Giovanni Paolo Pannini

Patrick AULNAS

Portrait
Portrait de Pannini par Louis-Gabriel Blanchet, 1765

Portrait de Pannini par Louis-Gabriel Blanchet (1736)
Huile sur toile, 96,5 × 76 cm, collection particulière

 

 Biographie

1691-1765 

Giovanni Paolo Pannini (ou Panini) est né à Piacenza en 1691. Dans sa jeunesse, il a bénéficié des leçons des Galli da Bibbiena, famille italienne d’architectes et de peintres, particulièrement réputée pour la maîtrise de la perspective. Il s’installe à Rome en 1715 où il est l’élève du peintre baroque  Benedetto Luti (1666-1724). Il va conquérir la célébrité en décorant de nombreux palais : Villa Patrizi, Quirinal, Palais Alberoni. Son renom international, en relation avec le Grand Tour, lui viendra de ses vedute (vues de paysages urbains réels) et de ses capricci (vues de paysages imaginaires ou partiellement imaginaires).

 

Pannini. La Place et l'Eglise de Santa-Maria Maggiore, 1744

Giovanni Paolo Pannini. Place et Église de Santa Maria Maggiore (1744)
Huile sur toile, 254 × 265 cm, Palazzo Quirinale, Rome.

 

Son talent internationalement reconnu le conduit à enseigner à l’Académie de Saint-Luc et à l’Académie de France à Rome. Il épousera d’ailleurs la sœur de Nicolas Vleughels (1668-1737), peintre français et directeur de cette dernière académie. Pannini exerça une influence notoire sur la peinture française et en particulier sur Hubert Robert (1733-1808) dont l’œuvre comporte un important volet consacré à la représentation de ruines antiques.

Pannini meurt à Rome en 1765.

 

Œuvre

Les vues de la Rome du 18e siècle

Le sens de l'espace et de la perspective caractérisent ces tableaux qui peuvent être de très grande taille. Il s'agit de vedute (veduta au singulier), c'est-à-dire de paysages urbains réels, à caractère panoramique, et utilisant un effet de perspective pour accentuer la profondeur. Les vedute sont en quelque sorte les photographies des villes de l'époque, très prisées des aristocrates voyageant en Italie, qui pouvaient ainsi se procurer un témoignage (très coûteux) des endroits visités.

Pannini. Place Navona (1729)

Place Navona (1729). Huile sur toile, 107 × 248 cm, musée du Louvre, Paris. « Préparation du feu d'artifice et de la décoration de la fête donnée sur la place Navone à l'occasion de la naissance du Dauphin. [...] Le Dauphin (1729-1765) était le fils de Louis XV et de Marie Leczinska. Sa naissance fut célébrée à Rome par des fêtes organisées par le cardinal Melchior de Polignac, ambassadeur de France auprès du Saint-Siège. » (Notice musée du Louvre)

 

Pannini. La Place et l'Eglise de Santa-Maria Maggiore, 1744

Place et Église de Santa Maria Maggiore (1744). Huile sur toile, 254 × 265 cm, Palazzo Quirinale, Rome. La basilique Santa Maria Maggiore est la plus ancienne église romane de Rome consacrée à la Vierge. Elle appartient au Vatican. L'art d'illuminer le paysage urbain en jouant sur le contraste entre les ombres et le ciel bleu inspirera le grand vedutiste Canaletto.

 

Pannini. Vue de Rome depuis le Mont Mario dans le sud-est, 1749

Vue de Rome depuis le Mont Mario dans le sud-est (1749). Huile sur toile, 102 × 168 cm, Staatliche Museen, Berlin. La basilique Saint-Pierre, à droite, est vue du sud-est, ce qui est rare et permet d'apprécier le caractère encore partiellement rural de la Rome du 18e siècle.

 

Ruines antiques scénarisées

Ces compositions mettent en scènes des personnages ou des épisodes de la tradition chrétienne sur fond de ruines antiques. Il s'agit de capricci (capriccio au singulier), paysages imaginaires permettant au peintre de créer une composition selon sa fantaisie en assemblant des éléments plus ou moins inspirés du réel. Le retour à l'Antique caractérisant le 18e siècle, ce sont surtout des ruines de l'Antiquité romaine qui servent de cadre à des scènes bibliques classiques.

Pannini. Ruines avec Saint-Paul prêchant, 1735

Ruines avec Saint-Paul prêchant (1735). Huile sur toile, 63 × 48 cm, musée du Prado, Madrid. Le peintre se propose de nous faire revivre un épisode biblique en le situant dans les ruines de l'Antiquité romaine subsistant encore au 18e siècle. Mais il ne faut pas chercher une exactitude archéologique dans la représentation de ces ruines.

 

Pannini. Capriccio d'un forum romain, 1741

Capriccio d'un forum romain (1741). Huile sur toile, 170,8 × 217,8 cm, Yale University Art Gallery, New Haven, Connecticut. « Ce chef-d'œuvre de Giovanni Paolo Panini est basé sur une vue du Forum romain de l'ouest et comprend les ruines de l'Arc de Titus et les temples de Castor et Pollux, Saturne, et le Divin Vespasien. Entre ces monuments apparaissent des éléments de sculpture classique provenant de diverses collections et des figures emblématiques du caractère transitoire des entreprises humaines. » (Notice Yale University Art Gallery)

 

Pannini. L’Adoration des Mages, 1753-57

L'Adoration des Mages (1753-57). Huile sur toile, 99,1 × 73,7 cm, Brooklyn Museum, New York. Selon le récit biblique, trois mages (astronomes) auraient suivi une étoile vers le lieu de naissance de Jésus-Christ. Arrivés près de Jésus, ils lui offrent l'or, l'encens et la myrrhe. Placer une Adoration des Mages dans des ruines antiques plus ou moins imaginaires permet de mettre en évidence la transition entre l'Antiquité, qui s'achève, et le christianisme, qui prend naissance.

 

Pannini. L’Adoration des Bergers, 1755

L'Adoration des Bergers (1755). Huile sur toile, 96,5 × 73,3 cm, Brooklyn Museum, New York. Episode biblique concernant la naissance de Jésus-Christ à Bethléem. Les bergers proches de Bethléem sont informés par des anges de la venue du Sauveur. Ils se rendent à la crèche pour se prosterner devant l'Enfant Jésus. Ce tableau, pendant du précédent, représente l'autre scène biblique classique de la nativité, archi-représentée en peinture depuis le Moyen Âge. L'apport de Pannini consiste à la situer dans des ruines monumentales constituant le cadre grandiose du déclin d'une civilisation et de la naissance d'une nouvelle religion.

 

Evènements et cérémonies

Pannini montre dans ces tableaux son exceptionnel talent de scénographe. Il utilise l'espace et la perspective pour restituer l'aspect grandiose de la cérémonie.

Pannini. Départ du duc de Choiseul de la Piazza di San Pietro, 1754

Départ du duc de Choiseul de la Piazza di San Pietro (1754). Huile sur toile, 152 × 195 cm, Staatliche Museen, Berlin. Cette grande toile faisait partie d'une série de cinq commandée à Pannini par Choiseul, ambassadeur de France au Saint-Siège. Choiseul vient d'avoir sa première audience avec le pape Benoît XIV (1675-1758). Contournant l'obélisque égyptien, avec la façade de Saint-Pierre en arrière-plan, le cortège ducal forme une longue procession. Ce tableau, parmi les plus scrupuleusement documentaire de Pannini, permet de situer un moment important des relations entre la France et la papauté dans une vue panoramique de la célèbre place romaine.

 

Pannini. La Réception du prince Vaini dans l’ordre du Saint-Esprit, 1758

La Réception du prince Vaini dans l’ordre du Saint-Esprit (1758). Huile sur toile, 98 × 72 cm, musée de Beaux-arts de Caen. L'ordre du Saint-Esprit est un ordre de chevalerie créé par le roi de France Henri III (1551-1589) en 1578, pendant les guerres de religion opposant catholiques et protestants. Les ordres de chevalerie sont des tentatives tardives, à partir du 14e siècle, de restaurer l'esprit chevaleresque par la réaffirmation des liens de vassalité correspondant à la structure socio-politique du Moyen Âge. Le tableau concerne la cérémonie au cours de laquelle le duc de Saint-Aignan investit Girolamo Vaini, prince de Cantalupe et duc de Selci, les insignes de Chevalier de l'Esprit Saint.

 

Les musées réels ou imaginaires et l’intérieur des grands édifices

Nous sommes ici dans le registre des scènes d'intérieur. Il peut s'agir de capricci (musées imaginaires) ou de vues majestueuses de l'intérieur des grands édifices religieux. Ces compositions supposent un travail sur l'espace et l'agencement de nombreux éléments sur des toiles pouvant atteindre de grandes dimensions.

Pannini. Rome antique, 1755

Rome antique (1755). Huile sur toile, 169 × 227 cm, Staatsgalerie, Stuttgart. Ce musée imaginaire est un entassement de tableaux de monuments antiques, de statues également antiques et d'éléments d'architecture. Pannini s'est représenté au centre, tenant palette et pinceau, avec trois autres hommes. La peinture qui occupe le groupe est une copie d'une peinture murale réalisée sous le règne de l'empereur romain Auguste (63 av. J.-C. – 14 ap. J.-C.) : Les noces Aldobrandini (Nozze Aldobrandini). Cette peinture, découverte à Rome en 1601, porte le nom de son acheteur, le cardinal Cinzio Passeri Aldobrandini (1551-1610). Elle est aujourd'hui conservée à la Bibliothèque vaticane.

 

Pannini. Galerie de peinture avec vues de la Rome moderne, 1759

Galerie de peinture avec vues de la Rome moderne (1759). Huile sur toile, 231 × 303 cm, musée du Louvre, Paris. Il s'agit à nouveau d'un musée imaginaire comportant des vedute de la Rome du 18e siècle. Pannini a également peint une Galerie de peinture avec vues de la Rome antique se trouvant aussi au Louvre. « Pendant de la Galerie de vues de la Rome antique (R.F. 1944-22). La composition dérive de celle d'une première version (Boston, Museum of Fine Arts), peinte en 1757 pour le duc de Choiseul, à laquelle ont été ajoutées les vues de plusieurs monuments, en particulier celles d'œuvres du Bernin. » (Notice musée du Louvre)

 

Pannini. Intérieur de la basilique de Saint-Jean de Latran

Intérieur de la basilique de Saint-Jean de Latran. Huile sur toile, 74 × 100 cm, musée Pouchkine, Moscou. La basilique Saint-Jean de Latran à Rome est considérée par les chrétiens comme « la mère de toutes les églises du monde ». La première basilique fut construite sous le règne de l'empereur romain Constantin 1er (272-337). Elle fut détruite à plusieurs reprises. L'édifice actuel date du 17e siècle et était donc tout récent au moment de la réalisation du tableau. Pannini met en valeur la majesté du monument par un effet de perspective grandiose et la présence de personnages qui paraissent minuscules par rapport aux statues et aux arcades.

 

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