achevées et de leur prix de vente. Il s’agit d’une source essentielle.

Né à Venise aux environs de 1480, Lorenzo Lotto y a probablement suivi sa formation artistique. Ses premières œuvres révèlent l´influence d´Alvise Vivarini (v. 1445-v.1502) et de Giovanni Bellini (v. 1425-1516). Après cette formation, Lotto va de ville en ville et ne revient à Venise qu’en 1525, à l’âge approximatif de 45 ans.

 

 

Lorenzo Lotto. Vierge à l’Enfant avec des saints (v. 1506)

Lorenzo Lotto. Vierge à l’Enfant avec des saints (v. 1506)
Huile sur bois, 83 × 105 cm, National Gallery of Scotland, Édimbourg.

 

De 1503 à 1506, il est enregistré comme peintre à Trévise, ville située un peu au nord de Venise. En 1506, il s’installe beaucoup plus au sud, à Recanati, petite commune des Marches, pour la réalisation d’un polyptyque commandé par les dominicains (Polyptyque Recanati). En 1508, après l’achèvement de ce polyptyque, Lorenzo Lotto est appelé à Rome par le pape Jules II (1443-1513) pour la décoration des appartements du palais du Vatican. Il y travaille avec de nombreux autres peintres et probablement avec Raphaël, présent à Rome à cette époque.

On le trouve ensuite brièvement à Florence puis de nouveau à Recanati vers 1510 pour la création d’un second retable consacré à la transfiguration du Christ. En 1511-1512, à Jesi, un peu au nord-ouest de Recanati, il exécute un autre retable sur le thème de la mise au tombeau du Christ.

En 1513, il quitte l’Italie centrale pour s’installer à Bergame, à proximité de Milan, où il restera une quinzaine d’années, jusqu’à 1526. Il s’agit à nouveau d’honorer une commande de retable pour une église dominicaine. Il reçoit simultanément de nombreuses commandes de portraits des familles locales : les Cassotti, les Tassi, les Bonghi et les Brembati. Il réalise également des tableaux de scènes religieuses, comme par exemple L’adieu du Christ à sa mère (1521). En 1524, il entreprend à Bergame un important cycle de fresques pour l’Oratorio Suardi, à Trescore, localité proche de Bergame.

 

Lorenzo Lotto. L’adieu du Christ à sa mère (1521)

Lorenzo Lotto. L’adieu du Christ à sa mère (1521)
Huile sur toile, 126 × 99 cm, Staatliche Museen, Berlin.

 

En 1525, Lotto retourne à Venise, mais sa réputation lui amène des commandes d’autres villes, qu’il accepte. De nombreux chefs-d’œuvre de la maturité apparaissent alors, comme cette Vierge à l’enfant avec des saints de 1527-1528. De 1534 à 1539, le peintre retourne dans les Marches pour répondre à une commande de la Confraternité du Rosaire de Cingoli, petite ville proche de Jesi. Il réalise une monumentale Madone du Rosaire de presque quatre mètres de haut.

 

Lorenzo Lotto. Le repos pendant la fuite en Égypte (1529-30)

Lorenzo Lotto. Le repos pendant la fuite en Égypte (1529-30)
Huile sur toile, 82 × 133 cm, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

 

Vers 1539, Lorenzo Lotto revient à Venise et y reste jusqu’à 1549, année où il retourne définitivement dans les Marches, à Loreto. Son livre de comptes donne, à partir de 1538, de nombreuses informations sur son mode de vie. Il y note également ses réflexions morales et semble porté à l’introspection. Il n’est pas riche, malgré sa renommée. Il se plaint de ses clients, de ses apprentis et même de ses amis, qui le volent. Pietro Aretino (1492-1556), dit l’Arétin en français, le décrit cependant comme un homme plein de bonté.

Lorenzo Lotto ne s’est jamais marié. En 1552, il entre dans la communauté religieuse de la Santa Casa de Loreto. Il est reçu comme oblat, c’est-à-dire laïc suivant la règle monastique. Il ne quitte plus cette communauté religieuse jusqu´à sa mort en 1556.

Giorgio Vasari lui consacre une courte biographie élogieuse, qu’il termine ainsi (*) :

Lorenzo mourut en bon chrétien comme il avait vécu. Ses dernières années furent pleines de bonheur et de calme, et lui valurent probablement les félicités de la vie éternelle, qu’il n’aurait peut-être pas obtenues s’il se fut trop préoccupé des affaires de ce monde, dont le poids ne permet guère à l’esprit de se livrer à la recherche de la béatitude céleste.

 

Œuvre

Lorenzo Lotto a réalisé des retables d'autel, des peintures religieuses et des portraits. Il est aussi un grand fresquiste. D’origine vénitienne, il a également été actif à Trévise, Rome, Bergame, Recanati, Ancone, Macerata et Jesi. Souvent rattaché à l'école vénitienne, il fut cependant davantage admiré dans les autres villes où il a travaillé qu'à Venise, dominée de façon écrasante par Titien.

 

Lorenzo Lotto. Portrait d’un homme (1533-34)

Lorenzo Lotto. Portrait d’un homme (1533-34)
Huile sur bois, 108 × 100 cm, Cleveland Museum of Art.

 

Formé auprès de Bellini et de Giorgione selon certains historiens, auprès d’Alvise Vivarini selon d’autres, il a élaboré un style personnel et original qui lui valut l’ostracisme des historiens pendant plusieurs siècles. L’historien américain Bernard Berenson (1865-1959) le redécouvre au 19e siècle et lui donne une place éminente dans l’histoire de l'art.

 

Lorenzo Lotto. Le portement de croix (1526)

Lorenzo Lotto. Le portement de croix (1526)
Huile sur toile, 66 × 60 cm, musée du Louvre, Paris.

 

Lorenzo Lotto n’est pas classable. Ses œuvres de jeunesse restent imprégnées de l’esprit du 15e siècle. Mais son style évolue considérablement et il appartient incontestablement à la Haute Renaissance. Il dépasse le classicisme, qui connaît son apogée vers 1515-1520 avec Raphaël, et introduit dans ses compositions des accents maniéristes caractérisés par une gestuelle appuyée et une torsion des corps.

 

Lorenzo Lotto. Annonciation (1534-35)

Lorenzo Lotto. Annonciation (1534-35)
Huile sur toile, 166 × 114 cm, Pinacoteca Civica, Recanati.

 

Peintures sur bois et sur toile

Lorenzo Lotto. Allégorie du vice et de la vertu (1505)

Lorenzo Lotto. Allégorie du vice et de la vertu (1505). Huile sur bois, 56,5 × 42,2 cm, National Gallery of Art, Washington. Cette petite scène allégorique permet d’appréhender toute l’originalité de Lorenzo Lotto. Elle est comparable par son étrangeté  à la peinture philosophique de Giorgione. A gauche, l’enfant, avec ses instruments d’apprentissage, symbolise la vertu. La lumière éclaire le paysage. A droite, le vice est représenté par un satyre, amateur de vin et de luxure. Les cruches renversées renvoient au désordre et l’arrière-plan sombre évoque la perdition.

Lorenzo Lotto. Vierge à l’Enfant avec des saints (v. 1506)

Lorenzo Lotto. Vierge à l’Enfant avec des saints (v. 1506). Huile sur bois, 83 × 105 cm, National Gallery of Scotland, Édimbourg. A gauche de la Vierge apparaissent saint Jérôme et saint Pierre, à droite sainte Claire et saint François. Cette conversation sacrée (la Vierge bavarde avec des saints) témoigne de l’influence de Giovanni Bellini. Mais Lotto s’attache à mettre de l’animation dans la composition alors que Bellini choisit la sérénité. La Vierge fait un geste de la main à l’appui des paroles qu’elle adresse à saint François qui lui montre ses stigmates. L’Enfant examine un parchemin tenu par saint Jérôme.

Lorenzo Lotto. Polyptyque Recanati (1508)

Lorenzo Lotto. Polyptyque Recanati (1508). Huile sur bois, 307 × 242 cm, Pinacoteca Civica, Recanati. Œuvre de jeunesse, typique des réalisations des artistes du 15e siècle, ce polyptyque à six compartiments place différents saints et saintes sur les ailes et la partie supérieure. Au centre apparaît la Vierge.

Lorenzo Lotto. Polyptyque Recanati, panneau central (1508)

Lorenzo Lotto. Polyptyque Recanati, panneau central (1508). Huile sur bois, 227 × 108 cm, Pinacoteca Civica, Recanati. Cette scène est une conversation sacrée entre le Vierge et des saints, dont saint Dominique (à genoux) qui créa l’ordre des dominicains, commanditaire du polyptyque. La voûte et le dallage au sol, caractéristiques des peintures du siècle précédent, avaient pour fonction de marquer la perspective.

Lorenzo Lotto. Portrait d’un jeune homme avec une lampe à huile (1506-10)

Lorenzo Lotto. Portrait d’un jeune homme avec une lampe à huile (1506-10). Huile sur bois, 42 × 36 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Ce portrait d’un inconnu comporte une certaine dimension psychologique liée principalement au regard ferme et même inquisiteur. Le rideau de damas blanc a une fonction de masquage et de révélation. Ici, de toute évidence, il masque l’arrière-plan mais en constitue également un du point de vue de la composition. Seule apparaît à droite une lampe à huile, dont la présence est parfois interprétée comme une allusion au prologue de l’Évangile selon saint Jean : « Et lux in tenebris lucet et tenebrae eam non conprehenderunt. » (La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont point reçue.)

Lorenzo Lotto. Suzanne et les vieillards (1517)

Lorenzo Lotto. Suzanne et les vieillards (1517). Huile sur bois, 60 × 50 cm, Galerie des Offices, Florence. Épisode biblique. Une jeune femme, Suzanne, est surprise par deux vieillards alors qu’elle prend son bain. Elle refuse leurs avances et les vieillards l’accusent alors d’adultère. Elle est condamnée à mort. Le prophète Daniel prend sa défense et fait condamner les vieillards. Lotto place la scène dans un vaste paysage et l’anime par l’expression corporelle des personnages qui tiennent en main des parchemins (lisible) sur lesquels figurent en latin le dialogue. L’accusation d’adultère des vieillards s’oppose à la vertu de Suzanne qui proclame : Satius duco mori, quam peccare (Je préfère mourir que pécher).

Lorenzo Lotto. L’adieu du Christ à sa mère (1521)

Lorenzo Lotto. L’adieu du Christ à sa mère (1521). Huile sur toile, 126 × 99 cm, Staatliche Museen, Berlin. Le tableau a probablement été commandé par la famille Tassi de Bergame et la femme agenouillée à droite a été identifiée comme Elisabetta Rota, épouse de Domenico Tassi. Lotto déploie tout son art de la perspective pour accentuer la dramaturgie dans un espace clos de murs mais ouvert sur un jardin en arrière-plan.

Lorenzo Lotto. Retable de San Bernardino in Pignolo (1521)

Lorenzo Lotto. Retable de San Bernardino in Pignolo (1521). Huile sur toile, 287 × 268 cm, Église San Bernardino in Pignolo, Bergame. Cette conversation sacrée comporte une Vierge à l’Enfant trônant sous un dais et des saints avec lesquels elle converse. A gauche de la Vierge, saint Joseph tenant un long bâton, puis saint Bernardin de Sienne dans sa bure de moine, portant la tablette du monogramme du Christ. A droite de la Vierge, debout également, en conversation, saint Jean Baptiste (tunique rose) et saint Antoine abbé. Quatre anges soutiennent le dais de la Vierge. Ce dais comporte en général une architecture, mais Lotto a choisi de placer la scène en extérieur, ce qui lui permet d’oser le spectacle des anges semblant peiner dans leur tâche, il est vrai périlleuse.

Lorenzo Lotto. Retable de San Bernardino in Pignolo, détail (1521)

Lorenzo Lotto. Retable de San Bernardino in Pignolo, détail (1521). La Vierge éclaire la composition avec son vêtement orange, placé au centre. Le regard et le geste de la main indique qu’elle est en conversation (hors du temps) avec les personnages qui l’entourent. Un nimbe discret entoure la tête des deux figures.

Lorenzo Lotto. Vénus et Cupidon (1525-30)

Lorenzo Lotto. Vénus et Cupidon (v. 1525). Huile sur toile, 92 × 111 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Pour peindre cette œuvre, Lorenzo Lotto, génie anticonformiste de la Renaissance vénitienne, puisa dans les poèmes classiques consacrés au mariage. Il s’agit d’ailleurs vraisemblablement du thème de ce tableau. Vénus a peut-être même les traits de la mariée. Le coquillage au-dessus de sa tête et les pétales de rose sur son corps sont les attributs traditionnels de la déesse. Le lierre évoque la fidélité conjugale ; la couronne de myrte ainsi que le brûle-parfum qui y est suspendu symbolisent la chambre nuptiale. Vénus porte les boucles d’oreilles et le diadème d’une mariée du XVIe siècle. Le geste de Cupidon, qui urine à grand jet à travers la couronne, est un présage de fertilité qui ajoute une légère touche d’humour à cette image à caractère très intime. » (Commentaire MET)

Lorenzo Lotto. Le portement de croix (1526)

Lorenzo Lotto. Le portement de croix (1526). Huile sur toile, 66 × 60 cm, musée du Louvre, Paris. « Jésus, condamné à porter lui-même sa croix sur le chemin du Calvaire, est montré dans un cadrage serré. Ce type de composition et le réalisme des bourreaux s'inspirent de Dürer. Fait singulier, la signature et la date du tableau sont inscrites à l'envers sur le bois de la croix : le peintre veut que seul le Christ puisse lire son nom. » (Notice base Atlas, Louvre)

Lorenzo Lotto. Vierge à l’enfant avec des saints (1527-28)

Lorenzo Lotto. Vierge à l’enfant avec des saints (1527-28). Huile sur toile, 114 × 152 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Le thème de la Vierge entourée de saints apparaissait déjà au 15e siècle, mais dans un cadre architectural, la Vierge étant souvent placée sur un trône (Vierge en majesté). Au début du 16e siècle, le schéma de composition évolue vers moins de solennité et la Vierge apparaît dans un paysage. Les saints représentés sont Catherine d’Alexandrie et l’apôtre Thomas muni de sa lance.

Analyse détaillée

Lorenzo Lotto. La femme adultère (1527-29)

Lorenzo Lotto. La femme adultère (1527-29). Huile sur toile, 124 × 156 cm, musée du Louvre, Paris. « Dans l'Évangile selon saint Jean (8, 1-11), une femme adultère est conduite devant Jésus qui la sauve en disant : « Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre.» La sérénité du Christ et la délicatesse de la femme s'opposent à la brutalité des autres personnages. » (Notice base Atlas, Louvre)

Lorenzo Lotto. Vierge à l’Enfant avec deux donateurs (1525-30)

Lorenzo Lotto. Vierge à l’Enfant avec deux donateurs (1525-30). Huile sur toile, 88 × 118 cm, J. Paul Getty Museum, Los Angeles. « La Vierge Marie tient tendrement le Christ sur ses genoux, tandis que les donateurs qui ont commandé ce tableau s’agenouillent au-dessous d’eux, les yeux levés avec révérence. Le Christ enfant rencontre leur regard et récompense leur piété par une bénédiction. Une branche de figuier, visible dans le cadre de la fenêtre à l’arrière-plan, symbolise la résurrection du Christ.
Lotto divise sa composition en deux parties, encadrant la Vierge et le Christ avec des pans de draperie, tandis que l’espace occupé par le couple agenouillé est nettement délimité. Ils sont placés contre un mur comportant une fenêtre qui s’ouvre sur un paysage profond. L’apparence des figures de chaque côté de la composition est typiquement différente. Les robes aux couleurs vives de la Vierge contrastent avec la robe sombre des donateurs. Lotto représente la mère et l’enfant dans des poses articulées, avec un déhanchement de la Madone, tandis que le couple agenouillé apparaît de profil, dans une posture rigide. Cette opposition permet de souligner le contraste entre le royaume de cieux et la vie terrestre, mais pourrait aussi s’expliquer par l’emprunt des figures de la Vierge et de son fils à un autre artiste, peut-être dans le cercle de Raphaël (1483-1520) ou Giulio Romano (vers 1499-1546). La différenciation entre les deux ensembles de figures a également conduit les chercheurs à suggérer que cette peinture constitue une phase transitoire dans l’œuvre de Lotto. » (Commentaire. Paul Getty Museum)

Lorenzo Lotto. Le repos pendant la fuite en Égypte (1529-30)

Lorenzo Lotto. Le repos pendant la fuite en Égypte (1529-30). Huile sur toile, 82 × 133 cm, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg. Le roi Hérode Ier de Palestine, ayant appris la naissance à Bethléem du roi des Juifs, donne l’ordre de tuer tous les enfants de moins de deux ans se trouvant dans la ville. Prévenu par un songe, Joseph s’enfuit en Égypte avec l’enfant Jésus et sa mère Marie. Ils y resteront jusqu’à la mort d’Hérode. Dans cette représentation inhabituelle de l’épisode biblique, la Sainte Famille (Marie, Joseph et Jésus enfant) est accompagnée de sainte Justine de Padoue (agenouillée), martyre chrétienne morte sous les persécutions de l’empereur Maximien (250-310), la poitrine percée par une épée. Elle apparaît fréquemment dans la peinture de Padoue et de Venise.

Lorenzo Lotto. Portrait d’une femme en Lucrèce (1530-33)

Lorenzo Lotto. Portrait d’une femme en Lucrèce (1530-33). Huile sur toile, 96,5 × 110,6 cm, National Gallery, Londres. « Une jeune femme somptueusement vêtue tient un dessin de l’héroïne romaine Lucrèce. L’histoire de Lucrèce, qui a vécu au début du VIe siècle av. J.-C., est racontée dans Histoire de Rome de Tite-Live (59 av. J.-C.-17 ap. J.-C.). Le prince Sextus Tarquinius s’est glissé dans la chambre de Lucrèce pendant la nuit et l’a violée. Elle l’a avoué à son père et à son mari, qui n’ont pas pu la dissuader de se suicider.
Sur ce portrait, les derniers mots de Lucrèce sont écrits sur un papier posé sur la table. La formulation latine est difficilement traduisible, mais signifie approximativement qu’en se tuant Lucrèce privera les femmes non chastes d’une excuse possible pour continuer à vivre. Sur la table apparaît également une fleur jaune qui pourrait être le cadeau d’un amant. La femme porte une bague de mariage en or et un type de pendentif en or associé au mariage. La chaise vide peut suggérer le mari absent.
Le modèle du portrait de Lotto, très probablement prénommée Lucrèce, semble signifier qu’elle suivrait l’exemple de son héroïne. » (Commentaire National Gallery)

Lorenzo Lotto. Portrait d’un homme (1533-34)

Lorenzo Lotto. Portrait d’un homme (1533-34). Huile sur bois, 108 × 100 cm, Cleveland Museum of Art. « Le geste de l’homme élégamment habillé est un mystère. Se lève-t-il de sa chaise pour s’adresser à quelqu’un ou pointe-t-il quelque chose à l’extérieur du cadre ? Sa main droite repose sur un morceau de papier (une lettre ?), tandis que sur la table sont posés le trèfle – symbole d’abondance, de bonne fortune et de mariage heureux –et le jasmin, associé à la pureté et l’amour, encore soulignées par les roses sur le treillis. Il existait peut-être un pendant représentant l’épouse du modèle, à qui il donne sa bénédiction. Une autre interprétation récente identifie le modèle à Girolamo Rosati, haut fonctionnaire à Fermo, sur la côte est de l’Italie. Le papier peut être un plan pour l’un de ses projets architecturaux importants, dont il indique la réalisation dans les lointains. Le geste interrompu est une caractéristique naturaliste de Lotto, tout à fait distincte du formalisme des autres portraits de la Renaissance italienne dans la collection du musée. Bien que ce portrait exprime clairement le statut de l’homme, Lotto met l’accent sur son individualité et son intériorité autant que sur son identité sociale. » (Commentaire Cleveland Museum of Art)

Lorenzo Lotto. Annonciation (1534-35)

Lorenzo Lotto. Annonciation (1534-35). Huile sur toile, 166 × 114 cm, Pinacoteca Civica, Recanati. L’archange Gabriel annonce à la Vierge Marie la naissance prochaine du Christ (maternité divine de la Vierge selon le dogme chrétien). Comme il est courant à l’époque, l’artiste place la scène biblique dans un décor italien contemporain. La Vierge est donc censée habiter dans un palais avec arcade ouvrant sur un jardin. Lotto meuble la pièce avec précision et y place même un chat apeuré. Mais toute l’originalité du tableau provient du traitement « art naïf » des figures. L’apparition de l’archange Gabriel provoque la surprise de Marie. Elle était assise à son écritoire et se retourne vers l’observateur du tableau, les mains écartées, geste d’émerveillement et de prière. A l’extérieur de la pièce, Dieu, sur un nuage, règne sur le monde et déclenche le premier épisode de la venue de son fils sur terre.

Lorenzo Lotto. La Sainte Famille avec trois anges (1536-37)

Lorenzo Lotto. La Sainte Famille avec trois anges (1536-37). Huile sur toile, 150 × 237 cm, musée du Louvre, Paris. Titre complet donné par le musée du Louvre : La Sainte Famille, avec trois anges, le petit saint Jean, sainte Élisabeth et saint Zacharie, dit aussi La Reconnaissance de la nature divine de l'Enfant Jésus.
« Le peintre donne à la rencontre des parents du Christ, durant la fuite en Égypte, avec ceux du petit saint Jean, racontée dans les Évangiles apocryphes, la forme d'une sainte conversation vénitienne au milieu d'une nature idyllique. La position de l'Enfant, étendu nu sur un linge et tendant les bras vers la croix que tient le Précurseur, ajoutée à la présence des trois anges en adoration et aux gestes d'étonnement de la famille, font allusion à la divinité de Jésus. » (Notice base Atlas, Louvre)

Lorenzo Lotto. La Madone du rosaire (1539)

Lorenzo Lotto. La Madone du rosaire (1539). Huile sur toile, 384 × 264 cm, Pinacoteca communale, Cingoli. Cette Vierge en majesté entourée de saints, réalisée à Cingoli par Lotto, se rattache à la tradition du siècle précédent. Saint Dominique, à gauche, reçoit sa couronne de la Vierge. Sperandia Simonetti, appartenant à une grande famille locale, est représentée à l'extrême gauche en sainte Claire portant la fiole et accompagnée de Pierre de Vérone. L'évêque de droite serait saint Esuperanzio, dignitaire religieux local. La scène principale est complétée en arrière-plan par un arbre supportant quinze médaillons représentant chacun un épisode de la vie de Marie ou de Jésus.

Lorenzo Lotto. Présentation au Temple (1554-55)

Lorenzo Lotto. Présentation au Temple (1554-55). Huile sur toile, 172 × 137 cm, Santuario della Santa Casa, Loreto. Selon l’apôtre Luc, l’Enfant Jésus fut présenté au temple de Jérusalem où l’accueillit Syméon, qui avait été averti par le Saint-Esprit qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Christ. Cette présentation est une prescription religieuse juive.
Voici probablement la dernière œuvre (inachevée) de Lorenzo Lotto. Assailli par les problèmes financiers liés à l’absence de commandes, l’artiste s’est réfugié au sanctuaire de la Santa Casa de Loreto. Cette peinture émouvante représente le début d’une vie et la fin d’une autre avec les hésitations de la vieillesse. L’homme barbu, à droite (vêtement rose) est considéré comme un autoportrait de l’artiste, qui mourra peu après. Le chromatisme puissant de Lotto a disparu.

 

Fresques

Fresques de l’Oratoire Suardi à Trescore (1524)

Lorenzo Lotto. Oratoire Suardi, vue d’ensemble (1524)

Lorenzo Lotto. Oratoire Suardi, vue d’ensemble (1524). Battista Suardi, appartenant à une famille noble de Bergame, fait construire cette chapelle ou oratoire au début du 16e siècle. Il demande à Lorenzo Lotto de la décorer de fresques vers 1524. Le mur de gauche est consacré au Christ-Vigne et à la légende de sainte Barbe, le mur de droite à celle de saint Brigitte d’Irlande.

Lorenzo Lotto. Christ-Vigne et légende de sainte Barbe (1524)

Lorenzo Lotto. Christ-Vigne et légende de sainte Barbe (1524). La figure du Christ domine cette fresque. Il est représenté comme un plant de vigne duquel partent d’immenses branches, conformément à ses paroles dans l’Évangile selon saint Jean : « Je suis la vigne, vous êtes les branches. » Aux pieds du Christ, Battista Suardi, sa femme et sa sœur sont en prière. Les branches de la vigne aboutissent à des médaillons représentant des saints. De part et d'autre du Christ, Lotto a peint l'histoire de sainte Barbe. Selon la légende chrétienne, Barbe (ou Barbara) aurait vécu au 3e siècle. Elle fut enfermée par son père dans une tour afin de la protéger du prosélytisme des chrétiens. Mais un prêtre pénétra dans la tour et la baptisa. Son père la livra au gouverneur romain et elle fut suppliciée.

Lorenzo Lotto. Le supplice de sainte Barbe, détail (1524)

Lorenzo Lotto. Le supplice de sainte Barbe, détail (1524). Selon la légende, Barbe refusant d’abjurer sa foi le gouverneur romain de la province de Bithynie ou Phénicie ordonne à son père de trancher lui-même la tête de sa fille. On lui brûle d’abord certaines parties du corps et on lui arrache les seins puis son père Dioscore la décapite. Il est aussitôt châtié par le ciel et meurt frappé par la foudre. Comme le faisaient les peintres de l’époque, Lotto place la scène dans un univers architectural inspiré de celui qu’il connaît et qui n’a rien de commun avec l’époque romaine.

Lorenzo Lotto. La légende de sainte Brigitte d’Irlande (1524)

Lorenzo Lotto. La légende de sainte Brigitte d’Irlande (1524). Brigitte de Kildare ou Brigitte d’Irlande (451-525) est la fille d’un roi écossais et d’une esclave chrétienne ; elle fut baptisée par saint Patrick. Refusant de se marier pour rester vierge, elle construisit une cellule sous un gros chêne puis fonda un couvent autour duquel se forma la ville de Kildare.

Lorenzo Lotto. Sainte Brigitte apprivoise un sanglier, détail (1524)

Lorenzo Lotto. Sainte Brigitte apprivoise un sanglier, détail (1524). Sur ce détail, sainte Brigitte apprivoise un sanglier menaçant un berger et ses moutons. L’animal rejoint alors paisiblement le troupeau de moutons.

 

Fresques de l’église San Michele al Pozzo Bianco (1525)

Lorenzo Lotto. Naissance de la Vierge (1525)

Lorenzo Lotto. Naissance de la Vierge (1525). San Michele al Pozzo Bianco est une église de Bergame fondée au 8e siècle. La chapelle de gauche est décorée de fresques représentant des scènes de la vie de la Vierge, créées par Lorenzo Lotto en 1525. La présente scène est consacrée à la naissance de la Vierge. Le peintre s’inspire de la vie de ses contemporains pour montrer Anne, la mère de Marie, alitée après la naissance, et sa fille Marie qui est prise en charge par des servantes.

Lorenzo Lotto. Naissance de la Vierge, détail (1525)

Lorenzo Lotto. Naissance de la Vierge, détail (1525). Le nouveau-né emmailloté dispose déjà d’un nimbe. 

Pour visionner d'autres œuvres sur GOOGLE ARTS & CULTURE, cliquer sur le nom du peintre :

Lorenzo Lotto

 

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(*) Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (première édition 1550, remaniée en 1568, traduction Leclanché, 1841)

 

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