2017, l’espoir Macron ?

31/12/2017

Patrick AULNAS

L’année 2017 sera peut-être celle de la fin de la dépression française. Dépression psychologique et non économique ! Car la croissance a presque toujours été présente. Mais les français semblaient irrémédiablement pessimistes. Une petite lueur d’espoir s’est allumée dans les ténèbres de nos esprits. Jupiter est arrivé à la tête du pays.

 

Macron et l’image de soi

Le Jupiter français s’appelle Emmanuel Macron. L’élection d’un homme jeune renvoie aux français une autre image d’eux-mêmes. Et cela compte beaucoup. Revenons un instant sur les dix dernières années.

En 2007, le dynamisme exceptionnel de Nicolas Sarkozy avait remplacé un certain immobilisme chiraquien. Mais deux facteurs ont perturbé son quinquennat : la profonde crise économique et financière de 2008 et le caractère très clivant du personnage. Les promesses, une fois de plus, n’ont pas été tenues et une opposition massive a pu être construite par les partis de gauche pour rejeter et non adhérer. La société française restait bloquée et pessimiste.

François Hollande, élu en 2012, n’avait aucune des qualités permettant de susciter l’espoir au début du XXIe siècle. Il représentait jusqu’à la caricature la vieille politique politicienne par laquelle il s’était hissé au sommet. Il avait profité du destin brisé d’un autre : Dominique Strauss-Kahn. Hésitant parce que purement tactique, il ne proposait aucune vision réaliste de l’avenir proche. La France restait plus que jamais bloquée et pessimiste.

L’avènement d’un homme de 39 ans, qui bouscule tous les hiérarques claniques et toutes les pesanteurs partisanes, fut ressenti comme une bouffée d’air frais. Souvent avec jubilation. Le slogan un peu niais, « sortons les sortants », s’était miraculeusement réalisé.

Le jeune Président, malgré une expérience gouvernementale minimale, apparaît aux yeux de la planète entière comme un espoir pour la France. Il entre sur la scène internationale avec un aplomb qui stupéfie. Et il y réalise un parcours sans faute. Le vieux pays noyé dans ses querelles politiciennes stériles et archaïques semble enfin prendre le train du troisième millénaire. Celui qui parle en son nom, aussi bien en français qu’en anglais (enfin !) représente visiblement l’avenir et non plus les querelles domestiques rancies. Les français ont un nouveau Louis XIV à admirer. Pas du tout « normal ». Au-dessus d’eux, mais avec eux. Bref un « premier de cordée ». C’est exactement ce qu’ils veulent.

 

Macron et la fin d’un monde politique

Fini la bipolarisation à la française. Il n’y a jamais eu de bipartisme à l’anglo-saxonne en France, mais deux alliances partisanes dominées par le parti gaulliste et le parti socialiste. Le jeu politicien au début du XXIe siècle consistait à accentuer verbalement le clivage au moment des élections. Le réalisme s’imposait ensuite au vainqueur et les mensonges de la conquête du pouvoir apparaissaient au grand jour. François Hollande fut une victime consentante de cette façon sordide de concevoir la politique.

En créant une alliance centriste et en affichant un programme picorant à droite et à gauche, Macron a montré toute l’inanité de l’instrumentalisation politicienne de l’opposition droite-gauche. Il est possible de dire ce que l’on veut faire et de faire ce que l’on a promis. Les vieux partis, qui surfaient sur le mensonge depuis des lustres, ne s’en sont pas encore remis.

L’opposition de gauche est condamnée au verbiage marxisant et démagogique de la France Insoumise. L’opposition de droite, en accord avec Macron sur le plan économique, doit s’emparer des thèmes identitaires du Front National. Quelle originalité !

 

Macron et la chance

La chance est un élément essentiel de la réussite. Si quelqu’un semble porter la poisse, cela se remarque vite. La chance de Macron est tout simplement d’arriver au bon moment. Ou de savoir saisir des opportunités historiques et conjoncturelles. Au choix du lecteur.

Le vide idéologique de gauche comme de droite favorisait l’émergence d’un pragmatisme gouvernemental. Le rabâchage pluri-décennal de la gauche sur les injustices et les inégalités lassait jusqu’au sein même du Parti socialiste. L’antilibéralisme de la droite de gouvernement et son tropisme identitaire avaient été exploités par Sarkozy et personne n’avait depuis vraiment renouvelé le discours. En proposant d’être pragmatique et de mettre l’idéologie au rancard, Macron apparaît comme un homme nouveau et loyal au moment opportun. Puisqu’il n’y a plus d’idéologie crédible, pourquoi feindre ?

Conjoncturellement, il profite sans doute du virage à droite hollandais. Plusieurs dizaines de milliards de baisse de charges fiscales et sociales avaient été mises en œuvre sur le plan législatif. Mais l’effet n’étant pas immédiat, c’est le nouveau Président qui bénéficie d’une politique à laquelle il était d’ailleurs partie prenante en tant que Ministre de l’économie de François Hollande. Bien entendu, une telle politique ne peut porter ses fruits que si elle s’exerce dans un contexte mondial porteur. Chance encore : l’OCDE prévoit pour 2018 une croissance mondiale de 3,8%.

 

Personnage hors norme

Macron, Toujours Macron ! Certes. Mais il faut bien admettre que depuis janvier 2017, l’actualité française s’est focalisée sur ce personnage hors norme. Début janvier, personne ne lui donnait la moindre chance d’être élu. Il était classé troisième dans les sondages, derrière Marine Le Pen et François Fillon. On connaît la suite. Chapeau, l’artiste.

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