Jean-Baptiste Pater

 
 

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Patrick AULNAS

Autoportrait

Jean-Baptiste Pater. Autoportrait (?) (1720-1736)

Jean-Baptiste Pater. Autoportrait (?) (1720-1736)
Huile sur toile, 80 × 62,5 cm, musée de Beaux-Arts de Valenciennes.
Ce tableau étant présumé être un autoportrait de l’artiste, la base Joconde laisse un point d’interrogation.

 

Biographie

1695-1736

Né à Valenciennes le 29 décembre 1695, Jean-Baptiste Pater est le fils du sculpteur Antoine Joseph Pater (1670-1747) et de Jeanne Élisabeth de Fontaine. Il commence à apprendre la sculpture avec son père, mais dès l’âge de onze ans, en 1706, il entre dans l’atelier du peintre valenciennois Jean-Baptiste Guidé. Quelques années plus tard, vers 1709, Antoine Watteau revient dans sa ville natale et accueille le jeune Jean-Baptiste dans son atelier. Il suit Watteau à Paris et reste son apprenti jusqu’à 1713. Il revient à Valenciennes vers 1715 mais se heurte aux difficultés inhérentes à l’organisation des corporations de métiers. Le jeune artiste de dix-huit ans n’étant pas membre de la corporation des peintres et sculpteurs de Valenciennes, appelée partout à cette époque Académie de Saint-Luc, il n’a pas le droit d’exercer le métier pour son propre compte. Il travaille avec son père.

Il reste à Valenciennes jusqu’à 1718 puis repart à Paris car Watteau, déjà malade, souhaite le revoir. Ce second apprentissage ne dure pas longtemps puisque Watteau meurt en juillet 1721. Les leçons du très grand artiste qu’était Watteau seront déterminantes puisque Jean Baptiste Pater se spécialisera dans les fêtes galantes, genre pictural du style rococo, spécialement créé pour Watteau par l’Académie royale de peinture et de sculpture.

 

Jean-Baptiste Pater. Fête champêtre (v. 1730)

Jean-Baptiste Pater. Fête champêtre (v. 1730)
Huile sur toile, 56,2 × 66 cm, Norton Simon Museum, Pasadena.

 

Pater va poursuivre ensuite une brillante carrière. Il est agréé à l’Académie royale en 1725 et reçu comme membre en 1728 avec un morceau de réception intitulé Une fête champêtre. Réjouissance de soldats et relevant de la catégorie des fêtes galantes. Frédéric II, dit le Grand (1712-1786), roi de Prusse, deviendra son client les plus prestigieux en commandant plusieurs dizaines de tableaux à Jean-Baptiste Pater.

 

Jean-Baptiste Pater. Les baigneuses (v. 1730)

Jean-Baptiste Pater. Les baigneuses (v. 1730)
Huile sur toile, 51 × 64,5 cm, Indianapolis Museum of Art.

 

Il produit beaucoup car ses toiles correspondent parfaitement au goût de l’aristocratie du début du 18e siècle. Mais, comme celle de son maître Watteau, sa santé se dégrade alors qu’il est encore jeune. Il meurt le 28 juin 1736, à l’âge de quarante-et-un ans et il est inhumé au cimetière des Innocents à Paris.
 

Œuvre

Jean-Baptiste Pater. Le Repos dans le parc (v. 1728)

Jean-Baptiste Pater. Le Repos dans le parc (v. 1728)
Huile sur toile, 56 × 64 cm, Frick Art Museum, Pittsburgh.

 

Jean-Baptiste Pater fut le seul élève de Watteau et il dira avoir plus appris de son maître au cours de la courte période où il le rejoindra à la fin de sa vie que pendant toutes ses années d’apprentissage. Il devient ainsi le successeur de Watteau dans le genre des fêtes galantes, ces petits tableaux représentant les loisirs bucoliques rêvés de l’aristocratie où les messieurs courtisent « galamment » les dames. Mais, dans un style proche, il peint également des scènes de la vie militaire, des scènes de foire, des scènes de comédie italienne (commedia dell’arte). Un paysage profond, à l’horizon lointain est en général le cadre de la scène. Le grand coloriste qu’était Pater déploie tout son talent en associant ciels ennuagés, végétation vaporeuse et figures vêtues d’étoffes moirées aux couleurs chatoyantes.
 

Peintures

Jean-Baptiste Pater. Le bain (v. 1720)

Jean-Baptiste Pater. Le bain (v. 1720). Huile sur toile, 100 × 150 cm, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Ce dessus-de-porte de la salle à manger du petit Trianon, commandé par Louis XV, est l’une des premières œuvres connues de l’artiste. Ce décor avait précédemment été attribué à Watteau sur des critères stylistiques, ce qui ne surprend pas. On retrouve l’ambiance onirique que savait créer Watteau.

Jean-Baptiste Pater. Conversation galante dans un parc (1720-23)

Jean-Baptiste Pater. Conversation galante dans un parc (1720-23). Huile sur toile, 48 × 39 cm, musée du Louvre, Paris. « Emblématique des petits tableaux qui firent le succès de Pater auprès des amateurs, le sujet donna lieu à plusieurs versions plus ou moins ambitieuses. Le style du tableau incite à le dater des années 1720.
On peut noter le soin avec lequel Pater s’appliqua à décrire l’aspect satiné des costumes, dont l’effet clinquant est sans doute emprunté à la scène théâtrale. » (Commentaire musée du Louvre)

Jean-Baptiste Pater. Arlequin et Colombine (1721-36)

Jean-Baptiste Pater. Arlequin et Colombine (1721-36). Huile sur bois, 51 × 42 cm, El Paso Museum of Art. Arlequin et Colombine sont deux personnages de la commedia dell’arte italienne. Arlequin est un serviteur qui manque d’intelligence, un valet comique connu pour sa bouffonnerie. Il est amoureux de Colombine qui le mène par le bout du nez. Le tableau de Pater fait apparaître les personnages de théâtre, avec leur costume de scène, comme le faisait déjà Watteau. Mais en les plaçant dans un parc, l’artiste laisse planer le doute. Sont-ils en représentation, avant la représentation ou s’agit-il d’une fiction picturale ?

Jean-Baptiste Pater. Troupe au repos (1725)

Jean-Baptiste Pater. Troupe au repos (1725). Huile sur toile, 54 × 65 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Pater peint des sujets mis au point par son maître Watteau, dont la fête galante et les troupes militaires que les deux artistes privilégient au début de leur carrière. Le morceau de réception de Pater à l'Académie Royale en 1728 était Réjouissance de soldats. Comme Watteau, Pater avait probablement pu observer ces scènes dans la période des derniers succès militaires de Louis XIV. Plutôt que de représenter des combats triomphants ou héroïques, à la manière des peintres de batailles, Pater se concentre sur les campements improvisés où les soldats dorment, fument, boivent et mangent en compagnie de femmes. » (Commentaire MET) 

Jean-Baptiste Pater. Le Repos dans le parc (v. 1728)

Jean-Baptiste Pater. Le Repos dans le parc (v. 1728). Huile sur toile, 56 × 64 cm, Frick Art Museum, Pittsburgh. Avec cette fête galante, Pater atteint la pleine maîtrise de son art. La composition comporte l’arrière-plan paysager indispensable, un groupe de personnes dansant, buvant, jouant de la musique et surtout la galanterie, c’est-à-dire des hommes courtisant des femmes. Les somptueux vêtements indiquent qu’il s’agit de nobles. Les postures alanguies renvoient à la sprezzatura (aisance apparente se manifestant par une certaine nonchalance) que Baldassare Castiglione (1478-1529) préconisait pour l’aristocratie dans Il Libro del Cortegiano (Le livre du courtisan). La fête galante apparaît ainsi comme l’image idéale que la noblesse de cour du début du 18e siècle voulait renvoyer d’elle, mais ne représente en rien la réalité de son vécu.

Jean-Baptiste Pater. Les vivandières de Brest (v. 1728)

Jean-Baptiste Pater. Les vivandières de Brest (v. 1728). Huile sur toile, 47 × 59 cm, Wallace Collection, Londres. « Cette peinture est un bon exemple des scènes militaires produites par Pater. Le thème rappelle les rares scènes de campement de Watteau et les tableaux militaires très courants d'artistes hollandais du XVIIe siècle tels que Wouwermans, très prisés par les collectionneurs du XVIIIe siècle. Comme Watteau, Pater ne représentait pas la violence réelle de la guerre, mais les marches et les repos des soldats hors du champ de bataille. Le morceau de réception de Pater pour l'Académie de Paris était une scène similaire, ce qui indique l'importance de ce sujet pour le peintre et ses collectionneurs. » (Commentaire Wallace Collection)
Les vivandières étaient des femmes suivant leurs maris soldats dans des régiments et accomplissant certaines tâches moyennant finances : lavage du linge, vente de produits courants (tabac, eau de vie, etc.). Le mot cantinière sera utilisé plus tard, jusqu’au début du 20e siècle.

Jean-Baptiste Pater. Les baigneuses (v. 1730)

Jean-Baptiste Pater. Les baigneuses (v. 1730). Huile sur toile, 51 × 64,5 cm, Indianapolis Museum of Art. Avec ce tableau, Jean-Baptiste Pater explore le domaine érotique. Des femmes se baignent en plein air, plus ou moins dénudées, mais un homme s’éloigne en regardant la scène. Le prétexte mythologique étant absolument nécessaire à cette époque pour représenter la nudité féminine, il était convenu que la scène représentait le chasseur Actéon qui avait surpris Artémis (Diane chez les romains, déesse de la chasse) se baignant et avait longuement regardé la déesse. Furieuse, Artémis transforme Actéon en cerf et il est dévoré par ses chiens qui ne le reconnaissent plus.

Jean-Baptiste Pater. Fête champêtre (v. 1730)

Jean-Baptiste Pater. Fête champêtre (v. 1730). Huile sur toile, 56,2 × 66 cm, Norton Simon Museum, Pasadena. « Peinture rococo par excellence, la Fête Champêtre de Pater représente les loisirs de l’aristocratie. Le cadre bucolique de cette réunion ludique dérive finalement de la garden-party, une forme de divertissement prisée à la cour de France. Des hommes, des femmes et des enfants élégamment vêtus conversent, jouent de la musique et apprécient la beauté du cadre naturel. La composition asymétrique, combinant une perspective profonde et une palette sensuelle de couleurs chaudes et pastel, crée une atmosphère légère et rêveuse. Le caractère idyllique de la rencontre est encore souligné par deux putti de marbre et un dauphin, en haut à droite, qui mettent l’accent sur l’insouciance du groupe en contrebas. » (Commentaire Norton Simon Museum)

Jean-Baptiste Pater. Nymphes se baignant près d’une fontaine (1730-33)

Jean-Baptiste Pater. Nymphes se baignant près d’une fontaine (1730-33). Huile sur toile, 129,5 × 51,3 cm, Dallas Museum of Art. Pater reprend le thème des baigneuses (ci-dessus), mais il s’agit de nymphes, qui, comme chacun sait, passent leur temps à se baigner en prenant des poses langoureuses.

Jean-Baptiste Pater. La Foire à Bezons (v. 1733)

Jean-Baptiste Pater. La Foire à Bezons (v. 1733). Huile sur toile, 107 × 142 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Ce tableau, chef-d'œuvre de Pater, date du début des années 1730, précédant une version plus petite de 1733 conservée au palais de Sans-Souci, à Potsdam. Cette foire populaire, organisée chaque année en dehors de Paris le premier dimanche de septembre, a inspiré une pièce de théâtre, un ballet-pantomime et plusieurs œuvres d'art. Puisant dans l'imagerie des fêtes galantes de Watteau, Pater a choisi un paysage bucolique. Des gens de tous les milieux sociaux participent aux festivités. La danseuse centrale pourrait être Mademoiselle d'Angeville, une actrice célèbre. Derrière elle se trouve Pierrot, en costume blanc et collerette, et, sur la scène, se produit un singe costumé. » (Commentaire Metropolitan Museum of Art)

Jean-Baptiste Pater. Concert champêtre-1 (1734)

Jean-Baptiste Pater. Concert champêtre-1 (1734). Huile sur toile, 52 × 68 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Ce délicat paysage pastel aux figures élégantes illustre ce que Pater a avoué : qu'il devait tout à Watteau. Les robes des dames sont plus ou moins contemporaines tandis que la veste courte, la collerette et les rubans des chaussures de l'homme à la canne rappellent les costumes de théâtre. Le putti de marbre avec un dauphin doit faire partie d'une fontaine cachée dans les buissons. Ils soulignent le caractère ludique du sujet. Le tableau fait partie d'une paire. Le pendant, signé et daté 1734, se trouve au Musée Thyssen-Bornemisza de Madrid. » (Commentaire Metropolitan Museum of Art)
Ce Concert champêtre est une variante de la Fête champêtre de 1730 (ci-dessus) du Norton Simon Museum.

Jean-Baptiste Pater. Concert champêtre-2 (1734)

Jean-Baptiste Pater. Concert champêtre-2 (1734). Huile sur toile, 53 × 68 cm, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid. « L'artiste représente une journée de divertissement de l’aristocratie urbaine à la périphérie de la ville. Pater a organisé la scène en deux groupes bien définis qu'il couple à des plans successifs et entre lesquels il trace une diagonale qui nous renvoie à un paysage vaporeux. Le groupe principal, à gauche, est organisé autour d'un couple ; l'homme joue de la guitare tandis que la femme indique une partition possible au guitariste dans un recueil. Les personnages entourant ce couple sont groupés deux par deux, bavardant et commentant, à l'exception d'un jeune homme qui regarde attentivement ce que la dame indique. Dans la partie droite, dont l’arrière-plan est un élément architectural, le peintre place des détails ludiques comme la jeune fille, au premier plan, qui attire l'attention d'un chien avec un os. » (Commentaire Museo Thyssen-Bornemisza)

 

Dessins

Jean-Baptiste Pater. Halte des troupes (18e s.)

Jean-Baptiste Pater. Halte des troupes (18e s.). Gravure sur papier, 17,5 × 22,2 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Également intitulée Soldats et femmes dans le campement, cette gravure est « attribuée à Jean-Baptiste Pater », selon le MET.

Jean-Baptiste Pater. Dame assise par terre (18e s.)

Jean-Baptiste Pater. Dame assise par terre (18e s.). Craie rouge et blanche sur papier gris, 15,8 × 12 cm, Rijksmuseum, Asmterdam

Jean-Baptiste Pater. Portrait de femme (1720-36)

Jean-Baptiste Pater. Portrait de femme (1720-36). Craie rouge, noire et blanche sur papier, 27,3 × 24,6 cm, Cooper–Hewitt, Smithsonian Design Museum, New York.

 

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