Conrad von Soest

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Patrick AULNAS

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, l’Adoration des mages (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, détail, l’Adoration des mages (1403)
Tempera sur bois

 

Biographie

v. 1370-1422

Conrad von Soest est né vers 1370 à Dortmund (Rhénanie du Nord-Westphalie aujourd’hui). Peu d’informations existent sur sa biographie. Le nom de famille apparaît effectivement au 14e siècle dans le registre des citoyens de la ville de Dortmund. Ce registre, tenu en latin, indiquent un Wernerus pictor de Susato (Werner von Sost, peintre), considéré comme le père de Conrad par des historiens du début du 20e siècle. Cette hypothèse n’est pas confirmée aujourd’hui.

On sait que Conrad von Soest s’est marié le 11 février 1394 avec Gertrude van Munster. Le document d’archive est un contrat de mariage conclu devant de nombreux témoins et mettant à la disposition des époux une somme très importante. Les témoins sont des notables de la ville de Dortmund (maire, conseillers).

 

Conrad von Soest. Marienaltar, Nativité, détail (v. 1420)

Conrad von Soest. Marienaltar, Nativité, détail (v. 1420)
Tempera sur bois

 

En 1396, Conrad von Soest figure comme peintre sur la liste des membres de la confrérie de Marie. Sa maison d'habitation se trouvait sur l'Ostenhellweg, au centre de Dortmund. La liste mentionne également sur l'Ostenhellweg deux autres peintres, Lambert et Hermann. Il n’est pas possible de savoir s’ils étaient des assistants de von Soest, vivant dans sa maison, ou des peintres possédant leur propre atelier.

Un certain Gerhard von Soyst a payé en 1417 un impôt spécifique aux bourgeois aisés. Il est vraisemblable qu’il s’agisse du fils de Conrad von Soest.

Il est admis que Conrad von Soest décède en 1422 ou peu après.

 

Œuvre

Conrad von Soest est le principal représentant du style gothique international en Allemagne de l’ouest. On ne possède aucun élément concernant sa formation, mais les spécialistes détectent dans son œuvre une influence des peintres flamands et des enlumineurs français. Il subsiste de son œuvre plusieurs peintures religieuses sur bois en bon état de conservation. Elles se caractérisent par le raffinement des postures et des gestes, assez précieux, qui fait tout le charme du style courtois, et par une maîtrise chromatique conduisant à des tableaux particulièrement lumineux sur fond or.

 

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, la Pentecôte (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, détail, la Pentecôte (1403)
Tempera sur bois

 

Le retable de Bad Wildungen (1403)

 

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen (1403)
Tempera sur bois, 189 × 611 cm, Église paroissiale Saint-Nicolas, Bad Wildungen.

 

 

 

Le triptyque dans l’Église paroissiale Saint-Nicolas, Bad WildungenLe triptyque dans l’Église paroissiale Saint-Nicolas, Bad Wildungen.

 

Commandé par l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, ce triptyque comporte en position ouverte treize tableaux. La scène centrale, une crucifixion, est encadrée par douze scènes de la vie du Christ. En position fermée, quatre saints sont représentés : sainte Catherine, saint Jean-Baptiste, sainte Élisabeth et saint Nicolas. Voici les treize scènes visibles en position ouverte.

 

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, Crucifixion (1403-04)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, Crucifixion (1403). Le Christ en croix et les deux larrons dominent plusieurs groupes de personnes richement vêtues à la mode du 15e siècle. Il émane de l'ensemble de la composition un lyrisme doux qui contraste avec la dramatisation caractérisant la plupart des crucifixions. Au premier plan, les trois Marie entourent la figure de la Vierge, qui s'est effondrée. Sur la droite, les officiers romains (en costume 15e siècle) semblent deviser calmement.

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, Annonciation (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, Annonciation (1403). L’archange Gabriel (à droite) annonce à la Vierge Marie la naissance prochaine du Christ (maternité divine de la Vierge selon le dogme chrétien). Les fleurs de lys dans un vase symbolisent la pureté. Le diadème de Marie est incrusté de perles assemblées pour former son nom.

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, Nativité (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, Nativité (1403). Episode biblique de la naissance de Jésus-Christ. Marie (mère) tient son enfant dans ses bras. Joseph (époux de Marie) entretient le feu et prépare la nourriture. Les animaux de l’étable figurent en arrière-plan ainsi qu’un berger.

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, l’Adoration des mages (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, l’Adoration des mages (1403). Selon la tradition chrétienne, trois mages (sages) auraient suivi une étoile vers le lieu de naissance de Jésus-Christ. Arrivés près de Jésus, ils lui offrent l’or, l’encens et la myrrhe. L’un des mages est ici agenouillé pour rendre hommage à l’Enfant Jésus. Le raffinement des postures, confinant à la préciosité, caractérise le gothique international, de même que l’élégance vestimentaire.

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, Présentation au temple (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, Présentation au temple (1403). Selon l’apôtre Luc, l’Enfant Jésus fut présenté au temple de Jérusalem où l’accueillit Syméon (homme à barbe blanche), qui avait été averti par le Saint-Esprit qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Christ. Seule la Vierge apporte l’Enfant, Joseph est absent.

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, La Cène (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, La Cène (1403). La Cène est le nom donné par les chrétiens au dernier repas pris par Jésus-Christ avec les douze apôtres, la veille de sa crucifixion. Judas, au premier plan, porte sur son dos un sac contenant la récompense de sa trahison.

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, le Christ au jardin de Gethsémani (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, le Christ au jardin de Gethsémani (1403). L’épisode du jardin de Gethsémani ou jardin des Oliviers est décrit dans le Nouveau Testament. C’est en ce lieu que Jésus et les apôtres auraient prié la nuit précédant la crucifixion. Le gothique international représente la végétation avec un grand réalisme.

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, le Christ devant Ponce Pilate (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, le Christ devant Ponce Pilate (1403). Jésus a été arrêté par des soldats et il est mené devant Ponce Pilate, le préfet romain de Judée. Pilate n’est pas convaincu de la culpabilité de Jésus mais la foule réclame sa mort. Il cède et le condamne à mort mais se lave les mains devant la foule en disant : « Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde » (Matthieu 27:24). Le peintre concrétise la légende biblique en plaçant, à gauche, Jésus ligoté aux prises avec la foule et à droite, en rouge, Ponce Pilate qui se lave les mains.

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, le Couronnement d’épines (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, le Couronnement d’épines (1403). Le Christ est accusé d'avoir voulu se faire roi. Il est couronné d'épines par dérision. Sur la gauche, un notable surveille les exécutants affublés d’expressions moqueuses.

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, la Résurrection (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, la Résurrection (1403). Selon la tradition chrétienne, Jésus-Christ serait revenu à la vie et sorti de son tombeau quelques jours après sa crucifixion sur le mont Golgotha. Le tombeau ouvert et le Christ ne touchant pas le sol provoquent la sidération des soldats. Le peintre choisit les tenues militaires qui lui sont familières, celles du début du 15e siècle.

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, l’Ascension (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, l’Ascension (1403). Épisode de la tradition chrétienne au cours duquel, après sa résurrection, le Christ s’élève vers le ciel. Luc l’évoque ainsi : « Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. » (Luc, 24).

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, la Pentecôte (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, la Pentecôte (1403). Le mot, issu du grec, signifie cinquantième jour. Il s’agit d’une fête chrétienne fixée cinquante jours après Pâques, date de la résurrection du Christ. Selon la tradition chrétienne, les apôtres, réunis ce jour-là, reçurent la visite du Saint Esprit. Conrad von Soest représente les apôtres réunis autour de la Vierge, certains consultant des livres.

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, le Jugement dernier (1403)

Conrad von Soest. Retable de Bad Wildungen, le Jugement dernier (1403). Selon la tradition chrétienne, il s’agit du jour au cours duquel la divinité, après avoir ressuscité les morts, va classer les humains en damnés et justes. Les uns et les autres auront ensuite un sort distinct. Ce thème naïf, très populaire au Moyen Âge, permettait au peintre d’exercer sa créativité par de multiples scènes plus ou moins apocalyptiques. Conrad von Soest reste très sobre. Le Christ est ici le juge. Il est entouré de la Vierge et de Jean-Baptiste. En haut, les justes sont accueillis par saint Pierre au paradis. En bas, les damnés sont aspirés vers l’enfer par une énorme tête de diable.

 

Le retable de Marie (Marienaltar) (v. 1420)

 

Conrad von Soest. Marienaltar (v. 1420)

Conrad von Soest. Marienaltar (v. 1420)
Tempera sur bois, 140 × 300 cm, Marienkirche, Dortmund

 

Ce triptyque est la dernière œuvre connue de Conrad von Soest. Son état actuel ne correspond pas à la création initiale car chacun des trois panneaux a été découpé au cours des siècles et des repeints ont été effectués. Les panneaux latéraux pouvaient se refermer sur le panneau central, qui était nettement plus large. Au dos des panneaux latéraux figurent les deux scènes de l’Annonciation et du Couronnement de Marie, visibles en position fermée, mais aujourd’hui très altérées.

 

Conrad von Soest. Marienaltar, panneau central, Dormition (v. 1420)

Conrad von Soest. Marienaltar, panneau central, Dormition (v. 1420)
Tempera sur bois, 140 × 110 cm, Marienkirche, Dortmund.

 

 

Conrad von Soest. Marienaltar, Dormition, détail (v. 1420)

Conrad von Soest. Marienaltar, Dormition, détail (v. 1420)

 

Le mot dormition est utilisé pour évoquer la mort de la Vierge, qui quitte la vie terrestre sans souffrance, dans un état de paix spirituelle. L’artiste a représenté la Vierge très jeune, selon la tradition. Elle est entourée de petits anges bleus qui prient ou lui ferme la bouche et les yeux. L’apôtre Jean lui tend un cierge funéraire et l’apôtre Thomas allume un récipient à encens. La scène a été très largement coupée et devait comporter beaucoup d’autres personnages.

Conrad von Soest. Marienaltar, panneau gauche, Nativité (v. 1420).

Conrad von Soest. Marienaltar, panneau gauche, Nativité (v. 1420)
Tempera sur bois, 140 × 95 cm, Marienkirche, Dortmund.

 

 

Conrad von Soest. Marienaltar, Nativité, détail (v. 1420)

Conrad von Soest. Marienaltar, Nativité, détail (v. 1420)

 

La scène a été coupée et il ne subsiste que Marie, l’Enfant et Joseph. La masse rouge derrière le lit était un nuage d’anges du même type que le nuage bleu du haut du panneau, où l’on aperçoit des anges musiciens. Le peintre éclaire la scène par le contraste de couleurs quasi-complémentaires : bleu et rouge.

Conrad von Soest. Marienaltar, panneau droit, Adoration des mages (v. 1420)

Conrad von Soest. Marienaltar, panneau droit, Adoration des mages (v. 1420)
Tempera sur bois, 140 × 95 cm, Marienkirche, Dortmund.

 

 

Conrad von Soest. Marienaltar, Adoration des mages, détail (v. 1420)Conrad von Soest. Marienaltar, Adoration des mages, détail (v. 1420)

 

La Vierge et les mages sont habillés selon la mode de la haute noblesse de l’époque, de telle sorte que la composition est particulièrement représentative du style courtois ou gothique international. Marie tient l’Enfant avec une délicatesse affectée et la posture de celui-ci n’a rien de naturel : il s’agit d’une licence artistique. Les somptueux manteaux portés par les mages, en tissu de brocart, sont des vêtements réservés aux cérémonies de cour.

 

Autres

Conrad von Soest. Saint Paul (v. 1400)

Conrad von Soest. Saint Paul (v. 1400). Tempera sur bois, 53,6 × 19,5 cm, Alte Pinakothek, Munich. « Ce panneau était autrefois l’aile droite d’un petit retable privé. Les armoiries figurant sur la base sont celles de la famille patricienne Berswordt, de Dortmund. Saint Reinold, le saint patron de Dortmund, est représenté au revers. » (Commentaire Alte Pinakothek)

Conrad von Soest. Saintes Dorothée et Odile (1410-20)

Conrad von Soest. Saintes Dorothée et Odile (1410-20). Tempera sur bois, 94,5 × 53 cm au total, LWL-Museum für Kunst und Kultur, Münster. « Les panneaux représentant les deux saintes Dorothée (avec le panier de fleurs) et Odile (avec une branche de palmier et un livre) proviennent de l'ancienne église des chanoines augustins de St. Walburge à Soest […] Ils ont probablement été commandés à Conrad von Soest vers 1410 pour décorer une châsse (tabernacle) avec une statue de la Vierge en argent. C'est ce qu'indique l'orientation des figures vers l'intérieur et l'inscription dans le livre d'Odile, premières lignes d'une prière mariale par laquelle elle s'adresse à la Vierge. Cette intercession était faite au nom des femmes pieuses qui vivaient dans le couvent de Walburge. En entrant dans l'abbaye, elles suivaient l'exemple des martyres représentées dans leur vie virginale et consacrée au service divin.
Les saints sont surmontés de baldaquins en marbre sur un fond doré. La prairie parsemée de fleurs blanches, la splendeur des vêtements de soie, les couronnes ornées de fines perles de stuc – tout cela illustre leurs vertus, auxquelles elles doivent leur admission dans les sphères célestes. Pour la conception réaliste des étoffes précieuses, Conrad von Soest a d'ailleurs pu s'inspirer de modèles réels qui étaient parvenus à Dortmund par le biais du commerce hanséatique.
Vers 1460, les deux panneaux ont trouvé une nouvelle utilisation en tant que portes – probablement pour un petit meuble destiné à conserver les hosties. » (Commentaire LWL-Museum für Kunst und Kultur)

 

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