Gillis van Coninxloo

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Patrick AULNAS

 

Portrait

 

Andries Jacobsz Stock. Portrait de Gillis van Coninxloo (1610)

Andries Jacobsz Stock. Portrait de Gillis van Coninxloo (1610)
Gravure, 21 × 12 cm.

 

ÆGIDIUS CONINCXLOY, ANTVERPIAN. / PICTOR. / Pingere rura, lacus, silvas, animancula, fontes / Cura tibi, pascunt mirifice hæc oculos. / Te duce nunc pingunt alii camposque acusque / Te Fauni, Nymphæ, te Dryadesque canunt.

EGIDE CONINXLOO, ANVERS. / PEINTRE / Peignez la campagne, les lacs, les forêts, les animaux, les fontaines / Prenez garde, cela nourrit merveilleusement les yeux. / D'autres te peignent maintenant comme un roi, et les plaines et les montagnes / Les faunes, les nymphes et les dryades te chantent.

 

Biographie

1544-1607

Né à Anvers le 24 janvier 1544, Gillis van Coninxloo est le fils du peintre homonyme Gillis van Coninxloo et d’Adriana van Dornicke et le petit-fils du peintre de sujets religieux Jan van Coninxloo, époux d’Elisabeth Hasaert. Karel van Mander (*) lui attribue trois maîtres successifs :

- Pieter Coecke van Aelst, fils d’un peintre mieux connu de scènes religieuses, également nommé Pieter Coecke van Aelst (1502-1550) ;

- Lenaert Kroes, qui ne peut pas être le Lenaert Kroes né à Bruxelles en 1485 et mort à Anvers en 1541 (van Coninxloo est né en 1544) ;

- Gillis Mostaert (1528-1598), peintre installé à Anvers où il dirige un atelier prospère produisant des scènes religieuses et des paysages.

 

Gillis van Coninxloo. Paysage avec le jugement de Pâris (v. 1600)

Gillis van Coninxloo. Paysage avec le jugement de Pâris (v. 1600)
Huile sur toile, 127 × 185 cm, Musée national d'art occidental, Tokyo.

 

Après son apprentissage, van Coninxloo voyage en France, visite Paris et Orléans et projette un voyage en Italie. Mais « comme on lui proposait un parti, il revint à Anvers et s’y maria. » (*) Son épouse, Maeyken Roebroecx, mit au monde trois enfants.

En 1570, Gillis van Coninxloo devient membre de la Guilde de Saint-Luc d’Anvers. Il travaille à Anvers jusqu’à 1585, date à laquelle la ville est conquise par les Espagnols. Gillis van Coninxloo étant protestant, sa carrière artistique est fortement compromise. Il décide de s’établir en Allemagne à Frankenthal, dans le Palatinat. De très nombreux protestants persécutés par un pouvoir aux mains des catholiques se réfugièrent à Frankenthal. Ils apportèrent la prospérité à cette ville et, du point de vue artistique, il s’y développa une école de Frankenthal, dont Gillis van Coninxloo était l’un des chefs de file aux côtés d’Anton Miriou (1570-1621), autre peintre de paysages.

 

Gillis van Coninxloo. Paysage de montagne avec le prophète Osée (fin 16e s.)

Gillis van Coninxloo. Paysage de montagne avec le prophète Osée (fin 16e s.)
Aquarelle sur parchemin, 19,5 × 28,7 cm, Museum Mayer van den Bergh, Anvers

 

Après dix ans à Frankenthal, Gillis van Coninxloo se fixe à Amsterdam jusqu’à la fin de ses jours. Il obtient la citoyenneté de la ville en 1597. En 1603, il se remarie avec Geertgen van Eeden qui lui donnera un fils. Il meurt à Amsterdam le 4 janvier 1607.

 

Œuvre

Gillis van Coninxloo est considéré par Karel van Mander comme le meilleur peintre de paysages de son époque.

« En somme, pour dire mon avis en peu de mots, je ne connais pas, de nos jours, de meilleur paysagiste et je constate qu'en Hollande sa manière commence à être généralement suivie ; que, par exemple, les arbres qui étaient un peu secs et dépouillés deviennent plus feuillus et se développent comme à vue d'œil, à la façon des siens […] » (*)

Van Coninxloo reste proche du paysage-monde flamand au début de sa carrière. Il place en général une scène mythologique ou religieuse dans un paysage panoramique caractérisé par une profondeur infinie obtenue par le jeu de la perspective atmosphérique (dégradé gris-blanc de plus en plus clair vers l’horizon). Paysage avec le jugement de Midas (1588) est particulièrement représentatif de cette première manière.

 

Gillis van Coninxloo. Paysage avec le jugement de Midas (1588)

Gillis van Coninxloo. Paysage avec le jugement de Midas (1588)
Huile sur bois, 120 × 204 cm, Staatliche Kunstsammlungen, Dresde.

 

Le peintre évolue ensuite vers le paysage sylvestre comportant une analyse plus détaillée des éléments naturels. Le paysage, qui n’était que la toile de fond d’une vaste scène comportant presque toujours un élément religieux, devient le sujet proprement dit du tableau. Il est vrai qu’Albrecht Altdorfer et les peintres de l’école du Danube avaient un siècle plus tôt ouvert cette voie. Mais van Coninxloo va plus loin et cherche à représenter tous les détails des arbres par un plan rapproché pouvant éliminer presque totalement la ligne d’horizon et le ciel.

 

Gillis van Coninxloo. Paysage forestier (v. 1600)

Gillis van Coninxloo. Paysage forestier (v. 1600)
Huile sur bois, 56 × 85 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne.

 

Les compositions de van Coninxloo furent largement diffusées en Hollande sous forme d’estampes et l’artiste connut le succès. Il eut de nombreux élèves et son influence sur la peinture paysagère nordique du 17e siècle est importante.

 

Gillis van Coninxloo. Paysage avec le jugement de Midas (1588)

Gillis van Coninxloo. Paysage avec le jugement de Midas (1588). Huile sur bois, 120 × 204 cm, Staatliche Kunstsammlungen, Dresde. Midas, roi de Phrygie, est choisi comme juge lors d’un concours de musique. Les deux concurrents sont des dieux : Apollon avec une lyre et Pan avec une flûte. Midas désigne le vainqueur de la main droite : Pan. Apollon, vexé, lui jette un sort et fait pousser des oreilles d’âne sur la tête de Midas. Le paysage s’inspire des paysages-monde flamands par une profondeur visant à restituer une impression d’infini.

Gillis van Coninxloo. Paysage avec Vénus et Adonis (1580-90)

Gillis van Coninxloo. Paysage avec Vénus et Adonis (1580-90). Huile sur cuivre, 38 × 54 cm, Cleveland Museum of Art. « Vénus, la déesse de l’amour, ne parvient pas à dissuader son amant mortel Adonis de chasser le sanglier, qui finira par le tuer. L’artiste ne place pas cette anecdote dans un cadre classique mais au premier plan d’un vaste panorama avec architecture germanique, La forêt était un sujet relativement nouveau dans la peinture européenne et cette composition préfigure les paysages forestiers à part entière des années 1600. » (Commentaire Cleveland Museum of Art)

Gillis van Coninxloo. Paysage de montagne avec le prophète Osée (fin 16e s.)

Gillis van Coninxloo. Paysage de montagne avec le prophète Osée (fin 16e s.). Aquarelle sur parchemin, 19,5 × 28,7 cm, Museum Mayer van den Bergh, Anvers. Cette composition est à mettre en relation avec la prise d’Anvers par les espagnols en 1585. Beaucoup d'artistes protestants de la ville se sont alors réfugiés à Frankenthal, dans les montagnes du Palatinat. Il est probable que cette aquarelle a été peinte à cet endroit. Osée est un prophète mentionné dans l’Ancien Testament (Livre d’Osée) qui, par son action, pouvait être considéré par les protestants comme un précurseur de leur critique du catholicisme.

Gillis van Coninxloo. La découverte de Moïse (fin 16e s.)

Gillis van Coninxloo. La découverte de Moïse (fin 16e s.). Huile sur toile, Kulturhistorisches Museum, Rostock. Récit biblique. Le pharaon ayant donné l’ordre d’éliminer tous les nouveau-nés mâles du peuple hébreu, la mère de Moïse cache l’enfant durant trois mois puis l’abandonne dans une corbeille sur le Nil, près de la rive. La fille du pharaon qui se baignait avec des courtisanes, trouve l’enfant et décide de l’adopter. La composition oppose un premier plan sombre avec un arbre majestueux à un second plan très lumineux représentant le Nil. Le paysage typique du  nord de l’Europe est caractéristique de la peinture du 15e au 17e siècle. Les artistes n’avait pas la moindre idée de la géographie égyptienne.

Gillis van Coninxloo. Paysage boisé avec Céphale et Procris (fin 16e s.)

Gillis van Coninxloo. Paysage boisé avec Céphale et Procris (fin 16e s.). Huile sur cuivre, 43 × 67 cm, musée des Beaux-arts de Pau. Ce paysage forestier, typique de la seconde manière de van Coninxloo, ne présente qu’une petite ouverture centrale vers l’horizon. Les arbres au feuillage touffu occupent les trois-quarts de la composition. Quelques plantes florifères apparaissent au premier plan ainsi que l’anecdote mythologique avec Céphale qui se lamente devant le corps de Proscris. Céphale, prince thessalien, a épousé Procris, fille du roi d’Athènes. Mais Eos, déesse de l’aurore, est prise d’une grande passion pour Céphale. Jalouse, Proscris pense que Céphale rejoint Éos lors de ses parties de chasse. Une nuit, elle le suit en cachette et remue une branche. Céphale lance son javelot et tue Procris. Désespéré, il se tue avec le même javelot.

Gillis van Coninxloo. Sous-bois (1597)

Gillis van Coninxloo. Sous-bois (1597). Huile sur bois, 77 × 106 cm, musée des Beaux-arts de Strasbourg. « Intérieur de forêt sombre et humide, traversé par des rayons de soleil. A droite un massif de hauts chênes ; à gauche, vers le fond, échappée vers une colline éclairée où s'étagent des maisons dominées par une tour. Dans tout le paysage sont répartis bêtes et personnages ; à gauche, chasseurs à l'affût, au centre, paysanne et enfant allant vers le village, à droite, pêcheur et bouvier avec ses bêtes. » (Commentaire base Joconde)

Gillis van Coninxloo. Paysage avec le jugement de Pâris (v. 1600)

Gillis van Coninxloo. Paysage avec le jugement de Pâris (v. 1600). Huile sur toile, 127 × 185 cm, Musée national d'art occidental, Tokyo. Cette composition reste influencée par le paysage-monde, mais l'artiste a placé au premier plan une scène mythologique et un grand arbre très travaillé et traversé par la lumière, élément essentiel du tableau. L'anecdote mythologique grecque concerne Pâris, fils du roi de Troie Priam, qui gardait les troupeaux sur le mont Ida. Trois déesses apparaissent : Aphrodite, Héra et Athéna. Elles cherchent un juge, sur les conseils de Zeus, pour les départager dans un concours de beauté. Héra promet à Pâris la souveraineté sur l'Asie et l'Europe, Athéna, la gloire des guerriers, et Aphrodite la main de la plus belle des femmes. Ce fut à cette dernière que Pâris offrit la pomme d'or (la pomme de la discorde) qui devait revenir à la plus belle. Mais, jalouses de n'avoir point été choisies, Athéna et Héra témoignèrent à l'avenir, d'une haine farouche à l'égard du Troyen Pâris et protégèrent les Grecs.

Gillis van Coninxloo. Paysage forestier (v. 1600)

Gillis van Coninxloo. Paysage forestier (v. 1600). Huile sur bois, 56 × 85 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. « Même si Coninxloo n’est pas, comme on l’a longtemps supposé, l’inventeur du type de paysage forestier clos et sombre, il est certainement l’un des maîtres de ce thème, qui a émergé vers 1600. Cette jungle dense, en réalité composée selon des modalités subtiles, ne laisse guère de vue dégagée sur le ciel. » (Commentaire Kunsthistorisches Museum)

Gillis van Coninxloo. Paysage forestier avec figures (1602)

Gillis van Coninxloo. Paysage forestier avec figures (1602). Huile sur toile, 84 × 152 cm, collection particulière. Cette composition, fréquente chez van Coninxloo, comporte un massif forestier profond à gauche et une ouverture vers l’horizon en haut et à droite, avec des figures animant l’ensemble (même utilisation de l’espace dans Paysage avec le jugement de Pâris ou encore Paysage avec Vénus et Adonis).

Gillis van Coninxloo. Paysage avec Latone et les paysans lyciens (1600-1606)

Gillis van Coninxloo. Paysage avec Latone et les paysans lyciens (1600-1606). Huile sur toile, 144 × 204 cm, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg. L’épisode mythologique mettant en scène Latone et les paysans lyciens a été repris dans les Métamorphoses d'Ovide. Latone, mère d’Apollon et de Diane, est assoiffée au bord d’un fleuve de Lycie. Les paysans de ce pays voulant l’empêcher de s’abreuver, elle les transforme en grenouilles. Cette métamorphose a été le sujet de nombreuses enluminures, peintures et tapisseries. Sur fond de paysage forestier, van Coninxloo représente les paysans affolés se transformant en grenouilles, tandis que Latone, assise au pied d’un arbre, observe la scène. Les figures ont été peintes par Hendrick de Clerck (1570-1630).

Gillis van Coninxloo. Paysage de forêt avec chasseurs et animaux

Gillis van Coninxloo. Paysage de forêt avec chasseurs et animaux. Huile sur bois, 49 × 74 cm, collection particulière. Attribué à van Coninxloo, ce paysage est en effet typique du peintre, avec la fermeture complète sur la forêt sans qu’apparaisse le moindre élément du ciel. La profondeur mystérieuse de la forêt fait partie de la mythologie germanique.

 

Cercle de Gillis van Coninxloo

Gillis van Coninxloo (cercle de). Vue panoramique (v. 1600)

Gillis van Coninxloo (cercle de). Vue panoramique (v. 1600). Huile sur bois, 31 × 47 cm, collection particulière. Cette composition d’un peintre non identifié se rapproche des réalisations de jeunesse de l’artiste. Le découpage horizontal de l’espace (village, massif boisé, arrière-plan montagneux et ciel) est associé à des choix chromatiques précis (jaune-brun, vert-bleu, gris-blanc).

Gillis van Coninxloo (cercle de). Baptême en forêt

Gillis van Coninxloo (cercle de). Baptême en forêt. Huile sur bois, 69 × 104 cm, collection particulière. Le peintre non identifié reprend le paysage forestier du maître avec en particulier les grands arbres du premier plan. Il y ajoute une scène de baptême censée évoquer les premiers chrétiens, avec figures habillées à l’antique.

Gillis van Coninxloo (style de). Paysage et scènes de la vie de Marie (1600-1650)

Gillis van Coninxloo (style de). Paysage et scènes de la vie de Marie (1600-1650). Huile sur toile, 107 × 90 cm, Art Museum of Estonia. « Dans le style de Gillis van Coninxloo (1544-1606/07), ce paysage forestier luxuriant comprend trois scènes de l’enfance de Jésus-Christ. A l’arrière-plan, dans le champ de blé, la Vierge Marie enceinte et Joseph sont représentés pendant leur voyage de Bethléem en Égypte. Entre les arbres, la Vierge Marie avec l’Enfant Jésus est accompagnée de Jean-Baptiste. La construction d’un bateau apparaît dans le coin inférieur gauche.
Joseph, charpentier professionnel, pouvait travailler dans la construction navale. Cette scène, où il enseigne au jeune Jésus à travailler le bois, souligne la participation de Joseph à l’éducation de Jésus et l’importance des valeurs familiales en général. A une date inconnue, la peinture ayant été coupée du côté gauche, seuls sont visibles l’Enfant Jésus et les anges qui l’aident ainsi que le dos et le bras gauche de Joseph. » (Commentaire Art Museum of Estonia)

 

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Gillis van Coninxloo

 

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(*) Karel van Mander, Le livre des peintres (1604), édition Jules Rouam, Paris, 1885, tome 2 page 117.

 

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