Agnolo Bronzino

 
 

Cliquer sur les images ci-dessus
PARTENAIRE AMAZON ► En tant que partenaire d'Amazon, le site est rémunéré pour les achats éligibles.

 

Patrick AULNAS

 

Portrait

Portrait d'Agnolo Bronzino. Auteur inconnu

Portrait d'Agnolo Bronzino (16e siècle). Auteur inconnu

 

Biographie

 1503-1572

Agnolo di Cosimo est né en 1503 à Monticello, petite commune aux portes de Florence. Il fut surnommé Il Bronzino, probablement à cause de sa peau foncée. Il est donc connu aujourd'hui sous le nom d'Agnolo Bronzino. Son talent pour la peinture apparaît très tôt. Il fut d'abord l'élève de Raffaellino del Garbo (1466-1524) puis, vers 1515, il entre chez Jacopo da Pontormo, l'un des initiateurs du maniérisme.

En 1522, une épidémie de peste éclate à Florence. Pontormo et Bronzino se réfugient à la Chartreuse de Galluzzo (Certosa di Galluzzo), monastère proche de Florence, pour y réaliser des fresques. De 1526 à 1528, Bronzino assiste à nouveau Pontormo pour la décoration de la Chapelle Capponi du couvent Santa Felicita de Florence. En 1530, il travaille pour le duc d'Urbino, François Marie 1er della Rovere (1490-1538) à la décoration de la villa impériale (fresques détruites aujourd'hui). Il réalise aussi un portrait du fils du duc, Guidobaldo II della Rovere (1514-1574).

Revenu à Florence en 1532, Bronzino collabore à nouveau avec Pontormo à la décoration des villas de Careggi et de Castello appartenant aux Médicis. En 1539, il participe à la décoration à l'occasion du mariage de Cosme 1er de Médicis (1519-1574), duc de Toscane, avec Éléonore de Tolède (1522-1562). En 1540, il devient le peintre officiel de la cour du duc de Toscane et réalise dès lors de nombreux portraits de hauts personnages dans un style très aristocratique, gommant les émotions, qui a la faveur de la cour. Dans les années 1540, Bronzino assure la décoration de la chapelle privée d'Éléonore de Tolède.

 

Chapelle privée d’Éléonore de Tolède (1440-45)

Chapelle privée d'Éléonore de Tolède (1540-45)
Superficie de la chapelle : 490 × 380 cm, Palazzo Vecchio, Florence.

 

Agnolo Bronzino meurt en 1572 sans avoir terminé les fresques de la basilique San Lorenzo de Florence, commencées en 1569. Elles seront achevées par son élève et fils adoptif Alessandro Allori 1535-1607), l'un des derniers peintres maniéristes florentins.

 

Œuvre

 Agnolo Bronzino subit fortement l'influence de Jocopo da Pontormo, auquel il fut très attaché. Pontormo est un pionnier du maniérisme qui a été conquis par cet aspect de la peinture de Michel-Ange, qu'il souhaite développer. Bronzino emboite le pas de Pontormo, mais, n'ayant pas son tempérament ombrageux, il devient le portraitiste officiel de la cour de Cosme 1er de Médicis.

Son œuvre comporte ainsi deux volets : les scènes mythologiques et religieuses dans lesquelles il peut déployer son talent maniériste – il le fait à merveille – et les portraits qui ont pu être jugés froids et impersonnels, mais qui correspondent à la demande de la cour d'un prince autoritaire : la richesse, le statut social, la majesté doivent apparaître au premier coup d'œil.

Le portraitiste semble prendre le contrepied de Léonard de Vinci : pas de sfumato ni de chiaroscuro mais des contours parfaitement délimités, une brillante mise en valeur des étoffes, des bijoux ou autres accessoires, représentés avec une précision extrême comme savaient le faire depuis longtemps les flamands. Les visages, sauf exception, ne sont pas engageants : regard hautain orienté vers l'observateur du tableau, dignité aristocratique accentuée par le coloris nacré des visages et les ombres savantes. Il s'agit  de souligner l'appartenance à une caste et non de mettre en valeur une personnalité.

 

Bronzino. Lucrezia Panciatichi (v. 1540)

Bronzino. Lucrezia Panciatichi (v. 1540)
Huile sur bois, 102 × 85 cm, Galerie des Offices, Florence.

 

Les scènes mythologiques et religieuses comportent des fresques et des huiles sur bois. Dans les deux cas, l'artiste est un virtuose de la couleur et l'on retrouve, comme dans ses portraits, l'association de personnages aux chairs lisses et nacrées et d'étoffes aux couleurs vives traitées avec de superbes dégradés. Vient s'ajouter ici la spécificité maniériste de l'animation de la composition : accentuation artificielle des mouvements, mimiques appuyées. Mais le charme insidieux qui séduisait l'élite culturelle de l'époque joue encore : Bronzino, ayant assimilé les leçons de Pontormo, est devenu un grand maître de la bella maniera.

 

Bronzino. Allégorie avec Vénus et Cupidon (v. 1545)

Bronzino. Allégorie avec Vénus et Cupidon (v. 1545)
Huile sur bois, 146 × 116 cm, National Gallery, Londres.
Analyse détaillée

 

Chapelle d'Éléonore de Tolède

Chapelle privée d’Éléonore de Tolède (1440-45)

Bronzino. Chapelle d'Eléonore de Tolède (1440-45). Superficie de la chapelle : 490 × 380 cm, Palazzo Vecchio, Florence. Ce travail fut entrepris par Bronzino peu après le mariage de Cosme 1er de Médicis avec Eléonore de Tolède. La chapelle privée d'Eléonore est située au deuxième étage du Palazzo Vecchio de Florence. Le retable d'autel du fond est aujourd'hui une copie, l'original se trouvant au musée des Beaux-Arts de Besançon (France). Les fresques murales sont consacrées à la vie de Moïse et celle de la voûte représente des saints.

 
Bronzino. Déploration sur le Christ mort (1540-45)

Bronzino. Déploration sur le Christ mort (1540-45). Huile sur bois, 268 × 173 cm, musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, Besançon. Thème récurrent de la peinture occidentale appelé aussi Lamentation. Le Christ est mort, allongé, et des personnages le pleurent. Le Christ repose ici dans les bras de la Vierge (Pietà ou Vierge de Pitié) et il est soutenu à gauche par Jean l'Évangéliste et à droite par Marie-Madeleine. Il s'agit de l'original du retable d'autel de la chapelle d'Eléonore de Tolède dans le Palazzo Vecchio de Florence. Il a été envoyé à Besançon peu après son achèvement en 1545 comme cadeau au secrétaire de l'empereur Charles Quint avec lequel Cosme de Médicis avait engagé d'importantes négociations diplomatiques. Une copie a été réalisée pour la chapelle. Les postures des personnages et les couleurs crues rattachent l'œuvre au maniérisme.

 
Bronzino. Chapelle d'Eléonore de Tolède, voûte (1440-45)

Bronzino. Chapelle d'Eléonore de Tolède, voûte (1440-45). Fresque, Palazzo Vecchio, Florence. Sont représentés les saints suivants : Michel, Francis, Jean l'Évangéliste et Jérôme.

 
Bronzino. Chapelle d'Eléonore de Tolède, Récolte de la manne (1540-45)

Bronzino. Chapelle d'Eléonore de Tolède, Récolte de la manne (1540-45). Fresque, Palazzo Vecchio, Florence. La manne est la nourriture que Dieu envoyait au peuple juif dans le désert. Elle tombait du ciel chaque jour, excepté le jour du Chabbat (septième jour de la semaine). Le style est typiquement maniériste : postures artificielles, mimiques accentuées.

 
Bronzino. Chapelle d'Eléonore de Tolède, Traversée de la Mer Rouge (1540-45)

Bronzino. Chapelle d'Eléonore de Tolède, Traversée de la Mer Rouge (1540-45). Fresque, Palazzo Vecchio, Florence. Selon la Bible, les israélites fuyant l'armée égyptienne purent traverser la mer Rouge car celle-ci se retira pour leur ouvrir le passage. Moïse, accroupi, guide son peuple. L'influence de Michel-Ange est ici patente avec la présence, à vocation purement esthétique, d'ignudi dans des poses maniéristes.

 

Scènes mythologiques et religieuses

 
Bronzino. Saint Sébastien (1525-28)

Bronzino. Saint Sébastien (1525-28). Huile sur bois, 87 × 77 cm, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid. Sébastien est un martyr victime des persécutions de l'empereur romain Dioclétien au début du 4e siècle après J.-C. Selon la légende, il fut attaché à un poteau et transpercé de flèches. Ce saint Sébastien a des allures d'éphèbe. L'unique flèche qui le transperce n'occasionne ni douleur ni saignement. Il est vrai qu'il ne meurt pas sous les flèches...

 
Bronzino. Adoration des bergers (1539-40)

Bronzino. Adoration des bergers (1539-40). Huile sur bois, 65 × 47 cm, Szépmûvészeti Muzeum de Budapest. Episode biblique concernant la naissance de Jésus-Christ à Bethléem. Les bergers proches de Bethléem sont informés par des anges de la venue du Sauveur. Ils se rendent à la crèche pour se prosterner devant l'Enfant Jésus. Ce petit tableau est une grande réussite maniériste par le soin apporté à chaque personnage, qui possède ses caractéristiques chromatiques propres, et par le paysage en arrière-plan qui se développe vers l'infini avec un ciel profond peint en lapis-lazuli.

 
Bronzino. La Sainte Famille (v. 1540)

Bronzino. La Sainte Famille (v. 1540). Huile sur bois, 117 × 93 cm, Galerie des Offices, Florence. Aussi appelée Sainte Famille Panciatichi. La Sainte Famille est le nom donné par les chrétiens à la famille formée par Jésus de Nazareth et ses parents, Marie et Joseph. L'enfant le plus âgé est saint Jean-Baptiste. La Vierge est d'une élégance toute maniériste et aurait été inspirée par le portrait de Lucrezia Panciatichi.

Bronzino. Christ en Croix (v. 1545)Bronzino. Christ en Croix (v. 1545). Huile sur bois, 145 × 115 cm, musée des Beaux-arts de Nice. Attribué d’abord à Fra Bartolomeo (1472-1517), ce Christ a été redécouvert en 2010 par Philippe Costamagna et Carlo Falciani au musée des Beaux-arts de Nice. Ces historiens ont montré qu’il s’agit en réalité d’un chef d’œuvre de Bronzino. Atypique par son austérité lumineuse, ce Christ sculptural se rapproche davantage des portraits du peintre que de ses scènes mythologiques et religieuses. Le commanditaire, Bartolomeo Panciatichi, était séduit par les idées de la Réforme protestante. Bronzino, sans aucun doute le peintre florentin le plus capable de traduire cet état d’esprit, parvient avec ce Christ à la quintessence du maniérisme. 

 
Bronzino. Allégorie avec Vénus et Cupidon (v. 1545)

Bronzino. Allégorie avec Vénus et Cupidon (v. 1545). Huile sur bois, 146 × 116 cm, National Gallery, Londres. Probablement commandé par Cosme 1er de Médicis, ce tableau a été offert au roi de France François 1er. Cette Vénus enlacée qui tient la flèche lancée par Cupidon est menacée par des personnages inquiétants et maléfiques surgissant des profondeurs du tableau. L'intention érotique est évidente, mais le mal, défini par la religion, est omniprésent dans les esprits de l'époque. Il s'agit ainsi d'une allégorie de la luxure. Les nus à la carnation parfaite et à l'élégance maniériste se détachent sur un superbe fond bleu outremer.

Analyse détaillée

 
Bronzino. Vénus, Cupidon et Satyre (1553-55)

Bronzino. Vénus, Cupidon et Satyre (1553-55). Huile sur bois, 135 × 231 cm, Galerie Colonna, Rome. Vénus est la déesse de l'amour dans la mythologie romaine (Aphrodite chez les grecs). Cupidon, fils de Vénus, est le dieu de l'amour (Eros chez les grecs). Les satyres sont des personnages mythologiques de la Grèce antique qui accompagnent le dieu du vin Dionysos (Bacchus pour les romains). Ils sont associés aux excès et à la lubricité. Le tableau oppose ainsi l'innocence dans la moitié gauche inférieure (chairs blanches sur fond de couleurs claires et vives) à la perversion dans la moitié droite supérieure (chairs sombres sur fond brun et vert foncé). Le maniérisme a aussi ses préjugés.

 
Bronzino. Noli me tangere (1561)

Bronzino. Noli me tangere (1561). Huile sur bois, 291 × 195 cm, musée du Louvre. Noli me tangere (Ne me touche pas) : paroles prononcées par Jésus-Christ ressuscité, le dimanche de Pâques, à l'adresse de Marie-Madeleine. L'essentiel ici est dans les postures des personnages : déhanchement du Christ pour éviter Marie-Madeleine, révérence de cette dernière. Mais la réussite chromatique est totale : figures et arrière-plan.

 

Portraits

Bronzino. Guidobaldo II della Rovere (1532)

Bronzino. Guidobaldo II della Rovere (1532). Huile sur bois, 114 × 86 cm, Palais Pitti, Florence. Guidobaldo II della Rovere est duc d'Urbino à partir de 1538 et obtint le commandement de l'armée vénitienne en 1546.

 
Bronzino. Lucrezia Panciatichi (v. 1540)

 Bronzino. Lucrezia Panciatichi (v. 1540). Huile sur bois, 102 × 85 cm, Galerie des Offices, Florence. Lucrezia di Gismondo Pucci a épousé en 1528 Bartolomeo Panciatichi, dont le portrait fut également réalisé par Bronzino (ci-après). La parfaite dignité aristocratique de la dame est évidemment conventionnelle mais une certaine mélancolie transparaît malgré tout dans son regard. Tout est techniquement parfait : cheveux, collier, robe, pose étudiée des mains.

 
Bronzino. Bartolomeo Panciatichi (v. 1540)

Bronzino. Bartolomeo Panciatichi (v. 1540). Huile sur bois, 104 × 85 cm, Galerie des Offices, Florence. Bartolomeo Panciatichi (1507-1582), humaniste et homme politique qui fut chargé en particulier de négociations avec Henri II et Catherine de Médicis qui gouvernaient la France. Portrait glaçant d'un personnage apparemment rigide sur un fond architectural sombre peu accueillant.

 
Bronzino. Portrait d'une jeune fille (1541-45)

Bronzino. Portrait d'une jeune fille (1541-45). Huile sur bois, 58 × 46,5 cm, Galerie des Offices, Florence. Outre son activité de peintre officiel à la cour des Médicis, Bronzino a également travaillé pour les familles de la noblesse et la bourgeoisie. Ce portrait d'une jeune fille non identifiée est un exemple de cette activité.

 
Bronzino. Bia (v. 1542)

Bronzino. Bia (v. 1542). Huile sur bois, 63 × 48 cm, Galerie des Offices, Florence. Bia est l'une des deux filles illégitimes de Cosme 1er de Médicis. Elle est âgée de cinq ans et mourra peu après la réalisation du portrait. Elle porte autour du cou un médaillon avec le profil de Cosme. Le regard tendre et le demi-sourire, que Bronzino réservait à l'enfance, font de ce portrait l'un des plus touchants dans l'œuvre du peintre. Le fond est en lapis-lazuli.

 
Bronzino. Eléonore de Tolède et son fils Giovanni de Médicis (1544-45)

Bronzino. Eléonore de Tolède et son fils Giovanni de Médicis (1544-45). Huile sur bois, 115 × 96 cm, Galerie des Offices, Florence. Fille du vice-roi de Naples, Pedro Álvarez de Tolèdo (1484-1553), Éleonore épouse Cosme 1er de Médicis en 1539. Elle est représentée avec Giovanni, l'un de ses huit fils, né en 1543. Là encore, il s'agit de mettre en évidence la majesté par la somptuosité de la robe et l'impassibilité du regard où transparaît néanmoins une certaine mélancolie. Fond en lapis-lazuli.

 
Bronzino. Cosme 1er de Médicis (1545)

Bronzino. Cosme 1er de Médicis (1545). Huile sur bois, 74 × 58 cm, Galerie des Offices, Florence. Cosme 1er de Médicis (1519-1574), duc de Toscane, a ici environ 25 ans. Il s'agit de montrer la puissance du personnage et il donc est représenté en chef de guerre. L'armure est traitée dans les moindres détails et le miroitement de la lumière sur le métal est un chef-d'œuvre.

 

Pour visionner d'autres œuvres sur GOOGLE ARTS & CULTURE, cliquer sur le nom du peintre : 

 AGNOLO BRONZINO

Ajouter un commentaire