Islam : le déni de réalité

08/11/2017

Patrick AULNAS

Les élites politiques, médiatiques et intellectuelles cultivent avec assiduité le déni de réalité à propos de l’Islam. Ce déni concerne l’évaluation du nombre de musulmans, la problématique communautaire (intégration ou pas) et bien évidemment le terrorisme islamiste. Ce dernier est soigneusement dissocié de la religion par la plupart de ceux qui s’adressent au grand public, alors que de toute évidence, il y a une relation étroite entre l’Islam et les attentats.

 

La population musulmane en France

La hantise des dirigeants et de leurs relais s’explique d’abord par l’évolution de la population musulmane en France. Si le chiffre actuel n’est pas connu avec certitude, chacun s’accorde à considérer qu’il est important et en croissance constante. Il peut être estimé à 4,7 millions de personnes, soit 7,5% de la population selon les chiffres du Pew Research Center. Des chiffres beaucoup plus élevés sont parfois cités. Dans les décennies futures, il y a accord pour considérer que le nombre de musulmans continuera à croître de façon sensible alors que le nombre de chrétiens diminuera.

 

Affiliation religieuse en % de la population française selon Pew Research Center

 

 

Chrétiens

Musulmans

Sans religion

2010

63,0%

7,5%

28,0%

Prévision 2030

53,1%

9,1%

36,1%

Prévision 2050

43,1%

10,9%

44,1%

 

 

 

Le décalage historique des valeurs

Si les projections précédentes se révèlent exactes, le nombre d’athées et agnostiques augmentera fortement et le nombre de musulmans modérément. Une bonne intégration de ceux-ci est donc nécessaire. Mais la distance entre les valeurs dominantes de l’Islam et celles de la République est tout à fait considérable. La séparation des églises et de l’État n’existe pas dans les pays d’origine de l’Islam. Les non-croyants sont considérés comme des « infidèles » ou des « mécréants ». La place des femmes est toujours celle des sociétés traditionnelles. L’image de la femme est même associée à l’impureté, d’où la nécessité de cacher son corps par des vêtements spécifiques.

L’influence de l’Islam en France se manifeste donc par une régression sociétale majeure : emprise religieuse ultra-traditionnaliste sur les individus, recul de la liberté des femmes, comportements masculins archaïques dont les musulmans n’ont évidemment pas le monopole. Le chemin à parcourir est considérable. Tout cela est occulté dans toutes les approches grand public. Le décalage historique des valeurs est nié, du moins officiellement.

 

Le refus archaïque de la liberté

La problématique de la liberté est l’élément essentiel du conflit Islam-Occident. Depuis la Renaissance (XVe-XVIe siècles), les sociétés occidentales ont parcouru un très long chemin les conduisant de l’obéissance aux injonctions divines à la libre définition par l’homme lui-même de ses objectifs. Pour les occidentaux, le destin des hommes ne dépend plus d’un dieu mais de l’intelligence humaine. Les hommes construisent leur avenir eux-mêmes, sans tenir compte des dogmes religieux et avec tout le pragmatisme qui les caractérise. Cela s’appelle l’humanisme. Les prescriptions religieuses rigides, qui les privaient de toute liberté, n’influencent plus que les intégristes chrétiens ou juifs, c’est-à-dire une toute petite minorité.

Bien entendu, il existe des musulmans humanistes comme des chrétiens ou des juifs humanistes. Ceux-là n’accordent pas tout pouvoir à leur Dieu et actualisent l’interprétation des vieux textes auxquels se réfèrent les monothéismes (Bible, Coran, Torah, etc.). Mais le conflit se situe évidemment avec ceux qui en restent à une interprétation médiévale et refusent toute Renaissance. Ils sont particulièrement nombreux dans les pays musulmans, la monarchie absolue saoudienne constituant l’exemple le plus accompli de l’ancienne alliance du pouvoir politique et de la domination religieuse.

 

Islam et islamisme, une distinction purement occidentale

La pusillanimité des élites face au terrorisme islamiste révèle le malaise extrême de nos dirigeants lorsqu’ils sont aux prises avec ce décalage historique qu’ils ne peuvent ignorer. De méticuleuses distinctions introduisent toute déclaration. La plus courante sépare l’islamisme de l’Islam. L’islamisme serait une déviance sectaire de l’Islam, à caractère politique, une sorte d’idéologie prônant un totalitarisme d’essence pseudo-religieuse. L’Islam, en tant que religion, ne serait absolument pas en cause dans les actes terroristes.

Le caractère spécieux de la distinction saute aux yeux. Les terroristes se réclament de l’Islam et tuent en général eux cris d’Allah Akbar (Dieu est le plus grand). Ce terrorisme n’est pas seulement le fait de jeunes à la dérive, mais la manifestation historique du refus de la liberté par une minorité religieuse. Les jeunes musulmans commettant les actes les plus odieux ne sont que les instruments de puissances religieuses ou politiques, y compris étatiques (Arabie Saoudite par exemple). Il s’agit clairement de s’opposer à la liberté de conscience, d’expression, à l’égalité hommes-femmes, à la liberté sexuelle, bref à tout ce qui caractérise les sociétés libres.

 

Le flou des dirigeants du monde musulman

Un courant interne à une religion refuse donc de franchir une étape historique afin de préserver une société traditionnelle et les privilèges inhérents. Cette mouvance religieuse n’est pas clairement condamnée par les autorités musulmanes. L’absence de structure hiérarchique de l’Islam dans le monde induit le doute. Il n’existe pas de position musulmane officielle et le flou le plus total règne.

Un parallèle avec le christianisme permettra de comprendre. Si une secte se réclamant du Dieu de chrétiens (catholiques) appelait à tuer indistinctement tous ceux qui ne sont pas chrétiens, il y aurait immédiatement excommunication par le pape. La secte serait considérée comme extérieure à l’Église catholique. Aucune ambiguïté ne serait admise.

Les occidentaux attendent la même clarté de la part des autorités religieuses islamiques. Un large consensus international interne à cette religion devrait émerger pour condamner le terrorisme et excommunier (takfir) tous les musulmans qui se rallient à des groupes pratiquant la violence. Le terrorisme deviendrait alors le fait d’une petite secte de fanatiques. Son influence s’étiolerait.

Les autorités politiques des pays reconnaissant l’Islam comme religion officielle devraient évidemment en tirer juridiquement les conséquences à l’égard des personnes concernées. Mais rien de tout cela n’apparaît dans le monde musulman du fait des conflits internes dont il est la proie.

 

Le terrorisme, arme des privilégiés contre la liberté

Les pays à dominante musulmane étant eux-mêmes massivement victimes du terrorisme, on ne peut analyser leur inertie religieuse et politique que comme une volonté des classes dirigeantes de maintenir le statu quo, c’est-à-dire leur domination. L’alliance du religieux et du politique pour empêcher les évolutions sociales est un classique de l’histoire. La France a dû elle-même bousculer le catholicisme pour instaurer la liberté.

Au stade historique actuel, eu égard aux divisions religieuses et politiques du monde musulman, aucune condamnation unitaire du terrorisme n’est à attendre de lui. Du fait de ses divisions, l’Islam offre ainsi une image extrêmement négative aux occidentaux. L’intelligentsia française, en refusant d’évoquer ces faiblesses internes à l’Islam, apparaît de plus en plus comme complice par omission.

La responsabilité de l’Islam dans la violence terroriste est une évidence pour la population occidentale non musulmane. Celle-ci a parfaitement compris que des puissances étrangères manipulent une jeunesse à la dérive par haine de la liberté et soif de domination. Les gouvernants français seraient bien inspirés d’en prendre acte. Sont-ils pour ou contre la liberté ?

 

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