Georges de La Tour

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Patrick AULNAS

Biographie

 1593-1652

Georges Dumesnil de La Tour est né en 1593 à Vic-sur-Seille, près de Metz, en Lorraine, dans une famille de boulangers. Sa période de formation est très mal connue car il n’existe que très peu de documents le concernant. Les jeunes peintres de l’époque souhaitaient tous aller à Rome et partaient parfois en groupe vers la capitale italienne. Certains historiens supposent que de La Tour a fait le voyage de cette manière. Il aurait pu alors voir les œuvres du réalisme baroque de Caravage dont les clair-obscur inspireront ses tableaux. Selon d’autres historiens, il n’a jamais été à Rome et son caravagisme proviendrait des hollandais Gerrit van Honthorst (1590-1656) et Hendrick Terbrugghen (1588-1629) appartenant à l’école caravagesque d’Utrecht.

 

Georges de La Tour. Le Nouveau-né (1645-48)

Georges de La Tour. Le Nouveau-né (1645-48)
Huile sur toile, 76 × 91 cm, Musée des Beaux-Arts, Rennes.

 

En 1617, il épouse Diane Le Nerf, originaire de Lunéville ; le couple s’installe dans cette ville. Il va rapidement conquérir une célébrité locale et les commandes de tableaux de la bourgeoisie et de la noblesse lorraine vont affluer : sujets religieux et scènes de genre représentant en particulier des musiciens ou des mendiants. La prospérité de la famille ne tarde pas : elle devient l’une des plus riches de Lunéville et, dès 1620, le peintre est reçu « bourgeois de Lunéville ». De La Tour a cependant acquis une réputation de pingrerie attestée par des plaintes de son personnel de maison indiquant qu’on mange fort mal chez lui.

Il fera un séjour à Paris, mais quasiment contraint et forcé. La guerre de Trente ans (1618-1648) qui déchire l’Europe va provoquer un grave incendie à Lunéville, en septembre 1638, qui détruit la maison du peintre. La famille se réfugie d’abord à Nancy, puis à Paris où de La Tour est logé au Louvre et devient « peintre ordinaire du Roy ». Ce titre, que revendiquait de La Tour, ne semble cependant pas être attesté par un quelconque document. Dès 1641, sa maison est reconstruite et la famille regagne Lunéville. Le succès se maintiendra jusqu’à la mort du peintre en 1652, causée par une épidémie qui tuera huit personnes dans sa maison (dont sa femme) et plus de huit mille à Lunéville. Le couple laissait trois enfants.

 

Œuvre

Georges de La Tour sera complètement oublié après sa mort. Le fait qu’il n’ait signé que très peu de ses œuvres a sans doute facilité cet oubli. C’est l’historien d’art allemand Hermann Voss (1884-1969) qui redécouvre le peintre en 1915 : il lui attribue deux toiles du musée des Beaux-arts de Nantes. Dès lors, d’autres historiens et collectionneurs s’intéressent à de La Tour et, en 1934, une exposition au musée de l’Orangerie à Paris présente treize œuvres de l’artiste oublié. Bien d’autres découvertes suivront. On lui attribue aujourd’hui avec certitude une trentaine d’œuvres.

 

Georges de La Tour. La Diseuse de bonne aventure (1633-39)

Georges de La Tour. La Diseuse de bonne aventure (1633-39)
Huile sur toile, 102 × 123,5 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.
Analyse détaillée

 

Il existe peu de peintres capables d’exercer une telle fascination sur le spectateur. Est-ce l’extrême dépouillement des scènes qu’on a parfois qualifiées de stoïciennes, est-ce la dimension spirituelle, de toute évidence omniprésente, ou encore l’impression de sérénité qui se dégage de chaque tableau ? Si l’esthétique du peintre lorrain est empruntée à Caravage, l’esprit en est très éloigné. Car, au fil du temps, il s’agit de moins en moins de réalisme, mais plutôt d’une sorte de recherche de la quintessence du sujet traité. La rigueur géométrique et les jeux d’ombre et de lumière doivent révéler les secrets indicibles de l’âme humaine. La maîtrise technique permet de se limiter à l’essentiel et de donner à des compositions apparemment simples une force impressionnante.

Les scènes diurnes

Les tableaux diurnes se situent dans la période 1620-1640. Le style est inspiré de Caravage, tant en ce qui concerne la lumière que les gestes et les regards qui structurent l’esthétique de la toile (voir ci-après les deux Diseuses de bonne aventures : Caravage et de La Tour). Le chef-d’œuvre est sans doute Le Tricheur.

Georges de La Tour. Rixe de musiciens (1625-30)

Rixe de musiciens (1625-30). Huile sur toile, 94 × 140 cm, J. Paul Getty Museum, Los Angeles. Le jeune Georges de la Tour choisit de traiter une scène de violence avec le plus grand réalisme. Les visages, particulièrement travaillés, expriment chacun une émotion distincte : agressivité, peur, amusement.

Georges de La Tour. Saint Thomas (1625-30)Saint Thomas (1625-30). Huile sur toile, 69 × 61 cm, Musée du Louvre, Paris. Thomas est l’un des douze apôtres de Jésus-Christ. Il est devenu le symbole du doute religieux car, selon le Nouveau Testament, il refusa de croire à la crucifixion : « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point. »

Georges de La Tour. Le Tricheur à l'as de carreau (vers 1635)

Le Tricheur à l'as de carreau (vers 1635). Huile sur toile, 106 × 146 cm, Musée du Louvre, Paris. « Par la simplification des volumes, l’étrangeté de la composition et l’aspect cocasse du sujet, Le Tricheur  du Louvre a trouvé une place de choix dans la sensibilité du XXe siècle. On imagine facilement la fascination que devait exercer cette œuvre sur les cubistes par son traitement des masses ou sur surréalistes par son caractère mystérieux, tout comme un autre tableau de quelques années antérieur : Gabrielle d’Estrées et sa sœur, peinture anonyme de la seconde école de Fontainebleau (Louvre). » (Commentaire musée du Louvre)

Georges de La Tour. La Diseuse de bonne aventure (1633-39)

La Diseuse de bonne aventure (1633-39). Huile sur toile, 102 × 123,5 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Caravage avait déjà traité le sujet en 1594 en privilégiant la douceur et en se concentrant sur deux personnages. De la Tour remplace la jeune femme de Caravage par une femme très âgée au visage ridé et axe l'aspect relationnel sur la défiance.

Analyse détaillée

 

Les scènes nocturnes

Les premiers tableaux nocturnes se rattachent au réalisme caravagesque ; puis de La Tour va évoluer vers une sobriété qui constitue sa singularité. Le nouveau-né représente le point culminant du génie de l’artiste. Il s’agit de l’un des tableaux qui a permis à Hermann Voss de redécouvrir le peintre en 1915. Si le clair-obscur reste caravagesque, nous sommes loin du réalisme du maître italien. De La Tour nous propose une épure traduisant la quintessence du lien mère-enfant. L’œuvre semble provenir d’une longue méditation sur le sujet. Elle ne peut voir le jour au 17e siècle que chez un peintre d’exception qui est au sommet de son art. Une telle économie de moyens au service d’une telle puissance expressive ne se retrouvera pas avant la fin du 19e ou le 20e siècle.

Georges de La Tour. Les mangeurs de pois (vers 1620)

Les mangeurs de pois (vers 1620). Huile sur toile, 74 × 87 cm, Staatliche Museen, Berlin. Connu comme un peintre de la spiritualité, de la Tour est également un grand peintre réaliste, qui sait transposer sur la toile la rudesse du quotidien des gens du peuple. Il met ici en évidence le désenchantement de ses personnages par l’analyse des mimiques et des vêtements.

Georges de La Tour. Job raillé par sa femme (1625-50)Job raillé par sa femme (1625-50). Huile sur toile, 145 × 97 cm, Musée Départemental des Vosges, Épinal. Le personnage de Job est commun aux religions juive, chrétienne et musulmane. Il s’agit d’un juste constamment mis à l’épreuve par les malheurs qui l’assaillent : il supporte avec résignation la perte de ses biens, de ses enfants, ainsi que les souffrances de la maladie.

Georges de La Tour. Madeleine en pénitence (1625-50)Madeleine en pénitence (1625-50). Huile sur toile, Huile sur toile, 133,4 × 102,2 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Marie-Madeleine est un personnage du Nouveau Testament, disciple de Jésus-Christ. Mais un sermon du pape Grégoire prononcé en 591 l’assimila à Marie de Béthanie, également présente dans le récit biblique, mais qui est une « pécheresse ». Sermon de Grégoire : « Elle, celle que Luc appelle la femme pécheresse, celle que Joseph appelle Marie de Béthanie, nous croyons que c’est Marie, de qui sept démons furent chassés selon Marc. » Cette réputation lui est restée, d’où la pénitence.

Georges de La Tour. Madeleine en pénitence, détail (1625-50)

Madeleine en pénitence, détail (1625-50)

Georges de La Tour. La femme à la puce (vers 1630)

La femme à la puce (vers 1630). Huile sur toile, 121 × 89 cm, Musée lorrain, Nancy. « Cette œuvre est d’autant plus fascinante qu’elle allie le réalisme cru du personnage féminin à une modernité plastique saisissante : nudité du fond, unité de la lumière, géométrisation des formes contribuent à une stylisation audacieuse. Dans l’espace dépouillé de la partie gauche de l’œuvre, la chandelle allumée éclaire toute la toile, attire le regard et concentre l’attention. La lumière douce qui en émane confère à l’œuvre une atmosphère de calme, voire de recueillement. Loin de se complaire dans la seule description du visible, Georges de La Tour invite son public à dépasser le sujet de son œuvre en suggérant ce qu’on ne peut pas voir : n’est-ce pas la profondeur de l’âme humaine, dans son éclat et son dénuement, qu’il a voulu représenter ? » (Commentaire Musée lorrain)

Georges de La Tour. Le rêve de Saint Joseph (vers 1640)Le rêve de Saint Joseph (vers 1640). Huile sur toile, 93 × 81 cm, Musée des Beaux-Arts, Nantes. Dans le Nouveau Testament, Joseph est un lointain descendant d’Abraham et du roi David. Fiancé à Marie, il l’épouse bien que celle-ci soit enceinte (par l’Esprit Saint selon le texte). Il devient ainsi le père nourricier de Jésus et un « homme juste » qui a accepté d’accueillir Marie et son enfant.

Georges de La Tour. Le rêve de Saint Joseph, détail (vers 1640)

Le rêve de Saint Joseph, détail (vers 1640)

Georges de La Tour. Madeleine à la veilleuse (1642-44)Madeleine à la veilleuse (1642-44). Huile sur toile, 128 × 94 cm, Musée du Louvre, Paris. De La Tour a traité au moins trois fois le thème de Madeleine pénitente avec quelques variantes.

Georges de La Tour. Madeleine à la veilleuse, détail (1642-44)

Madeleine à la veilleuse, détail (1642-44)

Georges de La Tour. L'adoration des bergers (1644)L'adoration des bergers (1644). Huile sur toile, 107 × 131 cm, Musée du Louvre, Paris. Episode biblique concernant la naissance de Jésus-Christ à Bethléem. Les bergers proches de Bethléem sont informés par des anges de la venue du Sauveur. Ils se rendent à la crèche pour se prosterner devant l’Enfant Jésus.

Analyse détaillée

Georges de La Tour. Le Nouveau-né (1645-48)Le Nouveau-né (1645-48). Huile sur toile, 76 × 91 cm, Musée des Beaux-Arts, Rennes.« Chez La Tour, les dieux sont sans nimbes, les anges sont sans ailes, les fantômes sans ombre. On ne sait si c’est un enfant ou Jésus. Ou plutôt : tout enfant est Jésus. Toute femme qui se penche sur son nouveau-né est Marie qui veille un fils qui va mourir. » (Pascal Quignard, Georges de La Tour, éditions Galilée)

Georges de La Tour. Saint Sébastien soigné par Irène (vers 1650)Saint Sébastien soigné par Irène (vers 1650). Huile sur toile, 167 × 130 cm, Musée du Louvre, Paris. Sébastien est un martyr victime des persécutions de l’empereur romain Dioclétien au début du 4e siècle après J.-C. Selon la légende, il fut attaché à un poteau et transpercé de flèches. Mais il ne mourut pas et fut soigné par une jeune veuve nommée Irène. Rétabli, il reproche à Dioclétien sa cruauté envers les chrétiens. L’empereur le fait rouer de coups et fait jeter son corps dans les égouts de Rome. Irène fut brûlée vive.

 

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Commentaires

  • Fleurette Lemay
    Il semble que George de La Tour aurait peint une crèche avec un berger qui se situe près de la Vierge et de Jésus, il porte un agneau pattes liées juste au-dessus de la tête du bébé. Cela rejoint une parole du prophète Isaïe lors de la Passion du Christ : comme l’agneau mené à l’abattoir ». La présence d’un agneau pattes liées à la crèche est basée sur cette référence, qui rend déjà présente dès la naissance du Christ sa mort.
    Je ne retrouve pas l'image de cette œuvre située au Louvre.
    L'avez-vous vue? Existe - t- elle vraiment?
    Merci
    Fleurette Lemay Québec (Canada)
  • hugongerard
    • 2. hugongerard Le 16/06/2019
    Découvrirons nous un jour le vrai visage de Georges De La Tour ?.
  • hugongerard
    • 3. hugongerard Le 05/09/2014
    Je possède de nombreux ouvrages sur ce grand peintre , et je suis intrigué par l ' absençe d ' autoportraits lui concernant , certains affirment que le : Saint Thomas du musée du Louvre pourrait être un autoportrait présumé de l ' artiste et il serait même représenté en personnage du tricheur dans un de ses trés célèbres tableaux : Le tricheur a l ' as de carreau du Musée du Louvre .
    • rivagedeboheme
      • rivagedebohemeLe 05/09/2014
      Ce procédé était courant à l'époque et beaucoup de peintres se sont représentés dans leurs tableaux. Mais pour de La Tour, il n'existe pas de certitudes. Ce sont des supputations.

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