Benoît Hamon : paradis artificiels et cynisme politique

01/02/2017

Patrick AULNAS

En choisissant Benoît Hamon, la gauche a choisi l’opposition. Voter pour le candidat socialiste à l’élection présidentielle, c’est voter pour des promesses irréalisables que certains électeurs prennent pour des idées nouvelles. La tentation de l’opposition a toujours été présente à gauche car elle représente le confort moral. Les opposants de gauche savent où se situe le bien pour la société, mais la « droite brutale » les empêche de le réaliser. Ils sont ainsi confortés dans leur choix puisqu’un ennemi puissant et maléfique, disposant indirectement des leviers de commande de l’économie en s’acoquinant avec le capitalisme, entrave obstinément l’avènement de la justice sociale. Leur lutte difficile et courageuse pour l’égalité ne peut se satisfaire des compromis de gouvernement. Hollande a trahi le peuple en ne respectant pas ses promesses de campagne. Il faut désormais respecter le peuple en lui promettant l’impossible, sans le moindre risque de devoir le mettre en œuvre.

 

La gauche cynico-idéaliste

Cette dialectique puissante est consubstantielle de la gauche cynico-idéaliste. Placer l’idéal très haut permet de faire rêver et surtout de ne pas être confronté aux poisons et délices de l’exercice du pouvoir. Rester pur, ne pas se salir les mains, mais disposer de l’avantage moral des professions de foi altruistes, voilà bien le travers que l’intellectuel de gauche érige en impératif catégorique pour son camp. En face, la droite semble ramer à contrecourant. Elle veut empêcher ! Empêcher de dépenser plus d’argent public, d’embaucher plus de fonctionnaires, de creuser davantage les déficits et de continuer à accumuler de la dette. Empêcher d’être heureux tout simplement. Le bonheur est à notre portée mais la droite le rend inaccessible par pure mesquinerie. Pauvre droite, dont la triste vocation consiste à gérer pragmatiquement la société pour tenter de la faire tenir, vaille que vaille. Que de misérables petites leçons ressasse-t-elle obstinément depuis des lustres ! Travailler, épargner, rester dans la réalité d’aujourd’hui en la faisant évoluer prudemment.

 

Dans l’opposition, la gauche possède toutes les solutions

Ne vaut-il pas mieux s’évader vers les paradis artificiels ou même les paradis sociaux ? Dépénalisons le cannabis pour que tout le monde puisse enfin en profiter. Benoit Hamon le ferait, lui, s’il gouvernait. Abandonnons ce culte du travail qu’entretient la droite et qui évoque fâcheusement ces protestants austères qui ont fondé le capitalisme. Rémunérons l’inactivité en empruntant davantage. Augmentons les impôts sur le patrimoine et les investissements pour être vraiment assurés de tuer dans l’œuf toute initiative. Benoît Hamon n’hésiterait pas une seconde s’il était au pouvoir. Dans l’opposition, il possède la potion magique, celle qui rend Obélix invincible. Mais parvenu au pouvoir, Ministre de l’Education nationale, il démissionne, comme si la potion miraculeuse était une poudre de perlimpinpin.

 

Lutte contre l’islamophobie et électoralisme

Bien entendu, dans la lutte contre l’islamophobie aucune concession n’est possible pour Benoît Hamon. Pourquoi, par exemple, défendre des femmes qui ont l’idée bizarre de vouloir entrer dans un bar strictement réservé aux hommes sur le territoire français. Des affidés de l’islamisme radical en ont décidé ainsi. Il faut les comprendre. En ce qui concerne les vêtements féminins, il convient de distinguer soigneusement le voile ou le burkini en tant que manifestations de la liberté religieuse et le voile ou le burkini en tant que symboles du fondamentalisme islamique. Surtout pas d’amalgame, conservons toujours une grande finesse d’analyse. La circonscription dans laquelle Benoît Hamon est élu député comporte une population très importante issue de l’immigration maghrébine. Il est impossible de la chiffrer en remontant sur plusieurs générations puisque ces statistiques dites « ethniques » sont interdites en France. Mais les positions du député, qui collabore ouvertement avec le fondamentalisme islamique, s’expliquent par sa base électorale. Les grands idéaux de gauche s’accommodent du cynisme politicien.

 

Pas question de gouverner

En étant candidat à l’élection présidentielle, Hamon a voulu prendre position pour jouer un rôle important dans ce qui restera du Parti socialiste. Il ne s’agit pas de gouverner la France mais de dominer le parti. Le réalisme des propositions n’a rigoureusement aucune importance. Il faut de l’onirisme pour motiver les militants. Mais tout dépendra du score de Benoît Hamon. S’il descend à 5% comme le socialiste Gaston Deferre en 1969, alors que le communiste Jacques Duclos avait fait plus de 21%, son élan sera stoppé. Et Jean-Luc Mélenchon aimerait beaucoup être le Duclos de 2017. La confrontation risque d’être plaisante.

 

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