L’impopularité très relative d’Emmanuel Macron

05/01/2025

Patrick AULNAS

L’impopularité d’Emmanuel Macron, très fréquemment soulignée dans les médias, apparaît toute relative. En se référant aux chiffres des sondages, Macron conserve une popularité très satisfaisante par comparaison avec celle de ses deux prédécesseurs. L’indice de popularité est en effet toujours en chute libre en fin de mandat. Pour son second mandat, l’indice de popularité de l’actuel président équivaut à celui de François Mitterrand ou Jacques Chirac.

Les chiffres utilisés ci-après sont fournis par l’IFOP (indice de popularité).

 

Premier mandat : une popularité bien préservée

 

 

Nicolas Sarkozy
(2007-2012)

François Hollande
(2012-2017)

Emmanuel Macron
(2017-2022)

Emmanuel Macron
(2022-2027)

Début de mandat

69%

Août 2007

43%

Septembre 2012

52%

Décembre 2017

36%

Décembre 2022

Fin ou milieu de mandat

36%

Avril 2012

22%

Avril 2017

41%

Avril 2022

24%

Décembre 2024

 

L’indice de popularité baisse toujours en cours de mandat. L’exercice du pouvoir impose en effet des décisions parfois impopulaires. Au cours de son premier mandat, Emmanuel Macron subit une érosion bien moindre que ses deux prédécesseurs. Il perd seulement 11 points en 5 ans contre 21 pour François Hollande et 33 pour Nicolas Sarkozy.

La faible popularité de François Hollande dès le début de son mandat s’explique aisément. Son élection résulte d’un vote anti-Sarkozy mais pas vraiment d’un vote pro-Hollande. L’extrême dispersion idéologique des électeurs sociaux-démocrates conduit à une rupture au sein de la majorité de gauche et à une popularité historiquement faible du président socialiste en fin de mandat.

Emmanuel Macron s’appuyant ensuite sur une majorité excluant les extrêmes, l’aspect idéologique ne joue que faiblement, d’où le score élevé de popularité en fin de premier mandat. Le bloc central lui reste largement fidèle.

 

Second mandat : une popularité qui s’érode rapidement

Au cours de leur second mandat, les présidents de la République voient toujours leur popularité s’effondrer. Ainsi, toujours selon les chiffres de l’IFOP, François Mitterrand se situait à 22% de satisfaits à mi-mandat, en décembre 1991. Jacques Chirac était à 27% en fin de mandat en juin 2006.

L’indice de popularité de 24% d’Emmanuel Macron en décembre 2024 se situe au même niveau. L’attitude des médias, mettant particulièrement en évidence cette impopularité, n’est pas non plus un phénomène nouveau. Pour attirer le grand public, il est préférable d’évoquer ce qui dysfonctionne (les trains qui arrivent en retard) que ce qui va bien (les trains qui arrivent à l’heure). Le Macron bashing (dénigrement systématique) est ainsi à l’image du Mitterrand bashing des années 1990-1995 (il est malade, il n’aurait pas dû faire un second mandat, etc.) et du Chirac bashing des années 2002-2007 (il est fatigué, voire usé, peut-il encore décider, etc.).

Par ailleurs, la stabilité, la permanence ne sont plus vraiment populaires. Les médias jouent un rôle très négatif à cet égard en transformant le réel socio-politique en un récit dramatique et personnalisé. Les aventures individuelles succèdent aux aventures individuelles et, comme dans une série télévisée, les évènements doivent s’enchaîner à un rythme effréné pour assurer la fidélité du public. La politique spectacle joue ainsi sur des émotions fabriquées et tente d’éradiquer la rationalité.

Aujourd’hui, il faut donc raconter aux plus crédules que le président de la République est proche de la démission. Aux extrêmes du spectre politique (LFI, RN), les électeurs étant souvent animés par des sentiments d’amour-haine, cette approche est constante et relève de la manipulation. Mais tous les médias grand public, audiovisuels ou presse écrite, sans évoquer les délires sur les réseaux sociaux, donnent une place importante à l’incertitude sur la fin de mandat d’Emmanuel Macron afin de créer un suspense permanent. Ce récit construit par les journalistes agace suprêmement un petit nombre d’électeurs mais il est suivi avec intérêt par le plus grand nombre. La stratégie commerciale des médias rejoint ainsi dangereusement le populisme des partis extrêmes.

Est-ce vraiment une surprise ? S’il faut jouer sur les affects des personnes les moins capables de raison et de sérénité pour obtenir leur agrément, cela s’applique aussi bien dans le domaine commercial que politique.

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