Réalisme et politique

07/05/2012   

Le mot réalisme a, en politique, une signification particulière. On pourrait le définir comme une version atténuée du machiavélisme : conquérir le pouvoir et l’exercer avec habileté. Ainsi, le nouveau président français, François Hollande, propose une politique de croissance à l’échelle européenne, qui a séduit nombre d’électeurs. Il s’agirait d’une relance par endettement de l’Union européenne sous forme d’émission d’euro-obligations (euro bonds). Les Etats et les collectivités locales, surendettés, n’étant plus capables d’augmenter leur dette, il faudrait donc ajouter une nouvelle couche de dette publique, mais au nom de l’Union européenne. Il n’y rien de moins original qu’une telle proposition qui reflète un keynésianisme qui, depuis trente ans, a produit des effets désastreux au niveau des Etats. Mais la promesse est celle de la croissance économique, qui, évidemment, si elle est au rendez-vous, améliorerait la condition matérielle des moins favorisés. François Hollande a donc rallié à lui la plus grande partie de l’électorat populaire. Toute personne un tant soit peu réaliste (d’un point de vue économique) peine à croire qu’un nouvel alourdissement de l’Etat-providence puisse susciter les initiatives nécessaires pour impulser un regain de croissance. Mais attendons pour voir…

Nicolas Sarkozy, en 2007, avait proposé de « travailler plus pour gagner plus » avec simultanément des réformes visant à alléger l’énorme machine de l’Etat-providence. La promesse était également celle de la croissance économique, mais, bien entendu, basée sur une politique de l’offre. Il était parvenu à séduire ainsi un électorat populaire qui rêvait d’augmenter sa consommation : réalisme politique encore, avec des propositions simples, attrayantes et aisément compréhensibles. La plus grave économique occidentale depuis 1929 n’a pas permis à cette politique de produire ses effets.

Le discours politique, dans le domaine socio-économique, est d’une touchante simplicité qui relève de la tautologie : si la société dans laquelle vous vivez s’enrichit globalement, vous vous enrichirez individuellement. On s’en doutait un peu… Pourtant cela fonctionne. Politique keynésienne ou politique libérale, il s’agit toujours de croissance économique. Et si nous devions vivre durablement avec une très faible croissance ? Et si le réalisme consistait à se l’avouer ?

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