Le peuple s’est encore trompé

11/11/2016

Patrick AULNAS

Encore une fois le peuple a mal voté. Et cette fois-ci, il s’agit du peuple américain. Celui qui nous a permis de résister au nazisme et au communisme. C’est grave, très grave ! Tout le monde est d’accord là-dessus en France. A part quelques empêcheurs de tourner en rond.

Le peuple français avait lui aussi mal voté en 2005 en rejetant le projet de constitution européenne. Heureusement, les chefs d’État de l’Union européenne avaient réussi à corriger le tir en 2007 en adoptant le traité de Lisbonne. Ce n’était pas aussi satisfaisant qu’une vraie constitution européenne, mais on avait limité les conséquences de l’ignorance populaire.

Le 23 juin 2016, c’est au tour du peuple britannique de commettre une erreur majeure. Tout le monde pensait qu’il souhaiterait rester dans l’Union européenne. C’était une évidence économique. Les anglais avaient tout à perdre en s’isolant du grand marché européen. On l’avait bien expliqué à toute la population par médias interposés. Mais les anglais n’avaient visiblement pas bien compris le message. L’ignorance les a conduits à agir contre leur intérêt.

Depuis cette date fatidique, tous ceux qui savent comment bien gouverner le Royaume-Uni font tout ce qu’ils peuvent pour limiter les dégâts. Les juges de la Haute Cour eux-mêmes ont été mis à contribution. Ils ont décidé que le référendum populaire était tout à fait légitime, mais que le Parlement était seul compétent pour déclencher le processus de sortie de l’UE. Le peuple est évidemment beaucoup moins compétent que ses représentants pour mettre en œuvre sa volonté. On ne plaisante pas avec les principes fondamentaux de la démocratie parlementaire.

Pour en revenir à Donald Trump, les principaux responsables politiques français, de droite comme de gauche, ont déclaré en substance qu’il faudrait faire avec. Trump est vulgaire, machiste, démagogue, bref infréquentable, mais par suite d’une regrettable dérive populiste il est devenu Président de la première puissance mondiale. A l’Élysée, tout était déjà prêt pour féliciter Hillary Clinton. On n’imaginait même pas une pareille erreur du peuple américain.

Benoît Hamon, candidat à la primaire de gauche a déclaré avec une profondeur de vue sans doute prophétique : « Quand on ne protège pas le peuple, il se venge. » Chacun sait que le peuple n’a pas atteint l’âge de raison. Il s’est tout simplement vengé comme un enfant qui se révolte contre ses parents. Le peuple a un immense besoin de personnalités comme Benoît Hamon pour le protéger et lui indiquer la voie à suivre.

En persistant aussi sottement dans l’erreur, le peuple aura un jour ce qu’il mérite. Bertold Brecht déclarait jadis pour taquiner les communistes : « Si le parti communiste et le peuple ne sont pas d'accord, il n'y a qu'à dissoudre le peuple. ». C’est exactement ce qu’ont fait les communistes en URSS, en Chine et ailleurs. L’élite dirigeante occidentale y songe-t-elle également ?

 

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