Trump le traitre

21/02/2025

Patrick AULNAS

Les clowneries médiatiques de Donald Trump s’adressent évidemment à sa clientèle électorale. Mais il n’est pas très rassurant qu’un tel comportement puisse être considéré comme porteur dans une démocratie. L’abandon brutal de l’Ukraine marque-t-il une rupture majeure ou une simple évolution ? Donald Trump est-il un continuateur agité ou un traitre à la cause de la liberté ? Les deux à la fois.

L’Occident n’a pas voulu que l’Ukraine gagne

Les frasques du nouveau président des États-Unis occupent beaucoup les médias. C’est exactement ce qu’il veut. Homme de communication, Trump assomme les journalistes de déclarations et de signatures de décrets. Le risque de se laisser manipuler existe. Il faut donc dissocier le récit médiatique et la réalité de l’action. En ce qui concerne la guerre en Ukraine, la position de Trump était connue depuis des années : y mettre rapidement fin. Il fait donc ce qu’il avait annoncé.

S’agit-il pour autant d’un changement radical de la position américaine ? Pas vraiment. Biden soutenait militairement l’Ukraine mais juste pour lui permettre de se défendre, jamais pour lui permettre de gagner. Il aurait fallu dans ce cas livrer des chars et des avions en grand nombre ainsi que des missiles de longue portée pouvant atteindre en Russie les installations militaires et les stocks d’armement.

Trump et sa brutalité habituelle

Trump a donc décidé de mettre fin à cette guerre au lieu de la laisser se prolonger encore quelques années sans avancées significatives ni du côté russe ni du côté ukrainien. Bien entendu, il fait preuve de sa brutalité verbale habituelle en désignant l’Ukraine comme coresponsable de cette guerre et en accusant le Président Zelensky d’empêcher le déroulement d’élections et de ne plus représenter qu’une faible minorité d’Ukrainiens. Zelensky serait un « dictateur sans élections » qui « a fait un boulot épouvantable ».

Une évolution précipitée assimilable à une traitrise

De quoi s’agit-il ? Au-delà du vocabulaire de bas étage et des mensonges, nous assistons à une évolution précipitée qui aurait peut-être eu lieu plus tard avec un autre président des États-Unis, mais de façon maîtrisée. Cette évolution brutale ne peut s’analyser que comme le recul d’une grande démocratie face à une dictature sordide. Ne plus affirmer que l’agresseur est la Russie constitue une faute historique majeure. Accepter d’entrer en négociations aux conditions russes apparaît comme de l’amateurisme.

Depuis le début de l’agression russe, l’Occident a soutenu l’Ukraine en fonction du risque probable de dérive nucléaire. Sans ses 6000 têtes nucléaires, la Russie ne serait pas une puissance et Vladimir Poutine ne serait rien. Il utilise le chantage à la guerre nucléaire comme les petits mafieux utilisent la peur de la violence pour rançonner. Nous avions déjà cédé à son chantage en mesurant notre soutien à l’Ukraine au millimètre.

Trump va plus loin en trahissant le monde libre et en s’alliant à l’agresseur d’un pays souverain, à l’assassin de Navalny et de nombreux opposants, au responsable de la déportation de milliers d’enfants ukrainiens en Russie. Trump est un traitre à la cause de la liberté qu’il faudrait mettre au banc des nations. En se soumettant à un dictateur mafieux, le président des États-Unis méprise les valeurs au profit de l’intérêt immédiat. Il lorgne sur les richesses minières de l’Ukraine comme il l’a fait sur celles du Groenland. Ce grand gaillard démontre jour après jour qu’il n’est qu’un tout petit bonhomme sur le plan moral.

Le bilan global des démocraties est largement positif

Malgré ce honteux recul, dont beaucoup d’américains doivent rougir, le bilan global des démocraties depuis le début du 20e siècle est largement positif. Le fascisme et le nazisme ont été vaincus en 1945. Le communisme soviétique et son totalitarisme absurde et criminel se sont effondrés de 1989 à 1991. Les pays d’Europe de l’Est sous tutelle soviétique sont devenus des démocraties. La Russie est pauvre et peu novatrice sur le plan scientifique. Le dictateur qui la gouverne a été imprégné de marxisme et de nationalisme dans sa jeunesse et ne s’est jamais consolé de la chute de l’empire soviétique. Il veut le reconstituer sans tenir compte de la puissance que l’idée de liberté a acquise dans la population. L’Ukraine, la Géorgie, la Biélorussie lorsqu’Alexandre Loukachenko (71 ans) sera tombé, et même les pays d’Asie centrale, cherchent à se libérer du joug russe. Comme la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, la Russie de Poutine se pense puissante. N’étaient les armes nucléaires accumulées par les communistes, que serait-elle ?

La bassesse de l’actuel président des États-Unis n’efface pas toute l’histoire récente, très favorable aux démocraties. Et Trump n’est au pouvoir que pour quatre ans.

Commentaires

  • Deldicque Stefan
    • 1. Deldicque Stefan Le 04/03/2025
    Pauvre USA. Ils sont tombés bien bas avec un président et un vice président comme ils ont. Et toute la clique qui suit. Ce sont des frustrés, sans éducation, sans culture politique et géopolitique. Sans culture tout court. Ils sont dangereux pour les USA. Ils ont des discours et un comportement qui sont à la limite de la traîtrise. Trump et Vance ont tellement d'égo qu'ils ne se rendent pas compte qu'ils sont manipulés par Poutine. Ils lui mangent dans la main.
    Ils sont lamentables.

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