Gérard de Saint-Jean

Patrick AULNAS

 

Gérard de Saint-Jean. Saint Jean-Baptiste au désert (1480-95)Gérard de Saint-Jean. Saint Jean-Baptiste au désert (1480-95)
Huile sur bois, 42 × 28 cm, Staatliche Museen, Berlin.
ÉTUDE DÉTAILLÉE

1460/65 - 1490/95

L'essentiel des informations concernant ce peintre néerlandais provient du Livre des peintres de Karel Van Mander (1548-1606), publié en 1604 à Amsterdam. Né à Leyde entre 1460 et 1465, formé à Haarlem par le peintre Aelbert Van Ouwater (v. 1410-1475), on sait seulement qu'il vécut au couvent des chevaliers de Saint-Jean de Haarlem comme hôte de la communauté ecclésiastique. En néerlandais, son nom (Geertgen tot Sint Jans) signifie en effet petit Gérard qui habite à Saint-Jean. Il meurt à 28 ans entre 1490 et 1495.
Ses œuvres ne peuvent être datées avec certitude, mais sa période créative doit se situer entre 1480-85 et 1490-95. Ce peintre très attachant se distingue nettement des primitifs flamands par l'intérêt qu'il porte à l'émotion des personnages. Les visages et les postures traduisent une douce intériorité non dénuée de naïveté. La thématique est exclusivement religieuse mais avec un éclectisme stylistique qui en dit long sur les capacités de ce jeune peintre. Il peut traiter avec une maîtrise étonnante une Nativité qui semble annoncer Georges de La Tour, un Saint Jean-Baptiste au désert d'une romantique mélancolie ou une Lamentation sur le Christ mort qui le rapproche des flamands de son époque. Le génie de Gérard de Saint-Jean aura une influence notable sur la peinture néerlandaise du 16e siècle.

Gérard de Saint-Jean. La nativité (1480-95)La nativité (1480-95). Huile sur bois, 34 × 25 cm, National Gallery, Londres. Il ne s'agit pas de la première nativité nocturne puisque le Gothique international en possédait déjà (par exemple, en 1423, Gentile da Fabriano). Mais celle de Gérard de Saint-Jean semble constituer une anticipation du Nouveau-né (1645-48) de Georges de La Tour. Le caractère très épuré des formes et la maîtrise de l'effet de lumière provenant de l'enfant donnent à cette composition une intensité inédite à cette époque. 

 
Gérard de Saint-Jean. Saint Jean-Baptiste au désert (1480-95)

Saint Jean-Baptiste au désert (1480-95). Huile sur bois, 42 × 28 cm, Staatliche Museen, Berlin. Il s'agit, avec La nativité, du second chef-d'œuvre de Gérard de Saint-Jean. Ces tableaux appartiennent à cette catégorie d'œuvres touchant immédiatement tout observateur, sans qu'il soit besoin de posséder une culture artistique. Leur puissance évocatrice réside dans l'universalité de l'émotion traduite et dans une simplicité formelle reposant cependant sur une maîtrise technique de haut niveau.

ÉTUDE DÉTAILLÉE

 
Gérard de Saint-Jean. La résurrection de Lazare (1480-95)

La résurrection de Lazare (1480-95). ). Huile et tempera sur bois, 127 x 97 cm, musée du Louvre, Paris. Le peintre a repris un thème traité par son maître Aelbert Van Ouwater en le transposant en extérieur, ce qui autorise un riche paysage en arrière-plan.

 
Gérard de Saint-Jean. La Vierge et l'enfant (1) (1480-95)

La Vierge et l'Enfant (1) (1480-95). Huile sur bois, 27 × 21 cm, Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam. Vierge de l'Apocalypse qui semble emportée dans un tourbillon d'anges musiciens.

 
Gérard de Saint-Jean. La Vierge et l'enfant (2) (1480-95)

La Vierge et l'Enfant (2) (1480-95). Huile sur bois, 81 × 52 cm, Staatliche Museen, Berlin. Thème particulièrement courant à l'époque, traité avec beaucoup de délicatesse.

 
Gérard de Saint-Jean. L'adoration des mages (1) (1480-95)

L'Adoration des mages (1) (1480-95). Huile sur bois, 90 × 70 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. Selon le récit biblique, trois mages (astronomes) auraient suivi une étoile vers le lieu de naissance de Jésus-Christ. Arrivés près de Jésus, ils lui offrent l'or, l'encens et la myrrhe. L'originalité de la composition se situe dans l'expressivité des visages dont l'émotion nous est transmise.

 
Gérard de Saint-Jean. L'adoration des mages (2) (1480-95)

L'Adoration des mages (2) (1480-95). Huile sur bois, 111 × 69 cm, Národní Galerie, Prague. Il s'agit d'un volet d'un triptyque qui a été démantelé. Comme précédemment, traitement soigné de l'émotion des personnages.

 
Gérard de Saint-Jean. Lamentation sur le Christ mort (1480-95)

Lamentation sur le Christ mort (1480-95). Huile sur bois, 175 × 139 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Thème récurrent de la peinture occidentale appelé aussi Déploration du Christ. Le Christ est mort, allongé, et des personnages le pleurent. Mantegna (1431-1506), Botticelli (1444-1510), Spada (1576-1622) peindront également une telle lamentation. Les flamands avaient déjà réalisé des lamentations, mais celle de Gérard de Saint-Jean est emprunte de douceur et insiste sur le chagrin quand Van der Weyden, par exemple, demeure solennel et dramaturgique.

 
Gérard de Saint-Jean. Les reliques de saint Jean-Baptiste (1480-95)

Les reliques de saint Jean-Baptiste (1480-95). Huile sur bois, 172 × 139 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Triptyque offert par le peintre au couvent des chevaliers de Saint-Jean de Haarlem, où il vivait. Un seul panneau nous est parvenu. Jean le Baptiste ou Saint Jean-Baptiste est le prophète qui, selon la tradition chrétienne, aurait annoncé la naissance du Christ. De nombreuses communautés religieuses ont prétendu détenir les reliques de saint Jean-Baptiste, en faisant ainsi un thème artistique.

 
Gérard de Saint-Jean. L'arbre de Jessé (1480-95)

L'arbre de Jessé (1480-95). Huile sur bois, 89 × 59 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. Il s'agit d'un thème fréquent dans la peinture occidentale entre les 12e et 15e siècles. Il représente l'arbre généalogique (mythologique) de Jésus de Nazareth. On remonte à Jessé, père du roi David.

 
Gérard de Saint-Jean. La Sainte Famille (1480-95)

La Sainte Famille (1480-95). Huile sur bois, 137 × 105 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. Encore appelé La famille de la Vierge, ce tableau atypique a tout le charme de la candeur.

 

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