Émile Claus

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Patrick AULNAS 

Portraits

 

Émile Claus. Autoportrait (1874)

Émile Claus. Autoportrait (1874)
Huile sur toile, 21 × 16,5 cm, Museum van Deinze en de Leiestreek, Deinze

 

 

Émile Claus à Londres en 1917

Émile Claus à Londres en 1917
Photographie, auteur inconnu

 

Biographie

1849-1924

Émile Claus est né le 27 septembre 1849 à Sint-Eloois-Vijve (Vive-Saint-Éloi), village de Flandre occidentale situé au sud-ouest de Gand. Son père est commerçant en poteries et sa mère travaille également dans le commerce familial. Il est le douzième enfant d’une famille en comportant treize. Dès l’enfance, le talent d’Émile pour le dessin apparaît. Aussi va-t-il chaque dimanche suivre des cours de dessin dans la petite ville voisine de Waregem. Mais sa famille considère cette activité comme un loisir et ne conçoit pas pour lui une carrière artistique. Il commence donc un apprentissage de boulanger à Lille, travaille un temps dans les chemins de fer belges puis devient représentant de commerce.

C’est par l’intermédiaire du compositeur belge Peter Benoit (1834-1901) qu’Émile Claus pourra se former à la peinture. Le père de Peter Benoit est l’éclusier de Vive-Saint-Éloi et le compositeur aime parfois passer quelques jours en famille. Il connaît la famille Claus. Il reçoit un jour une lettre d’Émile lui demandant de convaincre son père de le laisser s’inscrire à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers. Ce qui fut fait. Entre 1869 et 1874, Émile Claus étudie à Anvers tout en travaillant pour vivre. Il reste dans cette ville après ses études. Dès 1875, il expose à Bruxelles deux scènes de genre de style réaliste. Un voyage en Afrique du nord en 1879 lui permet de prendre conscience de son goût pour la lumière. C’est sans doute à ce moment que naît l’ambition luministe.

En 1882, il réalise Combat de coqs en Flandre, tableau qui sera exposé à Paris et le rendra célèbre.

 

 

Émile Claus. Combat de coqs en Flandre (1882)

Émile Claus. Combat de coqs en Flandre (1882)
Huile sur toile, 275 × 200 cm, collection particulière.

 

En 1883, il s'installe à Astène, au bord de la Lys, à une vingtaine de kilomètres de son lieu de naissance, dans un pavillon de chasse qu’il commence par louer avant de l’acquérir. Il agrandira la bâtisse et aménagera le terrain alentour. La Villa Zonneschijn (rayon de soleil) est née. Claus y passera la plus grande partie de sa vie.

Émile Claus éclaircit sa palette et passe d’un sombre réalisme naturaliste à des scènes de campagne lumineuses qui rencontrent un succès considérable. On qualifiera de luminisme cette peinture de la joie de vivre dans le milieu naturel. Claus en sera le chef de file en Belgique. Sa peinture attire rapidement l’attention de la bourgeoisie locale. L’un des notables locaux que fréquente le peintre, le notaire de Waregem Édouard Dufaux, a une nièce prénommée Charlotte. Émile Claus l’épouse en 1886.

 

 

Émile Claus. Le pique-nique (v. 1887)

Émile Claus. Le pique-nique (v. 1887)
Huile sur toile, 129 × 198 cm, collection du Palais royal, Bruxelles.

 

Le tableau ci-dessus, acheté par la famille royale belge, place Claus dans le cercle des artistes appréciés dans les allées du pouvoir. Il connaît désormais l’aisance financière et la célébrité internationale. En 1889, il loue un atelier à Paris et y reviendra l’hiver pendant trois ans, s’imprégnant de la peinture impressionniste. Claus apprécie particulièrement le travail de Claude Monet. Dans une lettre adressée au peintre Henry van de Velde (1863-1957), il écrit : « Depuis mon séjour à Paris j'ai vu de la bien mauvaise peinture, mais un véritable régal c'est l'exposition de Claude Monet chez Boussod-Valadon : superbe. »

 

 

Émile Claus. Soir d’été en Belgique (1895)

Émile Claus. Soir d’été en Belgique (1895)
Huile sur toile, 98 × 131 cm, collection particulière.

 

Son aura artistique attire les élèves. L’une d’elle, Jenny Montigny (1875-1937), venue suivre les cours de Claus pendant l’été 1893, deviendra sa maîtresse. Cette liaison se poursuivra jusqu’à la mort du peintre en 1924.

 

 

Émile Claus. Portrait de Jenny Montigny (1902)

Émile Claus. Portrait de Jenny Montigny (1902)
Huile sur toile, 106,5 × 89 cm, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles.

 

En 1904, Émile Claus fonde avec les peintres George Morren (1868-1941) et Adrien-Joseph Heymans (1839-1921) l’association Vie et Lumière. D’autres artistes de tendance impressionniste rejoindront le groupe, qui se propose de donner une place prééminente à la lumière. Au salon La Libre Esthétique, à Bruxelles en 1905, Claus et Heymans se présentent avec succès sous la bannière de la nouvelle association.

Pendant la première guerre mondiale (1914-1918), Émile Claus se réfugie à Londres où il peint une série de vues de la Tamise dans un style proche de celui de Claude Monet. Il revient à Astene en 1918 et y meurt le 14 juin 1924 à l’âge de 74 ans. Il est inhumé dans le jardin de sa Villa Zonneschijn.

Une rue de Bruxelles porte le nom du peintre et un monument a été dressé en son hommage à Gand.

 

 

Monument dédié à Émile Claus à Gand (Citadelpark, 1926)

Monument dédié à Émile Claus à Gand (Citadelpark, 1926)
Sculptrice : Yvonne Serruys (1873-1953)

 

Œuvre

Il est courant de qualifier de postimpressionnistes les artistes de tendance impressionniste de l’extrême fin du 19e siècle et du début du 20e siècle. Ce postimpressionnisme constitue donc une catégorie très accueillante à laquelle se rattache Émile Claus. Il est évidemment possible de raffiner l’analyse et de distinguer des sous-catégories. Claus appartient au luminisme. Depuis la Renaissance, les peintres ont compris que la lumière constitue un élément essentiel d’une composition picturale et il n’y a donc rien de fondamentalement nouveau dans la démarche dite luministe, sinon qu’elle se propose d’inonder la toile de soleil en se rattachant à l’esthétique de la perception qu’est l’impressionnisme.

Le talent de l’artiste se situe donc dans sa capacité à nous faire partager sa perception singulière de la lumière solaire éclairant le milieu naturel. Émile Claus est un maître dans ce domaine. Stimulé par son ami, l’écrivain Camille Lemonnier (1844-1913), fortement influencé au cours de ses voyages à Paris dans les années 1890 par les impressionnistes français, en particulier Claude Monet, Claus passe peu à peu du réalisme naturaliste à un impressionnisme caractérisé par une palette claire aux contrastes délicats. Considérés comme le chef de file de l’association Vie et Lumière, créée en 1904, il accède à la reconnaissance internationale et poursuit son œuvre sans être influencé par les multiples « avant-gardes » de l’époque (fauvisme, cubisme, expressionnisme, etc.).

 

 

Émile Claus. Rayon de soleil (1899)

Émile Claus. Rayon de soleil (1899)
Huile sur toile, 82 × 117 cm, musée d’Orsay, Paris.

 

 

Le tableau ci-dessus représente la Villa Zonneschijn où vivait Émile Claus. Cette maison et ses environs furent une source constante d’inspiration, l’équivalent de la maison de Claude Monet à Giverny. Camille Lemonnier évoque ses visites à Émile Claus dans le livre qu’il lui consacre (*).

« La maison est entre la grand’route et la rivière, basse, spacieuse et claire, un peu loin du village, par-delà une douve bordée d’osiers, de spirées et d’eupatoires. Un rosier grimpe jusqu’au toit et enguirlande de ses cœurs safranés l’œil-de-bœuf où se lit Zonneschijn (rayon de soleil). C’est le nom de l’habitation ; c’est aussi la dédicace qui la consacre à la lumière. Un hêtre pourpre l’ombrage de ses rameaux immenses ; le tronc noueux d’un châtaignier se dresse au bord du chemin de ronde. Avec son chenil, ses communs, sa maison de jardinier, c’est presque, pour qui la voit derrière la grille, l’installation d’un paysan gentilhomme. Des massifs, des corbeilles de fleurs, des vases en pierre animent le jardin et lui donnent un air de petit parc. Mais pénétrez dans la maison ; l’intérieur en est simple et cordial. Nattes en paille, fauteuils d’osier, vieux meubles de campagne ; toutes les tables chargées de revues et de cahiers d’estampes ; aux murs des peintures signées Roll, Thaulow, Le Sidaner, Duhem, Buysse, Wytsman, Morren, Anna De Weert, Jenny Montigny ; sur les crédences et le piano, des Meunier, des Van der Stappen, des Minne. »

 

 

La Villa Zonneschijn aujourd’hui

La Villa Zonneschijn aujourd’hui
Photographie Paul Hermans (Creative Commons

 

 

Lorsqu’il atteint la maturité artistique, l’ambition de Claus consiste à transformer la vision traditionnelle du paysage flamand, comme l’a bien analysé Camille Lemonnier (*).

« Le voilà sûr de lui ; il a marché selon son instinct et sa foi. Il manie la clarté ; il l’infuse à ses pâtes ; elle est le sang et la vie de son œuvre ; elle devient l’état d’âme de ses paysages […]
La lumière flamande, avec ses prismes trempés aux sels de la mer, s’égala aux plus fraîches, aux plus fleuries et aux plus transparentes. Par quelle aberration l’école jusque-là l’avait peinte opaque, terne, dure, métallique et gelée, c’est ce qu’on ne pouvait plus concevoir. Elle mouilla chez lui d’une arrosée d’arc-en-ciel, l’âpre glèbe primitive. Elle l’enveloppa de grâce et de force, elle la sensibilisa du magnétisme visible de la vie. »

 

 

Émile Claus. Le vieux Jardinier (1885)

Émile Claus. Le vieux Jardinier (1885)
Huile sur toile, 216 × 140 cm, musée d’art moderne et d’art contemporain, Liège.

 

Claus appartient ainsi à ces artistes indépendants, à la fois ancrés dans un territoire et universalistes, qui créent selon leur sensibilité sans se laisser influencer par les dérives de la mode, particulièrement présentes dans la création artistique à partir du 20e siècle.

 

Émile Claus. La mosquée de Sidi Boumedienne (1879)

Émile Claus. La mosquée de Sidi Boumedienne (1879). Huile sur toile,  64,5 × 46 cm, collection particulière. « Peinte en 1879, l’année où Claus s’est lancé dans un itinéraire ambitieux qui comprenait l’Espagne, le Maroc et surtout l’Algérie, la mosquée de Sidi-Boumediene peut être considérée comme un prélude à la fascination quasi obsessionnelle de Claus pour l’interaction entre réalisme photographique et aléas de la lumière et de la couleur […]
Les larges étendues de blanc qui caractérisent les tableaux orientalistes de Claus, ponctuées d’intenses tons de textiles, de carrelage et de pierre incrustée constituent des caractéristiques avec lesquelles aucune photographie contemporaine ne peut rivaliser. Dans la présente peinture, ces concentrations de couleurs contribuent à mettre en lumière les sculptures monochromes de stuc de Sidi-Boumediene et les arches en fer à cheval […]
Dédié à Abu Madyan Shu’ayb ibn al-Husayn al-Ansari (vers 1115-1197), fondateur et chef d’un cercle soufi indépendant, la mosquée et le complexe funéraire de Sidi-Boumediene, situés à Tlemcen, une ville du nord-ouest de l’Algérie, était un lieu de pèlerinage favori pour les artistes du XIXe siècle. La mosquée, construite sous la dynastie marinide par Abou el-Hassan en 1328-1339, était réputée pour ses arches en fer à cheval et ses carrelages décoratifs, qui apparaissent dans les détails exigeants de la peinture de Claus. » (Vente Sotheby’s 24/05/2017. Commentaire par Emily M. Weeks, Ph.D.)

Émile Claus. Combat de coqs en Flandre (1882)

Émile Claus. Combat de coqs en Flandre (1882). Huile sur toile, 275 × 200 cm, collection particulière. Claus représente un combat de coqs, attraction ancienne consistant à faire s’affronter dans une aire circulaire deux coqs qui peuvent se blesser gravement, voire se tuer. Le spectacle de la violence et des mutilations infligées suscitait l’intérêt des bourgeois qui parfois organisaient des paris. Claus les montre, agglutinés et visiblement ravis du spectacle, en utilisant un registre chromatique restreint et en opposant les visages illuminés à la pénombre du local. Nous sommes encore loin du luminisme.

Émile Claus. Le bateau qui passe (1883)

Émile Claus. Le bateau qui passe (1883).  Huile sur toile, 75,5 × 116 cm, collection particulière. « Peint en 1883, ‎‎Le Bateau qui passe est l’une ‎‎des premières œuvres dans lesquelles Claus explore pleinement les possibilités artistiques de la rivière Lys (ou Leie), quelques mois seulement après avoir installé sa maison et son atelier sur sa rive. Les principaux éléments de composition sont immédiatement perceptibles : la rive sinueuse, les rangs serrés de peupliers en arrière-plan et l’observation poétique de la lumière et de l’atmosphère caractérisant les œuvres les plus célèbres de l’artiste. Avec la rive du premier plan agissant comme ‎‎un repoussoir‎‎ compositionnel, le spectateur suit le regard tendrement représenté des jeunes enfants captivés par le travail herculéen des hommes, tandis que dans le plat pays apparaissent des arbres lointains enveloppés de brume. Après un succès retentissant au ‎‎Salon d’Anvers‎‎ de 1882 avec son grand format Le Combat de coqs, Claus achète une maison sur la Lys, en dehors de Deinze, qui deviendra la légendaire Villa Zonneschijn, et bien qu’il conserve son atelier ‎‎anversois jusqu’en ‎‎1890, il y restera toute sa vie. ‎ » (Commentaire Sotheby’s)

Émile Claus. La faneuse (1880-85)

Émile Claus. La faneuse (1880-85). Huile sur toile, 49 × 65 cm, collection particulière. « La faneuse illustre le naturalisme du travail de Claus au début des années 1880, après ses études à l’Académie d’Anvers. Abandonnant audacieusement le style académique de son professeur Nicaise de Keyser, Claus écrit « Je ne sais pas, je ne veux pas peindre les Grecs et Romains », annonçant ainsi fermement son intention de peindre d’abord et avant tout la vie contemporaine. Reflétant l’influence des artistes Français Jules Bastien-Lepage, Léon Lhermitte et Jules Breton, le présent tableau dépeint la vie de la Flandre rurale qui a inspiré Claus tout au long de sa carrière. Saisie dans une pose dynamique, presque sculpturale, la jeune fille ratissant le foin représente le modèle précoce d’un type fréquent dans l’œuvre de l’artiste, tandis que les jeunes enfants qui se cachent nous rappellent ceux qui se tenaient sur la rive ‎‎de la rivière dans Un bateau qui passe‎‎ de 1883. (Commentaire Sotheby’s)

Émile Claus. Le vieux Jardinier (1885)

Émile Claus. Le vieux Jardinier (1885). Huile sur toile, 216 × 140 cm, musée d’art moderne et d’art contemporain, Liège. « En 1882, Émile Claus s’établit à Astene (près de Deinze), séduit par un pavillon de chasse situé sur les berges de la Lys. " La maison est entre la grand-route et la rivière, basse, spacieuse et claire, un peu loin du village, par-delà une douve bordée d’osiers, de spirées et d’eupatoires. Un rosier grimpe jusqu’au toit et enguirlande de ses cœurs safranés l’œil de bœuf où se lit Zonneschijn. C’est le nom de l’habitation ; c’est aussi une dédicace à la lumière. "
À cette époque, l’artiste tente de se libérer des contraintes académiques, quitte l’atelier pour le plein air, éclaircit sa palette et s’intéresse à la vie rurale de la Lys ainsi qu’à l’étude de la lumière.
Il rencontre alors ses premiers succès avec de grandes compositions naturalistes, telles que Le Vieux Jardinier, d’un réalisme influencé par la photographie, dans la veine du peintre français Bastien-Lepage.
À l’entrée de Zonneschijn, le vieil homme est saisi par le peintre au moment où il pénètre, hésitant et timide, dans la grande demeure, un pot de géranium sur le bras ; toute sa physionomie témoigne du dur labeur qu’il accomplit et sa taille imposante, malgré l’âge, dégage une force exceptionnelle tandis que le regard vif qu’il fixe vers nous interpelle par son acuité : surprenante apparition nimbée de lumière.
Le rapport à la photographie paraît plus qu’évident dans la mise en scène par laquelle Claus compense le contre-jour par un éclairage provenant de la pénombre intérieure. » (Commentaire musée d’art moderne et d’art contemporain de Liège)

Émile Claus. La Lys à Astene (1885)

Émile Claus. La Lys à Astene (1885). Huile sur toile, 73,5 × 115 cm, Musea Brugge, Bruges. « La vie rurale sur les rives de la Lys à Astene est l’un des thèmes de prédilection de l’œuvre d’Emile Claus. Dans cette région, il passe d’abord ses étés puis s’installe définitivement à partir de 1886. La lumière solaire joue un rôle crucial dans le travail de Claus. La façon dont il peint les deux enfants en rétroéclairage est un processus efficace qu’il a appliqué à plusieurs reprises. Au fil du temps, et en particulier dans ses toiles impressionnistes ou luministes ultérieures, la lumière, déjà fortement présente dans La Lys à Astene, devient un ensoleillement estival.‎ » (Commentaire Musea Brugge)

Émile Claus. Les sarcleuses de lin (1887)

Émile Claus. Les sarcleuses de lin (1887). Huile sur toile, 129 × 198,7 cm, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen. La culture du lin était répandue en Flandre au 19e siècle en vue de la production de textiles. Claus reste dans une thématique sociale tout en choisissant une luminosité forte qui induit un regard optimiste sur le travail de ces paysans. On pourra comparer à Van Gogh, qui, à la même époque, proposait une vision particulièrement sombre de la vie paysanne (Les mangeurs de pommes de terre, 1885)

Émile Claus. Le pique-nique (v. 1887)

Émile Claus. Le pique-nique (v. 1887). Huile sur toile, 129 × 198 cm, collection du Palais royal, Bruxelles. Une famille d’agriculteurs sur la rive de la Lys, un dimanche, fait face à une famille bourgeoise qui pique-nique sur l’autre rive. La rivière sépare les deux groupes comme le mode de vie et le niveau de vie les séparent dans la réalité. Mais la nature édénique les accueille et semble constituer un lien entre ce que Marx qualifiait à l’époque de classes sociales. Cette œuvre lumineuse subit l’influence impressionniste, qui éclaircit la palette, mais reste d’un style assez classique.

Émile Claus. Enfants jouant sur la glace (1891)

Émile Claus. Enfants jouant sur la glace (1891). Huile sur toile, 148,5 × 205 cm, musée des Beaux-Arts, Gand. « Vers 1889, Emile Claus tombe sous le charme de l’impressionnisme français et passe trois hivers à Paris. Enfants jouant sur la glace est réalisé pendant cette période. La peinture peut donc être considérée comme une œuvre de transition entre sa période naturaliste et l’impressionnisme français qu’il adopte à partir des années 1890. Un écho du naturalisme apparaît dans la représentation réaliste des enfants, qui ont interrompu leur jeu et grimpent sur le rivage avec leur luge. La lumière rose du soir et la touche plus large annoncent le luminisme belge, dont Claus est devenu l’une des figures de proue dans les décennies suivantes. » (Commentaire musée des Beaux-Arts de Gand)

Émile Claus. Portrait de madame Claus (fin 19e s.)

Émile Claus. Portrait de madame Claus (fin 19e s.). Huile sur toile,  81× 96 cm, musée des Beaux-Arts de Tournai. En 1886, Émile Claus épouse Charlotte Dufaux, qu’il a rencontrée à Waregem, commune située à proximité de sa Villa Zonneschijn. Pour ce portrait impressionniste de madame Claus, le peintre utilise déjà le style luministe en laissant un rayon de soleil entrer par la fenêtre et éclairer la chevelure du modèle.

Émile Claus. Première communion (1893)

Émile Claus. Première communion (1893). Huile sur toile, 82 × 117 cm, Belfius Art Collection. « Première communion est l’une des premières œuvres luministes de Claus […] Eva, filleule de Claus dans sa robe de communion blanche, incarne la pureté et l’innocence enfantine. Pourtant, la solennité du moment apparaît également. Elle est consciente de l’importance de cette journée de communion. Dans cette composition, le contraste saisissant entre la lumière du soleil et l’ombre constitue une anticipation de la vie adulte de ces enfants du village, lorsque les soucis et le travail feront partie de leur existence. Le luminisme d’Emile Claus se caractérise par une vision idyllique de la nature et du plein air. Ses scènes baignent dans la lumière du soleil, mais restent réalistes.‎ » (Commentaire Belfius Art Collection)

Émile Claus. Soir d’été en Belgique (1895)

Émile Claus. Soir d’été en Belgique (1895). Huile sur toile, 98 × 131 cm, collection particulière. « Image iconique d’une douce soirée d’été sur les rives de la rivière Lys (Leie) en août 1895, ce tableau représente deux dames élégamment vêtues qui conversent en prenant le thé au bord de l’eau. Derrière elles, de l’autre côté de la rivière, les peupliers s’alignent, alors que la vaste étendue de la rivière coule langoureusement. Le pinceau audacieux et la palette lumineuse de cette grande composition, exécutée après que Claus se soit éloigné du naturalisme académique de Bastien-Lepage au profit du plein air, révèlent les influences de Claude Monet, Camille Pissarro et Henri Le Sidaner. Dans les années 1890, Claus est considéré comme la figure de proue du luminisme belge, mouvement qui cherchait à intégrer les techniques et les sujets impressionnistes et néo-impressionnistes parisiens dans une tradition typiquement belge. » (Commentaire Sotheby’s)

Émile Claus. Ampelio, vieux pêcheur de Bordighera (v. 1898)

Émile Claus. Ampelio, vieux pêcheur de Bordighera (v. 1898). Huile sur toile, 41,7 × 58,6 cm, Art Gallery of South Australia, North Terrace. Bordighera est une commune italienne située sur la côte méditerranéenne à une vingtaine de kilomètres de la frontière française. Monet y fit un séjour en 1884 et en rapporta des tableaux. Claus y séjourne deux mois en 1898 et rapporte également plusieurs tableaux, dont ce portrait d’un vieux pêcheur au visage buriné. Sur un arrière-plan schématique, le peintre cherche à capter la rude physionomie de l’homme dans un style typiquement impressionniste.

Émile Claus. Rayon de soleil (1899)

Émile Claus. Rayon de soleil (1899). Huile sur toile, 82 × 117 cm, musée d’Orsay, Paris. Le tableau représente la Villa Zonneschijn (rayon de soleil) à Astene où le peintre a passé la plus grande partie de sa vie. Claus parvient avec brio à conjuguer les motifs végétaux arachnéens, un chromatisme tendre axé sur les couleurs chaudes et une douce lumière se réfléchissant sur les murs blancs de la maison.

Émile Claus. Portrait d’Anna De Weert (1899)

Émile Claus. Portrait d’Anna De Weert (1899). Huile sur toile, 120,5 × 131 cm, musée des Beaux-Arts, Gand. « Anna De Weert était une élève d’Emile Claus. Sur le tableau, il la montre assise dans un bateau à rames sur la Lys, avec un carnet de croquis et un crayon à la main. Au-delà du portrait lui-même, l’eau de la Lys occupe une place importante dans la composition. Des conjectures plus précises sur le panorama seraient vaines, de sorte que le lieu exact n’est pas vraiment déterminable. Le paysage peut provenir des environs de la Villa Zonneschijn, la maison de Claus sur les bords de la Lys, près de Deinze. Ou peut-être l’a-t-il peint à proximité du Hof ter Neuve à Afsnee, en aval en se dirigeant vers Gand. À partir du milieu des années 1890, De Weert passe les mois d’été dans l’atelier de Claus avec son mari, le politicien libéral Maurice De Weert, de Gand. Le tableau fait partie du legs d’Anna De Weert au musée de Gand, qui comprend également deux anciens maîtres et des œuvres de George Minne. » (Commentaire musée des Beaux-Arts de Gand)

Émile Claus. Arbre au soleil (1900)

Émile Claus. Arbre au soleil (1900). Huile sur toile, 184 × 151,8 cm, musée des Beaux-Arts, Gand. « Émile Claus aimait peindre à proximité immédiate de la Villa Zonneschijn, sa maison de campagne sur la Lys à Astene, près de Deinze. La maison de campagne, le jardin fleuri et les arbres du domaine sont souvent représentés dans son œuvre. Dans ce tableau, l’artiste évoque la lueur chaude du soleil printanier de mars 1900. Cette peinture est l’un des meilleurs exemples du luminisme de Claus, qui conjugue de multiples touches différenciées et une puissante maîtrise chromatique dans une combinaison de roses tendres, mauves et verts. Le profil impressionnant du vieil arbre est rehaussé par une lumière diffuse et glissante qui brille à travers les branches. » (Commentaire musée des Beaux-Arts de Gand)

Émile Claus. Portrait de Jenny Montigny (1902)

Émile Claus. Portrait de Jenny Montigny (1902). Huile sur toile, 106,5 × 89 cm, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles. Jenny Montigny (1875-1937), élève d’Émile Claus au cours de l’été 1893, devient sa maîtresse jusqu’au décès de l’artiste en 1924. Elle le suivra à Londres pendant la première guerre mondiale, bien que la femme de Claus y soit également. Sa peinture emprunte beaucoup au luminisme de Claus. Ce portrait typiquement impressionniste sur un fond végétal indéterminé, met l’accent sur le regard mélancolique.

Émile Claus. Journée ensoleillée (1904)

Émile Claus. Journée ensoleillée (1904). Huile sur toile, 92,7 × 73,5 cm, musée des Beaux-Arts, Gand. « L’œuvre d’Émile Claus est imprégnée de la vie quotidienne dans la région de la Lys au tournant du siècle (1900). Une peinture telle que Journée ensoleillée, qui fut précisément peinte cette année-là, est un exemple de son impressionnisme narratif. La toile comporte de remarquables parallèles avec le travail d’un photographe chevronné, car elle se présente comme un instantané et constitue une véritable fenêtre s’ouvrant sur la réalité. Le premier plan coupé accentue le caractère réaliste de la représentation. Le tableau constitue cependant une composition longuement réfléchie et équilibrée, dont les différents éléments picturaux sont harmonisés par la lumière unificatrice et la palette peu contrastée. Le jeu d’ombre tout en douceur, où un dais de verdure, au demeurant invisible, tamise la lumière éclatante de l’été et plonge la représentation comme par enchantement dans un doux bain de lumière et d’ombre, est typique de cette période de l’œuvre de Claus. » (Commentaire musée des Beaux-Arts de Gand)

Émile Claus. Le pont de Waterloo, Londres (1918)

Émile Claus. Le pont de Waterloo, Londres (1918). Huile sur toile, 64 × 76 cm, collection particulière. « Comme Claude Monet, qui s’exile à Londres pendant la guerre franco-prussienne, Claus, avec plusieurs de ses compatriotes artistes belges, s’installe en Angleterre au début de la Première Guerre mondiale. Résidant d’abord à Rhubina au Pays de Galles, il retourne à Londres en 1915 et peint Kew, Upton Grey et Hampstead.
Mais ce n’est qu’en 1916 qu’il trouve un sujet qui lui paraît vraiment digne de la peinture : la Tamise. Il loue un studio au quatrième étage de Mowbray House, à l’angle de l’ancienne rue Norfolk et du quai du Temple ; de cet endroit, il peint une série de vues qu’il intitule Réverbérations sur la Tamise.
Dans son article, The Thames from my Tower Windows, publié par The Studio en mai 1917, Claus décrit ainsi le panorama : " A ma gauche se trouve Blackfriars Bridge ; à droite, je vois Waterloo Bridge et la silhouette de Westminster. Ce sont les points de vue qui, jour après jour ces derniers mois, m’ont donné des impressions variées et ravissantes de la rivière. " Ses sources d’inspiration proviennent de Turner mais font aussi clairement écho à l’œuvre de son contemporain Claude Monet, qui a peint des vues similaires depuis sa chambre voisine de l’hôtel Savoy. Alors que les compositions de ce dernier sur la Tamise parvenaient presque à l’abstraction, Claus n’a jamais complètement abandonné la figuration, avec des bâtiments, des bateaux et des figures encore clairement reconnaissables. Une analyse minutieuse du présent travail révèle même le dessin au trait rigoureux qui sous-tend la composition. » (Commentaire Sotheby’s, vente 10/12/2014)

Émile Claus. Réflexion matinale sur la Tamise à Londres (1918)

Émile Claus. Réflexion matinale sur la Tamise à Londres (1918). Huile sur toile, 72 × 92 cm, musée des Beaux-Arts, Gand. « Bien que son séjour en Grande-Bretagne entre 1914 et 1919 ait été provoqué par la guerre, Emile Claus a connu une activité artistique remarquable à Londres. Malgré son âge avancé, il a travaillé fiévreusement pendant presque quatre ans. La Tamise elle-même a été une source inépuisable d’inspiration pour une importante série de vues sur la rivière ; mais il a également été intéressé par la vie trépidante de la ville. A partir d’un atelier de fortune dans une tour, Claus peint les apparences atmosphériques changeantes de la rivière et de la vie sur les quais. Son luminisme accentué d’avant-guerre évolue à Londres vers des paysages urbains brumeux et une lumière tamisée. » (Commentaire musée des Beaux-Arts de Gand)

 

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Émile Claus

 

 

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(*) Camille Lemonnier, Émile Claus, Librairie nationale d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1908.

 

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