La grande ambition de la gauche : creuser les déficits

14/01/2017

Patrick AULNAS

Dans le domaine des finances publiques, la gauche reste égale à elle-même depuis Mitterrand. Elle ne trahit jamais ses principes et le candidat de 2017 les respectera donc scrupuleusement. Autant de vertu ne doit pas surprendre. Pour être de gauche, il faut avoir compris un principe fondamental : les politiques utilisent beaucoup mieux l’argent que les pauvres citoyens de base. Il convient donc de leur en prendre un maximum.

Comment ? De trois façons, comme chacun sait : les impôts et taxes, les cotisations sociales obligatoires et les déficits publics. Déficit du budget de l’État, du budget des collectivités locales, déficit des régimes de retraite, de l’assurance-maladie, de l’assurance-chômage. L’énorme avantage des déficits, c’est qu’ils permettent de dépenser davantage en reportant le prélèvement fiscal ou social sur le futur. Le déficit est provisoirement indolore mais très gratifiant pour les citoyens et surtout pour les politiciens. Ils peuvent dépenser plus sans augmenter impôts et cotisations et promettre ainsi monts et merveilles. Une idée géniale. Seuls des ringards comme François Fillon ont pour ambition de réduire les déficits.

Les candidats à la primaire de gauche considèrent donc tous que les déficits publics vont continuer à s’accumuler et la dette publique à grossir. Les 2160 milliards actuels, soit  97,6% du PIB, ne les effraient pas du tout.

Le meilleur est le célèbre fantaisiste Arnaud Montebourg. Il affirme haut et fort que la limite maastrichtienne de 3% du PIB pour les déficits publics « n’est pas politique ». Personne ne sait vraiment ce que cela signifie, mais on peut penser que pour le candidat socialiste, il s’agit d’une limite technico-économique tout à fait arbitraire. Pourquoi 3% plutôt que 5% ou même 10% ? Dans l’esprit de Montebourg, visiblement, il appartient aux politiciens de jouer avec les déficits selon leur fantaisie du moment, qu’ils qualifient de priorités. Pour Montebourg, la priorité des priorités étant le chômage (on ne saurait lui donner tort sur ce point), il convient de creuser les déficits pour créer autant d’emplois publics que nécessaire. Les traités internationaux, le respect des engagements pris, la crédibilité du pays, n’y pensez plus ! Ce n’est pas « politique ».

Benoît Hamon n’est pas en reste et analyse notre réalité socio-économique comme un devin. Pour lui, nous sommes sortis définitivement d’une économie de plein emploi car la croissance restera faible. Il faut donc bâtir la société de demain sur autre chose que cette idée archaïque de travail et rémunérer l’inactivité sur fonds publics. Le revenu universel versé à tous sans aucune condition y pourvoira. Il coûtera, à terme, la bagatelle de 400 milliards d’euros par an. Hamon creuse les déficits au tractopelle de grande puissance.

Ces deux candidats aux primaires de gauche sont les plus démagogues, mais les autres n’abordent pas la question centrale de la résorption des déficits publics et de la réduction progressive de la dette. Mélenchon, qui ne s’encombre pas des primaires, a depuis longtemps trouvé la solution. La dette publique est illégitime car « le peuple » ne l’a pas voulue. Elle ne sera pas remboursée. Les socialistes ont trouvé leur maître : le peuple de Mélenchon veut beaucoup de fonctionnaires, la retraite à 60 ans, des remboursements maladie, des indemnités de chômage et un financement par emprunt non remboursable. L’innovation financière n’a plus aucune limite.

 

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