Gérard Depardieu face aux ambiguïtés politico-médiatiques
17/12/2012
Notre premier ministre a qualifié de minable l’installation en Belgique de Gérard Depardieu. Pour ne pas employer un vocabulaire équivalent, disons que le propos n’est pas très relevé. Le grand comédien aurait payé 85% de ses revenus en impôts, ce qui paraîtra beaucoup à toute personne raisonnable. Les médias ont tenté d’informer le citoyen sur l’exactitude du chiffre de 85%. On lit et on entend alors tout et son contraire. Par exemple, France-Inter, radio de grande écoute mais de bon niveau, conclut dans son journal de 13h du 17 décembre 2012 que le chiffre réel est inférieur à 85%. L’explication est pour le moins confuse. Le journal économique La Tribune affirme le contraire : ce pourcentage est possible si on inclut l’ensemble des impôts sur le revenu et le patrimoine et si le patrimoine est très élevé par rapport aux revenus.
Voici la vérité, tout au moins dans son principe. La seule manière de raisonner clairement consiste à évaluer le taux de prélèvements obligatoires par rapport au revenu. On évite ainsi les querelles de frontières : quels sont les impôts inclus et ceux qui sont exclus du calcul ? Il faut les retenir tous sans exception et par conséquent calculer le total des impôts et des cotisations sociales obligatoires qui ont été supportés par le foyer fiscal concerné. En ce qui concerne l’imposition du revenu le fisc raisonne en effet par foyer fiscal (strictement défini juridiquement) et non par personne physique. L’ensemble des impôts inclut nécessairement les impôts indirects (TVA, TIPP, etc.) qui sont très difficiles à évaluer pour un foyer fiscal ne tenant pas de comptabilité. Il faudrait donc estimer la consommation du foyer et les impôts indirects afférents.
Une acception rigoureuse de ce type éviterait les contradictions entre organes de presse. Le chiffre de 85% de prélèvements obligatoires semble alors tout à fait de l’ordre du possible. Encore faudrait-il se donner la peine de faire une évaluation sérieuse avant de s’exprimer à tort et à travers. Mais évidemment, la stricte objectivité peut-être très gênante. Le flou et les contradictions permettent d’alimenter la suspicion. Il s’agit de stigmatiser « les riches » et de leur donner des leçons de morale. On évite ainsi de faire apparaître l’écrasante responsabilité des hommes politiques, qui, depuis 35 ans, ne semblent pas avoir compris que la période faste 1944-1974 est bel et bien achevée et ne reviendra pas. Si, de 1974 à 2012, la France avait été gérée comme le patrimoine de Gérard Depardieu, nous n’aurions pas 1900 milliards de dette publique.
Comme dit Gégé, « vous avez dit minable… »
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