Politique française : les irresponsables

30/08/2025

Patrick AULNAS

Les petits politiciens de l’Assemblée nationale jouent à la confrontation verbale, parfois grossière, comme les écoliers dans la cour de récréation. Ce comportement, à lui seul, révèle leur immaturité. Nos irresponsables se chamaillent quand le pays fait l’objet d’une défiance croissante de nos partenaires européens mais aussi des milieux économiques et des agences de notation. La France, lourdement endettée, est un pays de moins en moins sûr pour les prêteurs, qui exigent donc un taux d’intérêt de plus en plus élevé.

 

Les moins favorisés seront les premières victimes

Face à cette réalité, la politique politicienne ne peut rien. En quoi consiste cette politique ? A promettre monts et merveilles aux électeurs. Les champions de la démagogie se situent aux extrêmes : LFI et RN. La déception de leurs électeurs serait épouvantable s’ils devaient gouverner. Une partie significative des pauvres gens qui votent pour ces formations politiques ne comprend strictement rien aux finances publiques et encore moins aux enjeux macro-économiques. Ils ne perçoivent pas notre dépendance internationale et s’imaginent que leurs élus peuvent beaucoup pour eux. Mais ce rêve infantile masque une réalité. Les électeurs de la radicalité politique ne sont pas satisfaits de leur sort et le font savoir par un bulletin de vote. Leur vote est principalement un vote de mécontentement.

Les moins favorisés seraient les premières victimes de l’appauvrissement du pays. Les cadres dirigeants, autrement dit les « riches » selon le vocabulaire simpliste des politiciens, disposent de perspectives internationales. Si la France sombre, ils s’expatrieront. Certains cadres supérieurs ou techniciens à la compétence recherchée pourront également rebondir sous d’autre cieux. Mais les millions de personnes sans véritable qualification, les petits retraités ne disposant d’aucun patrimoine paieront comptant et très cher l’irresponsabilité des médiocres députés qui peuplent l’Assemblée nationale.

 

Fuir sa responsabilité par l’idéologie

La vérité est toute simple : personne ne veut assumer la responsabilité de la remise en ordre des finances publiques. Il s’agit de fuir tout compromis par électoralisme pur. Et nous n’avons pas le général de Gaulle, comme en 1960 (nouveau franc) pour élever le débat au niveau requis et faire preuve de courage. Nous sommes livrés à des militants de partis qui ne voient le monde qu’à travers le prisme déformant de leur formation politique. Ils s’affichent dans les médias pour réciter le catéchisme du parti.

Personne n’est aujourd’hui capable d’expliquer simplement aux français qu’ils ont vécu au-dessus de leurs moyens depuis plus de 40 ans. Personne surtout n’est capable de dire que ce ne sont pas les riches qui en ont profité. Les riches en profitent toujours et n’ont pas besoin de l’État. Ils ont réussi économiquement. Ce sont les pauvres et les sans grades qui ont bénéficié des largesses de l’État-providence financées par l’endettement du pays. Subventions, prestations sociales, emplois associatifs aidés et autres cadeaux électoraux se sont multipliés sous la pression de la démagogie partisane. Une prestation nouvelle, combien d’électeurs ? Une subvention, combien d’électeurs ? Voilà la seule question que se posent nos députés.

Redisons-le, la vérité est simple mais pas immédiatement compréhensible par de nombreux citoyens. La redistribution publique a été financée par une croissance économique moyenne de plus de 5% par an de 1945 à 1974 (les Trente Glorieuses). A partir de 1981, année de l’élection de François Mitterrand, l’endettement a pris de relai. Le taux de croissance n’a cessé de diminuer de décennie en décennie pour se situer autour de 1% en 2024. Mais les largesses publiques ont persisté. Il fallait de toute évidence adapter progressivement les dépenses à la situation économique du pays, en particulier les postes majeurs : emplois publics, dépenses de santé, retraites.

 

Le cynisme absolu des tenants de la radicalité

Le niveau de cynisme des dirigeants et des élus des partis extrémistes n’est pas perçu par leurs électeurs. Ces élus et dirigeants savent tous, sauf quelques imbéciles, que la révolution, qu’elle soit nationale ou marxisante, conduit à l’appauvrissement de la population. La croissance économique est le seul facteur d’élévation du niveau de vie. La redistribution publique joue à la marge. Et la croissance suppose stabilité juridique, récompense du travail, compétitivité. Exactement l’inverse des propositions radicales cherchant à faire rêver sur l’effet miraculeux des décisions politiques. Le cynisme absolu d’un Mélenchon, d’une Sandrine Rousseau ou d’un Jordan Bardella se cache sous une phraséologie simpliste qui parvient même parfois à enthousiasmer leur base électorale.

Nous n’avons rien à espérer des politiciens car leurs divisions idéologiques interdisent toute remise en ordre. Le pragmatisme nécessaire, le sens du compromis, le vocabulaire choisi, qui devraient être l’apanage de nos députés, ont été remplacés par des querelles infantiles et des petites phrases pitoyables permettant de satisfaire les primates immergés dans les réseaux sociaux.

 

Il serait si simple…

Les échéances prochaines (municipales, législatives anticipées, présidentielle) ne permettront pas de crever l’abcès. Il faudra une forte secousse venant de l’extérieur. Les marchés financiers pourraient exiger des taux d’intérêt prohibitifs que nous serions incapables de payer. Mais les créanciers pourraient aussi se détourner d’une France instable et sans gouvernance crédible. Sans prêteur, des mesures brutales devraient être prises dans l’urgence puisque les 57% de PIB de dépenses publiques ne seraient plus financées par des emprunts.

Il serait si simple de diminuer de quelques points, et rationnellement, ces dépenses, dont certaines résultent de la pure démagogie. Mais voilà un rêve inaccessible : tout compromis raisonnable est exclu. Nos politiciens-enfants se réalisent dans la confrontation, la « lutte », disent même certains.

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