Louise Moillon

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Patrick AULNAS

Louise Moillon. Nature morte avec coupe de fraises, panier de cerises, branche de groseilles à maquereaux (1631)

Louise Moillon. Nature morte avec coupe de fraises, panier de cerises, branche de groseilles à maquereaux (1631)
Huile sur bois, 36 × 50 cm, Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas.

 

Biographie

1610-1696

Louise Moillon est la fille de Nicolas Moillon (1555-1619) et de Marie Gilbert (v. 1583-1630). Elle naît à Paris le 25 décembre 1609 ou le 1er janvier 1610. Nicolas Moillon est un peintre appartenant à l’Académie de Saint-Luc, la corporation des peintres et sculpteurs de Paris. Il est aussi marchand de tableaux. La famille est protestante, mais l’édit de Nantes de 1598 autorise les protestants à pratiquer leur religion à certaines conditions. Louis XIV révoquera cet édit en 1685. Nicolas et Marie auront sept enfants dont deux peintres, Isaac (1614-1673) et Louise. Isaac, peintre de scènes religieuses et mythologiques, devint membre de l’Académie royale.

Louise passe sa jeunesse dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés où de nombreux protestants avaient élu domicile. Son premier professeur est évidemment son père. Celui-ci meurt en 1619 et, dès 1620, Marie Gilbert épouse François Garnier (1600-1658), peintre spécialisé dans les natures mortes. Garnier poursuit la formation artistique de Louise Moillon et joue certainement un rôle important dans son orientation vers les natures mortes. Selon Dominique Alsina, spécialiste de l’artiste, la période la plus productive de Louise Moillon se situe entre 1629 et 1641.

 

Louise Moillon. Corbeille de prunes et panier de fraises (1632)

Louise Moillon. Corbeille de prunes et panier de fraises (1632)
Huile sur bois, 44 × 58 cm, musée des Augustins, Paris.

 

Elle se marie en 1640 avec Étienne Girardot de Chancourt (1609-1680), un riche marchand de bois protestant. Elle poursuit son activité de peintre mais beaucoup moins intensément. Les informations concernant sa vie au cours de son mariage sont rares. La famille Girardot a beaucoup souffert de la révocation de l’édit de Nantes en 1685, qui prescrit l’interdiction du culte protestant et provoque l’exil d’environ 200 000 protestants, quittant la France pour l’Allemagne ou les Pays-Bas. Selon le site internet Musée virtuel du protestantisme, la famille Girardot subit « menaces, dragonnades, exil des enfants, sévices ». Étienne Girardot est emprisonné car il refuse d’abjurer sa foi protestante. « Un des enfants, au moins, est placé aux “nouveaux catholiques” (jeunes enfants réformés convertis de force au catholicisme). Deux s’enfuient en Angleterre. »

Louise Moillon décède à Paris le 21 décembre 1696, mais aucune postérité n’est indiquée dans son testament.

 

Œuvre

Selon Dominique Alsina, l’œuvre de Louise Moillon comporte une centaine de tableaux, principalement des natures mortes de fruits. Les tableaux sur panneau de bois, de petites dimensions, dominent. Mais des compositions plus grandes, sur toile, existent également. Parmi ces dernières figurent un genre intermédiaire entre nature morte et scène de genre où apparaissent des personnages (vendeuse, client) qui viennent animer la nature morte, celle-ci restant cependant la préoccupation dominante de l’artiste.

 

Louise Moillon. La marchande de fruits et de légumes (1630)

Louise Moillon. La marchande de fruits et de légumes (1630)
Huile sur toile, 120 × 165 cm, musée du Louvre, Paris.

 

La composition type, sur fond sombre, comporte un ou plusieurs récipients (corbeille, coupe) contenant des fruits, posés sur une table ou un support de pierre et vus en légère contreplongée. Louise Moillon recherche la vérité de l’image par une grande minutie d’exécution. Quelques feuilles, fruits, gouttelettes sont placés judicieusement sur le support pour rompre l’impression d’artifice.

Seul l’éclairage, que Dominique Alsina qualifie de caravagesque, appartient au baroque dans les tableaux de Louise Moillon. Pour le reste, quiétude, silence et ordre émanent de ses natures mortes. Contrairement aux natures mortes néerlandaises ou flamandes, les œuvres de Louise Moillon ne comportent pas de dimension morale. Elle recherche l’intemporalité des objets du quotidien par leur représentation précise et épurée.

 

Louise Moillon. Nature morte aux fruits (v. 1637)

Louise Moillon. Nature morte aux fruits (v. 1637)
Huile sur toile, 87 × 112 cm, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid.

 

Natures mortes

Louise Moillon. Nature morte avec une corbeille de fruits et botte d’asperges (1630)

Louise Moillon. Nature morte avec une corbeille de fruits et botte d’asperges (1630). Huile sur bois, 53 × 71 cm, Art Institute Chicago. « À une époque où la nature morte devenait un sujet à part entière (et non plus seulement un élément d'œuvres narratives plus vastes), cette artiste a représenté des fruits et des légumes disposés sur un simple plateau de table avec une précision et un naturalisme délicats. Louise Moillon a d'abord été formée par son père et, à partir de 1620, par son beau-père. Lorsqu'elle exécute cette nature morte à l'âge de 20 ans, elle est déjà une peintre accomplie.
Les femmes peintres n'étaient pas rares dans la tradition européenne de l'atelier familial, qui offrait une formation, un espace d'atelier et des clients aux générations successives d'artistes. Ce système constituait l'une des rares voies professionnelles pour les femmes à une époque où elles ne pouvaient pas légalement entreprendre une carrière. » (Commentaire Art Institute Chicago)

Louise Moillon. Nature morte aux cerises, fraises et groseilles à maquereau (1630)

Louise Moillon. Nature morte aux cerises, fraises et groseilles à maquereau (1630). Huile sur bois, 31 × 48,5 cm, Norton Simon Museum, Pasadena. « Louise Moillon était l'une des meilleures peintres françaises de natures mortes dans la première moitié du XVIIe siècle. Cet admirable tableau, l'un des rares exemples de Moillon dans une collection américaine, a été peint lorsque l'artiste avait 20 ans. Sa spécialité était le rendu méticuleux des fruits, et cette nature morte incarne son talent, affichant une élégance sobre et une perfection idéalisée et classique dans tous ses éléments. Groseilles à maquereau, fraises, cerises et groseilles en grappe sont représentées comme des spécimens parfaits. Les bols en porcelaine bleu et blanc immaculé, les gouttes d'eau et le petit panier reflètent sa vision conservatrice, mais intense et très ordonnée du monde. Les natures mortes de Moillon et de ses contemporains français, dont Jacques Linard, n'ont pas la sophistication et le panache de celles de leurs homologues hollandais parce que ces peintres ont embrassé une esthétique entièrement différente, plus calme, plus contemplative et toujours satisfaisante en soi. » (Commentaire Norton Simon Museum)

Louise Moillon. Nature morte avec coupe de fraises, panier de cerises, branche de groseilles à maquereaux (1631)

Louise Moillon. Nature morte avec coupe de fraises, panier de cerises, branche de groseilles à maquereaux (1631). Huile sur bois, 36 × 50 cm, Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas. « Louise Moillon compte parmi les plus grands peintres français de natures mortes du XVIIe siècle. Ses peintures sont remarquables par leur élégance et leur retenue, l'équilibre de leurs compositions et une technique délicate qui révèle les qualités des fruits et légumes frais et mûrs, provoquant un sentiment de sérénité et de mystère. Ici, la texture des fraises des bois dans une coupe Wanli bleu et blanc suggère leur délicatesse, leur douceur et leur arôme. À proximité, des cerises brillantes dans un panier en osier sont protégées par des feuilles d’un vert profond aux bords en dents de scie. La petite branche de groseilles à maquereau, avec deux globes vert jade stratégiquement placés au bord de la table, équilibre le panier et la coupe. Juste au-dessus, une cerise rubis invite à l'admiration. Sur l’ensemble de la composition, Moillon crée un équilibre simple mais sophistiqué de couleurs et de tons. Son approche de la nature morte – excluant l'anecdote et le symbolisme – reflète l'engouement du marché parisien pour les produits frais, puisqu'elle représente les fruits délectables, scrupuleusement sélectionnés par les dames, leurs cuisiniers et leurs servantes, et fièrement servis à table. » (Commentaire Kimbell Art Museum)

Louise Moillon. Corbeille de prunes et panier de fraises (1632)

Louise Moillon. Corbeille de prunes et panier de fraises (1632). Huile sur bois, 44 × 58 cm, musée des Augustins, Paris. Les fruits fraichement cueillis reposent dans des paniers d’osier, contenant de fabrication simple accentuant la proximité de la nature et la vérité de la composition. La prune posée sur la table et les gouttes d’eau qu’affectionne l’artiste introduisent une note de spontanéité.

Louise Moillon. Nature morte aux pêches et aux prunes (v. 1634)

Louise Moillon. Nature morte aux pêches et aux prunes (v. 1634). Huile sur bois, 37,5 × 46,5 cm, musée du Louvre. « Louise Moillon appartient à une famille d’artistes : elle est la fille du peintre Nicolas Moillon (v. 1580-1619), la belle-fille du peintre François Garnier (v. 1600-av. 1658) et la sœur du peintre Isaac Moillon (1614-1673). C’est un milieu de peintres protestants, marqués par l’art nordique, établis à Paris, au faubourg Saint-Germain. Louise Moillon a montré des talents très précoces pour la peinture. Plus d’une vingtaine de compositions signées “Louyse Moillon” et datées entre 1629 et 1641 sont connues (cf. Alsina, 2009). Louise Moillon se marie en 1640 avec Étienne Girardot, marchand de bois et bailleur d’immeubles. Elle a dû restreindre considérablement sa production après son mariage, car une seule œuvre est signée et datée après 1640 (Coupe de pêches et de raisins, datée de 1641, disparue depuis la guerre de 1939-1945, autrefois à Dessau, Anhaltische Gemäldegalerie). La Nature morte aux pêches et aux prunes est une composition d’une très grande sobriété, peinte en glacis sur un panneau de bois ovale. Louise Moillon mêle les pêches et les prunes, faisant contraster leurs tonalités, relevées par les feuilles encore fixées aux fruits. L’artiste s’est attachée à rendre avec justesse la texture des pêches et des prunes, mais aussi celle du bois qui supporte le panier et sur lequel on distingue quatre minuscules gouttes d’eau qui ajoutent un accent de vérité, de trompe-l’œil, à la nature morte. Dominique Alsina date la peinture vers 1634 par rapprochement avec un groupe de tableaux signés et datés de 1634, notamment les Abricots du musée des Augustins à Toulouse et le Bol aux oranges de curaçao du Norton Simon Museum à Pasadena. » (Commentaire musée du Louvre)

Louise Moillon. Coupe de cerises, prunes et melon (v. 1633)

Louise Moillon. Coupe de cerises, prunes et melon (v. 1633). Huile sur bois, 48 × 64 cm, musée du Louvre. « C’est peut-être la plus célèbre peinture de Louise Moillon. Pierre Rosenberg a souligné la subtilité de “l’accord acide des couleurs” dans lequel réside “une grande part du charme de la Coupe de cerises : le compotier de porcelaine blanc-gris, les cerises croquantes, jaunes et rouges, disposées dans leur couronne de feuilles d’un vert sombre, les prunes bleues, celle isolée au centre de la composition, couleur sulfate de cuivre, l’écorce vert tendre du melon à la chair orange” (cf. Rosenberg, Nouvelles acquisitions 1980-1982). Le principe consistant à juxtaposer les fruits sur un plateau de table vu en perspective cavalière procède de la peinture nordique du début du siècle. C’est donc un type un peu archaïque dans les années 1630. Louise Moillon ordonne la composition de part et d’autre de la masse de la coupe de cerises, qui attire immédiatement le regard. L’artiste joint la subtilité du coloris à une grande précision dans la touche et à une science consommée des lumières et du dessin des ombres afin de faire ressortir les fruits tout naturellement. Elle suscite ainsi un sentiment d’apaisement et de tranquillité. Le tableau a été refixé à la cire-résine par Jeanine Roussel-Nazat en 1989. » (Commentaire musée du Louvre)

Louise Moillon. Nature morte avec panier de pêches et de raisins (1636)

Louise Moillon. Nature morte avec panier de pêches et de raisins (1636). Huile sur toile, 58 × 96 cm, National Gallery of Art, Washington. « Remarquez les socles de pierre abîmés, les fruits qui débordent du panier et les feuilles qui semblent jaillir du plan de l'image. Ces objets, tous de forme irrégulière, créent une impression de dynamisme et de mouvement. Louise Moillon les a pourtant intégrés dans une composition presque symétrique, ce qui confère à la nature morte un caractère équilibré et méditatif. Savourez les textures et les couleurs de chaque objet. Les feuilles croustillantes et pointues s'opposent aux formes lisses et arrondies des fruits, tout comme les tons chauds des pêches s'opposent aux teintes froides des raisins verts. » (Commentaire NGA)

Louise Moillon. Nature morte aux fruits (v. 1637)

Louise Moillon. Nature morte aux fruits (v. 1637). Huile sur toile, 87 × 112 cm, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid. « […] Cette toile est considérée comme l'une des œuvres les plus accomplies de son évolution picturale. Contrairement à ses compositions antérieures, plus simples, avec une palette et une lumière moins élaborées, cette nature morte présente une structure plus sophistiquée. La lumière est très concentrée, soulignant surtout les objets au centre du tableau et créant des ombres stratégiques qui accentuent la profondeur. Les nuances chromatiques deviennent très riches et leur harmonie équilibre la composition. Les fruits et légumes de printemps tels que les artichauts, les asperges, les fraises, les prunes et les abricots sont représentés. Le peintre a minutieusement représenté les détails des branches qui recouvrent les fruits. » (Commentaire Museo Nacional Thyssen-Bornemisza)

Louise Moillon. Corbeille de pêches, avec coings et prunes (après 1641)

Louise Moillon. Corbeille de pêches, avec coings et prunes (après 1641). Huile sur toile, 66 × 84 cm, Los Angeles County Museum of Art. L’artiste reste fidèle à ses principes de composition (fond sombre, table, panier d’osier, gouttelettes) mais le chromatisme est ici très sobre par rapport aux œuvres similaires plus anciennes, par exemple Corbeille de prunes et panier de fraises (1632). Cette retenue chromatique ajoute au tableau un accent d’authenticité. Entre le beau et le vrai, choix artistique majeur en particulier pour les natures mortes, Louise Moillon, plus âgée, choisit de se tourner vers plus de vérité.

 

Scènes de genre

Louise Moillon. La marchande de fruits et de légumes (1630)

Louise Moillon. La marchande de fruits et de légumes (1630). Huile sur toile, 120 × 165 cm, musée du Louvre, Paris. « C’est une des quelques compositions de grand format de Louise Moillon où la nature morte se fait scène de genre, dans la tradition nordique des scènes de marché et de boutique remontant à Pieter Aertsen et Joachim Beukelaer : on découvre, au centre, une marchande de fruits et légumes qui tend un panier de pêches à une bourgeoise, à gauche, qui fait son choix, soupesant une pêche dans sa main droite. Il faut aussi remarquer le petit chat à droite, peint au milieu des légumes : “on découvre à droite derrière une énorme courge le minois d’un petit intrus : il s’agit d’un chat taché de manière cocasse, avec son nez tout droit en forme de triangle, qui s’est discrètement installé parmi les légumes et reste là sans bouger, de crainte de mettre à mal ce savant équilibre, participant à sa façon à la poésie de ce morceau de bravoure de la vie silencieuse ” (cf. Foucart-Walter, 2007a). La composition est assez maladroitement construite, les personnages sont très rigides, les objets juxtaposés, mais l’œuvre n’en demeure pas moins pleine de saveur et de charme. Elle témoigne de l’ambition artistique d’une jeune femme. La date de “1630” est bien lisible, confirmant que l’artiste était alors âgée de vingt ans. C’est une des très rares œuvres datées mais non signées de Louise Moillon. Le tableau a été restauré par Henri Linard en 1973. Il a été refixé à la cire-résine par Yves Lepavec en 1989, puis restauré en couche picturale par Geneviève Lepavec. » (Commentaire musée du Louvre)

Louise Moillon. L’étal du marché (1630-50)

Louise Moillon. L’étal du marché (1630-50). Huile sur toile, 123 × 169 cm, collection particulière. Cette scène de genre transforme l’étal d’un commerçant sur un marché en un achalandage parfaitement ordonné posé sur une table d’une netteté surprenante. Les deux figures semblent prendre la pose et représenter un type plutôt qu’une personne spécifique. Ce hiératisme des personnages s’analyse en général comme une recherche d’intemporalité. Il s’agit d’extraire une scène de la vie quotidienne du passage du temps auquel nous sommes soumis, pour lui donner une portée universelle que tout homme peut appréhender par l’émotion. Georges de La Tour, à la même époque, figeait ainsi ses personnages dans La Diseuse de bonne aventure (1633-39). Le procédé a persisté et on le retrouve à la fin du 19e siècle chez Georges Seurat dans Un dimanche après-midi sur l'île de la Grande Jatte (1884-86).

Louise Moillon. Scène de marché avec un voleur à la tire (1630-50)

Louise Moillon. Scène de marché avec un voleur à la tire (1630-50). Huile sur toile, 116 × 165 cm, collection particulière. Le thème du voleur à la tire (ou pickpocket) apparaît fréquemment dans les scènes de genre du 17e siècle, mais dans un style baroque et une orientation burlesque (voir Simon Vouet. La Diseuse de bonne aventure, v. 1620). Le sérieux des trois figures et le parfait ordonnancement de la scène de Louise Moillon sont très éloignés par l’esprit du tableau de Simon Vouet ou des scènes de genre néerlandaises du même type. La nature morte de gauche apparaît comme l’élément essentiel de la composition. Les trois personnages, très statiques, semblent faire partie de cette nature morte, comme s’ils n’étaient que des statues posées à proximité de l’étal. Ce tableau de grande taille constitue ainsi une œuvre atypique et originale, intermédiaire entre scène de genre et nature morte, mais ambitionnant de restituer l’anecdote représentée avec la quiétude et l’intemporalité propres aux œuvres de l’artiste.

 

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