Dosso Dossi

 
 
 

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Patrick AULNAS

Portrait

 

Giuseppe Macpherson. Dosso Dossi (v.1772-80)Giuseppe Macpherson. Dosso Dossi (v.1772-80)
Aquarelle sur ivoire, 7 x 5,5 cm, Royal Collection, Londres

 

« Cette miniature fait partie de la collection de copies de 224 autoportraits d’artistes du Palais des Offices, à Florence, que Lord Cowper, collectionneur d’art et mécène, a commandé à Giuseppe Macpherson (1726-1780). Il a présenté les miniatures au roi George III en deux lots, en 1773 et 1786. Macpherson suit de près les autoportraits originaux, mais ne copie que la tête et les épaules. » (Commentaire Royal Collection)

 

Biographie

v. 1487-1542

Giovanni di Niccolò Luteri a toujours été connu sous le nom de Dosso Dossi, provenant d’une propriété familiale située à San Giovanni del Dosso, petite commune de la province de Mantoue, où le peintre serait né. Son frère, Battista Dossi (v. 1490-1548), également peintre, a hérité du même pseudonyme. La date de naissance de Dosso Dossi n’est pas connue, mais certains documents indiquent qu’il avait atteint l’âge de 25 ans en 1512. Sa naissance se situerait donc vers 1487.

Sa formation se déroule d’abord à Mantoue. Le maître le plus souvent cité est Lorenzo Costa (1460-1535), peintre travaillant à partir de 1506 pour Isabelle d’Este (1474-1539), épouse du marquis de Mantoue François II (1466-1519). Le nom de Dosso Dossi apparaît pour la première fois dans les archives de Mantoue en 1512. L’influence de Giorgione et de Titien sur ses premières œuvres permet de penser que le peintre a visité Venise à cette époque.

 

Dosso Dossi. La Sainte Famille, avec le jeune saint Jean-Baptiste, un chat et deux donateurs (v. 1512-13)

Dosso Dossi. La Sainte Famille, avec le jeune saint Jean-Baptiste, un chat et deux donateurs (v. 1512-13)
Huile sur toile, 97 × 116 cm, Philadelphia Museum of Art.

 

Vers 1514, Dossi entre au service de la famille d’Este, seigneurs de Ferrare, et travaillera principalement au cours de sa vie pour Alphonse Ier d’Este (1476-1534) puis pour Hercule II (1508-1559). L’éclectisme caractérise l’activité de Dosso Dossi à Ferrare : portraits, tableaux mythologiques, religieux, allégoriques, cartons de tapisserie, décors de théâtre.

 

Dosso Dossi. Melissa (v. 1518)

Dosso Dossi. Melissa (v. 1518)
Huile sur toile, 170 × 172 cm, Galerie Borghèse, Rome.

 

Il retourne à Venise en 1516 et en 1518, et visite Florence en 1517. Entre 1531 et 1532, il séjourne à Trente avec son frère Battista. Le cardinal autrichien Bernhard von Cles (1485-1539) confie aux deux frères la décoration de nombreuses pièces du castello del Buonconsiglio (château du Bon-Conseil), résidence des prince-évêques de Trente, qui faisait partie du Saint-Empire romain germanique.

Dossi Dossi meurt à Ferrare en 1542.

 

Œuvre

Dosso Dossi fut l’un des plus grands peintres de la Renaissance à Ferrare. Son œuvre, dont seule une partie a survécu, comporte tous les principaux genres : peinture religieuse, mythologique, allégorique, portraits, paysages, fresques. La caractéristique dominante de son travail, que l’on retrouve en particulier chez Giorgione, est sa tonalité énigmatique et allégorique.

 

Dosso Dossi. Les trois âges de l’homme (1518-20)

Dosso Dossi. Les trois âges de l’homme (1518-20)
Huile sur toile, 77,5 × 111,8 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.
Analyse détaillée

 

L'influence des peintres vénitiens, comme Titien et Giorgione est d’ailleurs unanimement signalée par les historiens. Ses figures mythologiques insolites ont conduit les spécialistes à évoquer le concept de sprezzatura (nonchalance), explicité par Baldassare Castiglione (1478-1529) dans son livre Il Cortigiano (Le Courtisan). La sprezzatura correspond à l’apparence de facilité et de détachement que montre une personne dans l'accomplissement d'actions difficiles. Les figures de Dossi, insérées dans des compositions complexes, se caractérisent ainsi par un comportement détaché voire satyrique.

 

Dosso Dossi. Jupiter, Mercure et Virtus (1523-24)

Dosso Dossi. Jupiter, Mercure et Virtus (1523-24)
Huile sur toile, 111 × 150 cm, château royal de Wawel, Cracovie.

 

La dimension paysagère de l’œuvre doit également être signalée. A une époque où le paysage n’était pas considéré comme un thème autonome en peinture, certains tableaux du peintre apparaissent comme un prétexte mythologique à construire une véritable composition paysagère.

 

Dosso Dossi. Les Troyens réparant leurs navires en Sicile (v. 1520)

Dosso Dossi. Les Troyens réparant leurs navires en Sicile (v. 1520)
Huile sur toile, 59 × 88 cm, National Gallery of Art, Washington.

 

Dosso Dossi. Nymphe et Satyre (1510-15)

Dosso Dossi. Nymphe et Satyre (1510-15). Huile sur toile, 58 × 83 cm, Galleria Palatina, Palazzo Pitti, Florence. Les nymphes sont des divinités mineures de la mythologie grecque et romaine caractérisées par leur beauté et réputées pour leur liberté sexuelle. Les satyres sont des personnages mythologiques de la Grèce antique qui accompagnent le dieu du vin Dionysos (Bacchus pour les romains). Ils sont associés aux excès et à la lubricité.
La composition, comme beaucoup d’autres, associe nymphe et satyre. Mais Dossi a choisi une vue rapprochée à mi-corps de façon à mettre en évidence l’expressivité des visages. Le satyre agressif s’oppose à la nymphe apeurée. Les choix chromatiques accentuent l’opposition : carnation blanche pour la nymphe mais plus sombre pour le satyre. Les fourrures, proches des peaux de bête, couvrant partiellement les corps, suggèrent un univers pastoral primitif correspondant à la mythologie antique, qui faisait remonter les divinités à une époque lointaine et indéterminée.

Dosso Dossi. La Sainte Famille, avec le jeune saint Jean-Baptiste, un chat et deux donateurs (v. 1512-13)

Dosso Dossi. La Sainte Famille, avec le jeune saint Jean-Baptiste, un chat et deux donateurs (v. 1512-13). Huile sur toile, 97 × 116 cm, Philadelphia Museum of Art. La Sainte Famille (la Vierge Marie, Joseph et Jésus de Nazareth) est parfois représentée avec Jean-Baptiste, traité en peinture comme un camarade de Jésus enfant. La présence des deux donateurs agenouillés est une survivance, en ce tout début su 16e siècle, d’une pratique courante au siècle précédent. Le chat au premier plan et l’ouverture sur un paysage verdoyant en arrière-plan permettent d’atténuer la solennité et la froideur qui auraient résulté de leur absence. Le thème choisi par le jeune artiste de 23 ans est extrêmement courant mais traité avec une certaine fantaisie dépassant le formalisme exigé à l’époque.

Dosso Dossi. Conversation sacrée (1510-20)

Dosso Dossi. Conversation sacrée (1510-20). Huile sur bois, 49 × 73 cm, Museo di Capodimonte, Naples. « La Vierge et l'Enfant sont placés au centre d’un cadrage horizontal. À gauche se trouvent les saints Jean-Baptiste et Barbe, tandis qu’à droite se trouvent le donateur du tableau (identifiable par l’absence d’auréole) et saint Joseph. Les personnages sont étroitement regroupés et plaqués contre le premier plan. Cette composition particulière a été introduite par Giovanni Bellini, artiste vénitien du début du XVIe siècle. En 1927, l’influent historien de l’art italien Roberto Longhi attribuait cette œuvre aux premières années du peintre de la cour de Ferrare, Dosso Dossi. Des recherches récentes suggèrent fortement que le tableau a été réalisé par Sebastiano Fillipi, un artiste obscur décédé jeune et surtout connu comme le grand-père d'Il Bastianino, un autre peintre célèbre de Ferrare. » (Commentaire Google Arts & Culture)

Dosso Dossi. Lamentation sur le corps du Christ (v. 1517-18)

Dosso Dossi. Lamentation sur le corps du Christ (v. 1517-18). Huile sur bois, 36,5 × 30,5 cm, The National Gallery, Londres. « Les trois Marie pleurent le Christ après sa crucifixion. La Vierge Marie est agenouillée aux pieds du Christ, les bras tendus encadrés par son manteau sombre. La couronne d'épines du Christ gît sur le sol, à côté des dés lancés par les soldats qui ont joué pour obtenir ses vêtements. Marie-Madeleine est agenouillée près de la tête du Christ, les bras levés. Marie Cléophas se tient derrière elle, se tenant la tête et s'arrachant les cheveux de douleur. Les gestes démonstratifs, l'anatomie déformée et les contrastes de couleurs sont typiques des premières œuvres de Dosso.
Au loin, trois croix se dressent au sommet du Calvaire, se détachant sur le ciel. La croix de gauche semble avoir été celle du Christ, car les corps des deux voleurs sont encore accrochés aux autres croix. La façon dont les personnages sur la colline derrière la Vierge sont simplement suggérés est un exemple remarquable du traitement dramatique de la peinture par Dosso, et ajoute à l'expressivité des personnages en deuil. » (Commentaire National Gallery)

Dosso Dossi. Melissa (v. 1518)

Dosso Dossi. Melissa (v. 1518). Huile sur toile, 170 × 172 cm, Galerie Borghèse, Rome. « Le tableau peut être daté des premières années de la maturité du peintre de Ferrare. Il représente au premier plan une femme à l'allure imposante, coiffée d'un turban et vêtue de somptueux vêtements aux couleurs vives. Plongée dans un paysage boisé, elle est assise à l'intérieur d'un cercle où sont transcrits des symboles rappelant la Kabbale juive ; de la main gauche, elle tient une torche, tandis que de la droite, elle tient une tablette avec des motifs géométriques.
La figure féminine a été identifiée à une sorcière, d'abord Circé, puis Melissa, selon la description qu'en donne Ludovico Ariosto dans Orlando Furioso (Canto VIII, 14-15). Melissa libère certains paladins des maléfices : la référence pourrait se trouver dans les petites figures humaines suspendues à l'arbre à gauche de l'œuvre.
La restauration a révélé plusieurs regrets : à gauche du tableau, à la place du molosse et de l'armure, il y avait une figure masculine debout vers laquelle la magicienne tournait son regard.
L'œuvre est probablement arrivée de Ferrare dans la collection de Scipione Borghese vers 1607-1608, par l'intermédiaire du cardinal Enzo Bentivoglio. (Commentaire Galerie Borghèse)

Dosso Dossi. Les trois âges de l’homme (1518-20)

Dosso Dossi. Les trois âges de l’homme (1518-20). Huile sur toile, 77,5 × 111,8 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Dans un paysage luxuriant au bord de l'eau, les trois âges de l'humanité sont représentés par deux garçons qui regardent derrière un buisson, deux amoureux et deux vieillards. En Italie, la peinture de paysage s'inspirait de la littérature classique et visait à ravir l'œil tout en mettant en scène un ou plusieurs récits que le spectateur devait découvrir. Les vieillards ont été ajoutés plus tard par l'artiste, ce qui suggère que le sujet était à l'origine un paysage pastoral que Dosso a transformé en un récit du cycle de la vie. L'esprit de Dosso, très prisé à la cour de Ferrare, se manifeste dans les détails des chèvres qui semblent épier les jeunes amoureux. » (Commentaire MET)
Analyse détaillée

Dosso Dossi. Voyageurs dans une forêt (v. 1520)

Dosso Dossi. Voyageurs dans une forêt (v. 1520). Huile sur toile marouflée sur bois, 46 × 45,5 cm, musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, Besançon. « Un vieillard barbu monté sur une mule, accompagné d’un homme sur un âne, trois fantassins, deux en avant, un troisième fermant la marche.
Aujourd'hui de format carré le tableau était jadis circulaire comme l'indiquent les écoinçons restitués dans une matière bien différente des pigments originaux : ce tondo s'intégrait sans doute dans un décor dont il ne constitue plus que l'unique témoignage [...]. Anciennement attribué [...] à Giorgione ou à Titien, ce petit tableau a été justement rendu à Dosso Dossi [...] ; il est très évocateur de l'art de Dosso qui, naturellement marqué par son origine ferraraise, bénéficie lors de ses séjours à Venise des influences déterminantes de Giorgione et Titien puis les intègre enfin pour réussir une singulière et habile synthèse entre ces diverses composantes. (in PINETTE Matthieu et SOULIER-FRANCOIS Françoise, De Bellini à Bonnard, Paris, Pierre Zech Editeur, 1992, p.34) » (Commentaire Base Joconde)

Dosso Dossi. Les Troyens réparant leurs navires en Sicile (v. 1520)

Dosso Dossi. Les Troyens réparant leurs navires en Sicile (v. 1520). Huile sur toile, 59 × 88 cm, National Gallery of Art, Washington. « L'iconographie obscure de la toile de Dosso a donné lieu à de nombreuses spéculations. Dans le passé, elle a été intitulée simplement Scène d'une légende et, plus souvent, Départ des Argonautes. Le titre actuel fait plutôt référence à un événement de l’Énéide de Virgile. Conçue pour célébrer l'origine et la croissance de l'Empire romain, l’Énéide raconte l'histoire d'Énée qui, après la chute de Troie et sept années d'errance, fonde une colonie sur la péninsule italienne, établissant ainsi l'État romain. L'histoire d'Énée et d'Achate est tirée du livre I de l’Énéide, où Énée et son fidèle compagnon Achate, dont le voyage vient de commencer, se réfugient sur la côte libyenne après le naufrage de leurs navires lors d'une tempête.
Deux autres scènes de l’Énéide de Dosso ont été retrouvées, l'une en Angleterre, l'autre au Canada, et ont été identifiées, avec la toile de Washington, comme faisant partie d'une frise de dix tableaux peints par l'artiste pour le camerino, ou cabinet de travail d'Alfonso d'Este dans son château de Ferrare. Dosso Dossi a été très influencé par l'art vénitien, en particulier par l'utilisation de la couleur et le traitement des paysages tels qu'ils apparaissent dans les œuvres de Titien et de Giorgione. Il était peut-être plus connu à son époque pour ses paysages doux et vaporeux et ses scènes de la vie quotidienne qui sont néanmoins imprégnées d'une touche de fantaisie. » (Commentaire National Gallery of Art)

Dosso Dossi. Portrait de Niccolò Leoniceno (1521)

Dosso Dossi. Portrait de Niccolò Leoniceno (1521). Huile sur toile, 85 × 72 cm, Pinacoteca civica di Como, Côme. Niccolò Leoniceno (1428-1524) est un médecin et humaniste italien, spécialisé dans les textes à orientation médicale. Il fut professeur à Venise, Ferrare, Paris et Pavie.
« L’ensemble de portraits exposés aujourd'hui à la Pinacothèque civique est constitué de 39 tableaux, représentant des hommes illustres de l'histoire, que Paolo Giovio collectionna probablement avant 1521, seule date certaine pour le début de la collection, jusqu'à sa mort en 1552. Ils étaient destinés à être exposés dans la Villa Museo détruite de Borgovico. Ces peintures originales sont entrées dans les collections municipales dans la seconde moitié du siècle dernier grâce aux legs de Rovelli et Acchiappati, lointains héritiers de Paolo Giovio. Il n'a pas toujours été possible de retracer la paternité des œuvres, car Giovio les mentionnait rarement dans ses écrits et les acquérait grâce à ses amis et connaissances dispersés dans toute l'Europe. La qualité des portraits eux-mêmes n’est donc certainement pas homogène, le seul intérêt de Giovio étant de s’assurer de la véracité de la physionomie. (B. Fasola) » (Cité par Google Arts & Culture)

Dosso Dossi. Jupiter, Mercure et Virtus (1523-24)

Dosso Dossi. Jupiter, Mercure et Virtus (1523-24). Huile sur toile, 111 × 150 cm, château royal de Wawel, Cracovie. Cette peinture allégorique comporte des symboles qui étaient accessibles aux initiés de la cour de Ferrare. Mais elle séduit encore aujourd’hui par la réussite chromatique, la gestuelle parfaitement compréhensible et le mystère de sa signification exacte. La subjectivité de chaque observateur est ainsi de mise.
Jupiter, en rouge, est concentré sur la peinture de papillons sur un panneau. Mercure, dieu du commerce, des voyages et messager des autres dieux, fait signe à Virtus de ne pas déranger Jupiter. Dans la mythologie romaine, Virtus est une divinité qui symbolise le courage, la vertu et les qualités morales. Selon certains commentateurs, le tableau serait inspiré d’un texte de l’humaniste italien Leon Battista Alberti (1404-1472). Voici une interprétation, parmi d’autres, de ce tableau :
« Le tableau Jupiter peignant des papillons de Dosso Dossi est l’une des œuvres les plus précieuses de la collection de Karol Lanckoroński. Il a été créé vers 1524 à la demande du duc de Ferrare Alphonse d'Este et était probablement destiné à ses appartements privés du palais du Belvédère sur l'île de Padania à Ferrare […]
Jupiter, avec le visage d’Alphonse d’Este, peint des papillons les yeux fermés – il rêve du printemps. Mercure, vêtu d'un manteau jeté sur ses épaules, de chaussures ailées (talaria) et d'un casque (petazos), porte un doigt de sa main droite à ses lèvres, ordonnant à la femme qui s'approche de lui de se taire. Il veut ainsi assurer la tranquillité de Jupiter. Sa représentation avec un caducée doré dans la main gauche est l'une des premières de la Renaissance. Un paysage avec un arc-en-ciel est visible en arrière-plan. La clé pour lire le contenu du tableau est la jeune fille élégamment vêtue s'approchant de Jupiter, réduite au silence par Mercure. Qui est-elle ? Est-ce Aurore ? En témoigne sa tenue vestimentaire, ainsi décrite par Homère et d'autres classiques. Ou peut-être Flore ? Ovide, faisant référence à la figure de la déesse, a écrit qu’elle viendrait à la fête du printemps "décorée de couronnes colorées de mille fleurs", lorsque l’aurore illuminera le ciel. » (Commentaire Google Arts & Culture)

Dosso Dossi. Scène mythologique (v. 1524)

Dosso Dossi. Scène mythologique (v. 1524). Huile sur toile, 164 × 145 cm, Getty Center, Los Angeles. « Un ensemble d'indices visuels séduisants a donné lieu à de nombreuses théories à propos de cette Scène mythologique de Dosso Dossi, mais personne n'a déterminé la signification précise du tableau, si tant est que l'artiste ait eu l'intention de lui en donner une. Le personnage masculin à droite de la composition est le dieu pastoral grec Pan, ce qui a conduit certains spécialistes à appeler cette œuvre Allégorie de Pan. Pan était un satyre qui, dans les allégories de la Renaissance, personnifiait la luxure. Il devait sa réputation amoureuse à la séduction qu'il exerçait sur les nymphes en jouant de la musique sur sa syrinx, qu'il tient ici dans sa main gauche. Le nu endormi au premier plan pourrait être la nymphe Echo, qui a rejeté Pan pour Narcisse. La vieille femme au centre du groupe est peut-être la protectrice d'Écho, Gea (la Terre), qui est assise au-dessus d'elle et la protège. La femme à côté d'elle, portant une armure par-dessus une robe verte et enveloppée d'une cape rouge flottante, n'a pas encore été identifiée. Un groupe d'érotes (dieux ailés de l'amour) plane à côté des agrumes.
Certains spécialistes affirment que Dosso a voulu illustrer un épisode spécifique d'un seul mythe, relatif à la vie de Pan, peut-être tiré des œuvres des poètes antiques Ovide ou Nonnos. En fait, le tableau n'a peut-être pas de thème unifié, mais présente plutôt une scène inspirée de la mythologie comme contexte légitimant la représentation de corps érotisés. L'inclusion d'agrumes et de fleurs méticuleusement peints pourrait avoir pour but de faire appel aux connaissances du spectateur cultivé en matière de science et de nature. Dosso encourage peut-être ici le spectateur à délibérer sur les pouvoirs associés de la nature, de la poésie et de l'art. » (Commentaire Getty Center)

Dosso Dossi. Circé et ses amants dans un paysage (v. 1525)

Dosso Dossi. Circé et ses amants dans un paysage (v. 1525). Huile sur toile, 101 × 136 cm, National Gallery of Art, Washington. Circé est une magicienne de la mythologie grecque qui, après avoir empoissonné son mari, a dû se réfugier sur l’île dAéa. Avec ses philtres, elle métamorphose en animal quiconque aborde sur son île. Les animaux représentés sur le tableau sont donc des humains transformés par les pouvoirs de la magicienne.
« Dans un paysage peint à l'horizontale, une jeune femme pâle, presque nue, est assise sur un rocher sous un arbre, entourée de petits animaux, dont des chiens, des cerfs et des oiseaux. Son corps nous fait face tandis que, lèvres écartées, elle regarde au loin vers notre gauche. Elle n'est couverte que par un drapé vert olive sur sa cuisse gauche, à notre droite. Elle tient dans son bras gauche ce qui semble être une grande tablette de pierre et touche la surface inscrite de sa main droite. Des fleurs blanches, jaunes et rouges couronnent ses longs cheveux blonds. Sa peau rose et lisse se détache sur l'écorce brune du tronc d'arbre derrière elle. Près de son genou droit, une petite biche brune la regarde. Plus près de nous, un échassier blanc plonge son bec dans une mare d'eau dans le coin inférieur gauche du tableau. Un grand livre de diagrammes est ouvert à côté du pied de la femme, sur le sol gris ardoise. Un petit chien blanc est accroupi à côté du livre, à notre droite, devant un chien brun et élancé et un daim avec des bois, tous de profil, faisant face à la femme. Dans les arbres, un faucon blanc est perché près du coin supérieur droit de la toile et un hibou est assis sur une branche au-dessus de la tête de la femme. Au-delà de la femme, à notre gauche, un talus escarpé est surmonté d'arbres et d'arbustes épars. Un chemin sablonneux serpente au-delà de la berge en direction d'un bâtiment en bois au loin. Des arbres délicats aux voûtes rouge rouille et or encadrent le bâtiment, tandis qu'une brume bleu topaze derrière lui suggère une forêt au-delà. De gros nuages gris remplissent le ciel au-dessus d'une bande de lumière pâle à l'horizon. » (Commentaire National Gallery of Art)

Dosso Dossi. Apollon et Daphné (v. 1525)

Dosso Dossi. Apollon et Daphné (v. 1525).  Huile sur toile, 191 × 116 cm, Galerie Borghèse, Rome. « Apollon est le dieu de la poésie et dans cette œuvre d'art, il joue de la lyre, son archet étant levé. Il porte un manteau vert dont le bord est décoré de fins fils d'or. Il porte également une couronne de laurier, qui fait référence à la transformation de la nymphe Daphné en un arbre devenu sacré.
Cet épisode mythologique mondialement connu est représenté sur un fond sinistre, où Daphné, la fille de la Terre mère et du dieu fleuve Pénée (ou du dieu fleuve Ladon), échappe à l'attention d'Apollon. Cette fuite coïncide avec sa transformation en laurier […]
Cette toile (datable d’environ 1525) provient du legs (1659) du cardinal Luigi Capponi, comme l'a récemment prouvé un document d'archives. Elle a fait partie de la collection du cardinal Ludovico Ludovisi entre 1623 et 1633, avant d'appartenir à Scipione Borghese. En outre, un paiement pour un cadre de ce tableau est documenté dans la collection du cardinal. Après l'éclatement de la collection Ludovi, le tableau a été acquis par le cardinal Luigi Capponi. » (Commentaire Galerie Borghèse)

Dosso et Battista Dossi. Lucrèce Borgia, duchesse de Ferrare (1519-30)

Dosso et Battista Dossi. Lucrèce Borgia, duchesse de Ferrare (1519-30). Huile sur bois, 74 × 57 cm, National Gallery of Victoria, Melbourne. « L'identification récente du sujet de ce tableau comme étant Lucrèce Borgia (1480-1519) a permis de répondre à un mystère ancien. Borgia a épousé Alfonso d'Este, héritier du duché de Ferrare, en 1502. Ce faisant, elle a quitté les affaires tumultueuses de la papauté des Borgia et s'est installée dans le milieu très cultivé de la Ferrare de la Renaissance. Ce portrait regorge de références à l'Antiquité classique, en particulier des références symboliques à Vénus et à l'héroïne romaine Lucrèce à laquelle il est uni thématiquement par son inscription latine, adaptation sophistiquée d'un vers de l'Énéide de Virgile : "Plus brillante [que la beauté] est la vertu qui règne dans ce beau corps". » (Commentaire National Gallery of Victoria)

Dosso et Battista Dossi. La fuite en Égypte (1520-30)

Dosso et Battista Dossi. La fuite en Égypte (1520-30). Huile sur bois, 62 × 81 cm, Lowe Art Museum, Miami. « La Fuite en Égypte est représentative d'un nouveau genre de peinture, le tableau de cabinet, qui a vu le jour au début du XVIe siècle. Les tableaux de chevalet de petite taille comme celui-ci étaient destinés à une utilisation privée et n'étaient donc pas soumis aux attentes conventionnelles en matière de contenu. Dans La fuite en Égypte, l'événement biblique est illustré d'une manière nouvelle qui traduit l'intimité familiale de la Sainte Famille. Alors que dans l'art italien antérieur, Joseph est toujours représenté à pied, conduisant la mule sur laquelle se trouvent Marie et l'Enfant Jésus, il chevauche ici sa propre mule et porte l'Enfant Jésus endormi dans un berceau en bois. Joseph se tourne sur sa selle pour faire face à Marie et lui indique vigoureusement le chemin, tandis qu'elle semble l'avertir qu'une barrière fermée entrave le passage. Comme Garofalo, Dosso et son jeune frère Battista ont surtout travaillé à Ferrare pour la cour des seigneurs d’Este. Peinte après le retour de Battista de Rome, où il a travaillé dans l'atelier de Raphaël entre 1517 et 1520, La Fuite en Égypte est l'une des nombreuses œuvres réalisées en collaboration par les deux peintres. » (Commentaire Lowe Art Museum)

Dosso Dossi. Allégorie de la Fortune (v. 1530)

Dosso Dossi. Allégorie de la Fortune (v. 1530). Huile sur toile, 181 × 195 cm, Getty Center, Los Angeles. « Trouvée sur un marché aux puces et achetée pour une somme modique par un acheteur anonyme, Allégorie de la Fortune a été attachée sur le toit d'une voiture et apportée à la maison de vente aux enchères Christie's à New York. Là, les experts ont reconnu qu'il s'agissait d'une importante scène allégorique du maître de Ferrare Dosso Dossi, perdue depuis longtemps.
Dosso est bien connu pour son inclination pour les sujets allégoriques complexes, qui regorgent de symbolisme. Bien qu'il n'existe pas d'interprétation unique du sujet du tableau, le message de Dosso semble être que la prospérité dans la vie est éphémère et dépend de la chance. La femme nue représente la Fortune ou la chance. Elle tient une corne d'abondance, faisant étalage de la richesse qu'elle pourrait apporter, mais elle est assise sur une bulle pour montrer que ses faveurs sont souvent éphémères et peuvent s'évanouir en un instant. Les draperies flottantes rappellent qu'elle est changeante comme le vent. Sa chaussure unique symbolise sa capacité à accorder non seulement la fortune, mais aussi le malheur. L'homme à gauche personnifie le hasard. Il regarde la Fortune et brandit des billets de loterie qu'il s'apprête à placer dans une urne en or, allusion aux loteries civiques qui venaient de devenir populaires en Italie. Les billets peuvent également faire référence à la commanditaire probable du tableau, Isabelle d'Este, marquise de Mantoue (1474-1539). L'un de ses emblèmes était une liasse de billets, évoquant son expérience personnelle des fluctuations de la fortune. » (Commentaire Getty Center)

Dosso Dossi. Salle des cariatides à Pesaro (1530)

Dosso Dossi. Salle des cariatides à Pesaro (1530). Fresque, Villa Imperiale, Pesaro.

 

Dosso Dossi. Salle des cariatides à Pesaro, détail (1530)Dosso Dossi. Salle des cariatides à Pesaro, détail (1530)

 

La Villa Imperiale est un vaste château construit à partir de la fin du 15e siècle par la famille Sforza, seigneurs de Pesaro, ville située sur la côte adriatique au sud de Mantoue. L’adjectif Imperiale provient du fait que la première pierre de l’édifice a été posée en 1468 par l’empereur Frédéric III de Habsbourg.
Les cariatides sont des statues de femmes supportant un élément architectural et remplaçant ainsi les piliers d’un édifice. Ici, les femmes faisant office de pilier supportent des voûtes végétales. Au plafond, le duc d’Urbino, Francesco Maria della Rovere (1490-1538), revient d’une bataille pour reconquérir le duché qui lui avait été pris par les Médicis.

Dosso Dossi. Sorcellerie ou Allégorie d’Hercule (1535)

Dosso Dossi. Sorcellerie ou Allégorie d’Hercule (1535). Huile sur toile, 143 × 144 cm, Galerie des Offices, Florence. « L'œuvre est également connue sous les titres de Bambocciata (Mendelsohn) ou de Sorcellerie (Roberto Longhi), confirmant l'incertitude quant au sujet qu'elle représente. C'est Felton Gibbon qui a émis l'hypothèse qu'il s'agissait d'une transposition du thème d'Hercule à la croisée des chemins, c'est-à-dire une représentation allégorique du héros confronté au choix entre une vie difficile mais vertueuse ou gaspillée dans une débauche facile. Maurizio Calvesi (historien de l'art) parle enfin d'une allégorie de Bacchus et de son entourage, lisant divers symboles bachiques disséminés sur la toile.
La figure d’Hercule, allusion au vieux duc, est représentée au premier plan sous la forme d'un vieil homme à moitié nu avec une guirlande de roses sur la tête et tenant deux sphères, l'une près de lui et l'autre tirée par une ficelle, illustration du gouvernement de l'État de près ou de loin. Hercule est accompagné de bouffons et de femmes lascives.
L'artiste s’intéresse surtout à la représentation d’une galerie de personnages grotesques, inspirés de la peinture de style nordique. La scène se déroule dans un intérieur sombre, d'inspiration lombarde, derrière un parapet sur lequel sont posés quelques symboles d'interprétation difficile : deux cosses, une soucoupe à fromage épicé et un petit couteau, une pie bavarde et une branche de cerisier chargée de fruits. Ce sont probablement des allusions érotiques.
Un joyeux banquet se déroule avec différents convives à une table sur laquelle est posé un tapis exotique. Au centre, un jeune homme richement vêtu, tient un rouet d'où jaillit un brin de sureau en référence à une histoire d'Hercule qui fut obligé de se déguiser en femme et de filer pour l'amour d'Omphale. À droite, se tiennent deux courtisanes portant sur la tête un bonnet conçu selon la mode de l'époque. L'une a les seins découverts et tient une corbeille de fruits, l’autre porte un masque, symbole de l'amour sensuel. Un tambourin est posé sur la table.
Quatre personnages masculins s'alignent en arrière-plan : un homme aux cheveux blancs qui regarde de trois quarts vers le spectateur près d'une chèvre (symbole de la lascivité), un homme mûr de profil et deux serviteurs dont l'un semble tenir le chien blanc d'une des femmes. Tout le monde semble être impliqué à regarder jouer le vieil homme. Les visages sont souvent vermeils, aux traits chargés, presque caricaturaux.
La palette privilégie les tons rougeâtres et bruns, bien adaptés à l'atmosphère un peu glauque de l'œuvre. L'atmosphère humide et ombragée est illuminée par un rayon de lumière qui, pertinemment, se pose sur les seins de la femme décolletée. » (Commentaire Smartify artwork)

Dosso Dossi. Portrait d’homme (1525-1542)

Dosso Dossi. Portrait d’homme (1525-1542). Huile sur toile, 95 × 77 cm, musée du Louvre, Paris. Le Louvre n’indique pas le nom du modèle mais précise : « dit autrefois Portrait de Cesare Borgia ». César Borgia (1475-1507) est un aristocrate italien dont la famille est originaire du royaume de Valence en Espagne. Il se mit au service de la papauté et établit pour un temps sa propre principauté dans le centre de l’Italie. Il est particulièrement célèbre car son action politique inspira Le Prince de Machiavel.

 

 

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Dosso Dossi

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