Les états d’âme des privilégiés de l’espèce humaine

30/03/2024

Patrick AULNAS

Selon la Banque mondiale, le PIB moyen par habitant en 2022 était de 74 000 $ en Amérique du Nord et de 37 500 $ dans l’Union européenne. Il était de 1700 $ en Afrique subsaharienne, de 2 300 $ en Asie du Sud et de 7 600 $ dans le monde arabe. Les Américains du nord et les Européens n’ont jamais été aussi riches. Cette richesse se matérialise par des écoles et des universités accessibles, des soins de santé pour l’ensemble de la population, des logements confortables et une alimentation abondante et même surabondante. Jamais des êtres humains n’avaient atteint un niveau de vie aussi élevé.

Aussi bien historiquement que géographiquement, les 14% d’êtres humains vivant en Amérique du Nord ou en Europe peuvent être considérés comme des privilégiés. L’attractivité de ces régions le confirme puisque l’immigration clandestine en provenance de pays pauvres constitue un des problèmes de l’époque pour les États concernés. Pourtant, les privilégiés de la planète Terre ne cessent de se plaindre comme les enfants capricieux des familles riches.

 

« Le sanglot de l’homme blanc »

Les caprices des nantis concernent aussi bien les moins favorisés d’entre eux que les plus favorisés. Le populisme est réservé au peuple occidental, comme son appellation l’indique. Les classes inférieures demandent beaucoup à l’État. Principales revendications : une protection contre l’immigration et une forte redistribution financière par le biais des prestations sociales ou d’un interventionnisme public tous azimuts. Des partis politiques de droite ou de gauche captent ces demandes et promettent de les satisfaire. Ils ne croient pas un seul instant à la justesse d’une telle politique. Il s’agit tout simplement de l’antique démagogie consistant à séduire un électorat pour conquérir le pouvoir.

La classes moyennes et supérieures se perdent dans des réflexions qualifiées de sociétales, parfois libératrices (IVG, mariage, fin de vie), parfois hors du réel, en particulier la distinction entre le genre et le sexe. En tant que mammifères, nous avons un sexe déterminé biologiquement. Mais le genre masculin ou féminin, relevant de la sociologie et de la psychologie, serait beaucoup plus important. Nous ne sommes pas libres de choisir notre sexe mais nous serions libres de choisir notre genre. Nous pourrions même ne pas choisir et rester neutre ou intersexué. Une partie de la jeunesse occidentale est totalement déstabilisée par ces élucubrations d’adultes en perdition. Mais qu’importe ! Les privilégiés de l’espèce humaine ont quand même le droit d’élargir le champ de leur liberté !

Cerise sur le gâteau : le wokisme. Ce terme fourre-tout concerne la mise en évidence des discriminations latentes se cachant sous un égalitarisme affiché. Nous sommes tous des êtres humains « libres et égaux en droits » affirment les déclarations des droits de l’homme. Eh bien, non ! En vérité, le racisme, le colonialisme, le sexisme, le patriarcat et bien d’autres maux subsistent. Notre devoir le plus impérieux est de mettre à bas cette hypocrisie occidentale.

 

Maslow et les privilégiés de l’espèce humaine

Le psychologue américain Abraham Maslow (1908-1970) avait établi vers le milieu du 20e siècle une pyramide des besoins humains qui avait pour base les besoins physiologiques et de sécurité (manger, dormir, se loger) et pour sommet le besoin d’accomplissement (apprendre, créer). Quand un besoin a été satisfait, l’être humain cherche à satisfaire un besoin de niveau supérieur. Le malaise des privilégiés de l’espèce humaine est probablement en relation avec la pyramide de Maslow.

Le niveau de vie des occidentaux est tel que tous les besoins physiologiques sont automatiquement couverts. Si l’individu échoue à s’insérer dans le monde du travail, des prestations sociales (indemnités de chômage, minimas sociaux) lui sont accordées. S’il s’est correctement inséré, il souhaite un travail intéressant et créatif. Le travail étant souvent routinier et dépourvu de toute créativité, des insatisfactions en résultent.

Instrumentaliser politiquement ces insatisfactions est un jeu d’enfant. Le populisme, la liberté du genre, le wokisme ne sont en définitive que des exutoires des frustrations. La politique, chez les nantis du 21e siècle, consiste à demander à l’État des satisfactions de niveau plus élevé, conformément à la théorie de Maslow. L’aspect infantile de la démarche apparaît : au lieu d’agir pour créer, le petit occidental capricieux demande à la nounou étatique de pourvoir ses besoins de niveau supérieur après avoir satisfait tous ceux de niveau inférieur.

La fin de l’histoire risque d’être le totalitarisme. La route de la servitude est en construction. Dans la mentalité dominante des privilégiés de la planète, l’État est responsable, non seulement de la sécurité et du logement, mais également du niveau des revenus, des prestations de santé et d’éducation, de la création culturelle, de la recherche scientifique. Dernière dérive en cours : l’avenir du climat terrestre dépend des politiques d’économie d’énergie qui seront mises en œuvre. Qui peut vraiment le croire ?

Jamais des êtres humains n’avaient tant attendu de ceux qui les dirigent, comme des enfants de riches réclamant toujours plus à papa et maman.

Commentaires

  • Denis GIBERT
    • 1. Denis GIBERT Le 01/04/2024
    Bonjour,
    Intéressante réflexion, juste dans sa globalité, mais lecture un peu trop rapide et en diagonale de l'état de notre société : il existe aussi, et malheureusement, en France une classe sociale de "non-nantis" dont le PIB par individu atteint à peine plus que le PIB des habitants d'Afrique subsaharienne : de même que, depuis un demi-siècle, la monétisation et la consommation outrancières ont créé les "nouveaux riches", elle a induit "les nouveaux pauvres" !
    Respectueusement,
    DG

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