Giovanni Bellini

 
 

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Patrick AULNAS

 Autoportrait

Giovanni Bellini. Autoportrait (date incertaine)

Giovanni Bellini. Autoportrait (v. 1499)
Huile sur bois, 34 × 26 cm, Musei Capitolini, Rome

 

Biographie

 1425/33-1516

La date de naissance de Giovanni Bellini n'est pas connue. Selon les sources, elle est située entre 1425 et 1433. Son père Jocopo Bellini (1400-1470) est un peintre de Padoue qui a eu des contacts avec Florence où se situe l'épicentre de la Première Renaissance. Si Jacopo reste largement un peintre du courant Gothique, malgré des recherches en dessin orientées vers les innovations de Masaccio, ses deux fils seront des personnalités marquantes de la Renaissance italienne. Car Giovanni a un frère, Gentile (1429-1507), peintre également, mais plus influencé par la peinture paternelle, et dont le travail de grande qualité présente une moindre originalité. Pour compléter le cercle de famille, un autre grand personnage de la peinture du 15e siècle doit être cité : Andrea Mantegna qui épouse en 1453 Nicolosia, la sœur de Giovanni et Gentile. La puissante influence de Mantegna est très apparente dans la peinture des deux frères Bellini.
Giovanni est en fait le demi-frère de Gentile et le fils naturel de Jacopo, ce qui peut expliquer le doute concernant sa date de naissance. Son père possédant un atelier à Padoue, il y apprend tout naturellement le métier de peintre. Vers l'âge de vingt ans, il peint de petits tableaux à caractère religieux (Vierge, Christ), préfiguration d'un thème qu'il reproduira souvent : La Vierge à l'Enfant. Giovanni réalise sa première grande œuvre entre 1464 et 1468 : le polyptyque de Saint Vincent Ferrier (Vicenzo Ferreri) dans la basilique San Zanipolo (Saint-Jean et Paul) de Venise. Il peindra par la suite, et jusqu'au début du 16e siècle, de nombreux retables : église San Francesco de Pesaro (1471-1474), église San Giobbe de Venise (1487 environ), chapelle Santa Maria dei Frari de Pesaro (1488), retable Barbarigo (1488), retable de l'église San Zaccaria de Venise (1505).

 

Bellini. Retable San Zaccaria (1505)

Bellini. Retable San Zaccaria (1505)
Huile sur bois, 402 × 273 cm, San Zaccaria, Venise. 

 

Les informations concernant la vie de Giovanni Bellini ne sont pas nombreuses. Giovanni est marié à Ginevra Bocheta qui lui donne au moins un fils, Alvise. Il travaille essentiellement à Venise, où il a un atelier, et voyage peu. Il s'est certainement rendu jusqu'à Pesaro, dans l'Italie centrale, mais cette localité n'est située qu'à 170 km de Venise. Il est probable que sur le chemin de Pesaro il s'est arrêté à Rimini et Ferrare pour rencontrer Piero della Francesca qui travaillait dans ces villes. Il subit son influence, tout en se libérant progressivement de celle de Mantegna, et accorde plus d'importance à la lumière.
Les œuvres de la fin du 15e siècle et du début du 16e permettront à Bellini d'être reconnu comme le chef de file de la peinture vénitienne de l'époque. Son atelier accueille des élèves qui auront un destin prestigieux comme Titien et Giorgione.
Une lettre mentionne sa mort à Venise à la date du 29 novembre 1516.

 

Œuvre

Giovanni Bellini est le peintre qui représente le mieux la transition entre la Première Renaissance et la Haute Renaissance italienne. Formé par son père Jocopo, dont la peinture conserve l'empreinte du Gothique, mais dont les dessins cherchent à le dépasser, il subira fortement ensuite l'emprise stylistique d'Andrea Mantegna. Il quittera peu à peu la puissante rudesse de Mantegna, pour une lumière plus rayonnante, des couleurs plus douces, des contours moins appuyés. C'est dans les œuvres tardives qu'il faut chercher la quintessence de sa manière qui est aussi une préfiguration du grand style de la Haute Renaissance.
Bellini parvient à parcourir au cours de ses soixante années de travail toute la distance qui sépare le 14e siècle du 16e. Nul besoin de dire, il suffit de regarder et de comparer, par exemple les premières scènes religieuses et les dernières, soixante cinq ans plus tard :

 

Bellini. Saint Jérôme dans le désert (1450) Bellini. Lamentation sur le Christ mort (1515-1516)

 Saint Jérôme dans le désert (1450)

  Lamentation sur le Christ mort (1515-1516)

 

Ou encore des représentations de la Vierge distantes de cinquante ans :

Bellini. Vierge à l’enfant (v. 1455) Bellini. Madone des prés (1505)

Vierge à l'enfant (v. 1455)

Madone des prés (1505)
Analyse détaillée

La fin du parcours amène le grand artiste à l'orée de la peinture de Titien ou de Giorgione, dont il fut le maître : Le festin des dieux, détail (1514), Jeune femme à sa toilette (1515).

Techniquement, Bellini passe au début de la décennie 1480 de la tempera sur bois à l'huile sur bois et même à l'huile sur toile pour les deux derniers tableaux précédemment cités. C'est le peintre Antonello de Messine (1430-1479), de passage à Venise dans la décennie 1470, qui lui aurait fait découvrir la technique mise au point par les flamands au début du 15e siècle et encore peu utilisée en Italie. Giovanni Bellini n'abandonnera plus jamais l'huile sans laquelle, probablement, il n'aurait pu atteindre la délicatesse de ses derniers chefs-d'œuvre.

 

Scènes religieuses

Bellini. Saint Jérôme dans le désert (1450)Saint Jérôme dans le désert (1450). Tempera sur bois, 44 × 23 cm, Barber Institute of Fine Arts, Birmingham. Il s'agit du premier tableau que l'on ait conservé de Bellini.

 

 
Bellini. Christ mort soutenu par deux anges (1460)

Christ mort soutenu par deux anges (1460). Tempera sur bois, 74 × 50 cm, musée Correr, Venise. Attribué à Albrecht Dürer jusqu'à la fin du 19e siècle, ce tableau est pourtant très inspiré du style de Mantegna par les couleurs et les contours appuyés. La date 1499 et la signature AD figurant en bas au centre sont inexactes.

 

 
Bellini. Prière au jardin des oliviers (v. 1465)

Prière au jardin des oliviers (v. 1465). Tempera sur bois, 81 × 127 cm, National Gallery, Londres. Episode de la vie du Christ précédant son arrestation dans le jardin des oliviers à Jérusalem, également qualifié Agonie dans le Jardin des Oliviers. Jésus prie durant la nuit avec à ses côtés Pierre, Jean et Jacques le Mineur endormis. Andrea Mantegna avait traité le même sujet entre 1458 et 1460 de façon plus anguleuse en accumulant les détails architecturaux. Le vaste espace paysager du tableau de Bellini est beaucoup plus paisible.

 

 
Bellini. Saint François en extase (1480-85).

Saint François en extase (1480-85). Huile sur bois, 120 × 137 cm, Frick Collection, New York. Saint François d'Assise (1181/82-1226) est le fils d'un riche drapier de la ville d'Assise (Ombrie) et le fondateur de l'ordre des frères mineurs, ou ordre franciscain, qui prêche la pauvreté et le respect de la création. A la fin de sa vie, François aurait, selon la légende, reçu les stigmates (plaies du Christ crucifié). Le tableau montrant François en extase dans un vaste paysage est en harmonie avec les préceptes de l'ordre franciscain qui attache une grande importance à la nature. Si nous pouvons y voir tout autant un paysage qu'une image pieuse, pour les contemporains il s'agissait principalement de religion, d'autant que saint François était très respecté en Italie.

 

 
Bellini. Le baptême du Christ (1500-02)

Le baptême du Christ (1500-02). Tempera sur toile, 400 × 263 cm, Santa Corona, Vicenza. Selon la tradition chrétienne, le Christ a été baptisé dans le fleuve Jourdain par Jean le Baptiste qui est considéré comme un prophète par les chrétiens et les musulmans. Sur le tableau, Jean-Baptiste, juché sur un rocher, verse l'eau du baptême sur la tête du Christ. A gauche, trois anges. Dans les cieux, Dieu le Père. Ce tableau est conservé dans l'église Santa Corona de Vicence, son emplacement initial.

 

 
Bellini. Pietà (1505)

Pietà (1505). Huile sur bois, 65 × 90 cm, Gallerie dell'Accademia, Venise. La Vierge Marie pleure Jésus-Christ, son enfant mort, qu'elle tient sur ses genoux. Le Christ vient d'être crucifié et n'a pas encore été mis au tombeau. Cette huile sur bois évoque à certains égards le style du grand peintre allemand Albrecht Dürer (1471-1528). Sur le paysage en arrière-plan, les historiens ont pu identifier un certain nombre d'édifice de Vicenza, ville d'Italie du Nord peu éloignée de Venise.

 

 
Bellini. Lamentation sur le Christ mort (1515-1516)

Lamentation sur le Christ mort (1515-1516). Gallerie dell'Accademia, Venise. Cette huile sur toile de grandes dimensions (444 × 312 cm) provient de l'église Santa Maria dei Servi de Venise, édifice aujourd'hui détruit. Ce thème récurrent de la peinture occidentale est aussi appelé Déploration du Christ. Le Christ est mort, allongé, et des personnages le pleurent. Derrière le Christ, la Vierge Marie ; à sa gauche, priant, Joseph d'Arimathie.

 

 

Vierges à l'Enfant

Bellini. Vierge à l’enfant (v. 1455)

Vierge à l'Enfant (v. 1455). Tempera sur bois, 72 × 46 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Première manière de Bellini sur un thème qu'il traitera à maintes reprises. Une Vierge pensive et triste, très statique, avec en arrière-plan un paysage vénitien.

 

 
Bellini. Vierge à l'enfant (v. 1475)

Vierge à l'Enfant (v. 1475). Tempera sur bois, 76 × 53 cm, Staatliche Museen, Berlin. Vingt ans plus tard, le style s'éloigne du Gothique et les personnages sont plus animés. L'artiste assume le réalisme de la Renaissance.

 

 
Bellini. Vierge à l'enfant (1480-90)

Vierge à l'Enfant (1480-90). Huile sur bois, 83 × 66 cm, Accademia Carrara, Bergamo. Composition plus complexe et beaucoup plus lumineuse, avec un paysage en arrière-plan qui permet au peintre de jouer superbement avec l'ombre et la lumière.

 

 
Bellini. Madone des prés (1505)

Madone des prés ou del Prato (1505). Huile sur bois, transféré sur panneau synthétique, 67 × 86 cm, National Gallery, Londres. Un chef-d'œuvre du genre : délicatesse du geste, profondeur de la composition avec ce grand paysage empreint d'une certaine austérité, magnifique ciel nuageux comme il en existait sans doute fort peu auparavant en peinture.

Analyse détaillée

 

 
Bellini. Vierge à l'enfant (1510)

Vierge à l'Enfant (1510). Huile sur bois, 50 × 41 cm, Galleria Borghese, Rome. Dernière manière du peintre. Extrême délicatesse des couleurs et de la lumière. Nous abordons déjà par le style la Haute Renaissance.

 

 

Retables

Bellini. Polyptyque de San Vincenzo Ferreri (1464-68)

Polyptyque de San Vincenzo Ferreri (1464-68). Tempera sur bois, Basilique San Zanipolo, Venise. Première commande importante adressée à Giovanni Bellini, ce polyptyque était destiné à l'autel de la basilique San Zanipolo (Saint-Jean et Paul) de Venise. Saint Vincent Ferrier est au centre entouré de saint Christophe et saint Sébastien. Sur les trois panneaux supérieurs : l'Archange Gabriel, à gauche ; le Christ mort, au centre ; la Vierge de l'Annonciation, à droite. La prédelle illustre les trois miracles attribués à Vincent Ferrier.

 

 
Bellini. Polyptyque de San Vincenzo Ferreri, panneau central (1464-68)

Polyptyque de San Vincenzo Ferreri, panneau central (1464-68). Vincent Ferrier (1350-1419) est un prêtre dominicain d'origine espagnole (Vicent Ferrer). Très populaire, il parcourt l'Europe pour prêcher et évangéliser. L'Eglise catholique lui attribue de nombreux miracles qui auraient été réalisés au cours de ses pérégrinations.

 

 
Bellini. Retable San Giobbe (v. 1487)

Retable San Giobbe (v. 1487). Huile sur bois, 471 × 258 cm, Gallerie dell'Accademia, Venise. Réalisé pour l'église San Giobbe de Venise, il s'agit d'une œuvre qui marque une évolution du peintre vers une composition très solennelle axée sur la perspective architecturale, à la manière de Masaccio. A gauche de la Vierge, saint François, saint Jean-Baptiste et Job ; à gauche, saint Dominique, saint Sébastien et Louis de Toulouse ; en contrebas de la Vierge, trois anges musiciens.

 

 
Bellini. Retable San Giobbe, détail (v. 1487)

Retable San Giobbe, détail (v. 1487). Le supplice de saint Sébastien. Sébastien est un martyr victime des persécutions de l'empereur romain Dioclétien au début du 4e siècle après J.-C. Selon la légende, il fut attaché à un poteau et transpercé de flèches. Mais il ne mourut pas et fut soigné par une jeune veuve nommée Irène. Rétabli, il reproche à Dioclétien sa cruauté envers les chrétiens. L'empereur le fait rouer de coups et fait jeter son corps dans les égouts de Rome. Irène fut brûlée vive.

 

 
Bellini. Retable San Zaccaria (1505)

Retable San Zaccaria (1505). Huile sur bois, 402 × 273 cm, San Zaccaria, Venise. Bellini propose ici une composition très proche du retable de San Giobbe. A gauche de la Vierge, Saint-Pierre avec sa clef et le livre, Sainte-Catherine avec la palme du martyre et la roue cassée ; à droite de la Vierge, Sainte Lucie et Saint Jérôme, qui a traduit la Bible en latin ; aux pieds de la Vierge, un ange musicien.

 

 
Bellini. Retable San Zaccaria, détail (1505)

Retable San Zaccaria, détail (1505). Le visage de la Vierge ressemble beaucoup à celui de la Vierge del Prato, également de 1505.

 

 

Portraits

Bellini. Portrait de Giovanni Emo (1475-80)

Portrait de Giovanni Emo (1475-80). Huile sur bois, 47 × 33 cm, National Gallery of Art, Washington. Giovanni Emo était un condottiere (chef de guerre mercenaire) italien.

 

 
Bellini. Portrait d'un jeune homme (1500)Portrait d'un jeune homme (1500). Huile sur bois, 32 × 26 cm, Musée du Louvre, Paris. Le personnage n'est pas identifié.
 
Bellini. Portrait du Doge Leonardo Loredano (1501)

Portrait du Doge Leonardo Loredano (1501). Huile sur bois, 62 × 45 cm, National Gallery, Londres. Leonardo Loredano (1436-1521) est le 75e doge de Venise. Le doge est le plus haut dirigeant de la République de Venise, élu par un conseil restreint d'une quarantaine de membres. Loredano occupe cette fonction de 1501 à 1521. Ce portrait, le plus célèbre de Bellini, est un chef-d'œuvre de l'époque par le réalisme du visage, l'intensité du regard, le rendu de l'étoffe moirée.

 

 
Bellini. Portait de Fra Teodoro d'Urbino (1515)

Portait de Fra Teodoro d'Urbino (1515). Huile sur toile, 63 × 50 cm, National Gallery, Londres. Ce dernier portrait connu de Bellini représente un vieux prélat en saint Dominique tout en conservant les caractéristiques d'un contemporain (vêtement, livre).

 

 

Scènes diverses

Bellini. Le Festin des dieux (1514)

Le Festin des dieux (1514). Huile sur toile, 170 × 188 cm, National Gallery of Art, Washington. Mythologie antique. Le tableau pourrait être inspiré des vers d'Ovide (Fastes) évoquant la fête de Bacchus (dieu du vin et de l'ivresse) et le sacrifice annuel d'un âne à Priape (dieu de la fertilité). Principaux personnages mythologiques : de gauche à droite Silène debout (en rouge) et son âne, Bacchus enfant, agenouillé (avec une couronne de feuilles de vigne), Mercure assis avec casque et caducée, Jupiter assis en train de boire et accompagné d'un aigle, Gaïa assise tenant un coing (fruit associé au mariage), Neptune assis (en vert), Cérès assise (avec sa coiffure d'épis de blé), Apollon assis (avec une couronne de feuilles), Priape debout légèrement penché (en blanc et brun). Le tableau a été remanié après la mort de Bellini par Dosso Dossi (1449-1542) et par Titien (1488-1576). Il fait partie d'un ensemble de quatre toiles commandées par le duc de Ferrare, Alphonse d'Este (1476-1534), les trois autres ayant été peintes par Titien.

 

 
Bellini. Le Festin des dieux, détail (1514)

Le Festin des dieux, détail (1514). Giorgio Vasari (*) n'a pas manqué de remarquer ce chef-d'œuvre qui selon lui « compte parmi les plus belles œuvres qui fit jamais Giovanni Bellini, bien que les drapés ne soient quelque peu raides, à la manière allemande ; mais il n'y a là rien d'étonnant puisqu'il imita un tableau d'Albrecht Dürer ».
(*) Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (première édition 1550, remaniée en 1568).

 

 
Bellini. Jeune femme à sa toilette (1515)

Jeune femme à sa toilette (1515). Huile sur toile, 62 × 79 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Bellini a alors entre 82 et 90 ans. Sa carrière est accomplie et il peut se permettre d'explorer des thèmes profanes que l'église désapprouve, du moins officiellement. Cette femme à sa toilette, avec jeu de miroirs et paysage très suggéré en arrière-plan, témoigne de la liberté qu'il s'accorde. On remarquera la parenté avec la célèbre Femme au miroir de Titien, de la même époque. Qui a inspiré qui ?

 

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Giovanni Bellini

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