Panorama 19e siècle

 
 
 

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Patrick AULNAS

0. Panorama 19e siècle 
1. Mouvements picturaux du 19e siècle

 

0. Panorama 19e siècle

Le 18e siècle avait inauguré une rupture avec la tradition : les philosophes des lumières proposaient, chacun à leur façon, un autre regard sur le monde. On y parlait de liberté, de bonheur, d'athéisme. Les dieux, que les hommes avaient créés pour limiter l'incertitude, ne sont plus reconnus par tous. C'est aux hommes qu'il appartient désormais de prendre en main leur destin et de se construire un avenir. L'individu n'était qu'un élément du groupe et il devait toujours se conformer aux préceptes dominants. Il ose désormais exister par lui-même, s'analyser, affirmer sa singularité (Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions).

Le 18e siècle pressentait ainsi intellectuellement une évolution majeure dans l'histoire de l'humanité qui ne commencera à se matérialiser qu'au 19e siècle. De quoi s'agit-il ? De la multiplication exponentielle de nos connaissances scientifiques et techniques et, par suite, du développement de notre capacité à agir sur notre univers. Le monde des humains était lent et silencieux. Il se dote de machines (machine à vapeur, moteur à explosion, électricité) qui le rendent rapide et bruyant. La destruction créatrice (abandonner les anciennes technologies pour en utiliser de nouvelles) s'accélère de façon vertigineuse et elle a évidemment un impact socio-politique. L'organisation des sociétés affectées par la science et la technologie (le monde occidental d'abord) ne peut plus être celle des sociétés traditionnelles : il faut la faire évoluer. Les peuples vont réagir selon leur personnalité : les anglo-saxons par le pragmatisme, les français par des soubresauts violents qualifiés de « révolutions » par certains historiens (1830, 1848, 1871). En réalité, il ne s'agit que de remplacer un gouvernement par un autre afin de dépasser des blocages provoqués par quelques intérêts particuliers.

 

Claude Monet. Impression soleil levant (1872)

Claude Monet. Impression soleil levant (1872)
Huile sur toile, 48 × 63 cm, musée Marmottan Monet, Paris.

 

Dans ce contexte en perpétuel changement, qu'advient-il de l'art ? Lui aussi perd tous ses repères traditionnels. Le peintre de la Renaissance travaillait pour un ecclésiastique, un aristocrate ou un riche bourgeois selon des modalités connues depuis des siècles. Il était jugé sur son savoir-faire et considéré comme un artisan talentueux. Parfois, rarement, émergeaient des personnalités exceptionnelles qui bousculaient la manière de peindre : Masaccio, Caravage par exemple. Les commanditaires les accueillaient avec méfiance car leur travail n'était pas conforme à la tradition. Mais leur génie apparaissait vite aux plus lucides. Le style et la technique picturale évoluaient ainsi lentement au fil des siècles, mais il s'agissait toujours de peindre des scènes religieuses ou mythologiques, des portraits, plus tardivement des paysages et des scènes de genre, pour quelques commanditaires fortunés dont il était aisé de connaître les attentes.

Cette stabilité va disparaître au 19e siècle car une société en évolution rapide induit un art en renouvellement rapide. Aussi va-t-on voir apparaître des courants ou mouvements qui subsistent tout au plus quelques décennies, mais souvent beaucoup moins, avant d'être remplacés par d'autres courants tout aussi éphémères. De 1800 à 1914, on peut dénombrer un minimum de vingt mouvements picturaux ; quatre d'entre eux seulement ont marqué durablement l'histoire de l'art : le romantisme, le réalisme, l'impressionnisme et le cubisme. Comme la société, dont il est une image, l'art est en situation de recherche permanente. Innover, dépasser ce qui existe, se singulariser : voilà les impératifs nouveaux. Mais il ne faut pas se méprendre. Ce ne sont pas les artistes qui ont perdu la tête et cherchent à tout prix à se distinguer de leurs prédécesseurs. C'est la société qui change de plus en plus rapidement sous l'impulsion du progrès scientifique et technique, de l'accumulation d'un patrimoine cognitif gigantesque qui suscite des innovations constantes. L'artiste, par nature, exprime le vécu de son époque, ses questionnements, ses croyances qui évoluent avec une rapidité jamais atteinte : en quelques décennies, notre monde change davantage qu'en quelques siècles jadis.

Au 19e siècle, mais il en sera de même au 20e, cette révolution permanente de l'art se traduit par des évolutions thématiques, stylistiques et techniques. En voici quelques exemples.

Les prescriptions de l'Académie sont toujours respectées par des artistes de talent jusque dans la seconde moitié du siècle. Ainsi, William Bouguereau tente de renouveler un thème déjà traité en 1485 par Botticelli :

 

Bouguereau. La naissance de Vénus (1879)

William Bouguereau. La naissance de Vénus (1879)
Huile sur toile, 300 × 215 cm, Musée d'Orsay, Paris.

 

Mais dès 1830, Eugène Delacroix renouvelle les thèmes traditionnels en illustrant la vie politique de l'époque :

 

Eugene Delacroix. La liberté guidant le peuple (1830)

Eugène Delacroix. La Liberté guidant le peuple (1830)
Huile sur toile, 260 × 325 cm, musée du Louvre, Paris.

 

A peu près au moment où Bouguereau propose sa Vénus, des artistes comme Monet, Degas et quelques rares femmes comme Berthe Morisot, fuient l'académisme. C'est la naissance de l'impressionnisme :

 

Berthe Morisot. Dans la salle à manger (1875)

Berthe Morisot. Dans la salle à manger (1875)
Huile sur toile, 61,3 × 50 cm, National Gallery of Art, Washington.

 

Des techniques picturales spécifiques, comme le pointillisme, sont expérimentées avec bonheur par certains peintres :

 

Seurat. Un dimanche après-midi sur l'île de la Grande Jatte (1884-86)

Georges Seurat. Un dimanche après-midi sur l'île de la Grande Jatte (1884-86)
Huile sur toile, 208 × 308 cm, Art Institute, Chicago.

 

L'artiste peut revendiquer une liberté complète d'interprétation du réel. Le blé peut être rouge. L'imaginaire du peintre prévaut sur la représentation conventionnelle :

 

Bernard. La moisson, 1888

Émile Bernard. La moisson (1888)
Huile sur toile, 72 × 92 cm, collection Josefowitz, Lausanne.

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Comme tous les hommes des sociétés démocratiques, l'artiste a conquis sa liberté au 19e siècle. Il exprime comme il l'entend ses émotions et sa vision du monde. Cette liberté a un prix. Parfois, un grand créateur reste incompris de la plupart de ses contemporains, mais est adulé beaucoup plus tard : Van Gogh fait partie de ces génies visionnaires. Cette liberté présente un risque. Certaines dérives à visée purement commerciale verront le jour au 20e siècle.

Commentaires

  • Ahmed Azzouz
    • 1. Ahmed Azzouz Le 25/09/2018
    Excellent travail. Vous avez élaboré un travail vraiment minutieux et très riche. Nous vous en remercions très sincèrement, car vous nous offrez une mine précieuse d'informations et de données sur l'Art et la culture..
    BRAVO et un GRAND MERCI à toute votre équipe.

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