Gauche, droite et byzantinisme

10/07/2012    

Les concepts de gauche et de droite ont été largement vidés de leur sens. La distinction était claire lorsque s’opposaient des monarchistes cléricaux et des républicains anticléricaux (fin 19e siècle). Elle le restait encore lorsque des libéraux, prônant l’efficience du marché, s’opposaient à des adeptes du tout Etat (nationalisations, interventionnisme budgétaire, réglementation sociale, etc.). Le « tournant de la rigueur » en 1982-83, qui prend acte de l’échec historique du programme commun de la gauche, fait apparaître un clivage droite-gauche beaucoup moins net. Les structures socio-économiques ne sont plus remises en cause par la gauche de gouvernement.

Ce constat amène une question : à part l’opposition de deux clans rivaux et avides de pouvoir, quelle est la différence essentielle aujourd’hui entre une politique de droite et une politique de gauche ? La réponse est probablement le niveau de redistribution souhaité. La gauche voudrait redistribuer davantage, la droite un peu moins. Mais entre le souhait et la réalité constatée, il y a un gouffre. Les pouvoirs publics recyclant déjà chaque année 56% de la richesse produite en France (dépenses publiques = 56% du PIB), il n’est pas vraiment envisageable d’aller au-delà, sauf à augmenter très fortement les prélèvements obligatoires. Le désir de la gauche est donc hors de portée. Quant à réduire sensiblement cette énorme dépense publique, on a bien vu que les gouvernements de droite depuis 2002 n’y sont pas parvenus. Les incantations de campagne électorale restent donc… des incantations.

Mais la situation étant aujourd’hui gravissime, il faudrait décider rapidement. Le président Hollande temporise. Il devra pourtant baisser certaines dépenses publiques, malgré la doxa socialiste, et il s’agira probablement de bloquer les traitements des fonctionnaires, ses électeurs, puisqu’il ne veut pas diminuer leur nombre. Il devra aussi augmenter certains impôts à large assiette : il s’agira de la CSG puisque la TVA, l’impôt le plus efficace économiquement, est un tabou pour les socialistes les plus obtus (et sans doute les moins bien informés en matière de fiscalité). Quand ? Sera-t-il encore temps ?

A l’extérieur, la Grèce s’effondre, l’Espagne s’effrite, l’Italie chancelle. La France hésite. Nos politiques ressemblent à ces édiles byzantins du 15e siècle qui péroraient sur le sexe des anges quand tout autour d’eux s’écroulait leur empire.

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