Nicolas Froment

 
 

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Patrick AULNAS

 Autoportrait

Froment. Autoportrait présumé. Résurrection de Lazare (1461)Autoportrait présumé extrait de La résurrection de Lazare, panneau central (1461)

 

Biographie

 1430/35-1486

Probablement né en Picardie entre 1430 et 1435, Nicolas Froment, tout comme Enguerrand Quarton, s'installera en Provence. On a longtemps cru qu'il était né à Uzès, ville située dans le Gard à proximité de Nîmes (France). Mais s'il fut bien citoyen de cette ville, il n'y est pas né. On ne sait pas exactement quand il arrive à Uzès pour la première fois. Il se forme au contact des maîtres flamands dans les années 1460-1465 et restera toujours très attaché à leur style.

Les historiens pensent qu'il aurait pu être l'élève de Dirk Bouts (1415-1475), spécialiste des tableaux religieux, qui maîtrisait bien la technique de l'huile sur bois. Au cours de cette période de formation, il voyage également en Italie comme la plupart des artistes de l'époque. Pendant son séjour en Italie il peint La résurrection de Lazare (1461) pour le couvent des Observantins de Mugello. Il revient à Uzès en 1465 puis se fixe définitivement à Avignon où existait un courant pictural très actif représenté en particulier par Enguerrand Quarton. D'une vingtaine d'années plus jeune que Quarton, Nicolas Froment est considéré comme l'une des personnalités marquantes de la seconde école d'Avignon. Vers 1470, il jouit d'une importante notoriété locale et les commandes affluent : des documents indiquent qu'il possède plusieurs maisons à Uzès. Malheureusement, la plus grande partie des œuvres de Froment a disparu.

A cette époque, le roi René (René d'Anjou, 1409-1480) règne sur l'Anjou, la Lorraine et la Provence. Les provençaux le surnomment le Bon Roi René car il est un souverain efficace qui sait s'entourer de bons administrateurs. René d'Anjou est aussi un grand mécène et Nicolas Froment deviendra le peintre officiel de sa cour. Il sera chargé de décorer la maison du roi René à Avignon et produira pour lui de nombreux tableaux comme en attestent les livres de comptes royaux. De cette période, nous possédons le Diptyque Matheron (1474-75) et le Triptyque du Buisson ardent (1475-76).

Après la mort du roi René l'activité de Froment décline. Dès 1482, il rédige son testament. Il meurt à Avignon en 1486.

 

Froment. Triptyque du buisson ardent, ouvert (1476)

Nicolas Froment. Triptyque du buisson ardent, ouvert (1476)
Huile sur bois, 410 × 305 cm, cathédrale Saint-Sauveur, Aix-en-Provence.
Analyse détaillée

 

 Œuvre

 La peinture de Nicolas Froment reste imprégnée de style gothique, mais sa formation en Flandre permet à l'artiste de s'approprier l'esthétique flamande et ainsi de satisfaire le goût qu'éprouvait pour elle le roi René. On ne trouve pas chez Froment la qualité chromatique caractérisant certaines œuvres d'Enguerrand Quarton (par exemple Le Couronnement de la Vierge, 1454). On n'y trouve pas non plus l'ascétisme et le sens de la dramaturgie de son prédécesseur de la première école d'Avignon, si présente dans La Pietà de Villeneuve (1454-56). Froment reste un peintre plus traditionnel, mais il est capable d'agencer d'immenses compositions comme le Triptyque du buisson ardent (410 x 305 cm). Il parvient dans ce chef-d'œuvre à concilier le réalisme des maîtres flamands, qui apparaît dans les personnages, et un arrière-plan directement inspiré des paysages de Toscane et des peintres florentins. Il crée ainsi un espace pictural original et signe l'une des œuvres majeures de l'école d'Avignon.

Froment. Triptyque de la résurrection de Lazare (1461)

Triptyque de la résurrection de Lazare (1461). Huile sur bois, 175 × 134 cm (central), 175 × 66 cm (chaque aile latérale)Galerie des Offices, Florence. Réalisé lors du séjour du peintre en Italie, ce triptyque évoque, sur son panneau central, l'épisode biblique au cours duquel Jésus-Christ ressuscite Lazare de Béthanie (Béthanie est un village).

 
Froment. Résurrection de Lazare, panneau central (1461)

Résurrection de Lazare, panneau central (1461). Scène de la Résurrection de Lazare. La composition reste proche du gothique avec un Lazare maladroitement représenté. Un homme retire les bandelettes liant ses mains. Le Christ, au centre du tableau, le bénit. Il est entouré de nombreux personnages en costumes du 15e siècle dont les visages ne sont pas vraiment individualisés. On reste pour l'essentiel dans les conventions picturales antérieures à la Renaissance. Entre 1450 et 1460, Colin d'Amiens, dit le maître de Coëtivy, avait déjà traité le sujet de façon beaucoup plus novatrice : Colin d'Amiens. La résurrection de Lazare (1450-1460), Musée du Louvre, Paris.

 
Froment. Résurrection de Lazare, panneau gauche (1461)

Résurrection de Lazare, panneau gauche (1461). Episode biblique (Nouveau Testament). Marthe de Béthanie (Sainte Marthe), sœur de Lazare, se prosterne aux pieds du Christ. La tradition provençale veut qu'après la mort du Christ, Lazare et ses deux sœurs Marthe et Marie se soient établis en Provence aux Saintes-Maries-de-la-Mer.

 
Froment. Résurrection de Lazare, panneau droit (1461)

Résurrection de Lazare, panneau droit (1461). Episode biblique (Nouveau Testament). Au cours d'un repas chez Simon, le pharisien, Marie de Béthanie se prosterne aux pieds de Christ et lui lave les pieds puis les essuie avec sa chevelure.

 
Froment. Diptyque Matheron (1474)

Diptyque Matheron (1474). Huile sur bois, 18 × 13 cm, musée du Louvre, Paris. Ce petit diptyque représente René d'Anjou dit le roi René (1409-1480) et sa seconde femme Jeanne de Laval (1433-1498). Il a été offert au roi par Jean Matheron, président à la cour des maîtres rationaux de Provence.

 
Froment. Triptyque du buisson ardent, ouvert (1476)

Triptyque du buisson ardent, ouvert (1476). Huile sur bois, 410 × 305 cm, cathédrale Saint-Sauveur, Aix-en-Provence. Ce triptyque avait été placé à l'origine dans la chapelle funéraire du roi René (commanditaire) dans l'église des Grands-Carmes d'Aix-en-Provence. Il a été restauré à partir de 2003 et le travail s'est achevé en 2010. La technique utilisée par Froment est celle du glacis. Plusieurs couches de peinture sont appliquées sur une toile de lin collée sur des planches de peuplier. Le panneau central illustre un épisode de l'Ancien Testament concernant Moïse et les panneaux latéraux sont consacrés aux donateurs agenouillés : à gauche, le roi René et à droite sa seconde épouse Jeanne de Laval.

Analyse détaillée

 
 Froment. Triptyque du buisson ardent, fermé (1476)

Triptyque du buisson ardent, fermé (1476). Les retables n'étaient ouverts qu'à l'occasion des cérémonies. En position fermée, il était courant de représenter des niches imitant des sculptures par la technique des grisailles (nuances d'une même couleur avec effets de clair-obscur imitant la pierre). Il s'agit ici d'une annonciation : l'archange Gabriel (à gauche) annonce à la Vierge Marie la naissance prochaine du Christ (maternité divine de la Vierge selon le dogme chrétien).

 
Froment. Triptyque du buisson ardent, panneau central (1476)

Triptyque du buisson ardent, panneau central (1476). L'épisode du buisson ardent figure dans l'Ancien Testament. Moïse reçoit la révélation de l'existence d'un dieu unique par un buisson qui brûle mais ne se consume pas. Le dieu serait, selon l'anecdote biblique, à l'intérieur de ce buisson ardent. Le peintre a interprété librement le mythe en mêlant Ancien et Nouveau Testament puisque la Vierge et l'Enfant Jésus sont associés au buisson ardent. Moïse garde le troupeau et la révélation divine se manifeste par l'apparition d'un ange et de la Vierge trônant sur le buisson ardent. Pour le vieux roi René, qui savait sa fin proche, il s'agit d'une allégorie du salut. L'arrière-plan est inspiré d'un paysage méditerranéen provençal ou italien et n'a aucun rapport avec la vie des juifs du temps de Moïse. Il s'agit là d'une licence picturale courante à l'époque.

 
Froment. Triptyque du buisson ardent, détail (1476)

Triptyque du buisson ardent, détail (1476). La Vierge et l'Enfant apparaissent en toute quiétude au milieu des flammes du buisson. Les gens de cette époque, même nobles ou rois, baignaient dans une religiosité simple et naïve : les images de miracles ou d'apparitions exerçaient sur eux une fascination.

 

Commentaires

  • Daniel Pfligersdorffer
    • 1. Daniel Pfligersdorffer Le 16/04/2018
    Un Nicolas Froment est à signaler ( tête de Saint Anastase ) aux Girolamini à Naples
  • hugongerard
    • 2. hugongerard Le 10/12/2017
    Si Nicolas Froment né pas né a Uzès comme vous le précisez dans sa biographie alors ou est-il né ? . Certains dictionnaires de l ' art précisent bien qu il est né dans cette commune .
  • Renée Morel
    • 3. Renée Morel Le 06/10/2013
    Ce n'est pas Marie-Madeleine qui se prosterne aux pieds du Christ dans le triptyque de la "Résurrection de Lazare", mais Marie de Béthanie, soeur de Lazare et de Marthe (épisode que l'on trouve à la fois chez Marc et chez Matthieu dans le Nouveau Testament). Comme tous trois vivaient ensemble à Béthanie, il est 9normal que l'artiste ait voulu représenter Lazare au centre et une de ses soeurs de chaque coté.
    • rivagedeboheme
      • rivagedebohemeLe 06/10/2013
      Merci pour cette information. J’avoue que la mythologie religieuse, qu’elle soit antique ou chrétienne, n’est pas mon fort. Je lis dans Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_de_Magdala « L'Église catholique considéra à partir de Grégoire Ier au VIe siècle que Marie de Magdala ne faisait qu'une avec Marie de Béthanie (la sœur de Marthe et de Lazare) ainsi qu'avec la pécheresse qui oint le Christ de parfum (comme Marie de Béthanie) en Luc 7,36-50. Cette interprétation n'est pas partagée par l'Église orthodoxe, qui distingue clairement ces personnages, ni par les protestants. » Je me suis appuyé sur cette information, mais il y a parfois des erreurs ou des approximations dans Wikipédia. Il serait donc indifférent d’écrire Marie-Madeleine ou Marie de Béthanie, du moins pour les catholiques... Cela est-il exact selon vous ? N’étant pas croyant, j’avoue que je n’attache que très peu d’importance à ces questions. Mais il vaut mieux rester dans l’exactitude historique, si cela existe. Je prends donc acte de votre observation et je corrige. Bien à vous.

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