Présidentielle 2017 : une élection sans importance ?

18/10/2016

Patrick AULNAS

La surexploitation médiatique des oppositions politiques nous aveugle parfois. La campagne pour l’élection présidentielle de 2017 en offre un exemple saisissant. Certes, elle n’est pas officiellement commencée et nous ne connaissons pas encore la liste des candidats. Mais c’est tout comme. Les primaires sont un succès, sinon politique, du moins médiatique. Elles conduisent à une atmosphère de campagne présidentielle à mi-temps : deux années et demie de campagne pour deux années et demie de répit. Une aubaine pour les débats télévisés, les interviews et les articles de presse, dont celui-ci.

Mais en observant de Sirius les enjeux réels, tout ce tapage médiatique semble bien artificiel. Ou intéressé. L’hypothèse de loin la plus probable est l’élection à la présidence de la République du vainqueur de la primaire de droite : Juppé ou Sarkozy. Il sera opposé à Marine Le Pen au second tour et la battra. Tous les sondages confirment cette hypothèse. La gauche divisée en multiples chapelles, soumise à des querelles de leadership et à un effondrement idéologique a des chances dérisoires de figurer au second tour.

Mais la droite au pouvoir sera-t-elle si différente de la gauche au pouvoir ?

La gauche de gouvernement n’a pas grand-chose à voir avec la gauche d’opposition. Les incantations anticapitalistes sont nécessaires pour être élu car il faut conquérir les électeurs les plus à gauche, ceux de Mélenchon et du parti communiste. Mais François Hollande, arrivé au pouvoir, vit parfaitement avec le capitalisme et ne lui fait aucun mal. Bien au contraire. L’exemple du CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi) illustre ce compagnonnage avec l’ennemi idéologique : cadeau aux patrons pour les députés frondeurs de gauche mais nécessaire baisse des charges pour la majorité des élus socialistes. On pourrait en dire de même de la loi El Khomri. L’exercice du pouvoir impose le réalisme. La politique socialiste est donc très éloignée des discours de campagne, exercice de pure communication.

Le même raisonnement vaut pour la droite. Le grand écart de campagne suppose cette fois de produire un discours permettant de séduire aussi bien les centristes que certains sympathisants du Front National. Un libéralisme économique modéré convient aux premiers. Des paroles fermes, mais sans excès, sur l’identité culturelle ou nationale et sur l’immigration sont nécessaires pour les seconds. Nous avons d’ores et déjà tout cela pour la campagne de la primaire de droite.

Mais certaines réalités n’ont pas pu être éludées. Déjà ! Par exemple, la droite indique qu’il lui sera impossible de respecter le plafond de 3% de déficit public prévu par le traité de Maastricht. Baisser immédiatement les impôts sans trop diminuer les dépenses publiques conduit inéluctablement à ce résultat. La baisse des dépenses publiques étant récessive dans un premier temps, la prudence est nécessaire dans ce domaine.

Si le réalisme budgétaire est déjà évoqué à droite, il est facile d’anticiper la suite. La droite au pouvoir ne sera pas la droite dans l’opposition. Les promesses se heurteront aux évènements et aux imprévus, bref à la cruelle réalité du monde. De là à considérer qu’un gouvernement de droite ne sera pas tellement différent d’un gouvernement de gauche, il n’y a qu’un pas. Que chacun franchira ou non selon sa sensibilité politique.

Mais vu de Sirius, tout cela est très clair.

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