Joos van Wassenhove

 
 

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Patrick AULNAS

 

Joos van Wassenhove. La Communion des Apôtres (1473-75)Joos van Wassenhove. La Communion des Apôtres (1473-75)
Huile sur bois, 331 × 335 cm, Galleria Nazionale delle Marche, Urbino.

 

Biographie

v. 1410-v. 1480

Il existe très peu d’informations sur la vie de ce peintre flamand. Giorgio Vasari mentionne un Giusto da Guanto (Juste de Gand) qui serait l’auteur de la Communion des Apôtres se trouvant aujourd’hui à la Galerie Nationale d’Urbino. Il est admis que ce Juste de Gand est le peintre Joos van Wassenhove, né vers 1410 en Flandre dans un lieu non déterminé.

Les premières mentions concernant cet artiste datent de 1460, année au cours de laquelle il est reçu maître par la Guilde de Saint-Luc de la ville d’Anvers, c’est-à-dire la corporation des peintres et sculpteurs. En 1464, Joos van Wassenhove s’installe à Gand. Le 6 octobre de cette même année, il devient membre de la guilde des peintres de la ville. L’appartenance à une telle corporation apporte prestige et commandes. Aussi, le candidat doit-il disposer de références. En l’occurrence, deux commerçants de Gand se portent garants du peintre : le marchand Daniel Rutaert et l’orfèvre Jan de Voss.

En 1467, c’est Joos van Wassenhove qui se porte garant d’Hugo van der Goes pour sa réception comme maître par la Guilde de Saint-Luc de Gand. Hugo van der Goes (v. 1440-1482), peintre majeur de la Renaissance flamande, est considéré comme un élève de van Wassenhove. Dès cette époque, la réputation de van Wassenhove dépasse largement le cadre local puisqu’en 1467-68 il reçoit un paiement pour 40 armoiries réalisées pour le pape.

Des documents attestent qu’en 1469, van Wassenhove et van der Goes se sont portés garants pour deux autres peintres flamands : Sanders Bennig et Agnès van der Bosshe.

En 1470, Joos van Wassenhove s’installe à Rome. En 1472, il est à Urbino où il entre au service de Federico da Montefeltro (1422-1482), duc d'Urbino et comte de Montefeltro. Des documents attestent qu’entre 1473 et 1475 il possède un atelier à Urbino sous le nom de Giusto da Guanto. Il obtient du duc la commande de la Communion des Apôtres, peinte pour la confrérie du Corpus Domini et participe également à la décoration des résidences ducales. A cette fin, il peint une série de 28 portraits d’hommes célèbres en collaboration avec le peintre espagnol Pedro Berruguete (v. 1450-1504).

Joos van Wassenhove meurt vers 1480.

 

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Cardinal Bessarione (v. 1476)

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Cardinal Bessarione (v. 1476)
Huile sur bois, 116 × 56 cm, musée du Louvre, Paris.

 

Œuvre

 

L’œuvre  de Joos van Wassenhove comporte des scènes religieuses, des portraits de personnages célèbres et des allégories. Cet artiste flamand appartient à la période de transition entre le gothique et la Renaissance flamande. Il conserve du gothique international l’expressivité appuyée et un certain maniérisme dans la gestuelle des personnages. Mais il connaît assez bien la perspective et maîtrise parfaitement la technique de la peinture à l’huile sur panneau de bois. Ce dernier élément lui permet de se faire admettre en Italie comme un peintre particulièrement novateur, en particulier à la cour de Federico da Montefeltro (1422-1482), duc d'Urbino.

 

Joos van Wassenhove. L’Adoration des mages (v. 1475)

Joos van Wassenhove. L’Adoration des mages (v. 1475)
Détrempe sur toile, 109 × 160 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.

 

Ses grandes compositions religieuses sont les plus remarquables. Il en subsiste deux : La Communion des Apôtres (1473-75) et L’Adoration des mages (v. 1475). Le Triptyque du calvaire (1465-68) de la cathédrale Saint-Bavon à Gand a auparavant été attribué à van Wassenhove, mais un consensus existe aujourd’hui pour l’attribuer à Hugo van der Goes. Quant aux portraits d’hommes illustres réalisés à Urbino, leur attribution ne fait pas l’unanimité. Le musée du Louvre, qui en possède 14, les considère comme des œuvres conjointes de Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete (v. 1450-1504). Nous avons retenu cette solution.

 

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Ptolémée (v. 1476)

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Ptolémée (v. 1476)
Huile sur bois, 98 × 66 cm, musée du Louvre, Paris.

 

Allégories

Joos van Wassenhove. La rhétorique (1460-70)

Joos van Wassenhove. La rhétorique (1460-70)
Huile sur bois, 157 × 105 cm, National Gallery, Londres

 

Joos van Wassenhove. La musique (1460-70)Joos van Wassenhove. La musique (1460-70)
Huile sur bois, 156 × 97 cm, National Gallery, Londres

 

« Ces grands panneaux sont les seuls qui subsistent d’un des projets de décoration intérieure les plus ambitieux de l’époque. Ils proviennent d’une série représentant les sept arts libéraux, qui formaient le noyau de l’apprentissage médiéval : le trivium de la dialectique (logique), de la rhétorique (argumentation) et de la grammaire (langage) ; et le quadrivium de l’arithmétique, de la géométrie, de la musique et de l’astronomie. Deux autres peintures de la même série se trouvaient à Berlin, mais ont été détruites en 1945 […]
Les arts libéraux étaient souvent représentés comme des femmes intronisées, souvent accompagnées de représentantes de leurs arts assises en dessous ou à côté d’elles. Sur le panneau de la Grammaire de Berlin, l’homme agenouillé est Federico, duc d’Urbino, l’un des condottières (capitaines de soldats mercenaires) les plus importants de l’époque, et réputé pour son habileté militaire et son amour des arts et de la littérature. Les quatre allégories sont stylistiquement proches des portraits d’hommes célèbres réalisés pour le studiolo (étude) du palais de Federico à Urbino. Tous ont probablement été peints par Juste de Gand, qui travaillait à Urbino en 1473. Selon son biographe, Federico avait une excellente compréhension de la peinture mais ne trouvait personne en Italie qui sache peindre à l’huile. Il chercha en Flandre, trouva "un maître éminent" acceptant de venir à Urbino et lui fit peindre de nombreux panneaux.
Nous ne savons pas exactement où les peintures de Londres et de Berlin ont été exposées à l’origine. Toutes ont été coupées à partir de très grands et lourds panneaux qui ne représentaient pas seulement un des arts libéraux. Ils ont clairement été faits pour un cadre spécifique, peut-être le palais de Federico à Urbania dans les Marches […]
La peinture à l’huile néerlandaise était très à la mode en Italie, et Federico en était un grand admirateur. Il aurait été beaucoup moins coûteux et plus simple de recourir à la fresque, technique italienne classique de décoration murale à l’époque. Les tableaux semblent avoir été peints très rapidement, et peut-être en partie par des assistants. Federico, avec ses nombreux projets de construction, était peut-être un mécène impatient et avait sans doute du mal à comprendre que la peinture à l’huile prenait plus de temps que la fresque. » (Commentaire National Gallery)

 

Scènes religieuses

Joos van Wassenhove. La Communion des Apôtres (1473-75)Joos van Wassenhove. La Communion des Apôtres (1473-75)
Huile sur bois, 331 × 335 cm, Galleria Nazionale delle Marche, Urbino.

 

Joos van Wassenhove. La Communion des Apôtres, détailJoos van Wassenhove. La Communion des Apôtres, détail

 

Joos van Wassenhove. La Communion des Apôtres, détailJoos van Wassenhove. La Communion des Apôtres, détail

 

Œuvre également appelée L'Institution de l'eucharistie et Pala del Corpus Domini.
« L’œuvre la plus importante et la plus maîtrisée de Joos van Wassenhove (Juste de Gand) est certainement L’Institution de l’Eucharistie (La Communion des Apôtres), peinte pour le maître-autel de la Confrérie du Corpus Domini. Le thème est inspiré d’un tableau de Fra Angelico, que Juste a peut-être vu au couvent Saint-Marc de Florence, dans lequel les apôtres quittent la table pour s’agenouiller aux pieds du Christ. Malgré cette influence, l’œuvre achevée montre à quel point le style de Juste est resté purement flamand, pratiquement inaltéré en dépit de tout ce qu’il a pu observer pendant son séjour en Italie.
La scène se déroule dans le chœur d’une église construite selon un plan latin, avec une abside soutenue par une rangée de colonnes composites. De chaque côté du tableau se trouve une ouverture à travers laquelle des maisons et des tours lointaines sont visibles. Ces vues panoramiques rappellent Gand ou Bruges. Le Christ est placé debout, de trois quarts vers le spectateur, devant la table. Il tient la patène dans sa main gauche pendant qu’il offre à saint Jacques le Mineur le pain consacré. Autour de lui, les disciples qui ont reçu l’hostie semblent heureux et en paix, tandis que les visages des autres expriment leur hâte. La malheureuse figure de Judas se tient d’un côté dans l’ombre, comme si elle essayait d’éviter le regard du Christ. Au premier plan se trouvent une assiette et un pichet qui seront utilisés plus tard pour laver les pieds des disciples.
À l’arrière-plan, à droite, apparaît un groupe animé composé du duc Federico, de deux de ses courtisans et de Caterino Zeno, ambassadeur du Shah de Perse. La présence de cette dernière figure semble destinée à indiquer que la Sainte Eucharistie est un sacrement universel et que le Christ s’est incarné pour sauver tous les hommes, quelles que soient leurs origines. Juste derrière ce groupe, on peut distinguer une jeune femme, portant le jeune Guidobaldo dans ses bras. Deux anges planent au-dessus des protagonistes, maintenus en parfait équilibre par leurs ailes tendues. L’un d’eux prie, tandis que l’autre exprime simplement son émotion en tant que témoin de l’événement sacré se déroulant en contrebas.
Il y a un contraste très expressif entre le groupe des apôtres, d’une part, et celui du duc et de ses disciples, d’autre part. Juste montre son grand talent de portraitiste en parvenant à exprimer conjointement la foi ardente des premiers et l’activité bruyante des seconds, soulignant leurs expressions faciales par le mouvement de leurs mains. Il joue aussi sur les contrastes entre les vêtements simples, voire pauvres, des apôtres, et les vêtements riches et luxueux du duc et de ses compagnons. Quant au Christ, il est représenté vêtu d’une longue tunique gris-bleu. Ses disciples portent des tuniques de différentes couleurs - vert, rouge clair, jaune et marron. Ils ont les cheveux blonds, sauf un aux cheveux foncés, et Judas, qui a les cheveux roux. Cet admirable contrepoint de couleurs est complété par le bleu vert des ailes des deux anges, qui se détache sur le brun foncé de l’abside. Il est rare de trouver un tableau de cette période qui combine si élégamment les exigences de la spiritualité et du réalisme. » (Commentaire Web Gallery of Art)

Joos van Wassenhove. L’Adoration des mages (v. 1475)Joos van Wassenhove. L’Adoration des mages (v. 1475)
Détrempe sur toile, 109 × 160 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.

 

Joos van Wassenhove. L’Adoration des mages, détailJoos van Wassenhove. L’Adoration des mages, détail

 

Joos van Wassenhove. L’Adoration des mages, détailJoos van Wassenhove. L’Adoration des mages, détail

 

Selon Le récit biblique chrétien, trois mages (sages) auraient suivi une étoile vers le lieu de naissance de Jésus-Christ. Arrivés près de Jésus, ils lui offrent l’or, l’encens et la myrrhe. L’artiste ne place pas la scène dans une étable, selon la tradition iconographique dominante, mais dans une architecture médiévale.
« Cette peinture est un très rare exemple conservé de détrempe, médium à base d’eau, sur toile. L’artiste était actif à la fois dans sa ville natale de Gand, dans l’actuelle Belgique, et à la cour raffinée d’Urbino en Italie. Trois figures noires dans la composition – le roi africain, le serviteur qui lui remet son cadeau et un observateur dans la foule – reflètent la présence croissante d’individus noirs en Europe occidentale, mais leur apparence étonnamment similaire soulève la question de savoir s’ils proviennent d’un modèle unique ou, au contraire, d’un type idéalisé. » (Commentaire MET)

 

Portraits d’hommes illustres

Vingt-huit panneaux représentant des hommes illustres de toutes les époques (princes, écrivains, hommes de science, ecclésiastiques) ornaient le studiolo de Federico da Montrefeltro au palais ducal d’Urbino. Quatorze sont aujourd’hui au Louvre, acquis en 1861 auprès d’un collectionneur, et quatorze sont restés à Urbino. Joos van Wassenhove a travaillé à la décoration du studiolo jusqu’en 1474 et celle-ci a été achevée par le peintre espagnol Pedro Berruguete (v. 1450-1504). Voici quelques exemples de ces portraits.

 

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Cardinal Bessarione (v. 1476)

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Cardinal Bessarione (v. 1476). Huile sur bois, 116 × 56 cm, musée du Louvre, Paris. Basilius Bessarione (1403-1472) est un moine et érudit né en Turquie, devenu cardinal de l’Église catholique en 1439 et patriarche latin de Constantinople en 1463 (titre décerné par l’Église catholique).

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Aristote (v. 1476)

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Aristote (v. 1476). Huile sur bois, 104 × 68 cm, musée du Louvre, Paris. Aristote (384-322 av. J.-C.) est un penseur grec qui a abordé tous les domaines de la connaissance de son époque : philosophie, sciences, institutions politiques, économie. Il représente une des références intellectuelles majeures de la civilisation occidentale.

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Saint Thomas d’Aquin (v. 1476)

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Saint Thomas d’Aquin (v. 1476). Huile sur bois, 114 × 76 cm, musée du Louvre, Paris. Thomas d'Aquin (v.1225-1274) est un religieux italien de l'ordre dominicain, célèbre pour son œuvre théologique et philosophique.

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Ptolémée (v. 1476)

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Ptolémée (v. 1476). Huile sur bois, 98 × 66 cm, musée du Louvre, Paris. Ptolémée (v. 100-168) est un homme de science grec qui vécut à Alexandrie (Égypte). Il est également l’un des précurseurs de la géographie.

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Euclide (v. 1476)

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Euclide (v. 1476). Huile sur bois, 98 × 66 cm, Palazzo Ducale, Urbino. Euclide d'Alexandrie, est un mathématicien de la Grèce antique. Sa biographie est inconnue. Il aurait vécu vers 300 avant J.-C.

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Cicéron (v. 1476)

Joos van Wassenhove et Pedro Berruguete. Cicéron (v. 1476). Huile sur bois, 102 × 73 cm, Palazzo Ducale, Urbino. Cicéron (106-43 av. J.-C.) est un philosophe et homme politique romain. Il fut assassiné au cours des troubles qui caractérisèrent la fin de la République romaine.

 

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Joos van Wassenhove ou Juste de Gand (v. 1410-1480)

 

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