Henri Bellechose

 
 

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Patrick AULNAS

Henri Bellechose. Le retable de saint Denis, détail

Henri Bellechose. Le retable de saint Denis, détail
Tempera et or sur toile marouflée sur panneau, 162 × 211 cm, musée du Louvre, Paris.

 

 

Biographie

v. 1380-1445

Henri Bellechose est un peintre originaire du sud des Pays-Bas (région de Breda), qui apparaît vers 1415 à Dijon et devient le peintre officiel du duc de Bourgogne Jean 1er (1371-1419), surnommé Jean sans Peur à la suite d’actes de bravoure au cours d’une croisade. Nombreux sont à cette époque les artistes d’origine flamande et néerlandaise qui viennent travailler en France, tout simplement parce qu’il existait une demande de la part de l’aristocratie et du haut clergé.

En fonction de son œuvre, la date de naissance d’Henri Bellechose se situe vraisemblablement autour de 1380. On ignore tout de sa formation. Mais succédant à Jean Malouel (v. 1370-1415) comme peintre des ducs de Bourgogne, certains historiens font l’hypothèse qu’il a d’abord travaillé comme assistant de Malouel. Il occupe d’ailleurs la charge de valet (ou varlet) de chambre du duc, tout comme son prédécesseur. Cette fonction lui permet d’être rémunéré.

Bellechose travailla pour les palais ducaux, les églises de Dijon mais surtout pour la Chartreuse de Champmol. La construction de ce monastère de l’ordre des Chartreux avait été décidée par le duc de Bourgogne Philippe le Hardi (1342-1404) à la fin du 14e siècle. Les travaux se poursuivirent tout au long du 15e siècle. La réalisation de la somptueuse décoration intérieure (sculptures, peintures) attira des artistes. Henri Bellechose, puis Jan van Eyck succédèrent à Jean Malouel dans le domaine pictural.

 

Chartreuse de Champmol, vue actuelle

Chartreuse de Champmol, vue actuelle

 

Chartreuse de Champmol, vue aérienne

Chartreuse de Champmol, vue aérienne

 

Henri Bellechose était à la tête d’un grand atelier employant plusieurs assistants et des apprentis. A la mort de Jean sans Peur en 1419, Bellechose est confirmé dans son emploi de peintre de la cour par le nouveau duc, Philippe III dit Philippe le Bon (1396-1467). Vers 1424, il épouse Alixant  Lebon, une fille de notaire. Á partir de 1426, les comptes de Philippe le Bon indiquent une diminution des deux-tiers des rémunérations versées à l’artiste. Après août 1429, aucune mention le concernant n’apparaît plus dans les comptes. Philippe le Bon, grand mécène, passait beaucoup de temps dans le nord de la France (Lille) et dans la Belgique actuelle (Bruxelles), qui faisaient partie de son territoire, les Pays-Bas bourguignons. Il préféra sans doute la peinture de Jan van Eyck à celle d’Henri Bellechose. Le style typiquement gothique international de Bellechose ne pouvait qu’apparaître dépassé face au puissant réalisme des flamands et à leur parfaite maîtrise de la peinture à l’huile.

Privé de commandes ducales, Bellechose va sombrer dans la misère. En 1440, on sait qu’il est encore en vie. Il meurt entre 1440 et 1445.

 

Œuvre

Henri Bellechose peut être considéré comme l’un des derniers représentants du style gothique international, qui domine la peinture européenne dans la seconde moitié du 14e siècle. Il travailla assidûment pour le duc de Bourgogne Jean sans Peur, de 1415 à 1419, puis pour son fils et successeur Philippe le Bon, de 1419 à 1429. Sa période d’activité connue se limite donc à une quinzaine d’années. Ce sont bien entendu les retables d’autels et les tableaux religieux qui représentent l’essentiel de son travail pour les palais ducaux, les églises de Dijon, capitale du duché de Bourgogne, et la chartreuse de Champmol. Il réalisa également une partie de la polychromie des sculptures de la chartreuse. Un travail purement décoratif lui était également demandé, par exemple des blasons.

Il subsiste aujourd’hui deux retables auxquels il a travaillé, probablement en collaboration avec Jean Malouel.

 

Le retable de saint Denis

Henri Bellechose. Le retable de saint Denis (v. 1416)

Henri Bellechose. Retable de saint Denis (v. 1416)
Tempera et or sur toile marouflée sur panneau, 162 × 211 cm, musée du Louvre, Paris.

« Encore fidèle à l’esthétique médiévale notamment par l’omniprésence des ors, ce retable surprend néanmoins par certains accents réalistes qui témoignent de préoccupations nouvelles : la figure du bourreau est d’une vigueur plastique et d’une caractérisation physionomique sans précédents. La variété du coloris, renforcée par le riche fond d’or, est également remarquable, dominée par le bleu intense des manteaux du Christ et des saints. Le Christ crucifié placé au centre est présenté par Dieu le Père et le Saint-Esprit, tandis que deux épisodes de la vie de saint Denis sont figurés de part et d’autre de la Croix. À gauche, la dernière communion reçue par saint Denis de la main du Christ même et, à droite, le martyre de saint Denis, qui fut décapité avec ses deux disciples, Rustique et Éleuthère. Selon Grégoire de Tours, saint Denis fut évangélisateur des Gaules et premier évêque de Paris (vers 250). Décapité à Montmartre, il est souvent représenté avec l’attribut de son martyre, tenant sa tête qu’il aurait ramassée après sa décollation. » (Commentaire musée du Louvre)

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Analyse détaillée

 

Le retable de saint Georges

Henri Bellechose et Jean Malouel. Retable de saint Georges (1416)

Henri Bellechose et Jean Malouel. Retable de saint Georges (1416)
Huile sur bois transposé sur toile marouflée sur panneau, 161,5 × 211,5 cm, musée des Beaux-arts de Dijon.

Ce retable a été conçu comme le pendant du Retable de saint Denis. Probablement commencé par Jean Malouel, il fut achevé par Henri Bellechose en 1416. C’est du moins ce qu’indique un texte d’archive cité par le musée de Dijon : « Parfait par Henri Bellechose en 1416 ». Cette date d’achèvement reste malgré tout conjecturale et le musée de Dijon date le retable du milieu du 15e siècle.
La composition du retable de saint Georges est identique à celle du retable de saint Denis. Sur un fond or, la crucifixion centrale est encadrée par deux épisodes de la vie du saint. La célèbre scène de saint Georges terrassant le dragon, issue de La légende dorée de Jacques de Voragine (1265), apparaît à gauche. Le saint, en tenue militaire, frappe de sa lance le monstre qui avait enlevé la princesse. Cette dernière apparaît en petite taille, à l’extrême-gauche, couverte de bijoux.
A droite de la crucifixion, le peintre a représenté la mort de saint Georges. Georges de Lydda (v. 275/80-303) fut en effet un officier dans l’armée de l’empereur romain Dioclétien. Mais son action en faveur des chrétiens, et les nombreuses conversions qu’elle entraîna, amène l’empereur à le condamner à mort. Il est décapité de 23 avril 303 à l’âge de 22 ans. Sur le retable apparaît le bourreau s’apprêtant à décapiter le saint devant un groupe de spectateurs.
La scène centrale de la crucifixion est plus complexe que celle du Retable de saint Denis. Une Vierge éplorée (en bleu) figure à gauche de la croix, accompagnée de trois femmes. A droite apparaît saint Jean (en rouge). Le petit personnage en blanc au premier plan est un moine chartreux de la bouche duquel sort un phylactère comportant l’inscription « Miserere mei Deus » (Aie pitié de moi, mon Dieu).

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