Le principe de réalité en politique

16/11/2012  

Ainsi, la gauche au pouvoir en 2012 ne commettra probablement pas les erreurs majeures de 1981-82. François Hollande prend acte de la réalité économique alarmante et de la situation financière critique des collectivités publiques : il faudra gérer avec sérieux et restaurer notre compétitivité. L'époque des petits cadeaux de début de quinquennat est terminée. Cela ne signifie nullement que nous parviendrons à sortir de l'ornière, mais il est certain que si nous n'essayons rien, notre déclin est assuré. Autrement dit, la gauche archaïque (celle de Mélenchon, des communistes et de l'aile gauche du parti socialiste) devra se soumettre ou se démettre, ce qui promet des rumeurs et des humeurs de politique politicienne pour les mois et les années à venir. Que François Hollande soit un social-démocrate modéré ne constitue en rien un scoop. Mais il est quand même étonnant qu'on ait pu en douter pendant sa campagne électorale et le début de son quinquennat. L'antisarkozysme était un instrument de conquête du pouvoir qui masquait les réalités à beaucoup de citoyens.

Ces citoyens, précisément, devront désormais eux aussi se conformer au principe de réalité. Manifester dans les rues pour demander de nouveaux avantages à un Etat-providence exsangue est inutile. De telles demandes ne peuvent être satisfaites que lorsque la croissance économique est au rendez-vous. Quand celle-ci se situait à plus de 5% par an, à l'époque des Trente Glorieuses, il était facile pour les gouvernants de promettre et de donner. Supposons qu'il en soit ainsi aujourd'hui. Avec un PIB annuel d'environ 2 000 milliards d'€, c'est une richesse supplémentaire de 100 milliards par an qui serait créée. L'Etat pourrait en prélever et en redistribuer la moitié tout en laissant s'enrichir ceux qui ne bénéficient pas de la redistribution publique. Mais la croissance est aujourd'hui proche de zéro. La redistribution devient alors extrêmement conflictuelle car il faut déshabiller Pierre pour habiller Paul. Et bien entendu, Pierre résiste férocement et les conflits se durcissent. Il faut donc accepter l'idée que le progrès social est presque impossible en période de stagnation économique. Notre compétitivité est la condition de base de la social-démocratie. Bien entendu François Hollande l'a compris au contraire de la paléo-gauche qui poursuivra ses vociférations.

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